Celle qui rêvait du grand amour (2)

Celle qui rêvait du grand amour (2)

Je reprends aujourd’hui mon récit là où je l’avais arrêté.

Ayant le même groupe d’amis, nous n’avons pas pu nous tenir à distance bien longtemps. Lorsque je l’ai revu, je me suis sentie ridicule. Il était clair que j’avais des sentiments pour lui, alors qu’est-ce qui avait bien pu me passer par la tête. Sauf qu’il avait une copine. Je te laisse imaginer ce que j’ai pu ressentir. Bien sûr, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, mais cela ne m’a pas soulagée pour autant. 

Mais à partir de là, les choses sont devenues ambigües. De mon fait et du sien, mais je t’avoue que je n’en suis pas très fière, nous avons repris une correspondance quotidienne qui s’est intensifiée lorsqu’il a rompu avec sa copine. A ce moment, nous avons commencé un petit jeu du chat et de la souris qui a duré plusieurs mois. Il y a eu beaucoup de gestes et de déclarations tendres. Il y avait comme une attraction entre nous deux. Je n’arrivais pas à rester loin de lui bien longtemps. Mes sentiments se sont renforcés et je ne te cache pas que le petit jeu auquel nous nous livrions avait quelque chose d’excitant, faisant écho à mes rêves de petite fille et d’adolescente. 

Je ne peux parler que pour moi bien sûr, mais je me suis investie dans cette relation à tel point que cela en était presque obsessionnel. En voyant notre petit jeu qui s’éternisait, nos amis ont commencé à nous pousser à faire évoluer la situation. Pour ma part, je n’osais simplement pas par manque de confiance en moi. Il m’a donc fallu du temps, mais un soir alors qu’il me raccompagnait comme nous en avions pris l’habitude, j’ai rassemblé tout mon courage pour me lancer. Et il m’a repoussé ! J’ai été tellement surprise et choquée que sur le moment, je n’ai rien pu dire. Je suis rentrée dévastée et j’ai pleuré jusqu’à m’endormir d’épuisement. Le lendemain, j’ai reçu un message d’excuse adorable, me disant qu’il regrettait, qu’il avait eu peur, mais qu’il voulait être avec moi. Alors d’un coup, j’ai repris espoir et je lui ai pardonné. Après tout, je lui avais fait vivre la même chose. 

Crédit photo : Modman

Les semaines qui ont suivi, il s’est montré distant lorsque l’on se voyait (rarement) et dans nos échanges. J’étais complètement paumée et en même temps, je refusais de saisir l’évidence. N’y tenant plus, j’ai essayé de le confronter et d’obtenir une explication. Après des semaines à me torturer l’esprit en imaginant toutes sortes de scénarios, il m’a enfin avoué la vérité, il en aimait une autre. C’était tellement simple et évident. Et pourtant, je n’avais pas du tout envisagé cette possibilité. Je me suis sentie (et je me sens toujours en y repensant) complètement stupide de ne pas avoir compris. Mais cela ne me suffisait pas, moi j’avais besoin de comprendre pourquoi il y avait eu tous ces mots et ces moments auxquels je me raccrochais comme à une bouée.

Alors, je n’ai pas abandonné là. J’ai cru que je pourrais changer les choses, qu’il se rendrait compte d’à quel point je l’aimais. Et alors qu’il continuait à jouer avec mes sentiments, je l’ai laissé faire. Et j’ai cru que cela signifiait quelque chose pour lui. Pendant six années, j’ai vécu comme cela, entre désespoir et moments d’espoir. Cela me parait tellement long quand j’y repense. Presque autant que mes années de mariage, le double de l’âge de ma fille aînée.

Rien n’y faisait, je n’arrivais pas à l’oublier et à passer à autre chose. Un ami sentant probablement la détresse dans laquelle j’étais enfermée, m’avait conseillé de consulter quelqu’un. Sur le moment, je l’avais extrêmement mal pris et j’avais été très en colère. Je n’étais pas folle, j’étais juste malheureuse. Encore une fois, avec le recul, je me rends compte que j’avais besoin d’aide. Je regrette vraiment de ne pas avoir su le reconnaître car je n’ai pas été la seule à souffrir de la situation dans laquelle j’étais embourbée. Ma famille m’a vue dépérir sans que je sois capable d’entendre leurs conseils et leurs inquiétudes légitimes. Moi, j’avais juste le sentiment d’être totalement incomprise et je ne me rendais pas compte que mon comportement était irrationnel. 

Pendant très longtemps, j’ai douté de ma capacité à aimer quelqu’un d’autre autant que je l’avais aimé Lui. Et si je suis complètement honnête avec toi et avec moi-même, cette histoire m’a profondément changée et je n’ai plus aimé de la même manière sans aucun doute ni aucune réserve.

Finalement, j’ai réussi à tenir à distance mon attraction pour lui et j’ai arrêté de provoquer des contacts qui ne faisaient que raviver mes sentiments. J’ai réussi non sans mal, à supprimer tous ses messages que j’avais conservés dans mon téléphone. Et puis, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants. Je n’ai pas de recette miracle à te donner si tu te retrouves dans cette situation, mais j’espère que tu te sentiras moins seule en me lisant. 

Parfois, cette histoire me laisse une impression d’inachevé. J’ai plein de suppositions et d’explications en tête, mais aucune qui ne réponde à toutes mes interrogations sur son comportement avec moi. Est-ce qu’il m’aimait un peu ? Pourquoi avoir continué à jouer avec mes sentiments ? Je crois que je ne le saurais jamais. Que je le veuille ou non, je garde une certaine tendresse et affection pour lui. Et bien malgré moi, je lui ai pardonné le fait de ne pas m’avoir aimée comme je le méritais. 

16 commentaires sur “Celle qui rêvait du grand amour (2)

  1. Je pourrai raconter la même histoire… du premier jour de collège au dernier du lycée, un seul garçon me transportait comme ça. Oui j’ai eu d’autres crus, mais lui, lui ! J’étais sure qu’il etit pour moi. Il n’était pas spécialement beau, il passait inaperçu, un peu rondouillard et pas à l’aise dans ses baskets. Il a redoublé la 3ème et quand il M a rejoint au lycee il y vaut eu une faille spatio-temporelle et j’avais un apollon qui les faisait toutes tomber devant moi. Chaque année je lui ai demandé de sortir avec moi et chaque année c’était non, et pourtant il me gardait dans son cercle d’amis. Il est marié et papa aujourd’hui, on se prend fort dans nos bras quand on se voit u grand max une fois par an, on parle comme si on ne s’était jamais perdus de vue, et dans ma tête je ne sais pas si un jour je pourrai cesser de me dire « et si…? » Pourtant je suis heureuse aujourd’hui et je ne pense pas qu’il aurait pu m’apporter la stabilité que j’ai avec Monsieur Loup !

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    1. Oui c’est très compliqué ces « et si… ». Je le vois pas peu aussi parce que je n’ai pas envie de tenter le diable. Je ne sais pas si je resterai insensible à son charme. Alors bien sûr il n’a pas saisi sa chance tout ce temps.
      Comme toi, je suis cependant convaincue que je n’aurait pas eu la stabilité que j’ai aujourd’hui. Et je suis bien plus heureuse que je ne l’ai été toutes ces années où je l’ai attendu.

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  2. Ton histoire est bien triste. Je suis heureuse que tu ais finalement pu prendre du recul et trouver un homme en qui tu as confiance et qui te fais confiance.
    Quand on a des rêves plein la tête pas facile de faire face à la réalité. Je pense que j’aurai réagi comme toi, car si je n’ai pas vécu la même histoire j’ai vécu autre chose qui m’a complètement aveuglé aussi.

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  3. Six an ! C’est très long en effet, surtout à cet âge là où tout change si vite…
    Ton histoire me fait penser à la relation ambiguë que j’avais avec un pote durant toutes mes années de lycée, il n’y a pas eu de souffrance (enfin j’espère) et il a eu quelques copines sur la période mais on se tournait toujours autour… Ah lala la jeunesse !

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  4. Je me retrouve dans ton article, c’est dur quand on est dans une telle situation de réussir à s’en sortir. Le plus difficile, c’est de ne pas savoir, on garde l’espoir et on est en attente d’une réponse de l’autre personne alors que parfois la réponse est juste en nous, parce qu’on mérite mieux que des incertitudes justement. J’ai un article tout prêt sur une histoire un peu similaire que j’ai vécue, mais j’ai encore un peu trop honte je crois pour la partager.

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  5. Pas facile les ambiguïtés surtout quand l’autre reste flou dans ses intentions et que c’est sûrement pour se rassurer dans son pouvoir de séduction qu’il fait ça… Et nous en tant que fille, on tombe de haut quand on apprend que nous ne sommes pas l’heureuse élue
    J’ai vécu qqchose de similaire à la fac.. Je m’étais liée d’amitié avec un garçon dont je suis tombée petit à petit amoureuse… Il flirtait avec moi tendrement… Jusqu’au jour où j’en ai eu marre, suite à un quiproquo, j’ai déclaré ma flamme. Il m’a dit que j’étais trop gentille pour lui mais qu’on pouvait rester amis. Forcément je me suis accrochée à ce mince espoir d’autant plus qu’il ne m’avait pas rejetée… Il continuait à jouer de son charme avec moi, j’en ai souffert mais je suis restée. Ensuite je suis partie pour les études, j’ai appris qu’il sortait avec une nana qui avait le même prénom que moi( pas très courant en plus)… Bizarre et assez révélateur, non ?
    J’ai mis beaucoup beaucoup de temps avant de ne plus être amoureuse de lui. Après coup je me dis que c’était un peu malsain et que j’aurai dû couper les ponts bien avant.
    Aujourd’hui je n’ai plus beaucoup de nouvelles, cependant il subsiste un reste de tendresse mais je sais que cela n’aurait jamais marché entre nous. Je ne regrette rien, ça reste mon 1er amour de fac et je suis bien plus heureuse aujourd’hui avec mon mari.

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    1. C’est exactement ça. J’ai fini par me forger l’idée qu’il avait sans doute une profonde tendresse pour moi aussi et qu’il avait sans doute aussi joué avec moi ! Après tout c’est plutôt sympa quelqu’un qui te court après.
      Et puis cela reste mon premier amour c’est dur à oublier alors quand il y a un passé comme ça je crois que ça reste difficile de passer outre.

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  6. Sans avoir vécu une histoire aussi passionnelle et longue (et éprouvante) que la tienne, je repense très régulièrement à mes amours de lycée. J’ai souvent cette nostalgie : quelle serait devenue ma vie avec ce garçon ? Ou celui-là ? Serait-on toujours ensemble ?
    Je te souhaite de trouver toute la paix nécessaire pour aimer pleinement à nouveau

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  7. Je me reconnais tellement dans cette histoire.. J’ai été de mes 15 ans à mes 22 ans dépendante d’un garçon qui (je m’en suis rendu compte plus tard) jouait totalement avec moi.. A 15 ans j’étais jeune et n’avait jamais eu de « petit copain » alors quand le garçon que j’aimais bien a voulu « sortir » avec moi j’ai paniqué et ai demandé du temps.. Une semaine après, il était avec une autre alors que nous n’avions jamais arrêté nos conversations virtuelles quotidienne.. J’ai voulu tout arrêter mais il n’a pas voulu prétextant qu’on avait qu’à être amis.. Mais notre rythme de conversation n’a pas ralenti, elles étaient vraiment ambigues et j’étais triste qu’il soit toujours avec l’autre.. il est resté avec elle 5 ans, 5 ans pendant lesquels il m’a fait rompre avec mes copains de l’époques, il m’a promis de la quitter pour moi, m’a jurer que plus tard il serait avec moi mais que maintenant c’était trop tôt.. Alors quand il l’a quitté, j’y ai cru.. Mais il ne voulait pas se remettre en couple rapidement alors j’ai du me contenter de nuits mais sans que personne ne nous voit, c’était sa condition.. Puis du jours au lendemain, il n’a plus voulu de ça sans me donner d’explications.. En fait, il n’avait pas quitter son ex pour moi mais pour une autre fille avec qui il l’a trompait depuis quelque mois, et ils venaient d’officiellement se mettre ensemble.. Il revient encore vers moi depuis les 4 ans qu’ils sont ensemble à chaque fois qu’ils se disputent, m’a encore dit récemment que j’étais celle avec qui il finirait sa vie.. Heureusement pour moi, j’ai rencontrer quelqu’un mais quand je le vois je ne peux m’empêcher de me demander « et si au tout début j’avais pas eu peur? »..
    C’est la 1ère fois que je pose ça par écrit et ça fait du bien.. D’autant plus que notre « relation » étant secrète peu de mes amis sont au courant.. Merci pour cet article qui m’a permis de reprendre du recul sur ça 🙂

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    1. Je trouve ton récit infiniment plus triste que le mien. Je suis vraiment désolée pour toi. J’imagine comme ce petit jeu a pu te faire du mal et t’en fais sans doute encore.
      Je te remercie d’avoir partager ça ici et j’espère que comme moi cela te rendra plus forte et que tu trouveras le bonheur.
      Merci de ton partage.

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