Combien d’enfants ?

Combien d’enfants ?

Je suis petite, ma maman a deux enfants et répète à l’envie qu’elle aurait aimé en avoir d’autres, ou en adopter un. 

J’ai 11 ans et mon père a un bébé puis deux avec sa nouvelle compagne. Je m’en occupe un peu, c’est marrant. Je change les couches, donne le biberon, berce, gronde et je leur apprends des trucs de grande sœur.  

Je suis adolescente et les enfants, ça me gonfle. Quand il y en a à la maison, c’est toujours mon frère qui s’y colle. Il joue avec, il se montre inventif, disponible, rieur. Les enfants l’adorent. Et mon frère, parlons-en. Entre lui et moi, c’est l’amour vache. On se bagarre énormément, mais qu’on ne s’avise pas de lui faire du mal ! Je veille sur lui. Il me suit partout. 

J’ai 22 ans, je viens de me séparer de mon copain avec lequel j’étais depuis 5 ans. Je suis dévastée car j’ai peur d’avoir loupé le coche pour fonder une famille. Car je sais que je veux me marier et avoir des enfants. Deux enfants, pour reproduire ce que je connais. C’est la norme sociale qui est ancrée en moi et elle me convient. Je suis bien trop jeune pour en vouloir maintenant, mais j’ai le sentiment que ma vie sera ratée si je n’arrive pas à avoir d’enfants. Oui. J’étais particulièrement immature.  

J’ai 26 ans, je me mets en couple avec mon futur mari qui a 28 ans. Il a un frère, il veut des enfants lui aussi. Deux enfants, c’est bien. Je commence déjà à penser aux prénoms. Julia et Valentin, c’est joli non ?

J’ai 28 ans, ma meilleure amie devient maman et, par la même occasion, une extraterrestre à mes yeux. 

J’ai 30 ans, on vient de décider de se lancer dans les essais bébé. Ça y est, je ressens l’envie physique d’avoir un enfant. Cette envie est une urgence. Les mois sont longs, trop longs, chaque arrivée des règles est une catastrophe. Les 7 mois qui passeront avant que je tombe enceinte me paraissent une éternité.  

Ça y est, ce bébé tant attendu est là et je me prends la claque de ma vie. C’est dur, j’ai du mal à faire le deuil de mon indépendance. 

6 mois plus tard, c’est devenu beaucoup plus évident. On a un super bébé qui dort et qui est franchement facile à vivre. L’envie d’un autre bébé pointe le bout de son nez. Deux enfants, c’est parfait, comme ça ils ne seront pas seuls et ça restera facile à gérer. 

La loupinette a 9 mois, mes plans professionnels sont bouleversés et libèrent une période d’accalmie. Le soir même : « on en profite pour faire le deuxième ? »

La loupinette a 1 an, je suis enceinte.

9 mois plus tard, Tibou naît. Ça y est, la famille est au complet.

Crédits : Pixabay (Bessi)

Oui mais… 

Je n’ai pas pu accoucher comme je le rêvais, sans péridurale et en maison de naissance, voire à la maison. 

Je n’ai pas pu profiter longtemps de mes bébés, car j’ai repris le travail quand ils avaient 4 mois.

J’ai tellement aimé les premiers mois de fusion avec mes tout-petits. Même si les débuts ont été rudes, je me suis découvert un tempérament de mère louve et j’ai adoré couver. J’ai envie de remettre ça encore une fois et de tout faire pour en profiter le plus longtemps possible. M’enivrer de cette période jusqu’à plus soif.  

J’ai appris plein de choses avec mes deux premiers enfants et je me sens tellement plus sereine. J’ai envie de profiter de cette expérience pour faire mon jubilé avec un troisième enfant. L’enfant champagne, l’enfant cadeau. 

Je lorgne du côté des familles nombreuses, et je trouve géniaux les multiples liens qui s’y nouent.

J’ai encore envie d’un autre bébé, tout simplement. Le papa ne dit pas non.

Crédits : Pixabay (fancycrave1)

Et en même temps…

On galère avec Tibou. Cet animal nous a réveillé toutes les nuits jusqu’à ses 20 mois. Il râle beaucoup, il est le roi de la bêtise. On s’amuse à dire que la nature est bien faite et que s’il était arrivé en premier, on n’aurait certainement pas enchaîné si vite. 

On prend de l’âge et nos bébés nous ont fait prendre un sacré coup de vieux. On se sent moins apte à gérer la fatigue. Mon corps a souffert de mes grossesses et je me sens abîmée, trop vieille pour recommencer. 

Je vois des familles nombreuses qui s’en sortent bien et d’autres qui traversent des périodes très compliquées.

Je crois désormais qu’un enfant, c’est comme à la loterie. Malgré la compétence que je ressens, j’ai peur d’accueillir un enfant qui serait compliqué. 

Au milieu de tous ces sentiments, j’ai envie de reprendre ma vie. J’ai besoin de prendre du temps pour moi et toutes les activités que j’apprécie. J’ai également mis ma carrière en stand-by, et la révolution post-bébé ne m’a pas détournée de mes souhaits professionnels. J’ai envie de revenir dans le jeu et me réinvestir très fort dans ce domaine.

Et tout bêtement, on est bien tous les 4. Tibou va sur ses 2 ans, et il est de plus en plus facile de se déplacer ensemble, d’aller voir des amis ou voyager en France, entre deux vagues de restriction. 

J’aurais adoré avoir encore un enfant, ou peut-être plus. J’ai régulièrement un coup au cœur en voyant des femmes enceintes ou des nourrissons, en écoutant des podcasts sur la maternité, en lisant des récits d’accouchements magnifiques.

Mais à ce jour, la raison a pris le pas sur le reste. J’ai le sentiment que deux enfants, c’est la limite haute que je suis capable de gérer tout en laissant la place à tous mes autres projets. Un enfant de plus, ça serait risquer de me mettre en difficulté. Alors, je travaille à vivre avec ce désir, ces regrets, et ne pas leur donner suite. Je tourne la page avec conviction, tout en acceptant que j’aurais adoré écrire une ligne de plus. 

 Et à toi qui fais le choix inverse, je te salue et te souhaite beaucoup de bonheur.  

26 commentaires sur “Combien d’enfants ?

  1. Franchir le pas est compliqué, je suis dans le même cas de figure… Je pèse le pour et le contre, je lis avec intérêt tous les récits sur les famille avec 3 enfants… Je n’arrive pas à choisir le coeur ou la raison… Bonne aventure à 4 (si vous ne changez pas d’avis) et merci pour ce témoignage!

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  2. Je vis la même chose ici je suis tiraillée entre l envie folle et la raison. Après mon mari n est pas trop pour, ça limite les perspectives.
    J aimerai en arriver à m y faire, passer à autre chose.

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  3. J’ai sauté le pas… et on sort de la période bébé du troisième. En tout honnêteté, elle est venue avec de la fatigue, une maison en bazar tout le temps, et forcément moins de temps pour les aînés (et pour nous, forcément). Mais on est hyper heureux de notre tribu, et on a l’impression de voir le bout. J’ai vu pour chacun de mes trois enfants que vers 18 mois il y avait une sorte de déclic, tout devenait plus facile. Ils commencent à jouer en autonomie par exemple. J’ai beaucoup aimé la période bébé, la grossesse a été une parenthèse hors du temps, mais je n’en ai désomais plus envie. J’ai envie de faire plein de trucs de plus grands avec eux. Et de moins travailler pour en profiter plus.

    Quoi qu’il en soit, c’est un choix hautement personnel, il n’y a pas de bon et de mauvais choix (comme pour l’éducation en fait, c’est vous les seuls experts de votre famille!). Mais surtout, surtout il faut être d’accords tous les deux pour se lancer, et être prêts à être fatigués et moins dispos pour les grands. Certains (dont moi) diront que le résultat en vaut largement la chandelle, mais si on est pas prêts à galérer un peu au début (même si le troisième est facile et qu’on est plus rôdé, forcément), ca peut être vraiment, vraiment compliqué et je vois bien comment ca peut bousculer un équilibre familial établi.

    Dans tous les cas je te souhaite plein de bonheur avec ta famille, quelle que soit sa configuration finale 🙂

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  4. Je me retrouve bien dans la dernière partie de ton article, à la différence près que je n’arrive pas encore à tourner la page. Je me dis que si je ne la tourne pas, il faudra que j’apprenne à vivre avec ce désir non assouvi et tous les « et si ? » qu’il implique. Pour le moment je fais l’autruche et j’essaie d’enfouir ce désir, et on verra bien.

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  5. Je me retrouve tellement dans ton témoignage à la différence que moi la période nourrisson, elle n’est vraiment pas pour moi.
    Moi aussi je me trouve trop vieille, mon corps peine à se remettre de ma dernière grossesse. Et au delà de la loterie du bébé facile ou non, j’ai terriblement peur de la FC ou de la maladie du bébé. Je ne vais pas tenter ma chance une troisième fois. Mais peut être que c’est aussi plus simple pour moi étant donné mon dernier accouchement qui était vraiment proche de ce que je souhaitais.
    Ce n’est pas facile mais toi seule peut savoir ce qui te conviendra.

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    1. J’ai aussi cette crainte en arrière-plan. On a eu de la chance avec les deux premiers, et si c’était la tentative de trop ? C’est horrible d’y penser, mais il y a suffisamment de drames autour de nous pour faire l’autruche. Et pour le côté « on est vieilles », à nous le sport et l’alimentation équilibrée ! On va redevenir de fringuantes jeunes femmes 😂

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  6. Je ressens la même chose, me pose les mêmes questions mais pour un 4eme. On savait qu’on en voulait un 3e. Mes 2 premiers ont le même écart d’âge que les tiens et il y a 2 ans et 8 mois avec le 3 et le 2. Mon 3e est un bébé qui a toujours le smile, qui dort bien… Je trouve le rythme un peu plus difficile maintenant qu’il a 10 mois, période angoisse de séparation… J’ai toujours rêvé d’avoir 4 enfants, j’idéalise les familles nombreuses je ne sais pas pourquoi. Du coup, d’un côté j’aimerais bien et d’un autre je suis partagée, on vieillit, la fatigue, l’envie de retrouver mon corps et aussi d’autres projets pro et en même temps j’ai le sentiment que notre famille serait vraiment au complet avec 4 même si ce n’est pas raisonnable.

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    1. Je vois qu’on est nombreuses à vivre ce questionnement (du coup, ça me fait me demander si des hommes vivent de telles interrogations. Bref). Les familles nombreuses sont magnifiques, je comprends que ça fasse envie ! Et je te rejoins pour la période moins facile à partir de 10 mois 😅 et dire que ça va durer des années !

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  7. Ah c’est rigolo : comme tu vas le lire bientôt, j’ai écrit un article sur notre choix d’avoir trois enfants, et il raisonne énormément avec le tien.
    Ici aussi, on a eu droit à un bébé compliqué (mais c’était le premier, alors que le deuxième a été tellement facile à côté), ici aussi, j’avais l’impression de ne pas avoir autant profité que je l’aurais souhaité, ici aussi, je voulais un accouchement naturel, ici aussi je voulais pourtant reprendre ma carrière, ici aussi je craignais la fatigue des premiers mois.
    Bref, tu le vois, nous sommes passées par les mêmes questionnements, mais notre choix a été, à l’inverse, de ne pas écouter notre raison et de nous lancer dans l’aventure des familles nombreuses. Ca a été dur, ça l’est encore parfois alors que notre petit dernier a maintenant 16 mois (et qu’il nous appelle toutes les nuits !), mais cette complicité entre nos trois enfants est si précieuse à nos yeux !
    Merci pour ce partage ! ❤

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  8. je vous rejoins sur la loterie des enfants, (exceptés les maladies), il y a effectivement des enfants plus « facile « que d’autres; nos enfants ont un peu moins d’écart que les tiens, notre deuxième vient d’avoir deux ans, et effectivement je me dis qu’un troisième  » facile » ça pourrait le faire, mais le papa est bien contre donc oui ça limite les possibilités; Après il y a la fatigue et l’envie de faire des choses de grands également, sortir bientôt de la petite enfance (les couches !) et reprendre ma vie pro que j’ai arrête depuis mon premier. Mais comme toi je regarde avec forte envie les familles nombreuses en me disant que c’est génial. Après est ce que je serais une bonne mère pour trois ? suffisamment patiente, à l’écoute et en forme ? grande question !!

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  9. Je te rejoins pas mal ! Ici un projet initial de 3 enfants, 21 mois d’écart entre les 2 premières, suivi d’une bonne période de fatigue qui m’a fait douter de vouloir un 3eme. On a alors « fait des choses de grands » avec elles, des travaux, des avancées professionnelles, bref un bon équilibre a été atteint…c’est à ce moment que l’envie profonde d’un 3eme est venue. Il y a 3 ans et demi entre numéro 2 et numéro 3. On se sent « au complet » et très heureux avec notre fratrie.

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  10. Coucou, je comprend tout à fait ton ressenti. J’ai eu le même quand j’ai eu ma fille, j’en ai toujours voulu qu’un seul parce que je ne me sentais pas capable d’en gérer deux et tout le reste. Merci pour ton témoignage 🙂

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  11. Oh cet article fait écho. On a fait le deuxième comme si c’était le dernier mais j’avoue que j’ai du mal à me dire que c’est certain.
    En ce qui me concerne par contre, mon mari ne l’envisage pas du tout. Je pense qu’on verra dans 3/4 ans 🙂

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  12. Une réflexion partagée par beaucoup de mamans (et papas ?). De notre côté, trois enfants rapprochés qui étaient chacun une évidence. Maintenant, je suis tentée par le quatrième mais je me retrouve bien dans tes questionnements. Le papa n’est pas chaud lui. Le temps nous apportera notre réponse….

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