Quand l’homme accoucha dans la douleur
C’est l’été sur Bribes de Vies ! Alors pendant que les chroniqueuses prennent une petite pause bien méritée, nous te proposons de (re)découvrir des articles publiés sur nos anciens blogs.
Bonne lecture, bonnes vacances et à très vite !
Fusion de 2 articles initialement publié sur Dans Ma Tribu en octobre et novembre 2015
À la suite du rendez-vous avec la Docteur Géniale, celle-ci nous a rédigé une lettre destinée à l’un de ses confrères andrologues. Un andrologue, c’est le gynécologue des messieurs. Autant te dire qu’ils ne le voient pas souvent dans leur vie.
Cette visite, évidemment, n’est pas très agréable pour Monsieur Loup. Il doit montrer son intimité à un vieux monsieur, le Docteur Poker. Il se fait tripoter à des endroits bizarres, on compare la taille de ses testicules à celles d’une espèce de chapelet, etc.
Puis le docteur lui donne quelques ordonnances : échographie de la prostate, bilan hormonal et caryotype. Le but de tout ceci : comprendre si le problème est mécanique, hormonal ou chromosomique.

Le résultat est sans appel : tout est absolument normal. Sauf le second spermogramme, obligatoire pour confirmer l’infertilité.
Il faut savoir que des spermogrammes peuvent varier radicalement de l’un à l’autre, sachant qu’ils doivent être espacés d’au moins un mois. Le premier, Monsieur Loup l’avait fait tranquillement à la maison, après trois jours d’abstinence, puis l’avait amené au labo à 30 mètres de la maison (la joie d’habiter à Paris). Par contre, pour le second, il a dû se rendre dans le labo spécialisé désigné par l’hôpital, après cinq jours sans câlins, pour effectuer le fameux « recueillement » dans tout le confort dont bénéficie ce genre de labo. Hum.
Enfin, aucune différence, c’est toujours le zéro absolu.
Le Docteur Poker est sceptique devant les résultats.
Vois-tu, il existe deux formes d’azoospermies : excrétoire et sécrétoire. Pour la première, il s’agit d’un problème mécanique, qui empêche les spermatozoïdes existants d’être expulsés. Pour la seconde, c’est un problème de fabrication. Les spermatozoïdes ne sont pas du tout produits, et c’est donc cette fois-ci une stérilité effective. Il faut alors avoir recours au don de sperme.
Pour le Docteur Poker, il y a un problème dans ces examens « normaux ». Les résultats du bilan hormonal et du caryotype sont indiscutables : ils sont chiffrés. Mais pour ce qui est de l’échographie, tout est une question d’interprétation de l’image. Et notre bon docteur, il n’est pas d’accord avec la conclusion de cet examen.
Pour lui, voilà les cas de figure :
- soit l’échographiste a raison, et il s’agit alors d’un problème assez rare de fabrication, au vu du reste des résultats,
- soit c’est LUI qui a raison et l’épididyme est enflé. Chose que son toucher confirme. Le problème serait alors excrétoire.
Il propose une chirurgie exploratrice, et nous annonce 60% de chances de trouver quelque chose. Pour moi, c’est une statistique balancée comme ça pour dire qu’il est quasi sûr de lui. Je le trouve un peu joueur…
Les couilles sur la table
Rendez-vous était donc pris. Par respect pour le lectorat masculin (sait-on jamais !), je ne t’expliquerai pas en détail de quoi il s’agit. Mais en gros, il est question d’aller chercher les spermatozoïdes à la source.
Dix-huit mois après le début de nos essais, deux ans après m’avoir dit « Oui ! », Monsieur Loup passait donc sur le billard.
Je suis allée le récupérer le midi à l’hôpital. Il souffrait. L’interne qui avait assisté le chirurgien (le Dr Poker est en fait « Professeur », et assez réputé de surcroît, nous l’avons découvert plus tard, par hasard) est venue nous faire un compte-rendu :
« Nous avons prélevé en quatre zones, nous a-t-elle dit.
– Dans le testicule droit, non ? a demandé mon mari.
– Oui, tout à fait !
– Je le sens, j’ai super mal de ce côté-là…
– Nous avons trouvé du matériel : vingt-sept paillettes ont été transférées vers votre CECOS.
– Attendez, vous voulez dire qu’on va pouvoir le faire, ce bébé ? ai-je demandé, extatique.
– Ah ben là… Oui ! Plusieurs, même, si vous voulez !
– Je pourrais vous embrasser, là, tout de suite ! » s’est exclamé mon mari, qui se demandait quand même comment il allait se relever…
Nous sommes ressortis de l’hôpital en pleurant. Avec le compte-rendu sous le bras, qui nous détaillait le contenu précis de chacune des vingt-sept éprouvettes qui venaient de partir au frais, en millions de spermatozoïdes.
La vie était à nouveau belle… et mon mari, TRÈS LENT ! Il a marché en cow-boy durant une semaine, et en a profité pour sensibiliser notre entourage (qui commençait à lui demander s’il avait un balai coincé quelque part) à la question de l’infertilité. Il a ainsi fait grimacer tous les mâles de notre connaissance en racontant en détail ce qu’il avait dû subir et pour quel résultat.
Après cela, il a fallu prendre rendez-vous en PMA. Oui, parce que pour moi, l’andrologue, c’était déjà la PMA. Mais le Professeur Poker m’a bien vite détrompée avec un gentil : « Bon, ben voilà, ma part du travail est faite. Maintenant, il faut vous trouver un gynécologue en PMA ! »
Pour des soucis de praticité, nous avons choisi l’hôpital Royal, juste à côté du travail de Monsieur Loup et pas trop loin du mien, dans lequel les paillettes nous attendaient sagement au frais.
J’ai appelé fin juin, pressée que les choses avancent, maintenant qu’on avait le principal. La secrétaire que j’ai eue au téléphone m’a dit : « Vous êtes une nouvelle patiente ? », puis, comme je confirmais : « Bon, ben ce ne sera pas avant septembre ! »
Allons-y pour septembre. De toute façon, « patience », c’est le maître mot de la procréation médicalement assistée…
Toi aussi, tu as vécu une opération peu connue ? Tu as découvert de drôles de choses lors de ton parcours de conception ? Si tu as envie de partager cela, nous t’ouvrons nos lignes, viens nous raconter ton histoire ici !

