Assumer des responsabilités

Assumer des responsabilités

Laisse moi te raconter 2 anecdotes de mon enfance. A l’école primaire, je devais être en CM1, j’étais désignée par la maîtresse pour surveiller les autres élèves quand elle s’absentait de la classe (sans doute car j’étais bonne élève et sage). Et si en revenant elle constatait qu’il y avait eu du désordre, j’étais tenue responsable du bazar engendré « parce que c’était à moi de faire respecter l’ordre » (et je devais en plus dénoncer les coupables, merci pour la pression que ceux-ci faisaient peser sur moi !) J’ai fini en larmes une fois. L’année suivante, lors d’une rencontre inter-écoles, j’ai été nommée contre mon gré responsable d’un groupe. Sans aucune information sur la manière dont la journée allait se passer, sur le fonctionnement des exercices, j’ai dû gérer un groupe de 5 élèves, et eu des remontrances (parce que bien entendu cela s’était mal passé pour mon groupe qui n’avait rien fait de ce qu’il fallait) de n’avoir pas pris l’initiative de demander des renseignements sur les activités et le déroulement de la journée (sans me laisser expliquer que la seule fois où la grande timide que j’étais avais eu le courage de poser une question, on n’y a pas répondu).

Aujourd’hui encore, j’ai une boule au ventre en pensant à ces 2 événements qui m’ont profondément marquée et façonnée. Je considère toujours comme injuste la façon dont les enseignants m’ont mise dans des situations non désirées et inconfortables, me rendant responsable des échecs sans remettre en question leur façon de faire. J’ai développé une allergie maladive à toute forme de responsabilité.

Certes, ces 2 événements à eux seuls n’expliquent pas tout. Ma maman a toujours refusé de diriger quoi que ce soit dans son travail, préférant accomplir son travail tranquillement dans son coin… Même si au final ses compétences faisaient qu’elle aurait pu prétendre à bien mieux.

J’ai reproduit ce modèle qui me correspondait bien : pour vivre heureux, vivons cachés… Et obéir est simple et moins stressant qu’avoir à donner des ordres et prendre les choses en main !

Crédits photo : Andrea Piacquadio

Toujours est-il que j’ai fui toute ma vie toute obligation envers les autres. Non pas que je me dédouanais de mes devoirs, absolument pas, mais j’étais d’une timidité maladive et je ne m’impliquais dans rien car cela signifiait forcément devoir participer et gérer voire (horreur) prendre la parole et les choses en main. Cette crainte des responsabilités s’accompagnait chez moi d’un énorme manque de confiance. Je n’ose jamais m’imposer, montrer que je suis sûre, affirmer des choses. J’ai longtemps été la petite souris qu’on ne voit pas et qu’on n’entend pas.

Lorsque je suis rentrée dans le monde du travail, j’ai avant tout recherché des postes « tranquilles », à savoir qui ne me demandaient pas trop d’engagement. Travailler dans un centre de documentation avec pour mission de ranger des livres et m’occuper du prêt ? Parfait ! Avoir un concours qui me donne « des tâches d’exécution » ? Je prends ! Arriver sur un poste avec une chef qui vérifie systématiquement tout ce que je fais et ne me laisse pas de marge de manœuvre ? Aucun souci.

Et puis la vie fait que petit à petit, les responsabilités arrivent sans qu’on les veuille vraiment. Se mettre en couple avec un homme déjà papa et assurer auprès de sa fille. Acheter une maison, avoir un crédit. S’imposer face à des banquiers, des commerciaux, des artisans… Ça m’a aidé à acquérir la confiance en moi qu’il me manquait. Ma timidité n’est plus pathologique, je reste simplement sur la réserve et intimidée avec les personnes que je ne connais pas mais je suis à l’aise avec celles que j’ai rencontrées plusieurs fois.

Mon environnement professionnel fait que j’ai également pu développer mon assurance. Ma chef m’a réellement accompagnée dans ce processus, me confiant de plus en plus de missions, de plus en plus de responsabilités petit à petit, à mon rythme et en concertation avec moi. Et ses conseils pour gérer des personnes ont été extrêmement précieux. La grande confiance envers moi dont elle a fait preuve m’a réellement boostée et encouragée. Mon métier me plaît. J’ai dû la remplacer au pied levé un jour et… À ma grande surprise, j’y suis arrivée.

De ce jour-là, j’ai enfin sérieusement envisagé d’évoluer professionnellement. Les grosses responsabilités ne sont toujours pas pour moi, mais devenir chef dans une petite structure était envisageable et j’en avais même très envie !

Ce désir a été amplifié par un changement de supérieur. J’avais énormément de mal à m’entendre avec ma nouvelle chef et avec sa manière de manager les personnes. Mais ce qui a provoqué le déclic c’est le fait qu’elle s’est complètement déchargée sur moi de bon nombre de dossiers qui sont normalement de son ressort, et me reprochait chaque petite initiative que je prenais. J’ai alors vu les inconvénients d’être subordonnée, et me suis dit que devenir chef ne serait finalement pas si mal.

Et surtout je suis devenue maman. C’est absolument incroyable de découvrir la force et l’assurance que cela m’a donné, l’envie de changer les choses dans ma vie pour ne plus simplement être passive.

C’est alors que j’ai pris une décision que je n’aurais jamais pensé prendre un jour : rechercher un nouveau poste, et surtout un poste à responsabilités ! Sauter le pas n’a pas été évident. Encore aujourd’hui j’en ai des palpitations. Je te raconterai tout ça dans de futurs articles !

13 commentaires sur “Assumer des responsabilités

  1. Bon visiblement tu as eu au moins 2 profs pas très doués !

    En tant que parents, j’estime qu’il est aussi de mon devoir de rendre mon enfant sur de lui, pas trop timide et responsable.
    On y va un pas à la fois évidement mais c’est quelque chose que mes parents avaient essayé de faire et qui m’a bien servi. Après il est évident que le caractère des enfants à un grand impact.

    A l’âge adulte j’ai plutôt appris à choisir mes combats. Je sais défendre mes idées en réunion mais je sais aussi ne pas tenter le combat si j’estime que ca ne réussira pas ou que l’enjeu de vaut pas mon énergie.
    Par contre, je suis restée discrète. Je n’ai pas envie / besoin d’être connue et reconnue par toute la boite. (Faire une présentation intéressante devant mes collègues oui, faire la présentation annuelle devant le pdg non merci.)

    Et je me vois mieux en experte technique, responsable de formations qu’en manager d’une grosse équipe. Pas que la responsaibilté me fasse peur mais l’intérêt n’est pas là comparé à la charge de travail.

    Par contre, je n’ai pas l’impression qu’être maman ait beaucoup changé ma personnalité.

    Bravo à toi de t’être épanouie et d’avoir su évoluer avec le temps. Qui sait où tu seras dans 5 ou 10 ans !

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    1. Pour le coup Pirlouit ne tiendra pas de moi : il a une assurance incroyable ! Et être maman m’a vraiment changée, je m’en rends compte de plus en plus. Peut-être aussi que c’est arrivé à un moment de ma vie où j’étais déjà en train de changer…

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  2. Je t’ai lue avec attention parce que, tu ne t’en souviens peut-être pas, mais nous avons, à la base… je ne peux pas dire le même métier car nous n’évoluons pas dans le même environnement professionnel, mais nous avons le même grade. C’est même grâce à toi (involontairement, évidemment !) que je me suis engagée dans cette voie, qui me paraissait intéressante. Ça fait 5 ans maintenant (et 5 ans que j’ai quitté les blogs).
    Cet article me parle car comme toi, je suis timide et j’ai plutôt tendance à vouloir me fondre dans la masse sans faire de vagues, mais j’ai eu la chance moi aussi de prendre de l’assurance et des (petites) responsabilités en 5 ans, évoluant dans un environnement bienveillant avec une cheffe dont j’étais proche. L’année dernière, poussée par ma cheffe et soutenue par ma hiérarchie, j’ai passé le concours de la catégorie au-dessus, qui s’est soldé par un succès (on a aussi la chance en ce moment qu’ils en prennent beaucoup plus que les années précédentes !). Par le plus pur des hasards, ma cheffe est partie en retraite à ce moment-là et, chose extraordinaire dans ce milieu, j’ai pu tout simplement basculer à sa place ! Je suis donc à présent à la tête d’une petite équipe et j’ai encore un peu de mal à réaliser, tellement ça a été à la fois naturel et rapide. Je me suis laissée porter par le courant et je me demande encore si c’était vraiment un choix (j’ai eu, toute l’année dernière, d’énormes moments de doute !) mais je suis heureuse d’être là où je suis, je mesure ma chance de ne pas avoir eu à déménager et d’avoir une équipe globalement super, et ça se passe bien.
    Je suis du coup curieuse de ce que tu envisages toi comme évolution, même si j’ai une petite idée (un métier dans ton environnement pro qui implique de manager sans forcément monter en grade). Je me souviens très bien que lorsque je t’avais parlé (ça date, évidemment) de passer le concours de la catégorie au-dessus de ton côté, tu m’avais dit : « Oh la la, non ! » (et sur le coup je n’avais pas bien compris pourquoi, puisque chez nous, passer des concours pour évoluer, c’est quand même le sport national ! cette année je vais en avoir 3 dans mon équipe !), donc cet article résonne d’autant plus ! Si tu veux m’écrire, de collègue à collègue, je serais curieuse, d’une part d’avoir de tes nouvelles, et d’autre part d’en savoir plus sur tes projets pro !

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  3. L’article en question devait dater de 2019 ou tout début 2020 au plus tard parce que ma nouvelle chef avec qui j’ai eu du mal à travailler est arrivée à cette date. 5 ans plus tard, un mauvais management et l’envie d’occuper d’autres fonctions m’ont bien changée.

    Pour le coup, dans mon milieu on peut avoir des responsabilités sans pour autant avoir à passer le concours supérieur. Je suis catégorie B, je le reste et je n’ai pas changé d’avis sur la catégorie A : ce n’est pas pour moi ! Quand je cherchais un nouveau poste, ceux qui y correspondaient ne m’intéressaient pas.

    Je suis curieuse de savoir si ce n’est pas trop dur de passer chef quand on était « collègue » auparavant : je ne sais pas si j’aurais pu négocier un tel virage !

    Et ça m’émeut de me dire qu’un article que j’ai écrit sur mon travail a pu donner envie à quelqu’un de se lancer 🥺

    Quant aux projets pro, d’autres articles vont venir car oui, je me suis lancée à la recherche d’un nouveau poste !

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    1. Ce n’était pas un article, c’est une discussion que nous avons eue, parce que nous avons travaillé ensemble (mais je pense que tu ne vois pas qui je suis XD) ! Mais effectivement, ça devait dater d’avant 2019, puisque j’ai quitté mon précédent métier en 2018. Et je sais très bien que tu peux assumer des responsabilités sans passer par la catégorie au-dessus : encore une fois, j’avais le même grade que toi, dans le même ministère, donc je pense savoir ce que tu veux faire. Je ne sais pas du coup si tu as déjà mis ce plan en œuvre et si tu as fait ta rentrée dans ce nouveau travail, mais je te souhaite en tout cas de t’y épanouir !

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      1. Ah ben je suis curieuse alors parce qu’il y a très très peu de gens qui savent que j’écris ici 😅 Donc gros mystère pour moi ! Une piste à me donner ?

        Merci pour tes vœux. Pour le moment les choses se mettent en place, c’est sûr que je ferai d’autres articles sur le sujet.

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        1. Je suis pourtant bien placée pour savoir que tu écris sur des blogs puisque c’est moi qui t’ai recrutée pour le faire 😀 Je suis désolée de tout ce mystère qui est complètement involontaire : comme c’est mon pseudo habituel, je suis partie du principe que tu saurais forcément qui j’étais (car les humains sont par nature égocentriques, et les blogueuses, ou ex-blogueuses, plus encore) ! J’ai quitté les blogs fin 2018 suite à ma réussite au concours pour faire la même chose que toi (et il s’est trouvé, par le grand jeu des affectations, que je n’ai pas du tout fait la même chose que toi), et comme j’aime beaucoup mon nouveau travail (même si j’aimais beaucoup l’ancien aussi, ce n’est pas la question) et que je m’y suis aussi beaucoup investie en 5 ans, cet article a forcément fait tilt 😉 J’ai hâte d’en connaître la suite !

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          1. Mais oui ça y est ! Je cherchais quelqu’un avec qui j’avais travaillé IRL… Je pouvais continuer à chercher !

            C’est chouette du coup que tu aies pu évoluer sur ton poste !

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  4. Je me reconnais beaucoup !… dans la première partie de l’article seulement… haha ^^’
    Je cherche actuellement à changer de job, mais toutes les annonces qui commencent par « chargée de » ou – encore pire – « responsable de » je ne clique même pas ! Je serais peut-être compétente, j’aurais peut-être le bon profil et peut-être même que ça me plairait, mais je n’ai aucune envie d’être responsable de quoi que ce soit ! Je n’ai pas envie d’avoir trop de responsabilité, je n’ai pas envie de prendre des décisions. Des initiatives, oui ; des décisions, certainement pas. En plus, j’ai un côté très… un peu dans mon monde et un peu tête en l’air donc je fais déjà plein de conneries. Puis les postes à responsabilité sont aussi souvent les postes où il faut ramener un peu de boulot à la maison et ça c’est juste pas possible pour moi ! JAMAIS ! Moins j’ai de responsabilités, mieux je me porte.
    Bon, du coup, il y a des chances que je reste toute ma vie au SMIC…

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    1. Je ne sais pas quel âge tu as. Il y a encore 5 ans, c’était inenvisageable pour moi. Ça commençait à venir, mais j’étais tellement bien dans ma routine que je n’en voyais pas l’intérêt… Comme quoi les choses changent.

      Concernant les offres, je pense qu’il faut quand même creuser et ne pas hésiter à répondre parfois. Souvent, le paquet est mis dans les attendus et on se rend compte au final que les responsabilités sont bien moindres que celles énoncées. Sauf s’il y a gestion d’équipe : là c’est sûr que ça implique d’investissement !

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      1. J’ai 27 ans 🙂

        Je regarderai, alors, mais rien que le titre de poste « responsable » ça me fiche les j’tons ! x) Et oui, quand ça commence par « vous dirigez une équipe de 5 personnes » je ne lis même pas la suite ! Le truc aussi c’est que les postes avec des responsabilités sont souvent des postes où on va te demander de ramener du travail chez toi, et ça, c’est pas possible.

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  5. J’ai toujours été assez réservé, mais paradoxalement j’ai toujours eu la volonté d’avoir des responsabilités et de diriger une équipe. Je voyais ça comme le Graal dans mon travail.
    J’ai eu la chance et l’opportunité d’y accéder rapidement mais j’ai déchanté.
    Avoir des responsabilités c’est cool… si ta hiérarchie te soutient et te laisse assez autonome pour être libre d’agir. Sinon c’est plus stressant et frustrant qu’autre chose.
    Et gérer une équipe c’est très agréable (surtout quand ce sont tes anciens collègues avec qui tu t’entends bien) mais demande énormément de compétences sociales et psychologique. Finalement les relations humaines m’épuisaient plus que les responsabilités du métier elles-même .
    Maintenant que je gère ma propre entreprise, sans employés, c’est bien plus fatiguant mais bien moins frustrant 🙂
    Hâte d’en savoir plus sur ta nouvelle activité !

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    1. J’ai toujours entendu dire que la gestion d’équipe était ce qu’il y avait de plus compliqué. Et que les formations pour aider mais l’essentiel comme tu le dis demande beaucoup de compétences sociales et psychologiques. Si on en est dépourvu à la base, je ne sais pas si ça s’apprend vraiment… Je me pose réellement la question, si quelqu’un a la réponse je suis curieuse de savoir !

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