Conge Et adoption : comment je l’ai vecu
Congé parental. Non mais d’où ça s’appelle « congé » ? Avant de le prendre, je pensais que j’aurais un peu de temps pour moi, pour avancer sur des travaux à la maison, que je pourrais remplir le congélateur de bons petits plats en vue de ma reprise, que j’allais pouvoir coudre… Ha ha, naïve que j’étais !
Au commencement était l’attachement
Les premiers mois, impossible de faire autre chose que s’occuper de Pirlouit. Cela ne m’a pas étonnée, j’y étais préparée. Nous avons ce que Johanne Lemieux (spécialiste de l’adoption) appelle un petit « velcro ». Pirlouit était sans arrêt dans mes bras, dans nos pattes. Impossible d’aller aux toilettes sans l’entendre nous appeler à travers la porte. Et je ne me douchais qu’une fois qu’il était couché. J’étais (et suis encore) clairement sa figure d’attachement. C’est adorable et encore aujourd’hui j’en profite, mais c’est véritablement épuisant.

Le fait que M. Chéridamour et moi soyions ensemble les 4 premiers mois a été salvateur. Nous pouvions nous relayer, aller faire les courses pendant que l’autre gardait Pirlouit. Cependant, M. Chéridamour a eu des difficultés à créer un lien avec son fils. Je l’ai senti et les premières semaines, j’ai eu tendance (peut-être à tort ?) à le « soulager » de la présence de Pirlouit. Ce n’était pas forcément bon pour lui, ni pour moi qui m’épuisais et ruminais.
Il y a finalement eu une grosse crise entre nous deux. Nous avons pu discuter calmement des choses, exprimer nos ressentis et repartir du bon pied, tant vis à vis de Pirlouit qu’entre nous (nous sommes bien plus proches et amoureux que ces dernières années !)
L’entrée à l’école
Au mois de septembre, Pirlouit est rentré à l’école. Après concertation avec la directrice qui a été très facilitante, nous avons décidé de ne l’y mettre que le matin. Cela permettait à Pirlouit de s’adapter en douceur car il ne parlait pas encore la langue et même s’il comprenait beaucoup de choses, il en avait encore énormément à apprendre. Mais dès le 1er jour il a manifesté son envie d’aller également à l’école l’après-midi. C’est ce qui a été fait au bout de 10 jours. Cependant, j’allais toujours le chercher à la pause méridienne.
On pourrait se dire que j’ai enfin réussi à me poser et avoir du temps pour moi. Que nenni. Le matin, j’avais 3h pour moi. L’après-midi 2h. Les allers-retours sur la journée me coupaient dans mes activités, impossible de faire quoi que ce soit demandant du temps. J’ai réussi à faire de la peinture dans la maison (portes, cheminée) mais très peu. Cela me frustrait énormément.
Ménage, courses, cuisine… j’ai enchaîné les tâches domestiques. En me mettant (bêtement) une pression de dingue pour que tout soit parfait. Je passais la serpillière tous les jours, cuisinais tous les jours, faisais des gâteaux tous les jours… Je refusais que M. Chéridamour qui travaillait m’aide car je culpabilisais de rester à la maison « à ne rien faire ».

Là encore, c’était idiot. Je m’épuisais, j’avais l’impression de courir tout le temps, de ne pas suffisamment profiter de Pirlouit quand il était avec moi.
La fin et l’équilibre, enfin !
Et finalement est venu le jour où nous avons décidé qu’il était temps pour Pirlouit de manger à la cantine pour l’y habituer, 2 mois avant ma reprise du travail, puis d’aller à la garderie matin et soir afin de lui faire prendre son rythme définitif 15 jours avant la fin de mon congé parental. C’est à partir de ce moment-là que j’ai pu souffler, mieux m’organiser et reprendre du temps pour moi.
M. Chéridamour n’arrivait pas (et n’arrive toujours pas) à comprendre que je n’arrive pas à trouver du temps pour moi. Mais c’est compliqué : quand Pirlouit n’était pas avec moi je m’occupais de la maison, quand il était avec moi, je m’occupais de lui. Et si M. Chéridamour ne voyait aucun souci à le laisser jouer seul (« il peut s’occuper et n’a pas forcément besoin de nous »), il m’était impossible de faire de même alors que Pirlouit était demandeur (« Maman tu me lis une histoire ? » « Maman, un gâteau », « Maman, on joue aux kaplas ? », « Maman je fais de la peinture ? », « Maman regarde moi ! ») Lorsque j’ai enfin eu une journée complète pour moi, j’ai pu m’occuper le matin des tâches ménagères et avoir l’après-midi pour moi. Un vrai soulagement après des mois à m’oublier.
Il me restera un sentiment ambivalent concernant ce congé parental. Je regrette de ne pas avoir d’avantage pris de temps pour moi, d’avoir voulu absolument que tout soit parfait alors que personne ne me le demandait. Mais j’ai adoré rester à la maison à m’occuper de mon petit, profiter de lui, rentrer de bonne heure et le voir prendre son goûter installé sur mes genoux, construire des vaisseaux Lego avec lui… Et après tout, c’est l’essentiel dans un congé parental non ?

Je me suis souvent fait la réflexion en te lisant que ce que tu as traversé en adoptant ressemble beaucoup à un parcours tout à fait classique vers la maternité biologique, avec tout ce que ça comporte de remise en question, de questionnement de soi et d’embuches…
Je découvre aujourd’hui qu’un congé d’adoption ressemble furieusement à un congé maternité! Des projets, des bonnes résolutions, la difficulté à lâcher prise, de trouver sa place, la peur de rater une étape, le temps qui file dans un tourbillon et même les choses qui rentrent dans l’ordre tranquillement en reprenant la vie professionnelle!
Merci encore de nous faire partager ces instants de vie!
J’aimeJ’aime
Oui, pour le coup le congé parental ne diffère pas vraiment de celui pris par des parents biologiques, même si notre petit est déjà grand !
J’aimeJ’aime