En équilibre

Tic je tiens…
Tac je glisse…
Tic je tiens…
Tac je glisse..
Tic je ne tiens plus…
Tac je suis tombée.

En équilibre sur le fil de la vie tel un funambule nous traversons les années à coup des tic et tac de l’horloge. Perdant parfois l’équilibre on peut s’appuyer sur notre balancier pour nous aider à le retrouver, en espérant ne jamais avoir besoin de notre ligne de vie, dernier rattrapage avant le sol.

Parfois notre balancier est si bien équilibré que les autres peuvent penser qu’on ne perd jamais l’équilibre. Notre glissade est minime et nous continuons à avancer donnant l’impression d’une traversée facile et douce sans bourrasque ni mauvais positionnement de pied.

Tout le monde n’est pas égal dans la traversée, certains naissent avec plus d’équilibre que d’autres, certains se voient dotés d’un balancier d’une stabilité sans limite, certains cahotent avec le tirage de la naissance et trouve des extensions permettant de renforcer leur balancier, certains ne vivrons que des brises quand d’autres devront tenir sous des vents violents.

Je ne sais pas si mon équilibre est important, c’est difficile de savoir et très personnel comme ressenti, mais je sais que j’ai eu un balancier exceptionnel. Solide, présent et inébranlable durant les trente premières années de ma vie. Je n’avais pas peur d’avancer et de glisser je savais qu’on me rattrapait toujours.

Malheureusement ce balancier s’est vu raccourci et élimé ces dernières années. Mais j’avais trouvé des extensions de balancier qui me rendait confiante dans l’avenir. Je perdais beaucoup l’équilibre ces derniers temps mais mon balancier était renforcé même si ce n’était plus celui que je connaissais je pouvais apprivoiser ce nouvel équilibre.

Tic t’es stable on te tient bien ne t’inquiètes pas on est là.
Tac attend on te donne de l’élan pour que tu heurtes le sol plus fort.

Mes extensions de balancier n’en était pas.

Accroché sur le fil je ne tiens plus que d’une main, je stagne en attendant la chute, regardant mes extensions de balancier taper sur les doigts qui me maintiennent en se détachant. Je retiens mon souffle en ne reconnaissant plus ce fil sur lequel je dois remonter, sur lequel je ne sais même plus comment remonter.

Mon horloge est déréglé les tac s’enchainent sans les tics.

Mais la vie est plein de surprise et j’avais un filet que je n’imaginais pas (que je n’imaginais plus) avoir. Un filet que j’avais tendance à oublier, il est là depuis un moment mais je ne comprenais pas son importance. Grâce à ce filet j’ai réussi à demander à ce qu’on m’aide à remonter sur le fil. Je n’arrive pas à continuer à avancer pour le moment, je cherche encore mon équilibre mais mon filet s’est rapproché pour me montrer qu’il était là.

Qu’il serait là pour me rattraper quand je tombe, pour que je puisse remonter.

Mon équilibre est précaire, mon balancier moins stabilisateur mais la ronde des tic et des tac va reprendre et je vais réussir à continuer ma traversée. En remerciant mon filet et toutes les lumières qui le composent qui m’ont éclairées le chemin quand la nuit a envahi mes jours.

Et pour reprendre les mots de celle qui m’a aidée à remonter sur mon fil : la vie c’est un train avec des wagons ou les gens montent et descendent. Parfois il est temps d’ouvrir les portes pour laisser descendre les gens. Peut être remonteront-ils un jour, peut être pas, mais ça ne doit pas empêcher le train d’avancer.