On ne le saura jamais

On ne le saura jamais

Récemment, j’ai fait un rêve étrange dans lequel se trouvaient mes deux ex. Etrange, n’est-ce pas ! Et de repenser à eux m’a fait me rappeler que ma dernière histoire d’amour, avant celle que je vis depuis plus de 12 ans, avec mon mari, n’aura jamais vraiment connu de fin. Je te raconte ça.

couple amoureux séparation
Crédit photo : Image par PublicDomainPictures de Pixabay

Panser ses blessures

Je l’ai rencontré après une histoire très douloureuse, qui aura marqué ma vie de jeune femme en devenir. A l’époque, j’étais très vite tombée amoureuse et tout était allé très vite. Sûrement la naïveté de ma jeunesse. J’avais besoin de réconfort et de retrouver confiance dans les relations amoureuses. Alors, quand je l’ai rencontré, une petite voix dans ma tête me disait d’y aller doucement. Et en même temps, c’était plus fort que moi. C’est dans mon tempérament, je suis quelqu’un d’entière, et je m’accroche vite aux personnes avec qui le feeling passe bien. J’ai très vite été séduite, je crois même qu’on pourrait parler de coup de foudre. Mais un coup de foudre sur une jeune femme tout de même bien refroidie par les histoires d’amour, et surtout, avec un homme très discret et que je qualifierai de « peu démonstratif ». Une sorte de grande pudeur chez lui. Il avait un côté mystérieux, peut-être lié au fait qu’il était étudiant en pyscho. Je ne sais pas. Mais il était mon parfait opposé.

S’apprivoiser

C’est ce que j’ai dû faire pour notre histoire, apprendre à l’apprivoiser. Prendre le temps. Me retenir. Parce que si ça n’avait tenu qu’à moi, je ne me serai pas retenue. Je l’aurais embarqué immédiatement dans ma vie, auprès de mes amis, de ma famille, de ma folie. J’aurais fait des plans sur la comète avec lui, je l’aurais peut-être même accompagné en Belgique où il finissait ses études. D’ailleurs, quand il m’a annoncé qu’il partait à l’étranger pour finir son master, intérieurement, j’ai cru mourir. Mais j’ai gardé la face. Je ne voulais pas lui montrer que cela m’affectait, me peinait. Je ne voulais pas lui montrer que j’étais « déjà » amoureuse. De lui. Je le laissais lui, venir. Je voulais que tout vienne de lui, ne pas le brusquer, ne pas l’effrayer. J’approchais à petits pas, à pas de loup. Je prenais tout ce qu’il avait à me donner. Les soirées tous les deux, dans mon appartement. J’avais parfois l’impression de vivre une histoire clandestine. Parfois, mon imagination me laissait croire qu’il avait peut-être une double vie, et que c’était pour ça qu’il cloisonnait sa vie. Parfois, je me disais juste que c’était en fait normal, de prendre ainsi son temps. Que c’était moi qui étais allée trop vite avec mon ex, et que c’était mieux ainsi. C’était très ambivalent. Il y avait l’excitation de cette relation presque cachée, et à la fois la frustration de ne pas pouvoir afficher mon amour au monde entier.

La relation à distance

Moi qui aimais la fusion, voilà que je devais vivre avec la distance, plusieurs jours par semaine. Alors que j’aurais aimé le voir tous les jours, on se voyait de temps en temps, quand il rentrait en France, quand il n’avait pas son entrainement de boxe, et quand il n’avait rien d’autre de prévu (famille, amis). J’avais parfois l’impression de vivre en fonction de lui, de me rendre disponible à chaque fois pour lui mais que l’inverse n’était pas réciproque. Mais, quand il était avec moi, je le sentais quand même bien présent et investi. C’était juste notre réalité qui conduisait à cela : un jeune couple à distance qui apprend à se connaître et qui ne fait pas encore partie à 100% de la vie de l’autre. Normal donc que je ne passe pas mes soirées avec lui et ses amis ou sa famille, et il avait droit aussi de passer du temps avec ses proches qu’il voyait du coup moins souvent aussi. J’ai fini par accepter la situation, tout en attendant quand même à chaque fois impatiemment notre prochain rendez-vous. Nous échangions alors par SMS (à l’époque WhatsApp n’existait même pas !) et encore une fois, je ressentais une sorte de dépendance, à attendre ses réponses. Il faut dire que j’adorais ses messages. Il avait du style, et là dessus, on se ressemblait. Car en effet, nous étions à la fois très différents dans nos caractères et nos goûts mais aussi très proches pour certains aspects de notre personnalité. Nous étions aussi complémentaires. Un peu comme le soleil et la lune. L’eau et le feu. J’avais en tout cas très envie d’y croire, et en même temps, je me blindais pour ne pas connaître un nouveau chagrin d’amour.

Et soudain, le silence

Au fur et à mesure, j’ai senti la distance prendre le dessus. Les messages se faisaient plus rares. Je me forçais d’ailleurs à lui répondre en différé. Je ne voulais pas passer pour la nana désespérée (mais je l’étais au fond). Je voulais me montrer détachée, libre et indépendante, alors que je me sentais comme un toxico en manque de cocaïne. Je me shootais à lui quand il était là, et la descente était assez vertigineuse. Je me souviens d’ailleurs que certaines copines de promo (j’étais à l’époque en école d’assistante sociale) essayaient de me changer les idées pour que j’arrête de penser au manque qu’il créait en moi. Et un jour, rien. Plus rien. Silence radio. Mon dernier message est resté sans réponse. Heureusement, grâce à tous les boucliers que j’avais quand même activés, je ne me suis pas laissée aller. C’était comme ça. Ma vie continuait. Il me manquait, mais je méritais aussi mieux que ça. Je ne voulais pas me contenter de miettes. Cela a quand même été perturbant car au final, à chaque fois que j’y repense, je me dis qu’on ne s’est jamais quitté. Il n’y a jamais eu de mots posés. Je n’ai jamais su réellement pourquoi. Il n’y a eu aucun reproche, aucune larme, aucun cri. Ça s’est fait et c’est tout. Juste le silence.

La vie continue

Deux mois après sa « disparition », j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants. Et avec lui, tout était plus simple et spontané. Tout est donc allé vite, mais je me sentais en confiance. Je me suis posée moins de questions sur ce que je devais montrer ou pas. J’ai cherché à redevenir qui j’étais réellement dans une histoire d’amour : entière, honnête, fusionnelle. Et aujourd’hui, je n’ai aucun regret car c’est grâce à tout ce que j’ai vécu avec Mister K., que je suis aujourd’hui mariée au père de mes trois enfants. Je sais que je n’aurais pas vécu tout cela avec lui, car je pense qu’il n’avait pas la même vision du couple que moi, et pas les mêmes projets de famille.

Cependant, il y a une chose qui m’a quand même troublée… Quelques jours après mon PACS, soit plus d’un an après notre dernier message, avant son dernier « signe de vie », j’ai reçu un SMS de sa part. Je me rappelle que j’ai lu son message dans le bus, comme souvent à l’époque où on était ensemble. J’ai lu ses quelques lignes… il avait toujours le même ton, le même style, rien n’avait changé, comme si le temps s’était figé. Il me disait qu’il avait appris que j’allais me pacser, (certainement via mon blog), et que ça lui avait fait comme une sorte d’électrochoc, qu’il regrettait la fin de notre « nous » mais qu’il me souhaitait beaucoup de bonheur dans ma vie. C’était un peu la conclusion de notre histoire, avec un an de retard. Le mot fin sur une jolie parenthèse que je ne regrette pas, malgré tout, d’avoir vécu.

6 commentaires sur “On ne le saura jamais

  1. Je trouve ca fou de quitter quelqu’un de cette facon ! Je te trouve courageuse d’avoir accepté sa disparition comme ca.

    Je pense que j’aurais débarqué dans son appart ou dans sa fac pour lui crier dessus.

    D’ailleurs as tu cherché à savoir ce qu’il était devenu qujourd’hui ?

    Ici, notre relation à distance à bien marché (2,5 ans par SMS et skype, pfiouuu). Mais j’ai renoncé à un échange universitaire en Amérique pour le rejoindre. Si j’ai eu mon dîplome et que j’aime ma vie, mon mari et mes enfants, je me demande encore parfois ce qu’il se serait passer si j’avais passé cette année à l’étranger. Est ce qu j’y habiterai encore ? Quel serait mon métier ? Que ce serait-il passé ?

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    1. Je pense qu’au fond de moi, je savais que c’était avant tout une histoire de transition…

      J’ai eu de ses nouvelles un jour, par hasard/erreur… et plus tard dans le cadre professionnel j’ai été amené à découvrir qu’il s’était installé en libéral en tant que psychologue… mais c’est tout, rien de plus.

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  2. J’ai aussi vécu une histoire similaire avec quelqu’un qui a disparu dans la nature avant de rencontrer mon mari (et Laura, moi j’ai débarqué chez lui pour de vrai, mais au final, ça n’a fait que repousser sa disparition, donc je pense que ça n’aurait rien changé 😅), à quelques détails près ton récit me rappelle des souvenirs !

    De mon côté, une dizaine d’années après je me suis dit qu’on était vieux maintenant lol, que je n’allais pas finir ma vie sans rien avoir compris à ce qui s’était passé dans cette relation et qu’assez d’eau avait coulé sous les ponts pour qu’on puisse en parler poliment. Donc je l’ai recontacté et on a pu se voir un jour pour en discuter, il a enfin pu m’expliquer les raisons pour lesquelles, à l’époque il s’était comporté comme il l’avait fait, et pareil pour moi. Et ça m’a fait beaucoup de bien de pouvoir mettre enfin un point final à une histoire et des interrogations qui ne m’avaient pas poursuivie pendant des années, mais qui me revenaient de temps en temps quand même (et savoir que c’était pas ma faute…). Je ne dis pas que c’est ce que tu dois faire (sans doute que son SMS suffit, moi j’avais vraiment rien), mais j’en suis arrivée à la même conclusion que toi, et cette histoire est enfin devenue un bon souvenir 🙂

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    1. Bon moi pour débarquer chez lui, il aurait encore fallut que je sache où habitaient ses parents mdr ! Mais au final, même ça, je pense que je ne l’aurai pas fait car je sentais au fond de moi qu’on n’était pas fait pour être ensemble et donc je ne voulais pas m’accrocher. Bien sûr, une vraie fin aurait peut-être été un plus…
      C’est chouette en tout cas que toi tu ais pu satisfaire ce besoin ! Comme tu dis, avec autant d’années de recul, ça ne peut que mieux se passer, y’a plus d’enjeux !

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