Une histoire de pilule
Ah la contraception, quel vaste sujet. Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, ses adeptes et ses détracteurs. Je suis profondément convaincue de ses bienfaits. Pour toute la liberté que ça implique, je trouve que c’est une formidable avancée féministe. Mais, parce qu’il y’a toujours un mais, elle a aussi eu un impact plus négatif sur ma vie de femme que j’aimerais partager aujourd’hui.

Quand j’arrête ma contraception pour démarrer les essais bébés, je redécouvre les cycles naturels avec leur lot d’avantages et d’inconvénients. Avantage : plus de migraine pendant mes règles. Inconvénient : des cycles très irréguliers. Avantage : plus besoin de penser à me protéger. Inconvénient : mon copain le SPM (syndrome prémenstruel) ! Il y a un avantage que je n’ai cependant pas vu venir : la remontée en flèche de ma libido. Et s’il m’a prise au dépourvu, c’est surtout parce que je ne pensais pas qu’elle pouvait être autant impactée par un contraceptif. Ou tout du moins, je n’en ai jamais été correctement informée…
Mon premier moyen de précaution, à l’adolescence, c’est la pilule. La question ne se pose même pas, c’est LA méthode privilégiée. À la base c’est d’ailleurs plus pour une histoire d’acné que d’évitement de grossesse, je n’ai pas encore de copain. Mais c’est double emploi, que demander de plus ? Je la prends pendant près de 15 ans, j’y vois plein de bénéfices et je la supporte assez bien. Au début de ma vie amoureuse, je suis donc sous hormones de synthèse depuis quelques années. Passés les premiers émois, la passion et la découverte de l’autre, je dois t’avouer que je ne suis pas très portée sur la chose. Pour dire simplement : je ne suis jamais à l’initiative des câlins sous la couette, je dois toujours me « forcer » un peu et je m’imagine très bien pouvoir vivre sans sexe. Ce n’est pas désagréable, et je ressens du plaisir, mais je m’en passe bien facilement. Je me suis sérieusement posé la question de ma frigidité, et ça a été parfois source de tension dans mon couple.
(J’ouvre une parenthèse : à l’époque je ne connaissais pas l’asexualité, qui correspond en partie à cet état d’esprit. Si le sujet t’intéresse, je te recommande les épisodes sur le sigle LGBTQIA+ du podcast Vulgaire de Marine Baousson. Un épisode par lettre, avec un invité concerné pour l’expliquer. Fin de la parenthèse.)
Après l’arrêt de la pilule, plusieurs copines me disent que ça va tout changer niveau libido. Me connaissant, je n’y crois pas vraiment et je ne vois d’abord pas de différence, tout du moins les premiers mois. Et puis finalement, il y a effectivement un gros changement. Je me retrouve à avoir des envies moi aussi, et à être initiatrice de parties de jambes en l’air ! Je ne suis finalement pas si frigide que ça…
Voilà donc où je veux en venir : j’ai construit ma vie amoureuse avec une libido en berne, en pensant être différente, alors que tout ça était faussé par les hormones de synthèse. Et je ne le soupçonnais pas, car je n’avais jamais connu l’avant. Ça me donne un peu l’impression d’être passée à côté de quelque chose, qu’on m’a fait nier une composante de mon corps pendant 15 ans. C’est difficile de mettre exactement les mots sur mon ressenti, mais le manque pour moi vient de toutes ces années « perdues » sans connaître mes vraies sensations. Tous les ans j’ai eu le droit au passage sur la balance et à la prise de sang pour surveiller mon poids et mon cholestérol, effets secondaires connus de la pilule. Mais jamais un professionnel de santé ne m’a parlé de l’impact sur la libido. Peut-être que c’est un effet plus rare et que je suis un cas isolé, mais au vu des discussions avec de nombreuses copines qui ont connu exactement la même chose, je ne le pense pas. Peut-être que c’est tabou, mais c’est un comble de ne pas pouvoir parler sexualité avec sa/son gynéco au XXIème siècle. Loin de moi l’idée de dénigrer la pilule, elle m’a très bien servie de nombreuses années. Bien sûr elle a des défauts, mais les bénéfices sont loin d’être négligeables. Je sais que pour certaines femmes, notamment celles qui souffrent d’endométriose, c’est la méthode la plus adaptée. Et à choisir, je préfère ce moyen que pas de précaution du tout. J’aurais simplement aimé savoir, qu’on me présente clairement les avantages et inconvénients plutôt que de m’imposer la pilule comme Graal de la contraception. J’aurais aimé savoir pour entamer ma vie de femme en connaissance de cause. J’aurais aimé savoir pour ne pas me sentir anormale. Et je trouve cette absence d’information injuste et inconsidérée pour moi, mais aussi pour toutes les autres qui ont été dans le même cas, surtout quand la pilule est prescrite aussi jeune.
Et maintenant ? Je n’ai jamais repris de contraception hormonale depuis que j’ai arreté la pilule. J’utilise un autre moyen qui a aussi ses avantages et ses inconvénients, aucune méthode n’est parfaite mais je m’en accomode. Et j’ai une sexualité beaucoup plus épanouie, à 30 ans passés, il était temps !
Et pour toi ? La contraception en général et la pilule en particulier ont aussi eu des conséquences insoupçonnées ?

Merci pour ce partage très intéressant. J’ai moi-même pris la pilule pendant près de 10 ans avec aussi très peu de libido alors que je voyais mes amis de 20 ans s’éclater au pieu et j’en ai beaucoup souffert. J’ai continué la pilule car je pensais que, sans enfant, je ne pourrais trouver d’autres alternatives sans hormones. Et puis, un jour jai demandé à mon gynéco un stérilet en cuivre. Il était posé dans la foulée !
Et si, pour ma part je n’ai toujours pas de désir (j’ai bien de la libido, mais pas de désir sexuel, ce qui n’est pas exactement pareil), j’ai surtout remarqué un changement très important sur mon humeur. Ce que je qualifierais à postériori de dépression s’est quasiment envolée du jour au lendemain emportant avec elle mes idées (très) noires, parfois suicidaires.
Et rien que pour ça, jamais je ne reviendrais à la pilule.
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Ah la contraception !
Team pillule à partir de 14 ans « pour diminuer les douleurs menstruelles ». Après quelques oublis de pillules vers 20 ans, alors en couple, j’ai demandé conseils à une gynéco. Je ne souhaitais pas passer le cap du stérilet. Elle m’a déconseillé l’implant (m’expliquant qu’il entraînait des troubles de l’humeur). J’ai alors choisi l’anneau vaginal. Moins de risque de l’oublier ! En place trois semaines, puis une semaine sans, avant d’en prendre un nouveau. Pratique, mais non pris en charge par la Sécurité Sociale. Soit environ 15 euros de ma poche par mois, à l’époque.
Après la naissance de Capucine, je suis passée au stérilet au cuivre. J’étais heureuse de me débarrasser des hormones, sans pour autant me rendre compte d’un impact positif. J’espérais avoir une meilleure libido, mais en vrai, avec la maternité, les nouvelles hormones, la fatigue… pas trop de ressenti !
J’ai dû arrêter le stérilet au cuivre suite à une grossesse extra utérine. La gynéco de l’hôpital m’a fortement conseillé de repasser aux contraceptifs hormonaux. J’ai testé l’implant… Que je me suis fait enlever un an après. J’étais devenue très irritable, je n’avais plus aucune patience avec mes enfants (cet épisode s’est retrouvé lié à un décès dans la famille, les émotions fortes et les hormones ont fait un cocktail très mauvais pour moi !)
Finalement, nous avons passé un an sans autre contraception que le préservatif. Avec des discussions régulièrement en couple pour parler de la contraception définitive, côté lui ou côté moi, étant certains de ne plus avoir de désir d’enfant.
Et je peux dire que l’année passée, j’ai retrouvé une libido et un désir que je ne pensais pas retrouver ! Exit la contraception subie !
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Je suis d’accord avec toi. Je pense (j’espère) qu’on en parle plus aujourd’hui (en tout cas je serais transparente avec ma fille) de tous ces effets secondaires.
De mon côté, j’ai vogué entre les contraceptions. Pilule un grand moment puis implant et stérilet (hormonal) pour éviter le poids de la prise journalière. Puis on a voulu et eu un enfant. J’ai remis un implant (que je supportais très bien) mais je l’ai enlevé récemment et suis repassée à la pilule en attendant, car on en voudrait un 2ème mais pas tout de suite. Et là … grosse grosse baisse de moral. Je suis déjà, je pense, sensible et à grosse tendance dépressive, donc ça n’a clairement pas aidé. Heureusement, je suis curieuse sur ce sujet et bien informée (merci notamment aux blogs comme celui-ci !) donc, j’ai mis 2 mois, mais j’ai fini par tenter l’arrêt de la pilule. Et là MAGIE ! Tout va bien. Donc merci d’en parler et continuons toutes ! 🙂
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Ici team pillule depuis mes 17 ans. J’étais au courant pour une possibilité de baisse de libido mais ce n’était pas un problème dans ma 20aine.
Quand j’ai arrêté la pilule pour les essais bébé, j’ai été un poil surprise de ne pas avoir de boost de la libido ou de perte de poids.
Perso, j’adore ma pilule qui me convient super bien. Mais je sais que ce n’est pas le cas pour de nombreuses femmes et je trouve que c’est chouette qu’on ai aujourd’hui de nombreuses options de contraception et que certains hommes s’emparent du sujet aussi !
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Merci pour vos commentaires ! Je n’avais jamais vraiment réalisé que ca pouvait aussi impacter le moral et les émotions. Dans mon cas, la pilule aplanissait un peu tout, j’ai plus de variations maintenant. Mais vos témoignages me confirment qu’elle a énormément plus de conséquences que ce qu’on nous en dit quand elle est prescrite… En tout cas, j’ai l’impression que la parole se libère, et comme l’a mentionné Laura, de nombreux hommes commencent à s’impliquer dans la contraception, donc on tient le bon bout !
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J’ai pris la pilule pendant 10 ans avant d’arrêter pour avoir un bébé. Dès l’arrêt j’ai ressenti une amélioration de ma libido, de mon humeur et de ma fatigue. Par contre ces 10 années d’hormones ont provoqué chez moi un dérèglement qui a mit 1 an à rentrer dans l’ordre avec plusieurs mois sans avoir de règles, certains mois à saigner en permanence.
Après la naissance de mon premier je suis passée au stérilet cuivre. J’ai maintenant 3 enfants et je reste sur ce mode de contraception qui pour le moment me convient très bien.
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cet article me parle +++ tout particulièrement en ce moment! J’ai pris la pilule a 15 ans pour des problèmes de peau qui a parfaitement fonctionné. Je n’étais pas consciente des problèmes de baisse de libido jusqu’à l’arrêt de celle-ci pour avoir mon fils où nous nous sommes vraiment retrouvés mon désir et moi! La reprise de la pilule, notre fils, des soucis pro et l’arrivée d’une maladie chronique (sans gravité mais bien relou) ont bien fait fuir de nouveau ma libido… mon garçon grandit, j’ai changé de boulot, ma maladie est stabilisée mais la libido pointe toujours aux abonnés absents. Le constat est sans appel: c’est la faute aux hormones!!! Problème je ne peux pas mettre de stérilet, le préservatif ne nous convient pas non plus alors on discute d’une solution radicale… c’est moi qui ne veut plus d’enfants et qui suis terrorisée à l’idée d’une grossesse non désirée quand mon mari ne veut pas spécialement de 2e enfant mais accueillerai sans souci une surprise de la vie… après quelques mois de réflexion je vous écris de mon canapé en convalescence de ma salpingectomie bilatérale pour stérilisation tubaire. J’ai hâte d’arrêter la pilule (je dois encore la prendre 2 semaines post op) et de me retrouver sans mes angoisses qui pourrissaient ma vie intime. Certe j’ai choisi une solution extrême mais depuis lundi jour de l’opération je me sens libre! Bon courage à vous ^^
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Bonjour Sandrine, et merci pour votre message. Bravo d’avoir sauté le pas de la stérilisation volontaire, je ne trouve pas du tout que c’est une solution extrème et c’est aussi une option qu’on envisage avec mon mari (moi ou lui, on est pas encore fixé). Du coup, je suis interessée, comment ça s’est passé pour vous ? Et bon courage pour la convalescence.
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Tout s’est très bien passé! C’est de la chirurgie ambulatoire. Les trompes sont retirés (plus de clip ou de ligatures) pour éviter le risque de GEU sous cœlioscopie. Arrêt de travail pendant une semaine pour récupérer. J’ai des douleurs mais c’est supportable avec les antalgiques et je suis fatiguée. C’est plus lourd pour nous les femmes que pour les hommes ^^ je réfléchissais à cette solution depuis 2 ans ma difficulté a été de trouver le bon gynécologue. Grace a une amie, j’ai pu rencontrer une super gynécologue qui se fout royalement des raisons/de l’âge/du nombre d’enfants qui amène la femme dans son cabinet. Elle estime que c’est notre corps/notre décision et que son travail se limite à nous faire comprendre que ce sera irréversible. Il y a un délai de 4 mois entre la première consultation et la deuxième où est fixé la date d’intervention. On peut échanger en privé si vous avez besoin de plus d’informations!
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