Déconnexion
Petite précaution d’usage : il n’est aucunement question dans cet article de donner des leçons ou de faire culpabiliser. Je n’exprime ici qu’un ressenti personnel.
J’ai un rapport très mitigé avec mon smartphone. Si je l’utilise quotidiennement et en vois les nombreux bénéfices et avantages, il me donne aussi parfois des sentiments d’intrusion et d’accoutumance qui me gênent. Je n’ai pourtant pas l’impression d’être une accro au téléphone mais je serais bien hypocrite en disant que je m’en passerais facilement.
Alors oui, je mesure la prouesse technologique d’avoir réuni dans un petit boîtier un téléphone, une radio, un journal, une télévision, une console de jeux, un agenda, une encyclopédie, un GPS, une station météo et j’en passe. Et oui, j’utilise allégrement tous ces outils et je trouve ça très chouette. Mais le revers de la médaille, c’est la dépendance. J’ai souvent l’impression que notre société est asservie à ces objets. Ils sont tout le temps sur nous, nous interpellent en permanence, déploient des trésors de mesquinerie pour qu’on ne les lâche plus.

Je ne compte plus les situations que j’ai vécues où les smartphones ont pris le dessus, que ce soit le mien ou ceux de mes proches. Il y a moi dont le premier réflexe est de le prendre dès que j’ai un moment de flottement. Il y a ceux qui regardent leurs réseaux sociaux en plein milieu d’un dîner entre amis. Il y a celle qui passe tout le spectacle à filmer plutôt qu’à regarder. Il y a ceux qui sont sur leurs téléphones plutôt que d’apprécier un moment avec leurs petits-enfants. Il y a celle que ça ne choque pas que sa fille préado se filme sur Instagram, parce que, je cite, « c’est un compte privé ». Il y a ces deux collègues que je vois régulièrement manger ensemble, mais chacune sur son téléphone. Il y a moi encore qui postais sur les réseaux sociaux, attendant impatiemment de voir monter les « like » et apparaître les commentaires pour ne ressentir finalement qu’une déception et du vide, parce que ça n’était jamais assez.
Chacun de ces comportements me pose problème. Parce qu’ils montrent que ces petits boîtiers peuvent nous happer au point de nous faire rater l’instant présent. Ils accaparent notre disponibilité et notre attention. Ils jouent avec nos émotions et nous manipulent.
Attention, je ne dis pas que c’était mieux avant et qu’il faut s’en passer. Dans notre monde connecté, ce serait se mettre des bâtons dans les roues. Et de bien des façons, notre quotidien s’en trouve grandement amélioré et simplifié. Je crois simplement qu’il est important de prendre du recul. De se rendre compte de la dépendance qu’on peut avoir de l’objet et d’essayer de reprendre le contrôle.
Voilà donc, en vrac, ce que j’ai mis en place pour tenter de me « déconnecter » :
- Désactiver les notifications de la majorité des applications
- Garder mon téléphone en vibreur ou silencieux et ne pas toujours l’avoir à portée de main
- Limiter l’usage de, voire quitter les réseaux sociaux
- Utiliser des minuteurs d’application
- Refuser les cookies pour éviter les pubs ciblées
C’est loin d’être parfait, car il y a encore de nombreux moments où mon téléphone m’accapare – et à l’inverse ça rend fou mon mari quand il n’arrive pas à me joindre, mais c’est un début. Et c’est une prise de conscience qui me permet de mettre une distance et qui est bénéfique pour mon mental.
Enfin, pour conclure, voici deux recommandations sur le sujet, dispos sur Netflix :
- Derrière nos écrans de fumée : dans ce reportage qui mêle interviews, infographies, images d’archives et fiction, des gros bonnets de la tech et des experts en psychologie démystifient et décortiquent les mécanismes mis en place pour nous rendre accros aux smartphones. C’est percutant, éclairant et assez saisissant.
- Black Mirror : une série d’anthologie britannique où tous les épisodes ont pour thème commun la mise en œuvre d’une technologie dystopique. Il faut clairement dépasser le premier épisode qui est plus que dérangeant, et tous ne sont pas de niveau équivalent. Mais certains sont très intéressants, et tous font questionner notre rapport aux technologies et à ces petits « miroirs noirs » qui ont pris tant d’importance dans nos vies.
Et toi, quelle est ta relation avec ton téléphone ?

Je fais le même constat que toi et cela m’embête autant que toi. J’ai coupé également toutes les notifications et mon téléphone est en silencieux. J’essaie de m’en détacher mais je n’y arrive pas vraiment. Un soir, notre fille, 10 ans, était entre nous sur le canapé devant une émission TV ; nous avions tous les 2 notre téléphone et elle s’est mise à dire « Pourquoi la TV est allumée là…et moi j’ai envie d’avoir un câlin mais vous êtes sur vos téléphones alors…. » Maintenant, lorsqu’elle est près de moi sur le canapé ou ailleurs, je n’utilise plus mon téléphone…
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Merci pour ton commentaire Mme Violine, ça a du être un choc ce commentaire de ta fille. Je n’ai pas non plus envie que mon fils ait cette image de ses parents souvent sur leur téléphone, il y sera lui-même confronté bien trop tôt…
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Tout pareil ici et, même si beaucoup ne comprennent pas, j’ai opté pour un mini forfait SANS 4G (ou 5G). De facto, dès que je sors de chez moi, je n’ai aucune raison d’utiliser mon téléphone autrement que pour appeler. Et si vraiment j’ai besoin de réseau pour une raison urgente, je peux tout de même activer les données et faire du hors forfait.
En début d’année j’ai réussi l’exploit de ne plus aller sur aucun réseau social pendant 2 mois ! Ca m’a été très bénéfique car j’ai pris vraiment conscience du temps perdu, à scroller et liker, pour quel résultat ? A la place j’ai pu reprendre des loisirs que j’avais mis de côté par manque de temps.
Pour raison pro j’ai dû me résoudre à rallumer mes réseaux, mais je pense que je vais continuer cette désintoxication plus régulièrement désormais.
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Wouah, je suis admirative de ton forfait sans internet, j’avoue que je ne m’étais jamais demandé si c’était possible. Et honnêtement, je ne sais pas si j’arriverais à passer ce cap, alors bravo !
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Je me retrouve dans ce sentiment de dépendance que tu décris. C’est pour ça que je vais mettre mon GPS à jour et que je me suis acheté une montre récemment : pour ne plus utiliser Waze et toucher mon téléphone dès que j’ai besoin d’avoir l’heure. Je vis très mal que tout soit sur ce téléphone. Au collège et au lycée je pouvais le laisser se décharger dans un coin et ne pas le rallumer avant des jours. Aujourd’hui, comme c’est aussi mon lien avec une amie au Canada, mais aussi que je dois rester joignable pour mon chef, etc. je ne peux pas le faire. En début de semaine, j’ai oublié mon téléphone au travail lundi soir. Mardi matin je devais aller dans un collège pour un reportage, j’étais bien embêtée de n’avoir pas Waze (mon GPS n’étant pas à jour j’avais un peu peur mais finalement il y a tellement peu de trajet que je n’ai pas eu de problème) ni l’heure (comme je suis arrivée plus tôt, je devais rallumer la voiture pour avoir l’heure). Et là, en récupérant mon téléphone une fois de retour au travail, je me suis rendue compte qu’en fait ça m’avait fait beaucoup de bien, de ne pas l’avoir, de ne pas avoir à le laisser allumé au cas où un recruteur m’appelle… et du coup, j’ai acheté une montre.
Les gens qui regardent leur téléphone alors qu’ils sont dans un groupe entre amis ou quoi, je ne comprends pas… mon chef m’a raconté l’anniversaire des 18 ans de sa nièce : les gamins étaient tous assis sur des chaises à se parler par messages… au médecin qui dit à deux jeunes qu’elles peuvent se parler dans la salle d’attente plutôt que de s’envoyer des messages, elles répondent : « on a l’habitude de faire comme ça ». Il n’y a pas que les jeunes. Mon père est pareil… il va être sur son téléphone pendant une sortie en famille… un déjeuner au restau… il n’écoute même pas ce qu’on dit… Quant à filmer les événements au lieu de les vivre, le pire c’est pas les gens qui filment en regardant leur téléphone, mais ceux qui filment et regardent leur téléphone… le seul souvenir qu’ils auront de l’événement c’est d’avoir regardé un écran… mais merde ! le coureur du Tour de France est à 20cm de toi ! l’humoriste est à 10 mètres ! les danseurs sont à 2. Regarde-les ! Avec tes yeux ! Retiens les textures, les contrastes, les expressions… une images en 3D plutôt qu’un écran… Je ne comprends pas… on a vraiment tant l’habitude des écrans qu’on ne peut pas regarder le monde pour de vrai ?
Je n’ai jamais mis les notifications de mon téléphone… sauf quand je sais que j’attends un appel, il est en silencieux, les applications comme WhatsApp n’ont pas le droit de notifier. J’ai récemment enlevé Discord de mon téléphone après qu’une dispute avec une amie (sur un sujet qui n’avait rien à voir) m’a fait me rendre compte que je m’étais accrochée à ça mais que ça me faisait plus de mal que de bien. Depuis je suis moins dans la compulsion de la connexion, je me connecte quand j’en ai envie et c’est tout. Là, mon téléphone est tranquillement en train de charger dans une autre pièce, je n’en ai pas besoin… J’aimerais couper pour de vrai, l’éteindre complètement et me rendre indisponible… je ferai peut-être ça pour mes prochaines vacances.
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Merci pour ton message ! Quand je vois les comportements de certains de mes proches, je vois bien que je suis loin d’etre accro. Mais pourtant je trouve qu’il prend bien trop de place. Et comme toi, je vois aussi qu’il n’y a pas que les ados qui sont tout le temps sur leurs téléphone, la génération de nos parents n’est pas beaucoup mieux. J’aimerais desactiver les notifications de whatsapp aussi, c’est la dernière appli qui peut me distraire, mais c’est mon moyen de communication avec mon mari et je n’ai pas encore trouvé le bon compromis. Comme je l’ai écrit, ma « déconnexion » est très loin d’être parfaite, mais le plus important pour moi c’est de mettre de la distance, pas de m’en couper entièrement.
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