La galanterie ou le sexisme « bienveillant »
La femme est inférieure à l’homme. C’est une certitude. Une évidence. Elle est bavarde, incapable d’un raisonnement complexe, superficielle et possède un sérieux penchant à la putasserie. Elle dévie les hommes de leurs nobles desseins. Non, il n’y a pas l’ombre d’un doute. La femme est délétère. Il faudrait trouver un moyen de lui rappeler, dès que possible, son rang inférieur.
Bien sûr, au sein du foyer, il n’y a besoin de rien. Le père, le mari s’en chargent. Parfois même le fils. Mais il manque quelque chose dans la sphère publique. Quelque chose qui rappelle également aux hommes leur supériorité. On ne sait jamais, des fois qu’il y ait des hommes féministes. Des sous-hommes, évidemment. Mais il y en a bien quelques-uns qui laissent trop de libertés à leurs femmes.
Il faudrait également trouver un moyen qui ne soit pas ouvertement hostile non plus. Il ne faudrait pas que se produise l’effet inverse que celui escompté. Réfléchissons… il doit bien y avoir quelque chose…
Oh ! Mais évidemment ! La femme se plaint de l’amour brutal. Elle veut être respectée. Elle ne veut plus être enlevée ni violée. La femme, pauvre être fragile, rêve de romance. Il suffit d’inventer une forme de politesse réservée aux femmes. Leur faire croire qu’on les estime, qu’on les courtise. Ah et ne pas oublier : qu’on les protège. Elles prendront ces diverses attentions comme un dédommagement de leur condition. Et les hommes, à chaque instant de la journée, pourront montrer qu’ils restent les maîtres. Le plan va fonctionner de manière admirable.
Et comment pourrait-on l’appeler ? Galanterie. Ca sonne bien, non ? D’après Wikipédia, l’origine du mot viendrait tout d’abord de l’ancien français Gale, désignant la réjouissance, le plaisir et l’amusement. C’est futile, comme la femme : c’est parfait.

Je sais qu’arrivé à cet endroit du texte, vous êtes un certain nombre à vous dire que, quand même, j’exagère ! Et puis, la galanterie, c’est sympa quand même. Qui n’aime pas se voir offrir des fleurs ou se faire porter ses bagages ? Il faudrait arrêter de voir du sexisme partout ! C’est insupportable cette mode de qualifier de sexisme la moindre interaction entre les hommes et les femmes.
J’exagère ? Je le concède. Évidemment. Par contre, la galanterie est bel et bien une forme de sexisme. Par définition, il ne peut en être autrement : la galanterie provient d’une différence de traitement fondée sur le genre.
J’entends déjà certains mâles éructer :
Ah oui ? Donc si je vois une femme, je lui claque la porte à la figure, c’est ça que vous voulez ?
Ceci est l’exemple typique de la mauvaise question. Personne ne demande à qui que ce soit d’être rustre, voire violent. Non. Que la personne dernière nous soit une femme ou un homme, on lui tient la porte. C’est une question de civisme. Et il est vrai que davantage de civisme ne serait pas superflu. En revanche, faire une discrimination entre un homme et une femme juste parce que cette dernière est femme, ce n’est pas normal. Ce ne doit plus être d’actualité.
Il y aura toujours des femmes pour déclarer :
Mais moi, j’aime bien la galanterie ! Je trouve ça agréable ! Je ne vois pas où est le mal à se faire servir en premier. C’est une marque de respect.
Je ne suis pas d’accord. Je ne comprends pas où est l’agrément à admettre une différence de traitement entre homme et femme. Si nous, les femmes, demandons l’égalité des sexes, c’est à tous les niveaux qu’il faut la demander. Sur nos fiches de paies comme dans les couloirs du métro. Ce n’est pas parce que c’est un homme que cet individu n’a pas besoin d’aide pour porter sa grosse valise dans l’escalier. Ce n’est pas parce que c’est une femme qu’il faut la délester de son sac dans les mêmes conditions. Et ce n’est pas parce qu’ils sont nos maris que nous ne pouvons pas leur offrir des fleurs.
Si nous n’appliquons pas ce principe d’égalité dans notre quotidien, si nous ne demandons pas à notre entourage de le faire, comment peut-on espérer des changements de mentalité nécessaires à l’évolution de la condition féminine ? Nécessaires également à tous les hommes qui souhaitent s’investir davantage dans leur vie familiale.

Je comprends ce que tu dis quand tu dis qu il y a de la condescendance dans la galanterie. Cela peut être vrai, surtout si c est juste tenir une porte. (Quoique, ca évite de se demander qui doit passer en premier!!)
Mais bon, je trouve aussi qu’il faut prendre en compte les différences hommes et femmes, par rapport à la force physique en particulier: par exemple, porter des courses lourdes, ou un autre truc bien physique.
Récemment, je devais porter un truc très lourd au boulot, et il y avait deux collègues-hommes qui me regardaient faire sans me proposer leur aide. J ai fini par leur demander pourquoi ils ne m aidaient pas! (C est des mecs plutôt sympa d habitude !) Ils m ont répondu qu ils n osaient plus proposer leur aide aux femmes, car on leur avait renvoyé que c était du machisme et qu une femme était aussi capable qu eux de se débrouiller… et qu il fallait (selon la collègue se disant feministe qui les avaient brieffés) qu ils attendent qu on leur demande de l aide, pas qu ils se proposent… pfff, ça devient compliqué…
Perso, je trouve ça gênant de demander toujours de l aide, alors qu en recevoir spontanément, ça me met en joie!
Donc non à la galanterie sexiste, mais oui à l entraide, et à la reconnaissance des spécificités de chacun!
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Je pense que je suis du même avis que ta collègue. Si on a besoin d’aide on demande. C’est sûr que ça va à l’encontre de ce qu’on nous a inculqué, mais c’est exactement ça le truc ! Pourquoi devoir dépendre du bon vouloir de ces messieurs ?
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Que tu demandes de l’aide ou qu’ils la proposent spontanément, tu es au bon vouloir de la personne qui peut dire non / ne pas proposer.
Quand tu vois quelqu’un galérer, tu le laisses faire ou tu lui proposes de l’aider ? Quand une personne plus petite que moi veut attraper quelque chose en hauteur, je lui propose de l’aide. Quand je galère avec la poussette dans les escaliers du métro, je ne vais pas demander à tous les passants de m’aider ni crier ma demande. J’apprécie si quelqu’un se propose de m’aider spontanément.
C’est quand même plus facile de leur répondre gentiment: « merci mais je peux gérer seule » que de devoir demander de l’aide tout le temps.
Je ne fais pas la différence entre un homme et une femme.
Enfin, c’est mon avis.
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Je ne suis pas en train de dire « à mort la courtoisie » ! Je suis bien évidemment très contente d’aider ou d’être aidée par un.e inconnu.e sans devoir demander.
Je trouve juste que dans le cadre spécial du travail avec des personnes qu’on côtoie tous les jours (et qu’on sait bien disposés à nous aider), j’aime autant dire quand j’ai besoin d’aide que d’être inondée de propositions dégoulinantes de galanterie version machisme à peine dissimulé. Et je n’ai pas de problème à demander car c’est exactement ce que feraient mes collègues masculins pour obtenir de l’aide, donc c’est seulement normal que je suive le même chemin…
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Oui, je comprends ce que tu veux dire, mais tu sais, je parle aussi des situations où l homme (en l occurance, mon mari), qd on lui dit » mais aide, participe! répond: « bah, tu m as pas demandé… » merci pour l initiative !
Je pense (et j élève mon fils et ma fille comme cela), qu il vaut mieux trop proposer son aide (et donc être vigilant à qui a besoin de quoi…), quitte à prendre un refus, que d attendre la demande, car parfois, les gens n osent pas demander.
Mon mari n est pas vraiment d accord avec cela. Il trouve qu’il faut attendre la demande. Que c est moins fatiguant, car il n y a pas besoin d etre attentif à ce qui se passe. Par exemple, dans le bus, il ne vérifie pas si quelqu’un a plus besoin que lui de la place assise, par contre, il la cède volontiers si on la lui demande.
Bon, c est un point de désaccords entre nous. Heureusement, il a beaucoup plus d autres points où nous sommes d accord 🤣.
En fait, la galanterie non sexiste, ça serait juste pour moi de faire attention aux autres avec bienveillance, sans tenir compte de son sexe, mais de son éventuel besoin d aide.
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J’aime ta conclusion. S’opposer à la galanterie mais demander davantage de civisme. Je suis d’accord que nous ne sommes pas égaux sur le plan physique. Il n’empêche qu’à un moment ou à un autre, nous pouvons tous avoir besoin d’aide. Et quand on voit quelqu’un qui en a besoin, il me semble naturel de la proposer spontanément.
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Du coup dans le domaine du domestique, je te suis à 100 %. Déjà parce que dans ce cas de figure, tu ne lui demandes pas de t’aider mais de faire son boulot ! Pour revenir à la situation des collègues, c’est comme si ils te regardaient faire LEUR boulot, ça change tout de suite la donne 😉
Je suis aussi d’accord qu’en règle général c’est important d’être attentive aux besoins des autres autour de nous hommes ou femmes, mais dans le cadre du travail c’est vraiment spécial. Bon je suis dans un cas spécial ou travaillant dans un milieu très masculin, ça en était arrivé au point où je ne pouvais plus toucher grand chose. Et même si ça part d’une bonne intention, c’était bourré de machisme et donc dans mon cas j’ai dit : stop si j’ai besoin d’aide je vous préviens ! Mais bien entendu ce qui est valable dans une situation donnée n’a pas valeur d’universalité 🙂
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Bonjour, Je suis d’accord avec toi. il me semble qu’à partir du moment ou l’on voit qu’une personne à besoin d’aide, qu’elle soit un homme ou une femme, qu’on soit un homme ou une femme, on propose son aide ! Lorsque l’on voit une personne en difficulté, on ne va pas la regarder sans bouger. Au secours l’excuse « mais on ne m’a rien demandé », je suis trouve cela puéril.
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Amen 🙂
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Je suis parfaitement d’accord. Oui à l’entraide, la politesse, la solidarité, mais non à la « galanterie ». Là où je travaille on porte régulièrement des choses lourdes. Je trouve ça super qu’on me propose de m’aider, mais quand je dis « non » que c’est pénible de se voir presque arracher l’objet des mains, et de voir l’insistance qui est faite pour m’aider. Ça me fait effectivement sentir « faible » alors que je suis jeune, robuste et en santé, davantage que certains de les collègues hommes ! Je dis ça pour réagir au commentaire plus haut. Je le préciserai maintenant pour éviter de traumatiser mes pauvres collègues : avec plaisir pour me proposer et j’accepte volontiers en cas de besoin. Mais si je vous dis que ça va : ça va !
(Tiens ça me rappelle un truc « non ça veut dire non » ;-))
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Je n’avais pas pensé à ça, mais je ne peux qu’être d’accord avec toi !
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Tout a fait d’accord! D’ailleurs ca m’arrive très souvent, dans un couloir, de laisser passer quelqu’un (parce que je tiens une porte et que la personne arrive en sense inverse par exemple), et que si c’est un homme, il refuse et me fasse signe de passer en premier !
Ca n’a aucun sens puisque je tiens la porte… du coup en général j’insiste (avec un grand sourire !), parce que la galanterie m’insupporte effectivement !
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C’est difficile de changer les mentalités, mais je suis persuadée que nous y participons à notre niveau grâce à de petits gestes comme ça 🙂
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Je suis également d’accord avec toi ! J’aime qu’on me tienne la porte, mais parce que je suis un être humain et pas parce que je suis une femme. Après, j’avoue que quand on me propose de l’aide ou me laisse passer, je ne me demande pas si la personne le fait par galanterie ou par politesse (par défaut je l’interprète toujours comme la seconde), donc j’ai rarement des raisons de m’offusquer en fait !
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