Ce qu’il me reste de ma grossesse

Ce qu’il me reste de ma grossesse

Voilà plus de 2 ans que j’ai accouché de Petit Panda. Pour l’instant, pas de Petit deuxième à l’horizon, pour plein de raisons que je détaillerai peut être un jour. Mais la grossesse m’a indéniablement marquée, et j’avais envie de partager mes pensées à ce sujet avec toi.

Un accouchement pas du tout idéal

Je n’ai pas l’intention de faire un récit détaillé de mon accouchement. D’abord parce que je l’ai déjà fait pour Petit Panda, qui le lira dans très longtemps, et que je n’ai pas envie de revenir dessus. Ensuite parce que je n’ai pas envie de le rendre public. Mais pour comprendre mieux la suite de mes réflexions, il faut que je t’en dise un minimum donc le voici, et désolée s’il te laisse sur ta faim.

J’ai malheureusement du accoucher sans Monsieur Fernand. Il était positif au Covid (j’ai accouché au printemps 2021), et nous ne l’avons pas caché au personnel soignant. Ça n’aurait pas été la juste chose à faire, selon nous. Suivant le conseil de mon cher et tendre, j’ai appelé ma mère qui a tout lâché pour venir m’accompagner dans ce moment. L’accouchement n’a pas duré longtemps mais il s’est fini en césarienne, car Petit Panda était en souffrance et ses battements de coeur diminuaient à chaque contraction. La gynécologue n’a pas voulu prendre de risque, bien qu’elle ait essayé de nous donner un maximum de temps pour un accouchement par voie basse. Monsieur Fernand a presque tout suivi à distance, grâce à ma maman et à Whatsapp. Il a même appris le sexe de Petit Panda en même temps que moi, ce qui n’aurait pas été possible s’il avait été là, car il n’aurait pas été autorisé à être dans le bloc opératoire.

Voilà en substance ce qu’il faut retenir de cette fin de grossesse. Pas idéale, loin de ce dont j’avais rêvé, de ce dont nous avions rêvé, mais je crois que nous sommes en paix avec cette histoire.

Crédit photographie : 3907349

Un corps différent

Évidemment, qui dit césarienne dit cicatrice. J’ai eu beaucoup de mal à l’accepter les premières semaines. Il m’a fallu beaucoup d’autopersuasion, à coup de « C’est mon deuxième sourire », pour que ma gorge arrête de se serrer en la regardant. Aujourd’hui, cela va beaucoup mieux : elle est très fine, la plupart du temps dissimulée sous ma pilosité et de couleur blanche pour ainsi dire. Rien qui se remarque sur la plage, finalement. Je mesure toute ma chance et j’ai complètement accepté que cette partie de mon corps ne retrouve jamais son aspect premier.

En revanche, je ressens toujours de la colère et de la frustration devant l’état de ma vessie. Oui, pas trop de glamour par ici, j’ai oublié de te prévenir. J’étais très heureuse d’avoir peu besoin d’aller aux toilettes, et même de pouvoir ignorer les appels de ma vessie en plein milieu de la nuit, préférant rester au chaud et me rendormir. Ce n’est plus possible actuellement, et je dois même aller plusieurs fois au petit coin avant de dormir pour être sûre de m’endormir facilement. Ma rééducation du périnée a été bien faite et efficace, mais quelque chose a du bouger là-dedans qui provoque ces sensations et m’a retiré ce « super pouvoir », très pratique dans bien des cas.

Je n’ai pas pris beaucoup de poids durant ma grossesse, en ayant perdu pas mal les premiers mois (premiers mois passés à devoir faire attention à ce que je mangeais, sous peine de tout rejeter…). Pas de changement notable à ce niveau donc. Je n’ai pas non plus perdu tant de cheveux que ça (ma grand angoisse, car j’ai peu de cheveux à la base !). Je continue en revanche à faire de temps en temps des insomnies, comme à la fin de ma grossesse. C’est très pénible, surtout pour la grosse dormeuse que je suis… que j’étais.

Dernier changement corporel, et non des moindres, que je te partage dans l’espoir que tu te sentes moins seule si tu es touchée. Je suis sujette aux sécheresses vaginales, et je dois dire que je ne m’attendais pas à un tel impact. Il m’arrive régulièrement de me sentir pincée en bas, mais aucun examen médical n’a révélé autre chose qu’un manque de lubrification naturelle. Cela s’améliore un peu avec le temps, mais autant te dire que ma sexualité est très différente de celle que j’avais avant la grossesse, même si on écarte l’impact de la présence de Petit Panda dans notre quotidien.

Je te conseille d’ailleurs les chaînes Youtube « Parlons peu mais parlons » et « Dans ton corps » qui abordent régulièrement des sujets de santé, et qui peuvent t’apporter beaucoup d’informations intéressantes et rassurantes en la matière.

Un état d’esprit en demi-teinte

Globalement, je garde un bon souvenir de ma grossesse. J’ai subi plusieurs désagréments, dont les nausées intenses des premiers mois, mais ensuite, à part quelques insomnies et beaucoup de fatigue, rien d’insurmontable. Sauf que… quand j’examine mon état de fatigue actuel, je n’arrive pas, mais alors pas du tout à me projetter avec une grossesse par dessus sans me dire que je n’y arriverais jamais. J’ai l’impression que ma grossesse s’est bien passée parce que je n’avais pas d’autre souci en tête et que j’ai pu me concentrer pleinement dessus. Mener de front une grossesse et une vie de maman de jeune enfant me semble insurmontable. Peut-être est-ce un indice qui devrait me permettre de remettre en cause la première phrase de ce paragraphe… Finalement, ma grossesse n’était peut-être pas un si bon souvenir !

Cependant, le plus important sans doute, c’est qu’il me reste de ma grossesse un élément central dans ma vie actuelle : Petit Panda, évidemment. Malgré l’accouchement fini au bloc opératoire, je n’ai jamais été inquiète pendant ces quelques heures, je me sentais très entourée, et bien entourée, surtout. L’équipe de la maternité était adorable et je leur suis très reconnaissante de leur accompagnement et de leur gentillesse. Et quand j’ai enfin pu tenir mon bébé entre mes bras, j’ai ressenti beaucoup d’amour pour lui et il m’a semblé comme une évidence. J’avais d’ailleurs très peur de ne rien ressentir du tout, même si je sais que cela arrive et que c’est normal, pas d’inquiétude ! Mais on a les peurs qu’on a. Petit Panda a été prénommé dans ma tête dès que j’ai vu son visage pour la première fois (nous avions gardé le choix du prénom pour le moment où il naîtrait) , et tous les jours je me réjouis de l’avoir dans ma vie, dans nos vies. Je ne pensais pas être capable de ressentir autant d’amour pour un seul être, mais force est de constater que si (et j’aime bien ça 😉 )!!

Si je dois faire les comptes, de façon rationelle, je dirais que la grossesse m’a beaucoup coûté, et qu’elle ne m’a pas beaucoup apporté (4 inconvénients corporels, 2 inconvénients psychologiques, 1 avantage bébé). Evidemment, je ne fais pas réellement ce genre de compte. Petit Panda, et tout ce qu’il m’apporte, n’est pas quantifiable rationellement. Son amour, assister à son évolution, s’émerveiller devant ses réussites, ses trognes mignonnes, tout ça, ce n’est pas comparable à la perte d’un pubis exempt de cicatrice, par exemple. Sans parler de la culpabilité que je ressens à la pensée de tous les parents pour qui la grossesse s’est terminée de façon beaucoup moins heureuse que la mienne. Pour ces parents-là, mes plaintes doivent vraiment ressembler à du chipotage, et j’ai bien conscience que ce que je ressens n’est rien face à la perte d’un enfant. Mais il n’empêche que dans mon quotidien, je vis avec cette réalité : il me reste de ma grossesse mon merveilleux bébé qui grandit vite (parfois trop vite, parfois pas assez) et quelques inconforts qui semblent vouloir rester, et me rappeler à tout jamais que la grossesse n’est pas si anodine qu’elle peut en avoir l’air. Du coup, quand je me demande si je suis prête à remettre ça… hé bien, je ne peux pas répondre un « oui » enthousiaste et franc. Et je me demande comment font celles qui ont mis en route Bébé 2, 3 ou 4 pour affronter cette épreuve avec le sourire.

10 commentaires sur “Ce qu’il me reste de ma grossesse

  1. Bonjour
    je me reconnais pas mal dans ce post. La grossesse a été pour moi une épreuve et elle a laissé des restes tant psychiques que physiques. mais n’oublions pas qu’une grossesse et un post partum, ça se passe sur plus de 3 ans, et qu’on vieillit aussi. Tout ne vient pas de la grossesse, il y a aussi le temps qui passe.
    J’ai eu deux grossesses. Il y a 6 ans et 3 ans. Je crois rééllement que le post partum dure 3 ans. Ma cicatrice de césarienne d’il y a 6 ans est devenue quasi invisible. les désagréments au niveau vaginal et surtout pour moi au niveau digestif ont fini par disparaitre il y a peu.
    L’envie d’un deuxième était plus forte que les désagréments. L’envie d’un enfant n’a rien de rationnel, je crois… Nous avions l’envie d’avoir une famille à plusieurs enfants. Je ne me reconnaissais pas dans l’idée d’une famille à enfant unique. Et puis, constater que les conséquences physiques de la grossesse s’atténuaient avec le temps m’a aidé à me relancer dans l’aventure. Ca n’a pas été une partie de plaisir, mais quand je vois ma fille qui grandit si bien, je suis bien contente d’avoir fait tout cela.
    Bref, si l’horloge biologique te le permet (moi, c’était un peu chaud, 40 ans à la naissance de ma deuxième, je pouvais pas trop trainer non plus, d’ailleurs, ça a été FIV pour les 2), n’hésite pas à te laisser le temps de bien te remettre pour décider ou non de lancer une autre grossesse.

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    1. Merci beaucoup pour ton témoignage, je le trouve très décomplexant 🙂

      Effectivement, si l’envie du 2e se renforce un jour, je pense que je prendrais sur moi. De voir les étapes que franchit Petit Panda me donne de l’espoir aussi (à 17 mois, il commençait à marcher, 2 ans, il dormait enfin, à 2 ans et X mois il allait sur le pot…). Je ne pense pas vraiment au 2e encore, mais tu as raison de me recommander de laisser le temps faire son oeuvre 🙂

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  2. Bonjour,
    Merci pour ton témoignage dans lequel je me reconnais très fort!
    Pour l’avoir vécue aussi, une césarienne en urgence peut être traumatisante. C’est violent et les jours (voire les semaines ou les mois d’après) sont très douloureux. Personnellement, j’ai trouvé que ma prise en charge était assez expéditive après ça. J’avais une énorme ouverture sur le ventre mais on m’a poussée quand-même à se lever dans les heures qui suivent pour s’occuper du bébé. Quand je compare avec mon compagnon une année avant qu’on avait fait rester allongé trois jours après une opération de l’appendicite (sans complication aucune), je suis un peu en colère.
    Je me rends compte que ce n’est pas un témoignage très positif mais moi aussi, pour diverses raisons (dont la fameuse cicatrice de césarienne qui sur mon ventre même au bout de 6 ans reste une vilaine balafre), je trouve que la grossesse a abimé mon corps de façon durable et probablement irréversible et c’est une des raisons pour lesquelles je n’en ferai pas d’autre.
    Je suis contente d’avoir eu un enfant mais clairement c’était cher payé avec mon corps… J’aurais très probablement été partante pour un second si j’avais pu déléguer la grossesse au père. 😁

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    1. Aha, si je peux déléguer la grossesse, c’est sûr que ça change la distribution des cartes ! ^^

      Je suis désolée que tu n’aies pas été suivie avec plus de bienveillance après ta césarienne. J’étais si épuisée le lendemain de l’accouchement (j’ai accouché après 20h, 2h d’attente en salle de repos, j’ai vraiment pu fermer les yeux à minuit… et ensuite j’ai été réveillée plein de fois pour prendre mes constantes, etc) que j’ai demandé l’aide des puéricultrices, qui ont gentiment gardé Petit Panda avec elle entre 22h et 6h je crois… quelque chose comme ça, de quoi me laisser récupérer davantage pour les jours d’après. Et ensuite, ma maman a passé les nuits avec moi, donc je n’avais pas à me lever parce que c’était une vraie torture. Le pire, c’est que la chambre était sèche, donc je toussais beaucoup… ça me faisait hyper mal à chaque fois.

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  3. Je crois que le choix d’un nouvel enfant doit uniquement découler de l’envie des parents. Il n’y a pas de famille idéale ni de nombre d’enfants idéal.
    Si tu as envie d’agrandir ta famille, ca vaudrait le coup de te lancer dans une thérapie je pense soit pour parler de tout ce qui t’es arrivé et t’arrive encore, soit carrément une thérapie spécialisé dans la gestion des trauma comme l’EMDR.

    Même si sur le papier, ta grossesse et ton accouchement ont l’air d’avoir été facile, ca ne veut pas dire que tu l’ai vécu comme ca. Il y a souvent une différence entre le côté médical et la réalité que l’on a vécu.
    Mes deux grossesses ont été supposément simples et sans complication mais je ne les ai pas vécu comme ca. Et c’est mon ressenti qui compte pas ce que disent les médecins ou les statistiques.

    Perso, après 2 grossesses en 3 ans, il me reste des kilos en trop (dont je me moque un peu), des vergetures et une intolérance aux oignons crus.
    J’ai aussi eu des insomnies (à partir du septième mois pour la première grossesse et du troisième mois pour la seconde !) mais elles sont parties dès la naissance pour le premier et au bout de trois mois (à l’aide de médicaments).

    Et 2 enfants merveilleux que j’adore mais qui me fatiguent aussi un max !

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    1. Oui, Petit Panda aussi est merveilleux, même s’il me fatigue un max tout pareil XD

      C’est vrai que je réfléchis de plus en plus à faire une thérapie, ne serait-ce que pour confirmer que je suis bel et bien en paix avec cette partie de ma vie. Je ne suis pas encore très convaincue, parce que les efforts à fournir pour trouver la/le thérapeute et m’exprimer à l’oral alors que je préfère l’écrit me découragent un peu. Mais je n’ai pas renoncé !

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      1. Pas besoin de prescription. La rééducation du périnée chez une sage femme ne nécessite pas d’ordonnance lorsque la femme a déjà accouché au moins 1 fois. Ca peut passer sous ce motif là ou alors en simple consultation. Il faut juste trouver quelqu’un qui a Indiba ou Winback ( les appareils ) car toutes les SF n’en sont pas équipées mais ca donne de très bons résultats

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