Mon don d’ovocytes

C’est l’été sur Bribes de Vies ! Alors pendant que les chroniqueuses prennent une petite pause bien méritée, nous te proposons de (re)découvrir des articles publiés sur nos anciens blogs.

Bonne lecture, bonnes vacances et à très vite !

Article initialement publié sur Dans ma tribu

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En décembre 2017, j’ai fait un don d’ovocytes.

C’est une décision que j’avais mûrie depuis assez longtemps.

Lorsque nous étions en “essais bébé”, j’avais déjà l’idée dans un coin de ma tête, et je me disais que si j’arrivais à tomber enceinte et que tout se passait bien, je tenterai sûrement la démarche.

Lorsque j’ai découvert ma grossesse naturelle, moi qui avais peur de devoir passer par la case PMA, ça a été une évidence pour moi : dès que je serai prête, je donnerai.

J’ai attendu la fin de la grossesse bien sûr, puis la fin de l’allaitement et quand la question de reprendre une contraception s’est posée, je me suis dit que c’était le bon moment !

J’étais très impatiente de commencer la démarche, pleine d’appréhensions aussi car tout le côté médical m’inquiétait beaucoup. Au final j’ai trouvé cela éprouvant, je ne te le cache pas, mais cela m’a tellement apporté que je n’ai aucun regret et je sais que je referai la même chose sans hésitation après mon deuxième bébé.

Pourquoi donner ?

Quand la gynécologue m’a demandé comment j’avais entendu parler du don d’ovocytes, je n’ai pas su lui répondre. Je connaissais la démarche depuis longtemps déjà, j’avais lu pas mal de témoignages.

Si j’ai donné, c’était tout simplement pour aider. Ça peut paraître très simpliste comme raison… et ça l’est je crois.

J’ai eu plusieurs parcours de PMA autour de moi. J’ai eu peur de ne pas pouvoir tomber enceinte naturellement. J’imagine assez bien la douleur de vouloir un enfant et de ne pas pouvoir en avoir.

Alors, à l’idée de pouvoir aider un couple dans cette situation, peut-être juste en leur donnant un peu d’espoir, ou mieux encore, en leur permettant d’accueillir un bébé, je trouve cela juste magique !

J’ai d’ailleurs choisi de donner tous les ovocytes prélevés. (Mon objectif n’était pas d’en mettre de côté pour moi, pour plus tard, mais saches que, si tu le souhaites, c’est possible).

Crédit photo : Pixabay – Wokandapix

Comment donner ?

Bon, tu t’en doutes, donner ses ovocytes est un peu plus complexe que donner son sang !

Tout d’abord, j’ai été surprise par la rapidité de la démarche. J’ai contacté l’hôpital début octobre, j’ai eu mon premier rendez-vous une semaine après, et deux mois plus tard j’étais prélevée !

Ils ont vraiment besoin de donneuses : seulement 500 par an en France. Les couples qui attendent un don doivent patienter entre 3 et 4 ans… et parfois plus.

J’ai d’abord eu un rendez-vous préparatoire avec un médecin du service gynécologie de l’hôpital. Elle m’a expliqué la démarche en long, en large, et en travers et j’ai pu poser toutes mes questions.

Nous avons balayé une grande partie de mon arbre généalogique et elle m’a interrogé sur les membres de ma famille notamment concernant les maladies génétiques.

J’ai ensuite eu plusieurs prélèvements sanguins, notamment pour vérifier mon caryotype.

Une fois tous les résultats arrivés, les différents papiers signés et après avoir vérifié que je n’avais pas changé d’avis, j’ai passé une nouvelle matinée à l’hôpital.

Au programme des festivités : un nouveau rendez-vous avec la gynécologue qui m’a expliqué concrètement comment les choses allaient se passer (avec tout plein de schémas à l’appui), un rendez-vous avec la psychologue de l’hôpital (pour faire le point sur ma démarche) et un rendez-vous avec les sages-femmes (pour me montrer comment faire les piqûres).

Je suis ressortie de là avec une grosse ordonnance, quelques appréhensions mais toujours aussi motivée !

J’ai d’abord pris un médicament pendant quelques jours pour bloquer mon cycle puis j’ai commencé les piqûres de stimulation chaque soir. Je redoutais un peu cette étape, mais en fait les piqûres ne font pas mal du tout et c’est super simple d’utilisation ! Je les faisais le soir tranquillou dans ma salle de bain et même si ce n’était pas le moment le plus funky de ma journée, en 5 minutes c’était plié.

Pendant une semaine, je me suis rendue à l’hôpital régulièrement (tous les trois jours environ) pour faire une prise de sang et une écho vaginale (yum), le tout à 7h du matin !

Ce n’était vraiment pas la partie la plus facile et le fait de devoir jongler avec la nounou et mon boulot ne m’a pas trop aidé !

J’ai connu quelques moments de découragement à ce moment-là et je me suis parfois demandé pourquoi je m’étais lancée dans une telle démarche… Alors je fermais les yeux et je repensais au moment où j’avais appris ma grossesse, au soir où je l’avais annoncé à L’Amoureux, quand il a posé sa main sur mon ventre et que nous avons réalisé que nous serions bientôt trois. Me replonger dans ces souvenirs tellement forts et tellement heureux me reboostait complètement pour la suite !

Quand mes ovocytes ont été fin prêts, j’ai été hospitalisée une demi-journée pour la ponction. Cette étape se fait au bloc, sans anesthésie générale, mais avec un produit qui t’aide à te détendre. Clairement, j’ai eu l’impression de planer pendant tout le temps de l’opération et l’anesthésiste est resté à côté de moi à me faire la conversation ce qui m’a bien aidé à penser à autre chose.

Je ne sais pas exactement combien d’ovocytes ont été prélevés (ils ne te le disent pas) mais quand la gynécologue est passée me voir après l’opération elle m’a fait comprendre que la récolte était plutôt bonne. 😉

Naïvement je pensais que mes ovocytes étaient stockés pendant un petit moment en “attendant” mais j’ai compris, en écoutant l’équipe médicale, qu’ils repartaient directement dans le circuit. Peut-être un cadeau de Noël pour certains couples comme me l’a dit la gynéco.

L’Amoureux est venu me chercher le midi et j’ai passé l’après-midi tranquillou chez moi à me reposer. J’ai eu mal au ventre pendant quelques heures mais rien de bien méchant. J’ai pris des cachets pendant quelques jours pour mettre mes ovaires au repos et quelques jours après c’était comme si rien ne s’était passé… pour moi !

Mes petits ovocytes, eux, sont partis vivre d’autres aventures et j’espère sincèrement avoir pu aider un ou plusieurs couples.

Et toi ? Tu connaissais le don d’ovocytes ? Tu es intéressée par la démarche ?

3 commentaires sur “Mon don d’ovocytes

  1. Je vais apporter mon témoignage car j’ai également fait un don d’ovocytes en septembre 2021 et mon expérience a été plus mitigée que la tienne.
    Je ne saurais pas dire quand j’ai entendu parler du don d’ovocyte pour la première fois.

    Je me rappelle en revanche de la facilité à avoir mon premier enfant (seulement 3 mois après l’arrêt de la contraception). A sa naissance, mon frère et ma belle-sœur sont venus rencontrer leur nièce. J’avais décelé quelque chose dans le regard de ma belle-sœur… Et quand mon mari leur a lancé le « et vous, c’est pour quand ? » elle nous a révélé que ça ne venait pas, depuis un an.
    Après ce week-end-là, je me suis dit que s’ils auraient un jour besoin d’un don d’ovocyte, je serai leur « marraine » sans hésiter. [aparté : quand tu fais un don, tu peux dire que tu le fais pour rendre service à un couple. Bien sûr, ton don ne sera pas pour eux, secret médical oblige, mais ils deviennent prioritaires pour un autre don] J’ai donc attendu de suivre leur parcours PMA, finalement sans besoin d’ovocytes extérieur.
    En 2020, j’ai appelé une première fois le service le plus près de chez moi pour me renseigner (2h30 de route, tout de même !). Je n’ai pas rappelé, et le covid est arrivé.
    Au printemps 2021, ce sont eux qui m’ont rappelée, me demandant si c’était toujours mon souhait.
    Après un court temps de réflexion avec mon mari, je me suis lancée.
    Avec la distance, nous avons eu un rendez-vous sur place pour me présenter le protocole, le cadre légal (avec le changement de loi sur l’accès aux origines qui se préparait et sur le consentement de l’époux – aparté : dans un couple marié, le don de gamète doit bénéficier de l’accord du conjoint, cela est valable aussi pour le don de sperme).
    Le rendez-vous avec la généticienne s’est fait à distance.
    Avec l’été, Les rendez-vous se sont fini en juin et mon protocole a débuté en septembre.
    J’ai bien vécu les piqûres, ma fille de 6 ans a été mise au courant (et a su ce qu’était un ovocyte, un ovaire et un utérus par la même occasion !). Seuls les rendez-vous réguliers pour prise de sang et échographies étaient contraignants notamment avec mon activité libérale. Je devais annuler des matinées entières.
    La ponction a été mal vécu, car en arrivant au bloc, j’ai réalisé qu’on ne me l’avait pas suffisamment expliquée. Je m’imaginais être seule dans le bureau de ma gynéco, je n’avais pas du tout imaginé le bloc opératoire avec 6 personnes face à mon vagin.
    Il y avait un protocole auquel j’avais accepté de participer, avec tirage au sort : soit aide avec un casque de réalité virtuelle pendant la ponction, soit non. Je n’ai pas eu le casque, seulement des anesthésies locales qui m’ont vraiment fait mal. Une infirmière était à côté de moi pour de parler de choses et d’autres, elle a été d’une douceur incroyable.
    14 ovocytes ont été prélevés, une belle récolte ! Ils pourront aller vers deux couples.
    J’ai été heureuse de moi quand c’était fini. J’ai eu des crampes dans l’après-midi, donc repos.

    Seulement, les jours suivants, les douleurs persistaient et mon ventre gonflait. En appelant le service, on m’a presque rit au nez en me disant que je n’avais qu’à mettre des robes si je ne rentrais plus dans mes pantalons. J’ai finalement vu mon médecin, puis mon gynéco : je faisais une hyperstimulation ovarienne, due aux traitement précédent la ponction. Mes ovaires ont mesuré jusqu’à 11cm de diamètre.

    Arrêt maladie de 2 semaines, traitement et surveillance; bas de contention pendant 3 mois… Bref, l’après a été très amer, car on ne m’avait pas mise en garde aux risques, pas prévenue de la démarche à suivre si besoin.

    Je suis heureuse d’avoir fait ce don, je ne le regrette pas car il me tenait à cœur. Mes regrets vont vers le services de cet établissement-là, qui ne pas pas correctement expliqué l’opération et les suites.

    Presque 2 ans après, je ne pense que très rarement à ce don. Parfois ça me revient et j’espère qu’un ou deux couples auront pu connaître le bonheur (et tous les tracas!) de la parentalité. Et avec la loi sur l’accès aux origines, je me demande si dans une 20 aine d’années, je serais contactée par quelqu’un… Je ne suis pas certaine de le vouloir, mais si cela arrive, je ne fermerai pas la porte. C’était clair pour moi lors du don.

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    1. Merci de partager ton expérience. C’est important de savoir quels sont les risques d’une telle démarche. Je suis persuadée qu’une information complète ne découragera pas celles qui se sont déjà décidées à faire ce geste altruiste.

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    2. Un grand merci pour ton commentaire…. Et bravo pour ta démarche de don !

      Je vais essayer de te répondre le plus complètement possible car il y a beaucoup d’éléments dans ton récit qui me font écho.

      Lorsque j’ai initialement publié cet article, j’en avais fait un second à la suite sur les choses que je n’avais pas très bien vécues… Je te rejoins notamment sur les galères logistiques des rendez-vous. Et de même pour la ponction, j’ai trouvé ça douloureux.

      Par rapport aux aspects administratifs, l’accord du conjoint est désormais supprimé (enfin !). Pour l’accès aux origines je n’étais pas concernée à l’époque de mon don mais quand je suis retournée au CECOS dans le cadre de la PMA solo je me suis manifestée pour que mes coordonnées soient accessible au cas où !

      Je suis vraiment désolée que tu es vécu une hyperstimulation 😦 et que ta douleur n’ait pas été prise au sérieux par les équipes médicales… J’avais eu, de mon côté, la même impression d’être un peu traité « à la chaîne ». Si c’était à refaire je le referai sûrement mais tout comme toi j’aurai aimé être mieux préparée et mieux accompagnée…

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