Un deuxième bébé en solo #5 – A la recherchE d’un plan B.
Je t’ai laissé dans mon dernier article avec tous mes résultats d’analyse en poche et mon rendez-vous avec le centre de PMA fixé. Me voici donc en route pour le CHU, direction le service d’aide à la procréation. Raaaa que je déteste ce service ! C’est un vrai labyrinthe.
J’arrive une bonne heure en avance. Je fais trois secrétariats différents avant de trouver la bonne salle d’attente et quand la gynéco vient me chercher je n’ai pas le bon dossier et je dois retourner à l’accueil. J’attaque donc le rendez-vous méga stressée.
La gynéco qui me reçoit m’explique qu’elle a déjà un dossier à mon nom pour un don d’ovocytes. Je lui confirme que j’ai été suivie ici il y a quelques années et elle me demande si le don a débouché sur une grossesse (???). Un peu étonnée je lui dis que je ne sais pas car c’est anonyme et j’ignore ce qu’il est advenu de mes petits ovocytes.
Elle continue de feuilleter mon dossier et ressort un mail que j’avais envoyé quelques jours après ma ponction pour indiquer que j’avais encore des douleurs au ventre et elle me demande de confirmer que ça avait bien été le cas (???). Je confirme même si pour être tout à fait honnête je ne m’en souviens absolument pas. Et surtout je suis clairement déroutée car je ne comprends pas du tout ses questions par rapport à mon projet de PMA d’aujourd’hui…
Elle regarde ensuite l’ensemble de mes examens sans rien dire et entre des données dans son ordinateur. Il me manque mon dernier frottis (qui n’était pas demandé) qu’il faudra que je lui envoie par mail au plus vite. En dehors de ça elle m’indique qu’il n’y à rien à signaler et que le CECOS (le centre qui gère les dons de gamètes) me contactera prochainement pour fixer un rendez-vous. Je tente de poser des questions : quels sont les délais en moyenne ? quelles sont les différentes étapes de la procédure ? comment se passe la PMA en elle même ? “Pitié Madame donne moi au moins quelques infos !” Mais peine perdue elle m’explique que c’est le CECOS qui répondra à tout ça et elle me pousse gentiment (non) vers la sortie.
Je ressors de là un peu étourdie et surtout pas beaucoup plus avancée…

De retour à la maison, je fais une erreur de débutante et je regarde sur internet…. Je trouve des groupes spécifiques « PMA pour toutes » de l’hôpital où je suis suivie. Bingo ! Je balaie rapidement les publications et lis tous les commentaires. A priori le secrétariat du CECOS appelle très rapidement après le passage en PMA en revanche le rendez vous en lui même est fixé plusieurs mois après. Bon de toute façon je savais que ca serait long…
Je continue ma lecture et là c’est le drame ! Un couple de femmes qui à déjà eu son rendez- vous au CECOS écrit que le délai annoncé pour pouvoir commencer les essais est de 18 mois.
18 mois.
J’éteins l’ordinateur, dépitée.
18 mois… Ça me semble tellement loin.
J’ai une boule au ventre et les larmes aux yeux.
Petit Viking choppe le COVID à l’école, me le refile gentiment et nous passons le week-end de mon anniversaire confinés dans l’appartement… Au boulot je suis placardisée depuis quelques mois déjà et je m’ennuie ferme. C’est vraiment une période difficile et je vais mettre du temps à sortir la tête de l’eau.
Comme je ne m’imagine pas, à ce moment-là, attendre 18 mois pour lancer ce projet, je me mets à lister toutes les solutions possibles et imaginables, plus ou moins éthiques et plus ou moins légales… Je te demande donc pour la suite de cet article, la plus grande bienveillance.
Comment faire un bébé toute seule quand on est hétérosexuelle, célibataire et pauvre ?
Dans les solutions légales, mais chères, il y en a en Espagne et en Belgique où la PMA avec donneur est possible pour les femmes françaises.
Pour l’Espagne il n’y a pas de délai mais les coûts sont très importants. Je fais les premières démarches pour avoir un peu plus d’informations et pour une « simple » insémination ça sera déjà plusieurs milliers d’euros. Sans compter les déplacements et le logement sur place.
Pour la Belgique les choses sont moins « commerciales » et les infos un peu plus difficiles à obtenir. Les centres implantés en Espagne mises tout sur le marketing : leurs sites internet sont en français, les équipes aussi. En Belgique, le système ressemble plus à notre système de santé français. Chaque clinique à son organisation et ses critères. Il faut monter son dossier puis passer devant une commission. J’appelle différentes cliniques pour avoir un peu d’infos mais les prix annoncés sont également de plusieurs milliers d’euros.
Je réalise assez vite que c’est mort… Mes économies ont fondu comme neige au soleil avec l’achat de mon appartement. Avec ce qui me reste j’ai de quoi faire un seul essai, deux tout au plus. Et je n’ai pas envie de faire ce choix. D’abord parce que cet argent je peux en avoir besoin pour autre chose, c’est mon coussin de sécurité. Et ensuite parce que faire un essai en sachant que c’est ma “seule” chance me semble bien trop difficile à vivre émotionnellement…. Je raye donc l’étranger de ma liste.
Autre solution trouver un donneur “naturel” autrement dit quelqu’un dans mon entourage qui serait ok pour un don de sperme, soit via une partie de jambe en l’air classique, soit via la fameuse technique de la pipette de doliprane (je ne te fais pas de dessin ;)).
Bon, et bien pourquoi pas ! En plus mon bébé pourra mettre un nom et un visage sur son géniteur ce qui n’est pas plus mal. Et puis des hommes dans ma vie j’en ai plein : des amis, des amants, des ex, souvent tout ça à la fois.
Oui, sauf qu’un don de sperme ce n’est quand même pas un « service » qu’on demande aussi facilement que de venir m’aider un dimanche soir parce que ma machine à laver fuit… Ça requiert quelqu’un qui soit droit dans ses bottes (autrement dit quelqu’un qui soit allé chez le psy et ait réglé ses traumas) et qui soit très au clair avec à la fois son projet (ou non projet) de paternité, la notion de donneur et sa relation avec moi… pas de toxicité possible, une excellente communication et un passif à l’épreuve du feu ! Bref ça élimine quand même pas mal de candidats 😂
Une autre option (que je n’ai pas envisagé sur le moment car je ne la connaissais pas) consiste à acheter directement des gamètes sur un site internet en provenance du Danemark. Il faut ensuite trouver un gynéco qui vous accompagne dans la démarche pour faire les stimulations et l’insémination dans son cabinet. Petite précision importante : cette pratique est illégale en France. Il y a néanmoins des gynécologues qui acceptent d’accompagner ce type de démarches. C’est une méthode qui à l’avantage d’être peu chère et avec un délai d’attente assez réduit. Je ne savais pas que cela était possible quand j’ai commencé mes démarches et je ne sais pas si cela aura changé quelque chose pour moi…
En continuant mes recherches je découvre qu’il existe des sites internet spécialisés qui mettent en relation des femmes en recherche avec des donneurs potentiels. Je m’inscris pour voir mais autant te dire que je fuis en courant tellement le truc est glauque !
Retour à mon donneur de la vraie vie… J’ai un candidat qui répond à tous mes critères, un ami très proche. Reste à savoir comment aborder le sujet sans le faire fuir…Je prends mon courage à deux mains pour lui demander un soir où nous dinons ensemble.
Il accueille ma demande avec beaucoup de bienveillance et de douceur. Il me connaît depuis très longtemps, il connaît bien ma vie et il est au courant de mon projet de PMA depuis le début. Il sait quelle mère je suis et à quel point ce deuxième enfant est important pour moi. Il est déjà papa de son côté. On a une amitié forte et on communique de manière ouverte. On s’est toujours beaucoup parlé de nos vies respectives et on a une place importante dans la vie l’un de l’autre.
Il me demande comment je vois les choses, ce que j’attends exactement. Je lui explique que je suis ouverte à différents modèles, du géniteur au co-parent, selon ses envies à lui. La seule chose que je ne souhaite pas c’est un don « anonyme » car je ne veux pas mentir à mon futur enfant et je veux pouvoir lui parler de ses origines de manière très transparente… Il me demande un temps de réflexion ce que je trouve très sain et nous en reparlons régulièrement. Et pendant qu’il réfléchit je continue mon parcours ! Prochaine étape : le rendez-vous avec le centre de don !
Et toi ? Tu as des parcours de parentalité hors couple hétérosexuel dans ton entourage ?

Je trouve tout ce parcours pour créer la vie tellement émouvant!
Un co-parentage avec quelqu’un me semble en apparence compliqué mais tout est clairement une question de confiance
D’autres gens que je connais on fait appel à des banques au denmark je crois que c’est très rapide et bien encadré (et on peut « choisir » un donneur qui accepte d’être contacté à la majorité) – mais il se peut que ce soit cher je ne sais pas..
J’espère que tu nous donnera une update positive bientot ❤ !
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Merci pour ton message tellement bienveillant 🤗 oui je pense qu’en effet les banques de sperme au Danemark offre beaucoup de « garanties » et ont l’avantage de ne pas avoir de délais ! Et même si c’est plus compliqué côté français, à refaire c’est sûrement une solution que je creuserai. Pour le co-parentage en effet il faut une confiance absolue et une très bonne connaissance de l’autre… Concernant la suite, j’essaie de la publier très bientôt ☺️
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Quelle aventure ! J’ai hâte de savoir la suite également. Quel âge avait ton fils à cette étape de ton parcours ?
J’ai le sentiment que la possibilité d’un « donneur naturel » n’est plus aussi tabou; ou tout du moins on sait davantage aujourd’hui qu’il y a différentes façon de construire/d’être d’une famille.
Une amie, il y a de nombreuses années, avait évoqué, au sein de notre groupe d’amis que si elle désirait avoir un enfant avec sa compagne, elle aimerait tout autant avoir un donneur dans l’entourage proche, un peu comme un parrain, plutôt qu’un donneur anonyme. Nous avions réfléchit à l’époque sur ce que ça impliquerait (nous étions jeunes, 23 ans environ). Je me rappelle que mon copain (mon mari à ce jour !) n’aurait pas accepté d’être donneur. Mais il s’agissait de mes amies plus que les siennes. Aurait-il accepté pour l’un/e de ses amis proches ?
Il n’empêche qu’entre-temps j’ai fait don de mes ovocytes, sous anonymat, mais avec possibilité d’être contactée à la majorité des enfants nés du don, si enfants il y a eu.
A bientôt pour la suite !
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Merci beaucoup pour ton commentaire 🤗🤗 oui je suis d’accord les choses commencent doucement à bouger et les modèles à se diversifier. Et je comprends tout à fait l’envie d’avoir un donneur qui fait parti de l’entourage, en effet un peu comme un parrain. Pour la question du don en effet c’est très personnel et chacun le vit très différemment. As-tu fait ton don d’ovocytes quand l’accord du conjoint était encore obligatoire ? Ton mari était-il ok avec ta démarche ? Mon fils avait 5 ans et demi à ce moment là (ça me paraît tellement loin 😱) et je crois que j’ai commencé à aborder le sujet avec lui à peu près à cette période !
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oui, j’ai fait mon don il y a deux ans, mon mari a dû donner son autorisation. Il n’est pas forcément pour les dons de gamètes et a un avis différent du mien sur les parcours PMA (mais fait parti des parents chanceux de n’avoir pas eu de problèmes à la procréation!), néanmoins, il a accepté ma démarche en m’accompagnant aux rendez-vous et en s’interrogeant avec moi sur la possibilité de levé d’anonymat. Nous avions même expliqué les choses simplement à notre fille de 6 ans à l’époque (qui a appris le mot ovocyte !).
Je pense que mon mari, lui, se sentirait quelque part comme le père d’un enfant né de son don. La dissociation géniteur et père est difficile pour lui. Alors que ça a été assez simple pour moi. Si des enfants sont nés de mon don, ce ne sont et seront jamais les miens, ni même les frères et soeurs de mes enfants. Seulement des individu avec une part génétique de moi (j’espère ne pas donner la plus mauvaise ^^)
Bien sûr, il y a une certaine curiosité à savoir si ça a fonctionné et si je le saurai un jour, mais en général je n’y pense pas, sauf lors d’articles comme celui-ci 🙂
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Très intéressant de lire ce genre d’article, on en parle peu encore de la maternité « toute seule » et de ce fait on n’imagine pas toujours les solutions qu’il peut y avoir pour parvenir à faire un bébé. Je suis déjà maman, mais je pense à une de mes sœurs par exemple qui pourrait être dans cette situation. En tout cas, j’ai appris des choses, merci !
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Merci beaucoup pour ton commentaire qui me touche beaucoup ! C’est vrai que c’est encore difficile de trouver des informations sur le sujet (même si cela commence à venir…) même quand on est dedans comme moi ! Alors tant mieux si ça peut servir à d’autres 🙂
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je lis cet article seulement maintenant (shame), comme il est déjà papa, est-il encore en couple ? Si oui, quid de la place de sa compagne ? Et si tu as choisi quelqu’un de célibataire, est-ce que ca faisait parti de tes critères de « sélection » ?
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