Se lancer dans des bilans pour ses enfants

Se lancer dans des bilans pour ses enfants

Depuis plusieurs mois, on s’est lancé dans des « bilans » pour nos deux aînés de bientôt 5 ans et bientôt 3 ans et demi. Je t’explique pourquoi et comment on le vit.

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Image par lisa runnels de Pixabay

Une consultation pluridisciplinaire

Nous avons la chance d’avoir un médecin traitant qui exerce dans une maison médicale et pluridisciplinaire. Avec ses collègues, elle a créé un concept de consultation pluridisciplinaire à savoir un binôme médecin-psychomotricienne. Cette consultation est proposée à tous les parents pour leurs enfants, soit quand il y a certains doutes au niveau du neurodéveloppement, soit pour avoir un avis et des conseils sur certains sujets qui peuvent être compliqués actuellement avec l’enfant (sommeil, alimentation, éveil, gestion des émotions etc.). Nous y avons eu recours pour nos deux garçons, pour des raisons différentes. Pour mon aîné, le médecin me l’a proposé car nous étions face à une difficulté de séparation, il avait 2 ans 1/2 et c’était compliqué à gérer au quotidien. Pour mon deuxième, c’était plutôt pour la gestion des émotions type colère. C’était au moment de ma troisième grossesse. On est ressorti de ces rendez-vous avec des conseils et un avis pro sur nos enfants, notamment pour notre premier où médecin et psychomotricienne étaient d’accord pour dire qu’il était « très en avance ».

Une nouvelle étape

Plus récemment, nous avons refait appel à cette même consultation en binôme, pour d’autres problématiques. Pour l’Elu, c’était plus pour gérer beaucoup de colère et de violence en lui (entre autre) et pour Numerobis, nous avions du mal avec son côté très rigide et des difficultés d’endormissement. Suite à cela, nous avons été orienté vers une plateforme d’orientation et de coordination, pour initier des bilans pour nos enfants. Nous sommes actuellement en plein dedans, et c’est assez épuisant je dois le reconnaître. Le fait que tout soit multiplié par deux n’aide pas vraiment. Mais pour le médecin, il était pertinent que l’on se lance là-dedans aussi pour Numerobis, du fait qu’on faisait la démarche pour l’Elu. Je ne le regrette pas car au moins, je me dis que si à l’issue des bilans, nous constatons qu’il y a des prises en charge à mettre en place, au moins, ce sera fait de façon précoce et donc normalement plus efficace.

Quels objectifs ?

Je pense que nous n’avons pas forcément les mêmes objectifs en tant que parents qu’en tant que professionnels. Pour le médecin, l’objectif premier de ces bilans est de diagnostiquer précocement pour une meilleure prise en charge, les troubles du neurodéveloppement. Pour nous, en tant que parents, l’objectif principal est de permettre à nos enfants de trouver plus de sérénité au quotidien et que la vie de famille soit plus « simple ». De façon générale, qu’ils soient plus épanouis tant à la maison, qu’à l’école. Pour l’Elu, l’objectif était aussi d’avoir un retour d’une psychomotricienne, au niveau de la gestion émotionnelle, pour un saut de classe. Sa maîtresse nous avait confirmé qu’il avait un niveau de grande section en fin de petite section, mais nous nous demandions s’il vivrait bien un passage directement en grande section. Dans un premier temps, elle a aménagé sa scolarité en lui faisant à chaque fois choisir son activité : soit chez les moyens, soit chez les grands (la chance d’avoir une classe double niveau). Finalement, une fois le bilan de psychomotricité effectué et face aux besoins de l’Elu, elle l’a fait passer chez les grands un peu avant les vacances de Noël. Cela se passe très bien, même si comme toute progression, il y a aussi quelques régressions qui ont accompagné ce changement, notamment au niveau du comportement et de la gestion des émotions, mais tout le monde y est attentif et je suis sereine quant à un apaisement à la rentrée de janvier, une fois qu’il aura bien pris ses marques et retrouvé un équilibre.

Les montagnes russes émotionnelles

Si nous sommes dans l’ensemble, contents que les choses se mettent en place, que les bilans se fassent etc., cela reste à mes yeux, de vraies montagnes russes émotionnelles. Tant que nous ne serons pas fixés sur les résultats des bilans, je pense que ce sera toujours le cas. Beaucoup de choses se passent, surtout dans nos têtes. On se pose mille questions. Et si en fait… il avait ça… Ou ça… ou peut-être même ça… Toutes les théories sont possibles, chacun y va de son petit commentaire. On essaye de lire entre les lignes des discours des professionnels. Et puis, étant assistante sociale et ayant travaillé dans ce domaine, il y a aussi une part de « déformation professionnelle ». Je n’ai pas la « naïveté » des parents qui sont plongés là-dedans. Je connais l’autre côté du décor et je connais le langage des professionnels. C’est terrible car j’analyse beaucoup trop. J’essaye de ne pas le faire, mais ça fait aussi partie de moi. C’est un peu comme à la naissance de notre petit panda roux, quand nous ne savions pas ce qu’il lui arrivait, et que la pédiatre me tournait des phrases qui ne voulaient rien dire pour ne pas m’inquiéter. Sauf que moi, je savais que ce discours là, c’était celui qu’on donnait aux parents d’enfants victimes potentiellement d’un AVC. Bref, tu l’auras compris, ce n’est pas simple d’être à la fois maman et professionnelle dans le domaine…

Les résultats et la prise en charge

Grâce à cette plateforme, tous les bilans sont pris en charge financièrement. C’est un soulagement car malheureusement, le coût est important et non pris en charge par la sécurité sociale ! Par la suite, la prise en charge par les professionnels est également financée, pendant une certaine durée, dans l’attente notamment de faire des demandes auprès d’organismes agréés s’il y a besoin d’une prise en charge au vu des bilans. L’Elu en bénéficie donc actuellement, une séance de psychomotricité tous les quinze jours, notamment pour l’aider à prendre conscience des limites de son corps (le fait d’être très grand pour son âge joue beaucoup là-dessus). On verra si à l’issu des bilans notamment avec la neuropsy (test QI, entre autre), si d’autres prises en charge sont nécessaires. Pour le moment, je vois déjà un peu de mieux pour l’Elu. Il grandit aussi. Et je suis fière de lui car il a demandé de lui-même à retourner voir « sa » psychologue, qu’il avait vu en 2022 justement suite à son angoisse de séparation. Il dit qu’il a des choses à lui dire. Je suis ravie de lui avoir suffisamment donné d’outils pour qu’il puisse se saisir de cela ! J’espère que le résultat sera au rendez-vous ! Quant à Numerobis, on commence tout juste les bilans, mais nous avons vu récemment sa maîtresse qui nous a dit que « tout roule » pour lui ! Je suis donc heureuse et soulagée de le savoir épanoui à l’école. Et lui aussi, il grandit…

Je ressens aussi le besoin de parler de tout cela avec d’autres parents qui vivent ou ont vécu cela avec leurs enfants. Non pas pour comparer, mais aussi pour se sentir moins seuls, dans nos inquiétudes, dans nos questionnements… Et puis, juste aussi pour pouvoir décharger certaines choses. Pour moi, la lourdeur des bilans entre le temps d’attente du rendez-vous, les rendez-vous où il faut se rendre disponible, l’attente des résultats… Tout ça rajoute beaucoup trop de charge mentale à notre quotidien déjà bien saturé !

Notre but en tant que parents n’est pas de les enfermer dans une case, de les cataloguer dès leur plus jeune âge. Au contraire, nous voulons juste savoir si nous avons besoin d’un décodeur spécial pour nos enfants ou si leur développement est « normal » et qu’il faut juste continuer à les accompagner. Nous voulons qu’ils puissent avoir un peu d’aide si tel est le cas. Comme le dit mon mari : si jamais un diagnostic était posé, ça ne les changerait pas du jour au lendemain. Ils seront toujours l’Elu et Numerobis, nous serons toujours leurs parents et nous ferons toujours du mieux que l’on peut pour les aider à grandir !

4 commentaires sur “Se lancer dans des bilans pour ses enfants

  1. Merci pour cet article, parce que c’est sûrement moi qui n’y connais rien, mais je ne savais même pas qu’il était possible de demander un bilan pour un enfant qui est face à des problématiques qui sortent un peu du « médical au sens large » (je trouve pas de meilleur mot donc je mets des guillemets, mais ce n’est pas pour remettre en cause le fait que ça vous inquiète bien sûr), et que ce soit pris en charge ! C’est bien que votre médecin vous ait proposé ça, je me demande à quel point c’est répandu (on voit quand même pas mal de parents qui sont confrontés à des difficultés d’endormissement, etc. , et c’est la première fois qu’on me parle de suivi possible pour ça, c’est fou)

    Et je te rejoins sur le ressenti : c’est vrai que ça peut être assez angoissant et lourd au niveau logistique. Ma fille a aussi dû faire pas mal de bilans (mais plutôt pour du retard que de l’avance), et effectivement, il y a beaucoup d’attente de rendez-vous puis d’attente de résultats, et la place pour s’inquiéter entre deux.
    Par contre en effet ça vaut la peine : au final après plusieurs années d’incertitude on a eu un diagnostic « clair » sur la cause de son handicap, et ça a au moins le mérite de mettre des mots sur tout ce qu’on voyait d’inhabituel chez elle depuis sa naissance, et permet d’avoir les meilleurs outils possibles pour l’aider à dépasser ses difficultés (même si ça reste des rendez-vous, de l’attente et des inquiétudes), et ça c’est très précieux.

    J’espère que ces bilans vous rassureront et/ou que vous pourrez mettre en place des choses pour aider vos fils s’ils en ont besoin !

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  2. Ici aussi on est en plein bilan. Pour le coup, on nous a rien proposé on a dû chercher des solutions et des professionnels nous même (et payer une partie de notre poche).

    On ne cherche pas tant une étiquette que d’aider notre enfant à s’épanouir et savoir comment répondre à ses besoins et l’aider à développer au mieux ses capacités.

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    1. C’est dommage que personne ne vous ait orienté car, pour le coup là c’est l’assistante sociale qui parle, il y a quand même aujourd’hui plusieurs dispositifs à activer pour ce genre de bilans pour les enfants…
      Nous aussi, on cherche surtout le décodeur, les outils pour les accompagner au mieux dans leur particularité. J’ai justement très peur des étiquettes au point que j’en viens à me demander si on donnera le diagnostic exact … Je ne veux pas que mes enfants soient vus juste à travers le prisme de leur spécificité…

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      1. On a reçu les bilans récemment. Pas de grandes surprises, quelques outils de décodage supplémentaires et un enfant qui n’a pas changé.

        On espère pouvoir l’aider petit à petit.

        Par contre nous avons partagé l’intégralité des bilans avec la famille proche. Ils avaient bien remarqué des particularités et sont motivés pour changer de comportement si besoin. Donc ca nous paraissait logique. Reste à savoir ce qu’on va dire à l’école…

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