Assistante sociale en entreprise, quésaco ?

Assistante sociale en entreprise, quésaco ?

A ma reprise après mon congé parental, j’ai signé un CDI en tant qu’assistante sociale en entreprise, au sein d’une grosse association spécialisée dans le domaine de la santé et du social au travail. Mais ce côté là de notre profession, alors qu’il s’agit en réalité de l’origine de notre métier, est à ce jour encore très méconnu du grand public. D’ailleurs, peut-être que toi aussi, tu ignores ce que fait l’assistante sociale du travail de ton entreprise… (tu ne sais peut-être même pas qu’il y a une assistante sociale dans ta boîte, mais c’est un autre débat !)

Crédit Photo : DragonImages

La première chose à savoir c’est que nous sommes à l’interface entre la vie professionnelle et personnelle du salarié. Concrètement, cela signifie que nous pouvons intervenir dans tous les domaines qui touchent aussi bien le travail que la sphère privée/familiale. En effet, pas besoin d’avoir fait de grandes études pour savoir que les deux domaines sont étroitement liés. Le travail peut avoir des conséquences (néfastes) sur la vie personnelle, et inversement. Ainsi, je suis amenée à accompagner les salariés aussi bien sur des questions concernant les enfants ou les ascendants, la maternité, la scolarité, les décès, les divorces, les accès aux droits type CAF, etc. Mais aussi l’accès au logement, en location ou en accession, les risques d’expulsion… J’interviens quand le salarié fait face à des difficultés financières, de l’endettement ou surendettement, ou encore quand il a besoin de négocier pour des recours grâcieux. Et enfin, j’ai tout un aspect professionnel à couvrir, lui aussi très vaste, de l’embauche à la retraite, en passant par le licenciement, la fin de contrat ou la démission, les projets professionnels, le mal-être au travail et les risques psychosociaux, la maladie, l’accident du travail, l’inaptitude ou l’invalidité, le maintien dans l’emploi, l’aménagement du poste en cas de handicap, etc. La liste est loin d’être exhaustive, car tu l’auras compris, tu peux venir me voir pour tout !

Je suis là pour écouter, orienter, informer, conseiller, évaluer, aider aux démarches, accompagner… C’est un travail vraiment très riche et très varié. Nous devons vite devenir « experts » dans beaucoup de domaines et sous-domaines. Heureusement, mon employeur est très sérieux (je le précise car tous les services qui vendent du service social d’entreprise ne le sont pas – certes ils vendent leurs prestations moins chères aux clients, mais la qualité est moindre, forcément), et nous sommes donc formés en continu tout au long de notre carrière avec eux. Ainsi, pour ma part, en 6 mois d’activité, je compte déjà plus d’une dizaine de journées de formation sur des thématiques bien précises : retraite (vive la réforme), droit du travail, fondamentaux du service de santé sociale au travail etc. Et nous avons également une chance incroyable d’avoir un conseil technique, formé d’experts juridiques et sociaux, que l’on peut solliciter pour toutes questions concernant les accompagnements de nos salariés, mais qui fournit également une veille sociale assez incroyable. Une vraie bible juridique et sociale ! Elles (car ce sont deux femmes qui gèrent cela) sont à l’affût de toutes les lois, les décrets, les jurisprudences etc et nous font des fiches techniques, des newsletters hebdomadaires, des webinaires. Bref, on est vraiment armés de ce côté là, ce qui est une vraie plus-value pour l’entreprise qui fait appel à une assistante sociale du travail.

Je reçois les salariés lors de permanence dans leur entreprise, mais je peux également me rendre à leur domicile notamment lorsqu’ils sont en arrêt maladie ou que la situation est trop complexe pour être gérée à distance (l’avantage du domicile, c’est qu’on peut fouiller dans tous les papiers administratifs des gens et trouver plus ou moins rapidement notre bonheur !). Mais j’ai également la possibilité d’accompagner les salariés dans certaines institutions, ou même à un procès ou chez le notaire, à partir du moment où il en fait la demande. J’adore cette liberté et cette non monotonie de mon quotidien.

Etant donc à l’interface du monde de l’entreprise et du monde privé, je suis en lien à la fois avec les directions, les ressources humaines de l’entreprise… médecine du travail et autres acteurs de ce domaine (infirmier, psychologues), mais aussi les membres du CSE. Je suis bien évidemment en lien avec les partenaires plus classique du monde du social : les institutions type CAF, CPAM, CARSAT, France Travail, les bailleurs sociaux, la Banque de France, les assistants sociaux de polyvalence, de l’Education Nationale. Là aussi, la liste est encore longue et non exhaustive. Cela demande là aussi beaucoup de rigueur dans le travail partenarial, en interne et en externe, à bien développer afin de faciliter les échanges et donc par la suite, permettre une meilleure prise en charge des situations des salariés.

Je n’ai donc pas une seule journée qui se ressemble, tant le champ des possibles est large et varié. Et à cela s’ajoute le fait que je ne suis pas toujours dans la même entreprise. En effet, chaque entreprise a un contrat différent, avec un nombre d’heures par mois fixé et il varie d’une entreprise à une autre. Pour ma part, j’interviens donc dans 4 entreprises. J’ai la chance d’être présente deux jours par semaine dans une entreprise. C’est clairement dans celle-ci que je me sens la mieux installée, intégrée, repérée. J’ai du temps pour accompagner les salariés et faire un travail assez qualitatif. Alors que pour certaines entreprises, je ne suis présente que 3 fois par mois sur des temps courts (allant de 4h à 2h30), donc autant te dire que c’est plus difficile dans ces entreprises là. Car les salariés te sollicitent malgré tout et ne comprennent pas forcément que tu n’as pas le temps de faire certains suivis aussi vite qu’ils le souhaiteraient. C’est une véritable gymnastique, cela demande une rigueur organisationnelle et surtout une facilité à s’adapter. A ce jour, j’ai plus de mal à m’investir dans ces contrats, on sent vraiment plus fortement le côté « prestataire », qu’on est « à part » de l’entreprise et ce n’est donc pas toujours évident. Cela n’empêche que l’accompagnement du salarié reste intéressant.

Et une grosse partie de notre travail consiste aussi à communiquer sur notre rôle, nos missions et notre présence dans l’entreprise. Beaucoup d’entreprises qui ont pourtant fait la démarche de faire appel à un service social, ne vont pas plus loin et communiquent peu sur ce que le service social peut apporter à ses salariés. Et pourtant, nous avons véritablement un rôle essentiel notamment dans toute la partie santé au travail, avec l’aide au maintien dans l’emploi, les démarches liées à l’inaptitude, l’invalidité, la maladie, la reprise de poste après un arrêt long, etc. Nous avons une véritable expertise qui permet pour le salarié d’être le mieux accompagné possible. Alors bien sûr, le bouche à oreille fonctionne aussi très bien, mais il faut malgré tout prendre du temps pour aller se rendre visible auprès des salariés : se promener dans les chaînes de production, dans les entrepôts, dans les bureaux, vers la fameuse machine à café… Ce n’est pas trop ma tasse de thé, je l’avoue. Je n’ai jamais eu besoin dans mes précédents postes de me « faire connaître ».

En choisissant cet emploi, c’était un véritable challenge pour moi. Sortir de ma zone de confort après plus de 10 ans dans le domaine du handicap et de la santé essentiellement. Mais c’était un saut dans l’inconnu avec suffisamment de sécurité autour pour le tenter. Nous sommes très bien formés, accompagnés et soutenus dans notre travail. Mais ce que j’apprécie le plus, surtout après dix années passées dans la fonction publique, c’est notre totale autonomie (ou presque) et la confiance de notre hiérarchie. Je gère mon planning à ma convenance, je n’ai pas de compte à rendre et je n’ai pas besoin de supplier mes supérieurs pour justifier telle ou telle demande, démarche, etc. Ce qui me manque le plus par contre, c’est la proximité avec mes autres collègues ASS. Nous sommes une équipe d’une quinzaine de professionnels, mais dispatchés dans différentes entreprises et donc nous ne nous voyons qu’une fois par mois en réunion. Heureusement, Teams existe et nous communiquons beaucoup entre nous, ainsi que via l’échanges de mails afin d’obtenir de l’aide pour certains suivis.

Je suis contente d’avoir trouvé cet emploi et donc véritablement découvert cette facette de notre métier. Pour rappel, à la sortie de la guerre, en France, le métier de visiteuse d’usine a été inventé et c’est tout simplement l’ancêtre du métier d’assistante sociale du travail du XXIème siècle. Je ne sais pas combien de temps je resterai à ce poste, car parfois, le médico-social et l’enfance me manquent énormément, mais en attendant, je prends tout ce qu’il y a à prendre, et ce métier est vraiment très riche et marquera ma carrière, c’est certain !

Et toi, tu connaissais ce métier ? Tu sais s’il y a une assistante sociale qui intervient dans ton entreprise ?

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