Expatriation : ce qui me freine

Expatriation : ce qui me freine

Mon petit frère s’est expatrié pour partir vivre au Canada (Québec), il y a 12 ans maintenant. Je l’ai toujours admiré, et je dois avouer que parfois, je rêverais de partir vivre là-bas également. J’ai aussi quelques copines expatriées, et il m’arrive de les envier de temps en temps, en m’imaginant à leur place, dans un autre pays, une autre culture… Mais pour ma part, l’expatriation restera uniquement un rêve, je t’explique pourquoi.

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Credit Photo : Joshua Woroniecki de Pixabay

La première des raisons, qui est d’ailleurs pour moi au final, la seule réelle raison, dans le sens où je suis incapable de dépasser ce problème… c’est l’éloignement de mes amis et de ma famille. J’habite déjà à 500 km de ma famille, et je trouve cela trop loin déjà. On met environ 6h en voiture pour aller là-bas, et ça me coûte d’être aussi éloignée d’eux, de certains événements familiaux. Ca me manque aussi de ne pas être plus proche pour plus de spontanéité dans nos rencontres. Là, on est obligé de prévoir longtemps à l’avance les semaines ou week-ends (prolongés) que l’on passera les uns chez les autres. Je rêverais d’habiter à moins de 30 minutes de chez mes parents pour pouvoir débarquer quand l’envie m’en prend, pour juste passer 1 ou 2 heures avec eux… D’ailleurs, je pense que même pour mon frère qui ne reviendrait en France pour rien au monde à mon avis, cette distance est compliquée à vivre : il est absent de la plupart des événements familiaux, les joyeux (mariages, baptêmes, fêtes d’anniversaire…) comme les plus tristes (le décès de nos grands-parents par exemple).

Quant à mes amies, j’ai besoin de les savoir « proches » de moi. On habite déjà en moyenne à 1h de route de mes meilleures amies, c’est mon maximum. Je vais même te faire une confidence, une de mes peurs ce serait justement qu’elles choisissent un jour de partir vivre à l’étranger, ou plus loin. J’ai besoin d’avoir ma team à proximité. Elles sont mes piliers, mes repères. On ne se voit déjà pas assez souvent à mon goût, alors je ne supporterais pas qu’une ou plusieurs frontières nous séparent en plus. J’ai aussi créé un réseau de copines-mamans, depuis la naissance de mes fils et mon implication dans des associations, et ce cercle est précieux pour moi. Me faire de nouvelles amitiés n’est pas aisé pour moi, alors je préserve au maximum ce que j’ai construit.

Un autre frein pour moi, c’est aussi et surtout la barrière de la langue. Même si je pense que si demain, finalement, je devais m’expatrier (avec toute ma famille, tous mes amis… on est d’accord !), ce serait au Québec, donc dans un pays francophone. Je serais aussi attirée par les pays scandinaves mais je ne me sens pas capable de vivre au quotidien au milieu d’un rayon IKEA avec des mots que je ne sais ni prononcer ni écrire ! Même un pays anglophone, je ne m’en sens pas capable. Si à force de regarder mes séries en VO, je comprends de mieux en mieux l’anglais, je suis plutôt bloquée en ce qui concerne le fait de m’exprimer en anglais, et cela demanderait donc trop d’efforts de ma part pour vivre dans un pays dont je ne parle pas la langue. J’ai conscience que pour nos enfants, par exemple, ce serait une chance de vivre dans un autre pays, justement pour s’imprégner de la langue et devenir bilingue. Et je sais que pour beaucoup de personnes, cet obstacle de la langue est facilement franchissable, mais pour moi, ça représente une montagne !

Le travail est aussi un frein pour moi. Je sais que mon mari trouverait facilement un emploi dans son domaine de compétences : l’informatique. Sa société actuelle est même américaine. Pour mon métier, assistante de service social, cela pourrait s’avérer plus compliqué, car la plupart des pays demandent des équivalences à passer pour pouvoir exercer notre métier qui est soumis à de nombreuses règles (éthiques, déontologiques…) et je ne suis pas sûre d’en avoir le courage (à mon âge). Et je n’aurais pas envie non plus de changer de métier, encore moins d’opter pour un job alimentaire dans lequel je ne serais pas épanouie.

J’ai déjà beaucoup réfléchi à cette question de partir (loin). Je sais que l’on peut aussi partir pour juste quelques années… S’expatrier ne veut pas dire quitter la France pour toujours… Mais devoir recommencer à chaque fois de zéro m’effraie. Je suis très attachée aussi à ma maison actuelle, que j’ai investie de façon à ce qu’elle devienne la maison familiale, repère pour les prochaines générations… Je ne voudrais donc pas devoir la quitter pour partir ailleurs.

Durant mon enfance, j’ai déménagé plusieurs fois. J’ai vécu dans 6 villes différentes jusqu’à mes 20 ans. Si je me suis à chaque fois adaptée (je n’avais pas le choix de toute façon), je ne voudrais pas revivre cela aujourd’hui, ni le faire vivre à mes garçons. Je suis à un stade de ma vie où je recherche surtout la stabilité pour moi et ma famille.

J’espère donc maintenant réussir à mettre suffisamment d’argent de côté pour les faire voyager (quand ils seront un peu plus grands) pour leur faire découvrir le monde… mais en revenant toujours à la maison, notre phare en pleine mer…

Et toi, as-tu déjà songé à t’expatrier ? Peut-être l’as-tu déjà expérimenté ?! Viens nous raconter !

5 commentaires sur “Expatriation : ce qui me freine

  1. Je suis expatriée depuis plus de 10 ans, en Europe, et je ne prévois pas (encore ?) de date de retour.

    Je pense que tes arguments sont surtout un signe que tu n’es pas prête/n’as pas envie de te lancer dans l’aventure de l’expatriation. Et c’est totalement ok. Ca ne veux pas dire que tu ne t’expatrieras jamais ni que si ta situation familiale, amicale, au travail… changeait tu voudrais t’expatrier. Ce n’est pas dans tes plans de vie actuellement.

    Tu pourrais probablement t’expatrier dans un pays européen où tu serais (en avion ou en train) à 6h de ta famille (si elle habite près d’une grande ville). Et donc les voir quasiment aussi souvent qu’actuellement. (C’est mon cas, en comprenant les temps de transport d’attente et d’avion, ca me prend 5h30-6h30. Pour cela, j’ai fait le choix d’habiter à 20 minutes de l’aéroport pour pouvoir rentrer souvent.)

    La chose qui me parait le plus compliquée est ton boulot, c’est effectivement dur quand c’est basé sur les lois, coutumes… locales. Alors si tu aimes ce que tu fais et souhaites continuer, c’est difficile et long souvent d’avoir une équivalence dans le pays d’adoption (si c’est possible).

    Si l’expatriation est un regret pour toi, peut être peux tu te lancer dans un grand voyage, tour du monde ou volontariat à l’étranger (dont tu peux choisir la durée).

    Après il ne faut pas oublier qu’en vivant à l’étranger, on n’a pas forcément une vie de rêve, et on retrouve des problèmatique similaire à celles qu’on avait en France: il peu y avoir du chômage, des personnes stupides, des appartements trop chers, des enfants éxcités, des canicules ou des hivers trop froids… et surtout on y mange souvent moins bien !

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  2. D’après tes arguments tu sembles tout de même pas si malheureuse en france 😉 !

    Ici cela fait des années (des décénnies?..) qu’on tente de s’expatrier mais sans succès. Ce qui nous freine : parvenir à trouver tous les deux un job au même endroit au même moment (on remarque dans les entretiens que même si on parle la langue, on nous préfere généralement quelqu’un de vraiment 100% bilingue – et aussi quelqu’un qui a plus de connaissance du contexte/culture locale. J’ai parfois aussi l’impression qu’on ne nous prends pas au sérieux comme candidat si on ne vit pas encore sur place. Or j’ai vécu le chomage de longue durée par le passé et je ne me vois donc pas « partir comme une fleur et tenter ma chance ») – et maintenant qu’on a des enfants il s’ajoute le fait de trouver deux places dans de (bonnes) écoles locales qui soient disponibles et ce dans le timing de débuts de nos jobs (apparemment il n’y a clairement pas qu’en France que les écoles sont saturées et qu’il y a des listes d’attente pour entrer en cours de cycle, parfois de plusieurs années!..). Bref ce rêve innachevé est un peu un déchirement car il semble être devenu de plus en plus irréaliste depuis que nos fils sont scolarisés.

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  3. Mes frères sont tous les deux expatriés, un au canada, l’autre en Asie, je suis la seule de la fratrie a être restée en France. Je vois bien que cela peut être hyper challengeant, cela permet de faire de belles rencontres amicales, d’évoluer professionnellement et avoir parfois de meilleures opportunités. La grande difficulté est l’éloignement familial surtout en cas d’évènements, naissance, décès, mariage… C’est aussi dur pour mes parents, de ne pas pouvoir être réunis plus souvent. Avant l’expatriation ne me tentait pas plus que ça, préférant voyager et découvrir le monde mais revenir à mes racines. Je trouve qu’on a de belles régions en France et la proximité de pas mal de pays fait que l’on peut voyager en Europe facilement. Mais vu le contexte actuel, je me pose énormément de questions et je ne me vois de moins en moins rester dans ce pays que j’aime mais qui bafoue des valeurs qui me paraissent fondamentales. J’ai le sentiment qu’économiquement cela va être de plus en plus compliqué. Du coup, si l’opportunité se présente on hésitera pas. Cela ne peut qu’être enrichissant et au pire on peut toujours revenir ou changer de destination.

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  4. Dans mon cas personnel, je ne suis pas expatriée, mais c’est tout comme. J’ai quitté le cocon familial à 18 ans pour aller vivre de l’autre côté de la France et j’ai bougé dans plusieurs régions très différentes depuis. On parle la même langue, mais la culture est à chaque fois différente.

    Etrangement, j’ai travaillé dans un autre pays et c’était bien plus facile pour moi de m’intégrer comparé à certaines régions de France. Et c’était aussi bien plus rapide et facile de rentrer dans ma famille avec 1h de vol, pour 12h de voiture maintenant.

    Je pense que l’expatriation ne s’improvise pas et doit être mûrement réfléchi. Une erreur selon moi serait de s’expatrier pour fuir la France en pensant que l’herbe est plus verte ailleurs. Pour avoir pas mal voyagé et vécu plusieurs mois dans différents pays, les problèmes ne sont pas forcément les mêmes qu’en France, mais aucun pays n’est parfait. Reste juste à trouver celui qui nous correspond le mieux 🙂

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  5. ici on est expatrié depuis 15 ans dans un territoire encore français pour le moment, mais la culture, le climat, tout est différent.

    il y a plein de territoires d outre mer où on parle français et où tu peux trouver du boulot d assistante sociale.

    après l’éloignement et l insularité ne peuvent effectivement pas convenir à tous.

    je suis toujours en contact avec mes amis d’enfance même si on se voit rarement. Ma meilleure amie est d’ailleurs également expat depuis des années dans un DOM mais on s’arrange toujours pour avoir des vacances communes en France.

    on s’est fait plein d’amis ici, je suis investie dans les différentes associations du village ( APE etc) ce qui permet effectivement de créer des liens facilement.

    tout le monde n’est pas fait pour être expat, c’est un choix qui a des avantages et des inconvénients

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