Devenir belle-maman

Devenir belle-maman

Il paraît que la vie peut avoir beaucoup d’humour parfois. Je le confirme : en quelques mois, tout peut changer. On peut passer d’une projection sur un futur en solo aux tumultes d’une famille recomposée. Je te raconte tout ça !

main d'adulte, main d'enfant

Crédit photo (creative commons) : Myriams-Fotos

Je t’ai laissé(e) il y a quelques temps maintenant sur ma guérison en cours suite à une relation toxique. Il y a eu d’autres difficultés et drames dans ma vie et j’ai traversé des moments sombres. Je t’en parlerai une autre fois. Dans toutes ces tempêtes, j’ai fait des rencontres amoureuses, qui m’ont permis petit à petit de reprendre confiance en moi, de me comprendre mieux, de savoir ce qui me convenait et ne me convenait pas, pour pouvoir envisager une vie de couple sereine. C’était le rêve de ma vie, et pourtant, j’ai perdu espoir je l’avoue.

Après une énième déception, dont je me suis bien vite remise, j’ai décidé de sauter un cap que je ne m’autorisais pas, celui de m’inscrire sur une application de rencontre. Mes espérances étaient au ras du plancher, mais dans un coin de ma tête, j’avais cette petite lumière qui me disait « et pourquoi pas ? »

Il faut croire que cette fois le destin avait décidé de me donner ce coup de pouce tant attendu. Le jour même de mon inscription, alors que je regardais (blasée) les (nombreux) profils des hommes (pas terribles) ayant cherché à rentrer en contact avec moi, l’un d’entre eux est sorti du lot. Ses photos étaient naturelles, sa description sympathique. J’ai accepté sa demande de contact, il m’a écrit qu’il était ravi de faire ma connaissance. Je n’avais aucune idée de comment lancer la conversation, je lui ai dit. Tout a commencé comme ça. Nous avons discuté pendant presque trois semaines avant de nous rencontrer en vrai. Ces échanges ont ravivé des mauvais souvenirs, c’était difficile de me livrer à un inconnu, de lui faire confiance un minimum pour accepter qu’il ait des informations sur moi, encore plus pour le rencontrer. De son côté, il se montrait sûr de ce qu’il voulait, constant dans son intérêt, peut-être un peu trop… Grâce à mon travail de thérapie et à tous les mécanismes que j’avais déjà compris, j’ai pu comprendre que mes angoisses n’étaient pas fondées et accepter de prendre le risque de cette rencontre. Comme tu l’as certainement compris vu le titre de mon article, elle s’est bien passée. Nous avons très vite compris que nos modes de fonctionnement se correspondaient, que nous nous comprenions sans trop d’effort et que nous voulions la même chose. Évidemment, nous nous sommes plu aussi physiquement, même si ça n’était que la cerise sur le gâteau de cette connexion qui nous a très vite liés. Je me souviens, en rentrant de ce premier rendez-vous, avoir dit à mes amies : « il n’y a plus qu’à attendre de voir comment il va être décevant celui-là ». C’est dire la dose d’optimisme qui m’animait ! Pourtant, j’ai été enthousiaste à l’idée de le revoir une deuxième, une troisième, une quatrième fois… Jusqu’à débuter cette relation.

Avec mon ex toxique, les choses avaient démarré très rapidement aussi. Tout semblait idyllique à l’époque. Ce début de relation positif m’a fait très peur en me renvoyant à cette période. Mais au fur et à mesure, j’ai pu constater à quel point c’était différent. Je n’étais pas pressée par l’autre de faire ou dire les choses, je n’ai pas eu le sentiment d’être envahie d’amour au point de me dire « c’est trop beau pour être vrai ». C’était juste simple, doux et agréable. Je sais qu’on ne peut jamais avoir de certitudes sur la durée d’une relation, sur des ressentis qui existent à un moment donné puis s’estompent parfois au lieu de grandir. Mais je sais que j’ai envie de vivre cette relation et que j’en suis heureuse. Malgré, ou avec, toutes les circonstances liées à cette histoire qui débute.

Car mon amoureux n’est pas seul. Il a une petite fille de 9 ans. Il a été en couple avec sa mère pendant 10 ans. La rupture n’est pas récente, la petite n’avait qu’1 an et demi au moment de leur séparation. Ça a été un point positif dans cette rencontre : il a eu le temps de régler les problèmes liés à cette histoire qui s’est terminée, d’accepter que son enfant n’aurait pas ses deux parents ensemble… Sa fille n’a pas de souvenir de vie commune, et si elle a comme presque tous les enfants de parents divorcés rêvé pendant longtemps que ses parents se remettent ensemble, elle a passé ce cap et accepté la situation.

Au moment de notre rencontre, il a été totalement transparent et m’a expliqué la configuration particulière de sa parentalité. De part leurs situations professionnelles qui les ont amenés très vite à ne pas pouvoir vivre dans la même ville, la garde alternée a très vite été impossible. Pendant plusieurs années, il avait sa fille un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Depuis un an, habitant désormais à plusieurs centaines de kilomètres, il ne l’avait plus que pour la totalité des vacances. Sauf que sa fille venait de leur demander de faire le contraire et venir vivre chez lui à temps plein, pour des raisons qui leur appartiennent. Quand il m’a exposé la situation (avant même notre rencontre en vrai), j’ai forcément réfléchi à ce que ça voulait dire pour une éventuelle relation. Ça ne m’a pas vraiment fait peur en soi, ça m’a plutôt rassurée sur 1) sa capacité à prendre ses responsabilités et 2) un certain apaisement des relations avec la mère de sa fille puisqu’ils acceptaient tous les deux de faire au mieux pour le bien de leur enfant. Par contre, j’ai assez vite réalisé l’implication que ça aurait sur notre temps à deux si cette relation devait se concrétiser, et cela a soulevé beaucoup de questions car je n’avais jamais été exposée à cette situation et encore moins dans ces circonstances.

Heureusement, le timing a été idéal dans la construction de notre relation. Nous avons eu plusieurs semaines pour apprendre à nous connaître, pour savoir que nous voulions tous les deux nous donner cette chance de vivre cette relation très prometteuse. Nous avons pu profiter de prendre du temps ensemble, de nous créer des souvenirs à deux qui sont une base solide dans la construction de notre couple. Cependant, nous n’avons pas eu le temps de prendre des habitudes qui auraient pu être difficiles à déconstruire lors de l’arrivée d’une troisième personne. Le challenge était de taille, à la fois pour lui qui passait d’une vie de célibataire sans enfant à une vie de parent à plein temps et une vie de couple ; et pour moi qui sautais dans l’inconnu complet avec toutes les angoisses et les questions qui découlaient à la fois d’une nouvelle relation et d’un certain engagement : « Qu’est ce qui se passe si je ne m’entends pas avec elle ? » « Comment on va faire pour trouver des moments à nous ? » « Est-ce que je vais m’habituer à une vie de famille, moi qui ai longtemps vécu seule et aime le calme et mes petites habitudes ? ». Nous savions dès notre rencontre qu’elle allait arriver et quand, et cela nous a permis de nous projeter et d’en discuter au fur et à mesure. De son côté, il ne savait pas comment elle allait réagir. Il ne lui avait jamais présenté de compagne même s’il avait déjà évoqué certaines d’entre elles. Sa maman avait elle eu un compagnon il y a quelques années avec qui ça ne s’était pas bien passé. Pendant ces quelques mois, les choses ont doucement évolué dans notre esprit. Il est passé de « je la ferai garder au début pour qu’on puisse se voir mais ça ne sera peut-être qu’une fois tous les quinze jours » à « je ne veux pas passer à côté de notre histoire alors je voudrais que tu la rencontres rapidement pour qu’on puisse savoir si ça va fonctionner » à « je suis sûr que ça va bien se passer et que vous allez bien vous entendre ». Pour ma part, je pensais au début « c’est quitte ou double, si elle ne m’aime pas de toute façon notre histoire est fichue » puis « peut-être qu’il faudra du temps, mais pour notre couple ça vaut la peine de tenter » et « bon peut-être que s’il est sûr qu’on va bien s’entendre, c’est que c’est vrai ? ». J’ai aussi compris qu’une garde à plein temps n’était pas forcément moins facile, permettant au moins une certaine constance au quotidien. Enfin, j’avais bien conscience du fait que s’il voulait me présenter sa fille, c’est qu’il souhaitait s’engager vraiment avec moi, tout comme le fait de m’impliquer voulait dire la même chose de mon côté.

Néanmoins, le jour de la rencontre je ne faisais pas la maligne. J’avais peur de ne pas savoir quoi faire, quoi dire, de mal faire surtout ! J’ai des neveux et nièces, mais pas d’enfant. Je n’ai pas l’habitude. J’avais peur aussi de me sentir exclue de leur relation que je savais fusionnelle. De ne pas reconnaître mon amoureux, de le trouver distant, différent. Il lui avait parlé de moi avant la rencontre et je savais qu’elle était très enthousiaste ce qui m’avait enlevé un gros poids. Nous avions convenu de nous retrouver chez eux avant de partir faire une activité ensemble. Elle s’est montrée timide pendant environ 1 min 30… Puis la magie a opéré. Elle était contente de me rencontrer, elle m’a tout de suite bien aimée. Et ça a été réciproque. J’ai vite senti une connexion avec elle, qui est encore très fragile car nous nous connaissons à peine… Elle est contente que son père soit heureux, certainement contente aussi d’avoir une présence féminine supplémentaire dans sa vie. De mon côté, je trouve que nos interactions sont très naturelles et ne me demandent pas d’effort particulier. Tout est à construire, et en premier lieu son nouveau quotidien avec son père dont je ne fais pas complètement partie. Je suis présente, mais je les laisse souvent à deux pour qu’ils prennent leurs marques sans moi. Elle demande à chaque fois quand je reviens, et elle commence à se projeter en nous posant à tous les deux des questions sur le futur. Je sens qu’elle a besoin d’être rassurée sur ma constance, sur l’amour de son père à son égard, alors j’essaie de faire au mieux pour que ça soit le cas, pour qu’elle n’ait pas à se poser trop de questions. Pour l’instant, notre relation de couple n’en est que renforcée : nous réussissons quand même à trouver des moments rien qu’à deux et à les savourer d’autant plus. Et surtout, le fait que le moment « fatidique » de la rencontre soit passé et surtout se soit bien passé a débloqué les dernières barrières et craintes qu’il restait entre nous.

Tout ça n’est qu’un début, mais quel début ! Je reviendrai te raconter la suite dans quelques temps. D’ici là, si tu as des conseils pour être une super belle-mère qui déchire, je te lirai avec plaisir !

6 commentaires sur “Devenir belle-maman

  1. C’est une sacrée aventure que voilà. C’est chouette pour toi que tu aies retrouvé l’amour. Si tu cherches un média qui parle de la belle parentalité je te conseille le podcast The Cool Step Family qui aborde ce sujet avec le témoignage de familles recomposées. Tu as également des comptes Instagram qui parlent de ce sujet. J’ai hâte de lire la suite de ton récit.

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  2. Mon parcours a été un peu différent (mon beau-fils n’avait que 5 ans quand j’ai rencontré son papa, et il était en garde alternée) mais du haut de mes 13 ans d’expérience de belle-mère ☺️, je dirai que tu abordes très bien les choses et ton homme aussi, car vous faites attention à sa fille comme à votre relation, vous êtes prudents et vous vous posez des questions et c’est très sain ! (On est passé en garde principale à sa demande au début du collège, un beau signe de confiance, je trouve, et la preuve que le dialogue et l’approche « à petits pas » a été la bonne).Bien sûr, ce n’est pas simple tous les jours mais pour avoir eu un autre enfant ensemble par la suite, j’ai constaté que ce n’est pas simple non plus 🤣et que l’expérience de la famille recomposée nous a donné de sacrées armes pour affronter pas mal de difficultés. Bonne chance pour ce qui s’annonce comme une belle histoire !

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    1. Merci beaucoup pour ton partage d’expérience 🙂 Même si ça reste très récent, j’ai l’impression aussi que ces circonstances vont contribuer à nous souder. L’avenir reste incertain, sur la vie commune notamment, et on ne sait pas encore si elle restera avec nous ou bien si elle retournera habiter avec sa mère. La question d’un enfant commun se posera aussi, avec nos lourdes valises à tous les deux qui vont rendre cet engagement assez angoissant. On verra ce que l’avenir me réserve !

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  3. Bonjour, Coralie. J’attendais avec impatience d’avoir de tes nouvelles, ayant été touchée par tes articles précédents. Je suis tellement contente pour toi ! Et ton article est, comme les autres, très touchant : tu décris merveilleusement bien les débuts de cette belle histoire, avec le papa et sa fille. Ton article est aussi plein, plein de lumière et tu nous donnes aussi à nous de l’énergie. Je te souhaite plein de bonheur !

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    1. Bonjour Lucie, un grand merci pour ton commentaire qui me touche beaucoup (que de touches !). Si mes écrits peuvent apporter un peu de bonheur à ceux et celles qui les lisent, j’en suis ravie et émue, c’est exactement pour cela que je me suis lancée dans cette aventure bloguesque, sans savoir tout ce qui m’attendait à l’époque. Merci de ton soutien 🙂

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