Journal de grossesse #5 – Ma santé mentale

Journal de grossesse #5 – Ma santé mentale

Je continue aujourd’hui le récit de ma grossesse avec ce nouvel article et je viens te parler de santé mentale. Si cette grossesse a été compliquée pour moi physiquement, elle l’a aussi été moralement. Je te partage aujourd’hui les angoisses et les craintes qui m’ont accompagnée tout au long de ces 9 mois. 

Crédit photo : Pixabay

La peur de la fausse couche

Les premiers mois de grossesse, j’ai eu très peur de refaire une fausse couche ; une angoisse “justifiable” mais très présente. A chaque fois que j’allais aux WC, j’avais peur de voir du sang. Lorsque nous avons fait la première échographie de datation j’étais morte de trouille, j’avais peur de me réjouir trop vite et en même temps c’était impossible pour moi de faire comme si de rien n’était et de ne pas commencer à investir cette grossesse. Cette crainte s’est apaisée progressivement au début du quatrième mois quand j’ai commencé à sentir bébé bouger. La peur n’a pas disparu d’un coup, bien sûr,  mais j’ai commencé à moins y penser dans la journée, puis à ne plus y penser tous les jours. Mais cela restait quelque chose qui a trotté dans un coin de ma tête toute la grossesse : peur qu’on découvre une anomalie à notre bébé, peur que son cœur s’arrête de battre, peur que quelque chose se passe mal à l’accouchement…

Ce corps qui m’échappe

Avec tous mes maux de grossesse, les vomissements, les douleurs et la fatigue intersidérale, je me suis sentie dépossédée de mon corps. Je ne pouvais plus faire ce qui me faisait du bien quand j’avais un coup de mou : aller marcher ou courir par exemple. Le sport m’a énormément manqué pendant cette grossesse. Pour Petit Viking j’étais assez peu sportive et la grossesse n’avait pas changé grand-chose mais pour cette seconde grossesse, autant je savais qu’il allait falloir que j’adapte ma pratique, autant je n’étais pas préparée à devoir l’arrêter complètement, presque du jour au lendemain.

Une fois la période des vomissements passés, j’ai essayé de reprendre progressivement une activité : j’ai fait quelques séances d’aquagym et j’ai essayé de faire des séances de pilates très douce… Mais tout m’épuisait, j’avais mal partout et les séances me faisaient plus de mal que de bien.

Au-delà de la (non) pratique sportive, le fait de ne pas pouvoir faire ce que je voulais de mon corps, même des choses simples comme aller marcher ou faire des courses, a beaucoup joué sur mon moral. J’avais beau me dire que c’était provisoire, que c’était pour la bonne cause, ça n’en restait pas moins très frustrant et épuisant moralement.

La culpabilité en tout genre

J’ai énormément culpabilisé pendant cette grossesse, un vrai cercle vicieux. Je culpabilisais de ne pas aimer cette grossesse : je l’avais tellement attendue, cela faisait des années que je me rêvais enceinte, que je m’imaginais le ventre rond, dynamique et rayonnante. Et maintenant que j’étais enfin enceinte, je détestais ça ! J’ai culpabilisé de détester ça. J’ai culpabilisé de me sentir mal alors que j’avais la chance d’être enceinte et que mon bébé aille bien. Bref, je culpabilisais de culpabiliser !

Ne pas travailler

Autre élément qui m’a pesé mais que j’ai mis plus de temps à identifier : le fait de ne pas travailler. Sur le papier, être en arrêt était plutôt une bonne chose. Primo parce que ma situation au boulot était très peu épanouissante (j’avais été mise au placard et tous mes dossiers intéressants m’avaient été retirés…) et deuxio parce que, de toute façon, vu mon état physique, je n’aurais même pas pu aller travailler. Mais sur le long terme je pense que le fait de rester seule à la maison toute la journée, de ne pas vraiment avoir de rythme et de faire toujours la même chose (le ménage, les repas, le linge…) m’a pesé.

A l’époque de Petit Viking j’étais très épanouie professionnellement et j’avais travaillé jusqu’à la date de mon congé maternité (avec du télétravail quand même un peu). Cette fois-ci, j’ai vraiment manqué de stimulation intellectuelle, d’interactions, de projets, du sentiment d’utilité… J’ai entamé un bilan de compétences en début de grossesse qui a été très stimulant et qui avait la particularité d’être en groupe ce qui m’a permis de voir du monde et de créer du lien avec des gens super ! Mais cela n’a pas été suffisant et plus la grossesse avançait plus j’avais le sentiment d’être coincée dans une journée sans fin…

Je me suis aussi sentie seule pendant cette grossesse. Pourtant BAE était disponible H24 et m’a écouté me plaindre et me lamenter pendant 9 mois sans jamais faillir. J’avais des amies aussi qui se sont rendues disponibles chaque fois que j’en avais besoin. Mais mon quotidien restait assez solitaire…

La to-do list sans fin

Paradoxalement, si je ne travaillais pas, j’ai eu beaucoup de choses logistiques à gérer pendant cette grossesse. D’abord le déménagement, qui a été assez anxiogène pour moi. Entre deux vomissements, il a fallu refaire les cartons de mon appartement que je venais tout juste de finir d’aménager et même si j’étais contente de notre vie à 4 qui démarrait, c’était douloureux pour moi et un peu frustrant de devoir dire au revoir à mon chez-moi. C’était vraiment un deuil à faire et une part de moi appréhendait cette nouvelle étape. 

Il a ensuite fallu mettre mon appartement en location, trouver un locataire qui nous a finalement lâché deux mois après son aménagement. Retour à la case départ. Nous avons finalement décidé de mettre mon appartement en vente et de le louer en location occasionnelle dans l’intervalle pour essayer quand même de limiter la casse niveau financier. La to-do list a donc continué de s’allonger : faire les diagnostics obligatoires pour la vente, gérer les annonces, les visites, les relations avec les agences, gérer les réservations, le ménage et les draps entre chaque location…

En parallèle de toute cette gestion, il fallait également aménager notre nouveau chez nous dans l’appartement de BAE. Organiser les chambres des garçons, trier et ranger chaque pièce pour faire de la place et installer nos affaires, stocker provisoirement ce que nous n’utiliserions pas… C’est bien simple j’ai eu l’impression de passer mon temps à déplacer des sacs et des cartons et à ne pas savoir où était tel objet !

Une part de moi était vraiment blasée de devoir refaire tout ça alors que je venais juste de terminer mon appartement où chaque chose avait parfaitement sa place. J’ai eu (et j’ai encore) l’impression de faire rentrer au chausse-pieds toutes nos affaires dans l’appartement. Il a fallu trouver un équilibre pour que le quotidien soir vivable tout en gardant en tête que cet aménagement était de toute façon provisoire vu que l’idée était d’acheter une maison et qu’il faudrait recommencer tout ça, avec un double déménagement, dans quelques mois.

Il a fallu aussi préparer les affaires de bébé : récupérer tout ce qui nous fallait à droite et à gauche, laver les vêtements des deux grands, trouver une place à tout ça.

Et s’ajoutait à ça la vie quotidienne avec deux enfants, les devoirs, les activités, les repas…

Bref, il y avait toujours des choses à faire… J’ai eu le sentiment de ne jamais pouvoir vraiment me poser. Bien sûr je n’étais pas toute seule et BAE a géré énormément de choses et m’obligeait régulièrement à aller faire la sieste. Mais la liste des trucs à faire continuer à défiler dans ma tête.

Toute cette situation a entraîné chez moi une grande sensation de lassitude et d’épuisement émotionnel. Avec cette to-do list sans fin, j’avais le sentiment de ne jamais pouvoir souffler et avec mes douleurs je me sentais complètement inefficace. Bref, c’était un peu la double peine. Je pleurais très souvent, j’étais régulièrement angoissée et stressée et j’ai même fait une terreur nocturne !

Le fait de ne pas pouvoir aller marcher et de très peu sortir n’a pas arrangé le phénomène. La seule chose qui me relaxait, physiquement et émotionnellement, était de prendre des bains. Je ne te raconte pas la facture d’eau chaude au dernier trimestre. 😉

J’ai eu la chance d’être bien entourée professionnellement sur ces questions : par mon médecin traitant, qui est vraiment incroyable et qui m’accompagne depuis un petit moment notamment par rapport à mes problématiques professionnelles ; par ma sage-femme aussi qui a toujours pris le temps de m’écouter et qui a aussi pris son téléphone pour me prendre rendez avec une des psychologues de la maternité. J’ai fait quelques rendez-vous avec cette psychologue et ça m’a permis de vider mon sac.

Et bien sûr, mon meilleur soutien, mon amoureux, qui a été présent à chaque instant de ces neufs mois, à m’écouter, me rassurer, m’épauler, me déculpabiliser et sur lequel j’ai pu m’appuyer. ❤️

Et toi ? Tes grossesses ont-elles été compliquées à vivre moralement ?

Un commentaire sur “Journal de grossesse #5 – Ma santé mentale

  1. Quelle grossesse compliquée. Le bien être mental est tellement important pour la grossesse.

    J’espère vraiment que tu vas mieux.

    Ici aussi, je n’ai pas pu faire de sport pendant mes 2 grossesses. Où plutot vu que je ne suis pas très sportive, j’ai perdu la capacité de monter un étage à pieds sans m’arrêter au milieu et cracher mes poumons.

    J’étais aussi assez déprimé par le manque de sommeil car j’ai fait des insomnies bien avant l’accouchement.

    J’ai travaillé jusqu’au bout ou presque (pas de congé mat avant l’accouchement ici, donc je n’ai posé que 2 semaines de vacances). Et franchement avec la fatigue et la déprime j’aurais préféré pouvoir me reposer. Mais je te comprends car je me suis sentie tellement seule les premières semaines après la naissance.

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