Tour du monde en famille – Le retour

Tour du monde en famille – Le retour

« Au fond, je crois que la Terre est ronde pour une seule bonne raison, après avoir fait le tour du monde, tout ce qu’on veut, c’est être à la maison. » Orelsan

Après 7 mois et demi de voyage, c’est vrai que nous avions envie d’être à la maison, enfin, surtout les filles, heureuses de retrouver leur univers bien à elles. Leurs jouets, leurs chambres, leurs copines… Nous avons passé deux semaines dans nos familles, voir combien mon neveu avait grandi, retrouver les amis autour d’un bon repas spécialement concocté pour notre retour. Une parenthèse enchantée avant de prendre la route pour rentrer chez nous (eh oui, car nous ne vivons pas près de nos familles).

Quel bonheur de retrouver son propre confort : dormir dans son propre lit, retrouver les bruits particuliers de chez-soi… La deuxième nuit, la benjamine a eu du mal à accepter qu’elle allait de nouveau dormir toute seule dans sa chambre. Après des mois à toujours partager une chambre, voire un lit ou une banquette de camper van, elle avait pris l’habitude d’avoir la présence rassurante d’au moins une sœur avec elle. Mais elle s’est très vite réhabituée, à tel point qu’elle a eu du mal à accepter de partager son lit quand nous sommes allés en vacances chez les grands-parents aux vacances de la Toussaint !

C’est joli aussi la France ! – Photo personnelle dans un coin d’île de France

Passée l’euphorie de la reconquête de notre chez-nous, l’attrait de la simili nouveauté a vite disparu. On pourrait croire qu’après un voyage pareil, on garde en tête toutes les images et toutes les émotions du voyage. Mais c’est sous-estimer la force du quotidien, le rouleau-compresseur des habitudes et la violence dans laquelle nous vivons chaque jour.

Je m’attendais à ce que ce soit dur car je l’avais déjà vécu à notre précédent retour en 2012. Mais alors qu’à l’époque nous n’étions que tous les deux et pouvions échapper à notre quotidien beaucoup plus facilement, cette fois-ci, ça a été plus difficile à vivre.

Nous avons repris travail et école tous en même temps, le 2 septembre. La première semaine était amusante, les filles redécouvraient l’école, nous découvrions notre nouvel environnement de travail, nouveaux collègues (quoique pour ma part, j’avais déjà travaillé à cet endroit 6 ans plus tôt et ce fut réconfortant de retrouver des têtes connues).

La deuxième semaine et les suivantes ont passé comme un éclair. J’ai du mal à croire que l’année est presque terminée, et que j’en ai passé plus de la moitié en vacances, tellement j’ai l’impression de n’être jamais partie.

Se lever, se doucher, s’habiller, réveiller les enfants, préparer le petit déjeuner, surveiller l’heure, les amener à l’heure, filer dans le premier tram venu, perdre 45 minutes pour se rendre à un endroit qu’on n’a pas vraiment choisi, où on fait des choses qu’on aime un peu mais pas tellement, discuter des mêmes sujets, toujours, entendre les mêmes réflexions sur la cantine, sur bidule qui est vraiment un incompétent ou sur machine qui n’utilise pas le bon formulaire pour faire ses demandes de fournitures que de toute façon tu n’auras pas parce qu’il n’y a plus de budget mais en fait en novembre ils vont nous dire qu’il faut tout dépenser parce que sinon l’an prochain on n’aura moins d’argent… Et puis, surveiller l’heure, encore, pour aller récupérer les enfants avant la fermeture de la garderie. Passer pour une mère absente parce qu’elles sont toujours dans les dernières à partir et accepter le fameux « pourquoi tu n’es pas venue nous chercher plus tôt, maman ? ». Alors, s’intéresser à leur journée, sans trop leur faire sentir qu’il va falloir accélérer le mouvement parce qu’il va falloir vérifier si les devoirs sont bien fait si ce n’est pas les faire, tout en préparant le repas du soir auquel on a soigneusement pensé pendant les 45 minutes perdues sur le trajet du retour. S’entendre répéter mille fois par soir qu’il faut aller à la douche, venir manger ou aller se coucher. Se sentir vanné alors qu’on a concrètement pas fait grand-chose à part aller au bureau, mais l’énergie dépensée à ne pas se mettre à hurler que tout ça est absurde nous épuise.

Et puis, petit à petit, ce sentiment de vie redondante s’atténue au détour d’un repas entre amis, d’une sortie avec les enfants, d’un coup de fil bienvenu. Alors, on ouvre de nouveau les yeux et on voit le monde qui nous entoure. Le sourire du chauffeur de bus, le regard bienveillant d’une vieille dame, l’innocence d’un bébé contre sa maman. On lève le nez et on voit la belle architecture de la ville au-delà de la misère qu’elle génère, même ici, dans notre doux pays de privilégiés.

On se rappelle qu’ici ou ailleurs, notre vie sera belle parce que nous sommes ensemble, parce que nous l’avons décidé, parce que les rires de nos enfants et les souvenirs partagés valent bien quelques semaines de tourmente. On rééquilibre doucement et on y arrive. On fait de nouveaux projets, on apprend à être plus forts encore, on change un peu avec un pas de côté, on se sent plus clairvoyant, plus indulgents peut-être, sur tout ce qui nous entoure, mais aussi peut-être malgré tout un peu plus… résignés. Il faut bien admettre que l’âge amène la sagesse. Aujourd’hui, j’accepte bien mieux ce que je suis. J’inspire, j’expire, j’apprécie vraiment tout ce que j’ai, tout ce que je suis.

Le goût du voyage s’est collé sur les lèvres de nos filles. Pourra-t-on aller au Japon cet été demande la cadette, je souhaite faire un nouveau voyage soupire l’aînée en soufflant ses bougies, j’ai envie de visiter l’Italie s’exclame la plus jeune.

C’est quand les prochaines vacances ?

10 commentaires sur “Tour du monde en famille – Le retour

  1. C’est un bel article de fin. Comme c’est chouette de partager le goût du voyage en famille ! (J’espère que vous avez le budget pour tous ces voyages.)

    Ca laisse sous entendre qu’en voyage vous n’aviez pas d’horaires et que tes enfants allaient se coucher d’elles même. Il y avait aussi peu de contraintes en voyage ?

    Est ce que ce que vous avez vécu vous donne envie de changer de travail ou de mode de vie ?

    J’ai quelques pratiques sur votre voyage :

    • comment avez-vous géré les bagages ? En Asie vous étiez en sac à dos ? Vous avez réussi à prendre suffisament de voyage pour les différents climats ? Pas trop galère de se déplacer avec les sacs ?
    • quand décidiez vous du planning de la journée, des hôtels à réserver… ? La veille pour le lendemain ou plusieurs semaines à l’avance ?
    • est ce que les filles n’en ont pas eu marre pendant le voyage de voir des villes ou des paysages ? est ce que vous vous contentiez de faire les visites ou est ce que vous avez des choses spécifiquement pour les enfants ?

    Tu n’as pas parlé dans tes articles des potentiels problèmes rencontrés ou des changements d’itinéraires de dernières minutes ? Tout s’est passé comme prévu ? Quels sont les tops et les flops de votre voyage selon toute la famille ? Qu’est ce qui a été plus dur que prévu et qu’est ce qui fut plus facile ?

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  2. Merci d’avoir suivi avec assiduité !
    On a repris le boulot donc le budget va regrossir pour de nouveaux voyages 😊

    Il n’y avait pas d’horaires en voyage, mais un cycle assez naturel avec le soleil… Elles se couchaient plus tard qu’en France mais pas d’abus non plus, elles étaient ko le soir en général ! Personne ne se levait très tard donc on avait toujours de belles journées devant nous. Les seules contraintes c’était quand il fallait prendre un avion ou un train…
    En bagage nous avions des sacs à dos sur tout le voyage (j’avais fait un article dessus tu devrais retrouver sur le blog je pense)
    On avait pris que des vêtements d été et nous avons acheté en Australie quelques vêtements plus chauds pour la Nouvelle Zélande (et des chaussettes!!)
    Facile de se déplacer avec les sacs à dos en Asie car souvent en taxi pour les gros déplacements, en Australie et Nouvelle Zélande les sacs sont restés dans le camping car, au Japon il a fallu les porter plus souvent car nous prenions le train et ils étaient plus lourds qu’au début du voyage mais on prenait des apparts pas loin des gares pour éviter de porter longtemps. Ça s’est bien fait!
    Nous réservions au moins 2 étapes à l’avance, pour le Japon nous avons tout réservé en mars pour juillet car à 5 et période d’été nous savions que ce serait compliqué de le faire sur place.
    New York était réservé avant notre départ car c’est dur de trouver un logement abordable, et Singapour aussi.
    Les filles ne se sont pas lassées, c’était varié et nous les écoutions aussi si elles n’avaient absolument pas envie de faire une sortie c’est arrivé, mais rarement, qu’on reste tranquille au bord d’une piscine ou dans l’appartement loué. (C’était par contre hors de question à New York et Singapour comme on n’avait peu de temps, on les a rincées !!)
    On choisissait les visites en fonction de nos envies et toujours en se demandant si ça pouvait les intéresser. En général si ça nous passionnait, elles étaient enthousiastes aussi (l’avantage de leurs âges aussi…)
    On a fait aussi des trucs rien que pour elles.
    Il y a nos tops et nos flops sur mon blog perso que tu peux aussi aller voir : vivonslinstantplaisant.wordpress.com

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    1. Merci pour ce commentaire, et oui heureusement il faut voir les échappatoires, qu’on a du mal à repérer quand on replonge dans le quotidien après une pause. Mais ça revient et on s’adapte à presque tout…

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  3. Article passionnant ! Très bien écrit, il met le doigt sur des points essentiels je trouve. J’aime beaucoup notamment votre terme de « rouleau compresseur » pour décrire avec quelle force l’habitude, la routine occupent insidieusement et très vite toute la place dans notre vie, dans notre esprit, quand bien meme on revient d’un long voyage extra-ordinaire. Les voyageurs évoquent rarement cet effet… Comment ré-enchanter alors sa vie pour se protéger des effets délétères du quotidien ? Pour moi, on devrait toujours avoir cette question présente à l’esprit (à laquelle d’ailleurs vous répondez très bien à la fin de votre texte ! ). Et parce qu’on ne peut pas toujours être dans la nouveauté, dans le dépaysement, parce qu’on ne peut pas vivre seulement dans l’attente du prochain départ ou des vacances, il est très précieux, je pense, de développer des « armes ». Ainsi, pour moi, cultiver absolument sa richesse intérieure pour s’émerveiller de ce que l’on a autour de soi, d’abord notre entourage (que bien souvent on « ne voit plus ») et essayer de voir la beauté de notre environnement. Je me souviens ainsi d’une vieille voisine qui arrosait régulièrement une maigre petite fleur qui avait poussé dans les interstices de son bout de trottoir… Quand je la voyais faire, ça me mettait en joie pour aller travailler. Et il y a plein d’autres exemples certainement de ce type…Merci en tout cas pour votre récit sensible et vos réflexions en retour ! 🙂🙏.

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    1. Merci pour votre commentaire ! Oui, ce n’est pas évident de retrouver de l’enchantement dans le quotidien, ça demande un petit effort même s’il suffit de pas grand chose…Avant hier en marchant pour aller travailler, j’ai juste levé la tête vers le ciel et là j’ai vu un vol d oies, ça a fait le bonheur de ma journée, ils sont précieux ces petits moments magiques impromptus, et ils sont pourtant sous nos yeux…
      J’aime beaucoup l’image de cette fleur qui pousse aidée par la vieille dame dans un environnement pas prévu pour ça au départ, c’est poétique et si révélateur de la force de la nature face aux attaques humaines… 😅

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