Nino il mange téton
Cet article fait suite à celui de la semaine dernière, racontant l’allaitement de la Poupette. Cette fois, c’est au tour de Nino.
Quand on a décidé d’avoir un deuxième enfant, l’allaitement était cette fois une évidence : on savait faire, easy.
Et Nino est né. Il est arrivé exactement au moment attendu, exactement comme attendu. Dans la salle de naissance, je le mets au sein immédiatement. Il tourne la tête (!), chope le sein (!!) et tète, tète jusqu’à avoir du colostrum qui coule de partout. Et il tête fort ! Bien plus fort que la Poupette.
Ce petit bonhomme est né pour téter. Dès le début, c’est super facile. Je craignais vaguement de démarrer un allaitement « avec un bébé » (versus « avec un tire-lait »), d’avoir mal ou des crevasses, mais : RIEN.
J’avais aussi vaguement peur d’avoir pas tout à fait assez de lait pour un si gros bébé, mais là aussi : rien à signaler. D’ailleurs, il adore téter. Seul truc un peu relou, il avale beaucoup d’air, on a un peu tout essayé sans succès, faut le faire roter toutes les 5 minutes et ça peut parfois être très long, auquel cas il râle tant qu’il peut. La nuit particulièrement, ça nous vaut de longues pauses de sommeil (oui parce qu’autant la tétée c’est moi, autant le rot on partage avec Mr Sans Chaussettes).
Autant pour la Poupette j’étais parfois ambivalente, autant avec Nino : j’adore allaiter. Vraiment. C’est mon moment tout doux avec ce deuxième bébé qui arrive en plein chaos des 2 ans. Je ne suis plus du tout dans la procédure, mais vraiment dans le lien et le câlin. La Poupette, qui a alors un peu plus de deux ans, nous dit « Nino il mange téton », et c’est tellement mignon que c’est resté.
J’ai quand même ressorti mon tire-lait. Dès la maternité. Au début, je tirais quelques mL quand j’avais mal. Et puis très vite, des la sortie de la maternité, on a décidé avec Mr Sans Chaussettes que je m’arrangerais pour toujours avoir un biberon au frais. Comme ça, je peux m’occuper de la Poupette sans m’interrompre. Par exemple : pour le coucher, qui chez nous à ce moment là pouvait prendre 1h30. Donc Nino a eu, comme sa sœur, des biberons de lait tiré dès quelques jours de vie. Autant la Poupette s’en accommodait parfaitement, quelque soit la température du lait, autant lui nous a bien expliqué qu’il préférait nettement l’original. Mais bon gré mal gré, il s’est laissé convaincre à condition qu’on tiédisse son repas.
À la reprise du travail, j’ai emmené mon tire-lait. Toujours le petit tire-lait manuel, définitivement mon préféré.
J’ai aussi repris le don de lait, à peu près un petit pot par jour qui est parti au lactarium. Et j’ai tiré mon lait partout.
Dans l’Eurostar (premier déplacement à Londres quand Nino avait 4.5 mois !). Au bureau. Chez mon client (best vue de tout Paris). Dans une conférence un peu chic. Dans un vestiaire avant un match de rugby. À chaque fois, j’arrivais en demandant un frigo et en tendant mon petit sac congélation « bonjour, est-ce que vous auriez un frigo ? C’est du lait maternel ! ». J’ai eu un paquet de regards surpris et de poker face mais on m’a toujours aidée. Mes collègues étaient au courant. Je n’ai eu aucun commentaire désobligeant, même si certains étaient mal à l’aise (et dans ce cas je ne pousse pas le militantisme jusqu’à la sur-exposition, je range le tire-lait dans mon bureau et je m’eclipse discrètement pour tirer – même si je réponds toujours franchement quand on me demande où je vais). J’ai même tiré mon lait devant une cliente Indonésienne qui n’en avait rien à cirer (moi non plus – d’autant plus que je savais que le sujet n’était pas du tout tabou entre femmes dans sa culture).




Quand Nino a eu 9 mois, j’ai commencé à vouloir faire comme la Poupette, passer en allaitement mixte. On a tenté un biberon de lait maternisé : il n’était PAS convaincu. Il faut savoir que lui aussi a fini par être diagnostiqué allergique aux protéines de lait de vache vers ses 6 mois, et le lait pour bébés allergiques est apparemment pas hyper appétant.
C’est à ce moment là que l’histoire s’est arrêtée d’un coup. Le sevrage s’est fait de la manière la plus brutale qu’il soit, lorsqu’il nous a quitté. Moi qui avait mis des semaines à sevrer la Poupette, en quelques jours je n’avais plus de lait. Ces moments où je devais vider mes seins parce qu’ils étaient trop douloureux alors qu’il n’était plus là, ce sont des moments pour lesquels je n’ai pas de mots tellement ils étaient absurdes. Hors sol. Dissociés, aussi. Mais très vite ça s’est terminé, j’imagine que le choc a « aidé ».
Aujourd’hui, je me prépare pour un troisième allaitement, qui j’imagine sera encore différent des deux premiers. Je ne suis pas sure de rempiler pour un don de lait. On verra. Je ne sais pas si ce bébé sera né pour téter ou aura plus de difficultés, on avisera. Je ne sais pas non plus si ce bébé acceptera les biberons de lait tiré, parce qu’on a toujours la même stratégie. Ou peut-être qu’il les préfèrera et je devrais m’en accommoder. On verra.
En tout cas, je fais partie de celles qui ont de la chance. De la chance de pouvoir allaiter un an un bébé grâce à un tire-lait. De la chance de pouvoir maintenir une lactation pendant des mois avec une petite pompe manuelle. De la chance aussi d’avoir les bonnes conditions pour que ce projet devienne réalité. De la chance d’avoir beaucoup de lait, et zéro douleurs. Et de la chance d’apprécier allaiter, même si oui, c’est une forme d’aliénation puisque je suis la bouffe, et donc je ne peux m’échapper.
Notes : don de lait et lactarium. Le don de lait, c’est super facile. Un coup de fil au lactarium le plus proche, et ils te donneront les conditions de don.
C’est en général en fonction de la distance au lactarium. Pour la Poupette, on habitait relativement proche, le transporteur passait tous les 1 ou 2L je ne sais plus.
Depuis Nino, on habite beaucoup plus loin, et le transporteur ne passe que pour 5L minimum, ce qui est énorme et demande un allaitement long et beaucoup de place dans le congel.
Il y a aussi un questionnaire à faire viser par ta sage-femme et une prise de sang à faire et à confier au transporteur (toujours étrange de garder un petit tube de son sang dans le frigo mais enfin bon, tout se fait).
Tout le matériel (sauf le tire-lait) est livré à domicile : petits pots, mode d’emploi et pastilles stérilisantes. Il faut garder le tire-lait stérile, mais c’est très facile vu que le lactarium fournit des pastilles à dissoudre dans l’eau (changer le liquide toutes les 24h). Moi je gardais le tire-lait dans la solution stérilisante et je sortais juste les morceaux au moment de tirer. Une solution au bureau, une à la maison, et roule. Tous mes tirages, que ce soit pour le don ou pour Nino, ont été faits dans les mêmes conditions, je congelais juste un pot par jour pour le lactarium – ou plus si j’avais du surplus.
Fun facts :
1. Quand le transporteur est venu chercher le lait au premier don de Nino … Il a reconnu la maison !!! Je suis dans un tout petit village et apparemment la dame avant moi donnait aussi.
2. Les deux fois, j’ai donné exactement la même quantité sans le vouloir: 8.6L


C’est si mignon ces petites coïncidences dans tes notes de fin d’article
Je te souhaite le meilleur pour cet allaitement ❤
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Je suis tellement désolée pour toi, pour vous… La fin m’a choquée, je ne m’y attendais pas… J’ai dû remonter le fil de tes articles parce que je me suis dit : »c’est pas possible ». Et si, pourtant. Je t’envoie toute ma sympathie. C’est un bel hommage à Nino de le découvrir au travers du prisme de l’allaitement. Je te souhaite une belle aventure avec ce troisième bébé.
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Merci beaucoup 💙
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Je trouve aussi que c est un très bel hommage à Nino, de parler de ces souvenirs avec lui sans tabou. Il a du kiffer ces tétées 😉 .
Combien fait un petit pot de lait ? Parce que la collec’ de pots à Londres est impressionnante !!
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Un petit pot c’est 100 a 150mL de mémoire 😉
Du coup imagine le collecteur de lait venu chercher 5L d’un coup pour le lactarium !
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Beau témoignage en effet. Je vous souhaite tout le meilleur pour la suite.
Chapeau pour les presque 18L donnés, ça a pu fournir un grand nombre de repas pour la neonat’ !
Le « matériel » doit dépendre des lactariums car moi ils ne fournissaient que les pots de collecte et pas les pastilles de stérilisation. Je ne stérilisais d’ailleurs à l’eau bouillante que pour les tirages pour le lactarium (je tiré-allaitais et j’avais plusieurs sets pour le tire-lait).
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Merci pour tes articles sur l’allaitement ! Et whaou je suis réellement admirative pour ta capacité à tirer ton lait partout. J’allaite également, j’aime ça et je ne me verrai pas faire autrement par contre je n’ai jamais réussi à instaurer un moment tire-lait dans ma journée. C’est génial que tu ai pu donner autant de ton lait ❤
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Merci ! Il y a une part de chance, il me faut 10 minutes par sein pour obtenir de belles quantité. Ça aide beaucoup. Et puis après on fait toutes comme on peut, selon nos corps et nos histoires !
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