Chapitre 1 : le père noël n’existe pas
Comme l’année dernière, les chroniqueuses ont écrit une petite histoire à plusieurs mains pour attendre Noël. En espérant que ça te plaise !
Samuel entendait les éclats de voix de Papa et Maman au loin. Il ouvrit un œil, se retourna dans son lit. C’était rare de les entendre se parler aussi fort tout de même. Son esprit se mit à vagabonder, son copain Djibril lui avait déjà raconté qu’avant de se séparer ses parents se parlaient avec beaucoup de cris. Malgré la fatigue, la curiosité de Samuel fut piquée : « De quoi peuvent-ils bien parler ? ». Il s’approcha doucement du palier, et c’est la colère dans la voix de son père qui le surprit en premier. Il l’entendit crier :
– Non mais, elle et ses principes à la con ! Si c’est comme ça, on ne passe pas Noël avec eux.
– Moins fort, lui répondit Maman, je ne veux pas que les enfants nous entendent.
Dans un sens Samuel était un peu rassuré, ils semblaient fâchés contre une tierce personne et pas l’un contre l’autre.
– Elle fait ce qu’elle veut chez elle, mais imposer ça à tout le monde, en se posant en chantre de l’honnêteté, c’est rageant, essaya de chuchoter son père.
– Mais moins fort, bon sang ! S’énerva Maman à son tour. Je comprends que ça nous mette tous un peu dans la panade mais on avait toujours dit qu’on ne pousserait pas non plus la croyance du Père Noël, contre vents et marées, il est peut-être juste temps, ajouta-t-elle.
– Il sera temps quand les enfants voudront nous questionner sur le sujet, répondit Papa. Là c’est juste parce que ta sœur a décidé qu’elle dirait à tout enfant qui l’approche qu’en réalité, le Père Noël n’existe pas.
Samuel fut abasourdi par ce qu’il venait d’entendre. Djibril lui avait déjà dit que le Père Noël n’existait pas partout et que, chez sa mère, il n’y avait pas de Père Noël. Samuel avait toujours été intrigué par l’idée que le Père Noël passait dans sa rue, la rue des Abrets, mais n’existait pas rue Emile Zola. Il en avait parlé avec Zoé qui lui avait apporté une réponse qui jusque-là faisait sens :
– Il existe probablement mais n’a pas le même nom
– Mais oui, s’était-il dit, il avait probablement un autre nom ! Il y a bien des pays où on l’appelle Santa Claus.
Tout de même, là, ce que semblait dire Papa, c’est qu’il n’avait jamais existé du tout. Ce n’était pas une simple question de nom. Et surtout, si eux le savaient, que pouvait bien leur apporter l’idée de faire croire aux enfants que le père Noël existait ?
Soudain, comme une violente claque au visage, Samuel pensa à sa sœur. Anouck adorait Noël. Elle en parlait dès septembre. Après les grandes vacances pour Anouck, il y avait deux évènements majeurs, la rentrée des classes et la longue attente de Noël. Qui allait lui annoncer que le père Noël n’existait pas ? “Pas moi !” se dit Samuel.
Sa petite sœur Anouck était drôle et très attachante, pas comme les petites sœurs de ses copains. Comme lui, Anouck aimait les dinosaures et les histoires de fantômes. Elle riait très fort, et faisait les meilleurs câlins du monde. Comme disait Papa, tout ce qu’Anouck avait en trop, comme son chromosome par exemple, ne faisait que la rendre encore plus exceptionnelle. “Non pas moi, ni personne d’autre. Personne n’arrachera le Père Noël à Anouck” se dit Samuel.
Bien décidé à ce qu’Anouck ne découvre pas que le Père Noël n’existait pas, Samuel s’endormit rêveur : comment allait-il garantir à sa sœur la magie de Noël et la présence du Père Noël ?
Le lendemain, après avoir déposé Anouck dans sa classe de maternelle, Samuel en profita pour demander à son père si le Père Noël existait. Papa s’arrêta net. Il bouillonnait. La question de Samuel ne pouvait pas être anodine, il les avait forcément entendus discuter de cela la veille.
Le père de Samuel réfléchit vite et dit à son fils :
– Le Père Noël existe dans le cœur des enfants qui y croient.
– Mais alors Papa, si je n’y crois pas, c’est qu’il n’existe pas ?
– Le Père Noël existe à sa manière. On le voit dans beaucoup de jolis contes de Noël : tous les 24 décembre au soir et 25 décembre au matin, on raconte que le Père Noël passe dans les maisons pour apporter des cadeaux, il…
L’homme ne put terminer sa phrase que son fils demanda :
– Mais c’est bien lui qui offre les cadeaux ?
– Qu’en penses-tu, toi ?
Le petit garçon se rappela le premier Noël d’Anouck. Elle avait 2 ans et demi (elle était trop petite pour profiter des précédents). Ils étaient chez Papi et Mamie, à Paris, avec leurs cousins, Paul et Nina. Ils avaient joué ensemble toute la journée, redécouvrant les jeux d’enfance de leurs parents, restés chez les grands-parents. Samuel avait presque oublié que c’était ce soir, Noël, mais Anouck avait eu l’air impatiente toute la journée. Quand elle ne surveillait pas la fenêtre, elle caressait la nappe étoilée, jouait avec la petite crèche au pied du sapin, ou redressait les guirlandes. Maman avait lu une histoire sur les traditions de Noël. Anouck s’était dépêchée d’accrocher ses minuscules chaussettes près du radiateur de l’entrée (elle en avait aussi mis une paire près du four, au cas où) et elle avait tanné Maman pour qu’elle prépare des biscuits et du lait pour le gros bonhomme, ainsi que des carottes pour ses rennes.
Après le dîner, qu’ils avaient tous pris dans leurs habits de fête, Anouck était barbouillée de chocolat et avait les yeux étincelants et les joues rouges. Maman, Mamie et Tonton Phil faisaient de la musique ensemble. Les enfants riaient, la maison était pleine de bruits de bonheur, et ça faisait tourner la tête de Samuel. La nuit était là depuis un moment déjà, le Père Noël n’allait sûrement pas tarder… Sur l’impulsion des grands qui venaient de finir leur partie de cartes, tous les enfants montèrent à l’étage se brosser les dents. C’était un joyeux bazar, on se poussait autour de l’évier, on échangeait les dentifrices, Nina aidait les petits à frotter comme il faut en chronométrant Samuel, Anouck et Paul avec sa belle montre qui brillait. Tout à coup, on entendit la porte d’entrée se refermer, et un son de grelots s’éloigner.
Il y eut un moment de stupéfaction, suivi d’une énorme bousculade dans les escaliers. Les enfants arrivèrent tout emmêlés au rez-de-chaussée, juste à temps pour voir les empreintes de grosses semelles pleines de neige fondre dans l’entrée. En entrant dans le salon, tous les adultes les regardaient, un monceau de cadeaux près du sapin. Les carottes avaient disparu. Ils avaient loupé le Père Noël… Anouck en avait pleuré de dépit.

Très joli début de conte ! J’ai hâte de lire la suite demain !
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Quelle bonne idée! Voilà un cadeau de Noël auquel je ne m attendais pas!! Merci à toutes, j ai hâte d avoir la suite!!
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