Chapitre 5 : la magie de Noël

Chapitre 5 : la magie de noël

Comme l’année dernière, les chroniqueuses ont écrit une petite histoire à plusieurs mains pour attendre Noël. Toute l’équipe te souhaite de très belles fêtes.

Samuel la salua du bout des lèvres et la regarda vider ses poches et sacs d’un air suspicieux. Il s’était rendu compte quelques jours auparavant que sa tante n’allait peut-être pas attendre la fin de l’ouverture des cadeaux pour vendre la mèche à toute la famille. Son plan tomberait alors à l’eau. Ne trouvant pas de solution plus probante, il avait décidé de passer la soirée à éloigner son cousin et sa soeur de Tatie Clémentine. 

Il porta son attention sur son cousin Paul, qui venait d’entrer dans la maison en frétillant. Paul, lui, était dévoré d’impatience à l’idée d’enfin savoir si, oui ou non, le Père Noël existait. Ce serait si incroyable ! Toutes ces années perdues à penser que ses parents apportaient les cadeaux alors que c’était en fait des lutins qui les cachaient sous le sapin ! 

Samuel se sentit revigoré en voyant son cousin si joyeux. Ce n’était pas son objectif principal mais voir que sa petite combine rendait son jeune cousin si heureux lui mettait du baume au coeur. La magie de Noël allait se répandre sur plus d’une seule personne ce soir. Nina confirma son impression en lui adressant un clin d’oeil en accrochant sa veste au porte-manteau. 

La soirée débuta sans encombre ni alerte de la part de Tatie, qui semblait se concentrer sur des sujets bien plus importants comme l’augmentation du prix de l’essence ou l’énième caprice de son chef. Samuel veilla à ce que les enfants restent jouer dans le bureau de l’autre côté du couloir et supplia sa maman de les faire manger le repas là-bas plutôt qu’avec les adultes à la grande table. Maman hésita mais en voyant Tatie Clémentine finir son cinquième verre de champagne, elle estima qu’il n’y aurait pas d’opposition de ce côté et dressa la table des enfants comme demandé. Anouck et Paul piaillèrent à l’idée de manger “comme des grands” à une table préparée spécialement pour eux. 

Les enfants avaient fini leurs assiettes et les adultes allaient entamer le plateau de fromage lorsque Samuel vit sa maman filer discrètement vers la porte du jardin puis entendit des chuchotements au bout du couloir. Il pencha sa tête par la porte et vit Aïssa, les bras chargés d’un gros paquet en tissu blanc brillant, comme un morceau de banquise. Le nounours ! Maman, elle, tenait un autre paquet vert, qui semblait tenir grâce à une corde dorée enroulée autour. Les deux femmes mirent un doigt sur leurs lèvres pour lui intimer de se taire et lui firent signe d’approcher. 
– Alors, tu es prêt ? fit Aïssa. J’espère que ça fonctionnera ! Vous me raconterez ! 

Samuel ne sut pas quoi dire, tant la gentillesse et la générosité d’Aïssa le frappa une fois de plus. Maman le regardait d’un air attendri, quoiqu’un peu soupçonneux également. Elle n’avait toujours pas eu le détail de l’affaire et se demandait bien ce qui se tramait – c’était son thriller de Noël à elle. Après avoir caché les cadeaux dans un placard de la cuisine, elle retourna à ses invités, juste à temps pour entendre sa sœur ronchonner contre “les mythes qu’on sert aux enfants juste pour se rassurer soi-même”. Samuel, qui la suivait, entendit sa tante et se figea instantanément. Pas question de la laisser tout gâcher ! Il fit demi-tour et courut vers le bureau, en referma la porte puis proposa à ses cousins et sa sœur un nouveau jeu, suffisamment bruyant pour cacher tout soupçon de conversation venant de la salle à manger. 

Un généreux dessert et un verre de jus de fruits plus tard, Papa annonça aux enfants qu’il était temps d’aller se laver les dents et se préparer pour la suite de la soirée. Anouck fit des petits bonds surexcités, persuadée que cette année enfin, elle allait apercevoir le Père Noël. Les enfants montèrent vers la salle de bains, partageant leurs idées et espoirs de cadeaux. Samuel et Nina se jetèrent un regard entendu en arrivant en haut des marches. En se retournant, Samuel aperçut son père sortir par la porte d’entrée, vêtu du simple pull qu’il avait porté toute la soirée. Il fronça les sourcils puis se dirigea vers Anouck qui l’appelait pour l’aider à préparer sa brosse à dents. 

Les enfants étaient presque prêts à descendre, quand on entendit des éclats de voix en bas qui ne pouvaient qu’être ceux de tatie Clémentine. Samuel sentit l’inquiétude monter d’un coup. On y était presque ! Pourvu qu’elle ne gâche pas tout au dernier moment ! Cependant, en arrivant en bas : 

– Mais enfin, ils vont bien se douter de qui a apporté ça ! C’est tellement évident ! Ils ne sont pas bêtes, tu sais ! 
– Clem, je sais qu’ils ne sont pas bêtes, au contraire. Il faut penser au-delà de ce qui est logique ou raisonnable, on ne le fait pas pour ça. 

Samuel serra les mâchoires en voyant sa tante les poings sur les hanches, prête à défendre la réalité plutôt que le mythe, le concret plutôt que l’émerveillement. Immédiatement, il essaye de détourner l’attention de tous en s’écriant : 

– Olala mais vous avez vu ?! Tous les cadeaux au pied du sapin ! Anouck, Paul, regardez, il y en a plein ! 

Les deux petits se précipitèrent vers les cadeaux, bousculant le pauvre conifère au passage. Maman distribua un cadeau à Anouck et Samuel tendit le gros paquet blanc brilliant à Paul. 

– Tiens, il y a ton nom sur celui-là. 

Paul, curieux, déchira le papier avec impatience et ouvrit grand la bouche en découvrant l’énorme et magnifique ours en peluche qu’il tenait à bout de bras. Il n’en revenait pas. Le Père Noël avait donc lu vraiment sa lettre ? Un autre cadeau portant son nom lui fut tendu, révélant à l’intérieur ce qui ressemblait à un amas de toile verte. Paul hésita et jeta un œil à sa maman, qui ne semblait pas savoir de quoi il s’agissait. Il sentit alors des papillons dans son ventre. Un schéma qui tomba de la masse de tissu révéla le dessin d’un tipi, avec un lit en dessous. Paul était éberlué. Le Père Noël lui avait réellement apporté tout ce qu’il avait demandé. Pas comme quand Maman ne le laissait choisir qu’un seul cadeau dans le magasin, avant de l’emballer devant ses yeux en attendant Noël. 

– Il est incroyable, le Père Noël, en fait, chuchota le petit garçon, tout ému. 

Clémentine tenta d’intervenir : 

– Mais mon chéri, tu sais bien que…
– Ils font des choses géniales, les lutins du Père Noël, hein Paul ? la coupa Samuel sans la regarder. 

Sa tante lui jeta un regard agacé. Avant qu’elle n’ait pu ajouter un mot, Papi s’exclama bruyamment en regardant pr la fenêtre :

– Oh, on attend encore un invité ? Qui est ce barbu tout habillé en rouge dans le jardin ?

Anouck et Paul se figèrent éberlués, avant de foncer vers la porte. Il avait commencé à neiger. Au-milieu de la pelouse se trouvait effectivement un monsieur à la barbe blanche, vêtu d’une veste et d’un pantalon rouge à bord blanc. Samuel sourit jusqu’aux oreilles en reconnaissant les chaussures à lacets bleus assortis à la chemise que portait Papa un peu plus tôt. Anouck et Paul criaient de ravissement et finirent par courir vers le “Père Noël”. Tatie Clémentine apparut à côté de Samuel et de Nina, l’air revêche. 

– Maman, s’il-te-plaît, intervint Nina, ne dis rien ! Regarde-les ! Depuis quand tu n’avais plus vu Paul aussi joyeux pendant le déballage des cadeaux ?
– Oui Tatie, regarde Anouck, renchérit Samuel. Eux, ils ont envie d’y croire encore. Tu veux vraiment leur retirer ça ?

Clémentine continua à observer les deux petits tourner autour de son beau-frère en éclatant de rire, ouvrit la bouche, se ravisa puis tourna les talons et rentra dans la maison. Samuel soupira de soulagement. Il en aurait pleuré tellement il se sentait libéré et heureux de voir sa sœur aussi ravie. Son plan avait fonctionné, le Noël d’Anouck était sauvé. 

Dans le salon, juste avant d’aller se coucher, Anouck dansait au-milieu des emballages cadeaux et des jouets en chantant à tue-tête : 

– Ouiiiii, j’ai vu le Père Noël ! C’est le plus beau de tous les Noëls ! 

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