Quand j’ai peur de tout (ou presque)

Quand j’ai peur de tout (ou presque)

Depuis que je suis devenue mère, j’ai beaucoup plus peur. Peur pour mes enfants, peur pour l’avenir, peur pour moi également. La peur de la mort est également venue s’immiscer dans ma vie, dans ma tête, au plus profond de moi. Depuis que je suis devenue mère, j’ai peur de mourir et j’ai peur qu’un de mes enfants meurt prématurément. Mais pas que.

peur angoisse maternité
Credit Photo (Creative commons) : ambermb de Pixabay

La peur de mourir

Avant de devenir mère, il m’est déjà arrivé d’avoir peur de mourir. Mais cette peur partait aussi vite qu’elle était apparue. D’une part, je me sentais souvent invincible, et d’autre part, je me disais que si je mourais, ça n’allait pas changer grand chose. Certes, je pensais à la tristesse pour mes proches, puis quand je me suis mariée, à celle de mon mari, mais je me disais toujours qu’ils arriveraient à surmonter ma disparition. Et puis, je suis devenue maman, et tout a changé. J’ai désormais la responsabilité de petits êtres qui, pour bien grandir et s’épanouir ont besoin de moi. Je me sens en effet indispensable pour eux, surtout pendant leur enfance, petite ou plus grande d’ailleurs. Je ne veux pas les abandonner sur le chemin, je veux qu’ils puissent toujours compter sur moi. Je pense que c’est ce que ressens chaque mère sur terre à partir du moment où on porte la vie. Bien entendu, cette peur n’est pas présente constamment, elle n’est pas handicapante au point de ne penser qu’à ça et de ne même plus oser vivre. Non, elle est juste là, tout près, tapis dans l’ombre, et se rappelle à moi de temps en temps, dans certaines circonstances… Un abruti qui me coupe la route et manque de s’encastrer dans ma voiture, une maladie qui me fait finir aux urgences et hospitalisée…

La peur de les perdre

Si en début de grossesse j’ai eu peur de les perdre, surtout après mon parcours chaotique pour tomber enceinte, cette angoisse est surtout survenue après leur naissance. Je ne suis pourtant pas une maman angoissée. Je suis même assez détendue sur plein de choses et je les laisse évoluer sans craindre qu’ils ne se blessent toutes les deux minutes. Toutefois, je redoute tellement qu’il leur arrive quelque chose de grave : une maladie, un accident. J’ai peur aussi de les perdre dans la foule. J’ai peur que le bonheur immense que nous vivons depuis un peu plus de 3 ans s’arrête brusquement et injustement. Je crois que ce qui me terrifie le plus, c’est d’être confrontée à la maladie d’un de mes enfants. Sans tomber dans la paranoïa pour autant, je suis assez vigilante à certains symptômes et je n’hésite pas à aller voir leur médecin, quitte à passer pour une maman poule qui s’affole pour rien. Je suis aussi beaucoup plus sensible à cela depuis que je travaille auprès d’enfants malades et/ou porteurs d’un handicap, à force d’entendre des histoires de vie qui ont basculé du jour au lendemain pour des parents et leurs enfants. Cette peur immense ne m’empêche pas de les laisser vivre et faire leurs propres expériences, je ne crois pas non plus être une maman étouffante. Je suis juste une maman avec son lot d’angoisses et d’ambiguïtés.

Et tout le reste

J’ai aussi très peur de perdre mon mari, leur papa, leur super papa. Bien entendu, j’avais aussi cette peur quand nous étions juste tous les deux, mais l’enjeu n’était pas le même. J’ai tellement besoin de lui pour les élever, les éveiller à la vie, même si je râle aujourd’hui quand il me demande à chaque fois comment habiller les garçons le matin. Je tremble aussi à l’idée que nos propres parents meurent, maintenant en plus que ni mon mari, ni moi n’avons nos grands-parents respectifs. Mes enfants ont un lien si fort avec eux, et moi-même avec ma mère, que cette pensée me hante souvent.

Et chose qui ne m’était jamais arrivée avant d’être maman, mais maintenant, j’ai peur des grands rassemblements de foule, aussi bien en extérieur qu’en intérieur. Pendant les vacances de Pâques, nous avons assisté à un défilé son et lumière dans la ville voisine de la commune de mes parents. Il y avait beaucoup de monde, et d’un coup, ça m’a saisie et j’ai repensé aux attentats, notamment ceux de Nice. Je me suis dis que j’étais folle d’être venue ici avec notre fils, et durant tout l’événement, j’ai été sur mes gardes.

Ne pas rester tétanisée

La maternité m’a donc énormément changée. Je m’en doutais, bien sûr, mais je ne pensais pas que ça m’impacterait à ce point. Sans être handicapant ni même sans devenir paranoïaque, je me rends bien compte que désormais, je mesure les choses et surtout les risques différemment. Je suis plus sensible lors de l’évocation de « faits divers » (quelle terrible expression d’ailleurs) quand j’entends par exemple qu’un père, une mère et leur fils ont été emporté par une vague et laissent trois adolescents orphelins, ou quand je tombe sur le témoignage de parents qui cherchent du soutien pour leur enfant gravement malade… Alors, au lieu de me morfondre et d’arrêter de vivre, car vivre est une maladie mortelle, je profite. Je profite de mes enfants, du bonheur de les avoir – et de la fatigue que je ressens au quotidien. Je cherche à passer le plus de temps possible avec ceux que j’aime, pour ne rien regretter, pour que si un jour, tout s’arrête brutalement, je puisse me raccrocher à tous ces moments heureux que nous aurons vécu en famille. Et surtout, j’essaye de ne pas transmettre mes peurs à mes enfants. Je veux avant tout leur montrer à quel point la vie peut-être belle, malgré les épreuves que nous pouvons vivre.

Sujet tabou

Cette peur est toutefois un peu tabou pour moi. Je m’auto-censure, pour diverses raisons. Je pense avoir été conditionnée depuis toute petite pour me montrer forte et refouler mes peurs – ce qui est totalement contre productif au final, mais ceci est un autre sujet. Je remarque d’ailleurs que, face à ma mère, je n’aime pas montrer cette faille, je ne veux pas lui montrer mes peurs, certainement car elle est, elle-même, envahie de peurs qui la paralysent. Quant à mon entourage, j’ai aussi trop souvent entendu que je psychotais trop, me faisait des films, ou que j’exagérais les choses, que je me suis finalement mise en sourdine. Je vis mes peurs intérieurement, ou alors en discutant et partageant avec des ami.e.s ou d’autres parents. Cela m’aide à relativiser, à me sentir moins seule également face à ce que je peux ressentir, à prendre parfois du recul ou au contraire, à suivre mon instinct, en fonction de mes craintes.

Et toi, est-ce qu’en devenant parent tu as eu des peurs qui se sont réveillées ?

12 commentaires sur “Quand j’ai peur de tout (ou presque)

  1. Ce sont des angoisses que je connais bien. Tant qu’il n’y avait qu’un enfant elles me semblaient moins présentes, elles ont gagné en intensité avec la naissance de notre deuxième enfant. Je suppose que l’opération qu’il a dû subir alors qu’il avait deux mois n’y est pas étrangère de même qu’avoir passé le cap de la quarantaine.
    Merci de tes mots !

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  2. Ah bah, moi, c est pareil. Ce n est pas « handicapant », mais qd même, c est lourd parfois. Qu est ce que devenir maman m a fragilisée (et je ne regrette pas du tout, pourtant!)
    J ai même l an dernier fait une séance d hypnose (unique), ou le thérapeute m a aidé à fixer comme un souvenir mais dans le futur. J ai dû imaginer une scène avec mes enfants, mon mari et moi dans le futur (je nous ai imaginé dans notre future cuisine, dans 15 ans) lors d une transe hypnotique.
    Je trouve que ça m a pas mal soulagée. Et puis, actuellement, qd je sens l inquietude monter, je me refugie mentalement dans ce « petit souvenir du futur ». Bref, ca peut être une piste.

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  3. J’aurais pu écrire le même article.
    Mes petits sont encore tellement dépendant de moi que j’ai peur d’être gravement malade ou de ma mort. Du coup, parfois je suis hypocondriaque et n’ose pas consulter de peur de passer pour une folle…et en même temps à force d’attendre parfois c’est sérieux!
    J’ai également peur de leur mort et le moindre fait divers me fait ressentir la fragilité de la vie!

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    1. Je me reconnais totalement… Je fais l’autruche par peur de l’annonce d’une mauvaise nouvelle (pour moi… Pour les enfants, au contraire, je ne laisse rien passer ni traîner si j’ai un doute sur leur santé)
      Je te comprends donc à 100%

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  4. Bonjour
    Ce sujet a quelques mois maintenant mais je voulais simplement dire que je m’y reconnaissais tout a fait ! J’ai l’impression depuis la naissance de mon fils, d’être devenue froussarde +++, à imaginer les pires catastrophes qui pourrait arriver a mon loulou (6 ans) ! En imaginant toujours le pire, je m extenue a chercher des solutions( a des problèmes qui ne se sont pas encore posés) et du coup quand quelque chose de négatif m’arrive, au lieu d’être fin prête je suis épuisée et super vulnérable !
    Suis je complètement frappée ou quelqu un a t il vécu cela aussi ? Comment avez-vous fait pour ne pas transmettre cette angoisse a votre enfant, et le papa a t il supporté cette angoisse folle ? (Le mien commence a donner des signes d exaspération !!)
    Merci d’avance de votre avis

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  5. Bonjour,
    Je viens de tomber sur votre article et j’ai versé une larme tellement j’aurai pu l’écrire… Avant tout merci pour ce partage ! Maman d’une petite de 2 ans et demi et enceinte de mon deuxième je ressens en tous points les mêmes peurs. J’imagine maintenant que cela doit être commun à beaucoup de mamans mais difficile à exprimer de peur de transmettre des angoisses ou passer pour une dramaturge. Mais c’est une peur viscérale, difficile à faire disparaître. Donc vous n’êtes pas seule et je cherche encore un moyen de surmonter ces angoisses dans ce contexte qui ne cesse de se dégrader… en tout cas la piste de profiter de chaque instant avec ses proches est salvatrice. Donc rien d’anormal dans tout ça. Juste des mamans en quête de paix et d’un monde meilleur pour nos enfants ! En tout cas courage à vous et à toutes celles qui liront ces mots. Merci encore.

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  6. Merci ça m’a fait du bien de vous lire ce soir,
    Je suis maman depuis 9 mois et j’ai tellement peur, j’ai même l’impression que ma mort approche tellement j’y pense et je psychote et forcément j’ai des petites douleurs qui me font croire que j’ai peut être une maladie grave et que je ne verrai pas ma fille grandir. Cette anxiété qui nous gâche un peu la vie mais comme vous, je n’en parle pas (rarement avec mon mari mais c’est tout) et j’espère que ça passera pour mieux savourer cette chance et ce bonheur d’être maman

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  7. La vie devient si précieuse après avoir mis un enfant au monde.

    J’étais inquiète de perdre mon bébé pendant ma grossesse, et je pensais naïvement que les choses iraient mieux quand j’aurais Basile dans les bras…

    J’ai tellement peur d’abandonner mon fils depuis!

    Devenir mère n’est pas simple, derrière toute les joies du quotidien, il y a aussi beaucoup beaucoup d’angoisse

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  8. Merci d’avoir écrit cet article, ca fait du bien de savoir qu’on est pas toute seule a avoir peur de la mort et de l’avenir..en te lisant et en lisant les commentaires j’ai l’impression de m’entendre.. surtout avec cette nature qu’on bousille..a force de faire n’importe quoi, d’acheter et encore acheter et produire un quantité astronomique de merdes inutiles nos enfants n’auront plus rien a boire ni manger… sans compter le nombre de parents et d’enfants qui sont déjà en souffrance dans les pays que l’on pille sans vergogne pour toujours plus de surperflu…. je suis tellement triste d’appartenir a la race humaine des fois…. celle qui n’est pas assez intelligente pour faire attention a sa propre espèce et encore moins aux autres…. c’est cette peur la la pire, je ne serai surement plus la pour aider ma petite fille dans ce futur si incertain.. voila voila…et faut vivre avec cette peur latente tous les jours, continuer a faire partie de ce système qui détruit en essayant de faire tout le possible pour habimer le moins possible (couches lavables, hygiène naturelle du bébé, toilettes sèche, potager, nourriture exclusivement bio, pas d’achat de nouvelle fringues neuves, que emmaus voir vinted, premier telephone en 16 ans, 45 minutes d’écran par semaine pour un enfant de 12 ans, et tout ca en étant éleveur de brebis…) c’est un peu lourd à porter quand on voit ce que font les gouvernement pour nos enfants : RIEN a part réduire les budget et augmenter les pesticides…. Bref je crois que je suis la pire de vous toutes… je vais voir une psy rassurez vous.. merci de m’avoir lu aussi.. désolée pour mon pessimisme.. faites attention a vous et vos votres et rapprochez vous des campagnes ou les gens sont sains, je pense que nos enfants ont besoin d’air.

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  9. Bonsoir,

    Je ressens les mêmes choses.

    Et pour moi , ce qui marche et me soulage c est de me dire qu il y a des choses que l on ne peut pas contrôler. Et que je place mes enfants sous la protection de Dieu. Ça apaise mon cœur.

    Paix sur vous.

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