Les premiers jours
Après une rencontre compliquée, je ne te cache pas que j’étais un peu angoissée pour la suite. Et si notre petit continuait de pleurer jour après jour ? Et s’il restait inconsolable pendant des semaines ?
Le premier jour du reste de notre vie
Quand nous rentrons avec Pirlouit, nous ne savons trop que faire. Il verse encore quelques larmes même s’il semble vidé, et nous avons peur de faire des choses qui pourraient l’effrayer. Dès que nous bougeons, on le sent se raidir, complètement bouleversé. On essaie de lui mettre un jouet dans les mains : il s’y agrippe mais ne le regarde pas et ne joue pas avec. Impossible d’interagir avec lui, il reste amorphe. Nous décidons de le calmer avec un dessin animé. Cela lui permet ainsi de se détendre, de rester avec nous sans avoir à parler et nous regarder, de sentir que nous sommes là et ne lui faisons pas de mal. On sent effectivement que ça fonctionne et qu’il est moins en stress. Il reste bien collé à moi et j’avoue être rassurée de voir qu’il ne fuit pas le contact.
Au bout de 20 minutes, je sens qu’il commence à bouger et s’agiter. On décide de lui montrer le logement. Il suit, intéressé et très calme. Quand il voit les toilettes, il s’y précipite : le pauvre devait se retenir depuis quelques minutes sans savoir comment nous le dire.
Ensuite, tout s’enchaîne assez facilement : il se met à jouer avec Schtroumpfette et les voiturettes que nous avions apportées pour lui. Ils font des bulles de savon. Nous le sentons se détendre progressivement. Les pleurs s’arrêtent, il commence à explorer le logement en touchant absolument à tout. Il reste assez proche de moi, mais ne rejette pas M. Chéridamour. Nous préparons un repas simple qu’il mange sans souci. L’après-midi se passe calmement et nous découvrons l’une de ses passions qui ne s’est toujours pas démentie : l’eau ! Je lui remplis un lavabo, et il s’amuse comme un fou à faire couler l’eau, la transférer dans une bouteille vide, éclabousser… Nous entendons enfin le son de sa voix.
Le soir il s’endort dans mes bras, épuisé.
Un séjour compliqué
Après ce premier jour, les larmes se sont taries. Certes, on sentait Pirlouit pensif, aux aguets, mais il ne pleurait plus. Au contraire, on a très vite remarqué qu’il était à l’aise avec nous.
Nous avons eu du mal à instaurer une routine qui nous convienne. Pirlouit était irrégulier sur ses réveils, sur ses siestes. Nous essayions de faire au mieux avec des heures de repas et de coucher fixes, mais malgré cela nous n’avions pas une routine claire et bien définie et cela nous gênait. Il faut ajouter à cette situation une fatigue énorme : notre petit a presque 5 ans, il est très mobile et très touche à tout. C’était un défi permanent de l’empêcher de se blesser, de faire des bêtises… ce que nous n’évitions malheureusement pas toujours.

Nous étions tributaires de la météo (et de la chaleur) pour sortir ou non. Les possibilités de faire des choses intéressantes pour Pirlouit (promenades, jeux en extérieur) étaient extrêmement limitées, le quartier où nous logions n’était absolument pas adapté pour les enfants (la ville en général non plus d’ailleurs). L’appartement que nous louions était petit, et nous avons très vite eu l’impression d’étouffer. Les jeux que nous avions emportés pour Pirlouit n’étaient pas forcément adaptés pour lui, il était compliqué de le poser et de l’y intéresser assez longtemps, et il a très vite tourné en rond.
Nous avons pris l’habitude d’aller à la piscine au moins une fois par jour, de faire très régulièrement des courses, de sortir au restaurant le soir. Nous nous habituions petit à petit les uns aux autres. Il y a eu les premiers câlins, les premiers fous-rire, les premières gronderies, les premières colères, les premiers mots en français, les premières interrogations…
Malgré cela, nous gardons certains bons souvenirs de notre séjour. Nous découvrons la merveilleuse nourriture du pays de Pirlouit. Nos moments à la piscine font partie des meilleurs moments de notre séjour, voir notre fils s’émerveiller et s’amuser comme un fou dans l’eau est inoubliable. Je fonds littéralement en l’entendant hurler de rire quand son papa le lance en l’air. Schtroumpfette est tout de suite très complice avec son petit frère.
Quand je regarde les photos de ces premiers jours, je suis marquée de voir à quel point il semble perdu. Il a le regard très triste, comme sur les photos de lui que nous avions reçues il y a si longtemps. Son angoisse est palpable. C’était un tel bouleversement pour lui ! Il sourit sur beaucoup, mais on voit son regard toujours perdu. Et puis au fil des jour, c’est frappant de voir qu’il se détend, que le sourire est plus franc, les yeux plus rieurs.
Néanmoins, la fin du séjour a été gâchée par des soucis que nous avons rencontrés avec lui et le malaise grandissant que nous éprouvons dans notre logement, nous n’avions clairement plus l’habitude de la vie en appartement et des contraintes qui y sont liés : le bruit des voisins, la peur de déranger avec les cris de Pirlouit, le manque d’espace extérieur pour qu’il puisse se défouler… Nous n’avions plus qu’une seule envie : rentrer et commencer notre vie de famille dans un environnement plus stable et surtout pouvoir enfin instaurer une tranquillité et une stabilité qui ferait du bien à toute la famille.
C’est un article très émouvant … merci de partager ça avec nous.
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Tant mieux si ça intéresse !
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Rhooooo ❤ steupleyyyyy dis nous que tout est bien qui finit bien
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Les choses se sont bien stabilisées dès notre retour, on a de suite instauré une routine qui nous convient. Ça n’a pas été forcément simple avec Pirlouit mais petit à petit il s’est apaisé. Le fait d’être en maison (et donc qu’il puisse hurler tout son saoul), d’avoir un jardin, de faire autre chose que des courses ça nous a grandement soulagé.
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ce doit être difficile cette période « entre deux », devoir créer des habitudes dans un endroit qui n’est que temporaire.. et ensuite devoir le quitter aussi.. ça donnerait presque envie de prendre l’avion retour dès la signature des papiers d’adoption! cela dis tu décris si joliment la manière dont les liens se forment petit à petit ❤ !
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En fait, si on avait pu rester dans de bonnes conditions, ça aurait été très bien ces premiers moments pour que Pirlouit découvre un peu son pays. Mais on n’a pas eu de « lune de miel » comme le décrivent certains parents adoptants et notre séjour est vraiment en demi teinte.
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J’attendais ton article avec impatience !
Pas simple de s apprivoiser. Quelle expérience humaine bouleversante.
Merci de nous raconter tout ça
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Ça a été compliqué au niveau des conditions et paradoxalement assez simple de se faire les uns aux autres.
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Merci de partager tout ça avec nous. Je suis toujours très émue de te lire, et je trouve que vous semblez tous les quatre former une belle équipe.
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Je ne pense pas qu’on puisse encore parler d’équipe. Mais le lien a bien commencé à se faire.
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Merci pour ce partage. Combien de temps êtes vous restés là-bas?
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3 semaines en tout. La dernière semaine nous a semblé interminable…
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