Mon accouchement par césarienne

Mon accouchement par césarienne

Bribe de Témoignage : A l’occasion du mois international de sensibilisation à la césarienne, Rusalka (ancienne chroniqueuse de Sous Notre Toit) a décidé de te partager son expérience sur le sujet.

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Bonjour, me voici pour un petit article, après quelques publications sur le précédent blog, mais cette fois-ci dans un tout autre registre.

En 2020 est né mon 1er enfant. J’avais beau avoir envisagé un accouchement le plus physiologique possible, eu quelques lectures sur le sujet, été très attentive lors des séances de prépa à la naissance (en visio pendant le 1er confinement), la naissance de mon fils a été aux antipodes de tout ce que j’avais imaginé. Je fais malheureusement partie des statistiques : 1 naissance sur 4 pour les primipares se fait par césarienne. On me l’a annoncé après 36H de travail, avec une péridurale qui me paralysait complètement les jambes, empêchait bébé de descendre, et m’avait probablement endormi aussi une partie du cerveau. J’ai pleuré, mais je n’avais plus aucune volonté. Je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer et on m’a emportée au bloc.

Crédits photos : Letticia Massari

Malheureusement, après la naissance, c’est très difficile de découvrir son rôle de maman avec une cicatrice chirurgicale au milieu du ventre et les émotions en vrac qui vont avec. Pourquoi moi ? J’en ai voulu à mon corps de ne pas avoir fonctionné normalement. Pourquoi mon bébé ? Bébé que j’ai d’ailleurs eu du mal à reconnaître comme le mien après que la sage-femme l’ait emporté loin de moi dès son 1er cri. J’espérais retrouver un lien naturel avec lui grâce à l’allaitement, mais là aussi, le démarrage a été compliqué. Entre les hormones contrariées par la césarienne et les conseils contradictoires reçus à la maternité… mais ce n’est pas mon sujet d’aujourd’hui.

Il m’a fallu plus de 6 mois pour accepter cette naissance particulière et pour sentir un vrai lien avec mon fils. Et je considère avoir cheminé rapidement à ce sujet par rapport aux témoignages d’autres mamans ! C’est donc sans arrière pensée que nous avons lancé le projet d’un 2ème bébé après que l’aîné ait soufflé sa 1ère bougie. En effet, lors de la visite post-natale, l’obstétricien m’avait dit qu’un accouchement voie basse serait possible, il m’avait conseillé d’attendre 12 mois, et c’est tout. Et c’est bien là le problème… non, ce n’est pas tout ! Le début de ma 2ème grossesse m’a laissé l’impression d’avoir été marquée au fer rouge par la césarienne de l’aîné, de tracer mon profil médical d’une inéluctable manière. Les sage-femmes libérales n’ont pas voulu me suivre sur un projet de naissance en plateau technique. Et à la maternité, quand j’ai présenté mon projet de naissance la plus physiologique possible, on m’a répondu monitoring continu et péridurale « obligatoire » (la loi sur le consentement au soin permet au patient de refuser un acte médical, mais en pratique, l’équipe de la maternité a un discours et des méthodes de travail bien rodées pour inciter les futurs parents à accepter ce que leur protocole prévoit).

J’ai refusé de n’être qu’une maman avec antécédent de césarienne. J’ai refusé de n’envisager mon accouchement futur que sous le prisme du risque de rupture utérine (taux de ruptures pourtant entre 0,1 et 0,5% d’après le Collège national des gynécologues et obstétriciens français), et j’ai aujourd’hui le sentiment que ma 2ème grossesse m’a demandé une étude et une préparation décuplées pour espérer donner naissance comme je le souhaitais. Heureusement, je n’étais pas « toute seule » pour cette préparation personnelle ! Puisque la maternité ne se souciait pas de moi, autrement qu’avec l’estampille du risque et du protocole, j’ai poussé la porte de Césarine. La seule association française (créée en 2005) qui s’adresse aux parents confrontés à la naissance par césarienne, désormais reconnue d’intérêt général (depuis 2012). Ses membres bénévoles m’ont soutenue dans mes recherches et mes états d’âme, conseillé des lectures ou des approches pour les séances de préparation à la naissance.

Crédits photo : Pavel Danilyuk

Après la naissance par voie basse de mon 2ème fils, j’ai adhéré à l’association, car sans elle je suis persuadée que sa naissance aurait été différente. Aujourd’hui, je participe encore aux discussions sur le forum privé de l’association pour soutenir les futures et jeunes mamans, ainsi qu’à certains des projets de l’association.

Avril est le mois international de sensibilisation à la césarienne, et Césarine souhaite éveiller la curiosité du grand public grâce à une exposition photo virtuelle sous le titre « Césarienne : une opération de routine, des naissances singulières ». Tu peux regarder cette galerie ici : https://cesarine.org/mois-international-avril2023/ Elle est constituée de témoignages de parents adhérents de l’association et des photos de la photographe reporter en milieu hospitalier Natacha Soury.

Aujourd’hui, je suis (presque) en paix avec la naissance de mon aîné. Elle fait partie de mon histoire, de la sienne. Elle laisse un sourire blanc et un peu triste en bas de mon ventre. Mais surtout, je voudrais que ma sœur, mes amies, mes cousines, et plus tard, les filles de mes amies, soient réellement informées sur la césarienne avant d’y être confrontées. Alors j’espère que l’action de l’association, et mon article du jour les aideront un peu, voire t’aideront un peu à toi aussi ?

15 commentaires sur “Mon accouchement par césarienne

  1. merci pour ce témoignage, cette assos est géniale! Je voulais aussi donner mon retour d’expérience au cas où des femmes enceintes qui s’attentent à avoir une césarienne passeraient par là : lorsqu’elle est plannifiée et que la nécessité médicale d’y recourir est clairement expliquée, il y a vraiment moyen de vivre une césarienne appaisée. Honnetement mon accouchement par césarienne était une expérience formidable ^^ : un moment tout en douceur et en pleine conscience, dans un bloc tiède et tamisé, la main dans la main avec mon mari, et avec l’anesthésite qui m’explique avec délicatesse toutes les petites étapes de ce qui se passe, suivit d’un beau peau à peau pendant qu’on me recoud et d’un « revéil » dans une salle calme à trois où j’ai pu mettre mon fils au sein en douceur. Je précise que j’ai accouché dans une maternité « amie des bébés » – peut-être pour ça que le protocole était aussi bien, j’ai l’impression que ce n’est pas le cas dans toutes les maternités.

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    1. Merci Raphaëlle pour ton témoignage si doux et positif !
      Oui, il existe des césariennes très bien vécues, de belles rencontres avec son bébé lors de cette naissance-là, mais comme tu le dis, c’est en fonction de la maternité, et de son protocole. Avais-tu demandé des aménagements pour la naissance de ton bébé ou bien as-tu bénéficié de protocole « de base » de ta maternité ?

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      1. J’avais juste expressément demandé à l’anesthesiste de ne surtout pas me “shooter” car je voulais être entièrement présente pour vivre cette naissance (or parfois on donne des calmants aux mères pour éviter qu’elles ne paniquent) ; tout le reste faisait partie du protocole « de base » de la maternité – une chance!

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  2. Merci pour ton témoignage ! Je suis choquée par ce que tu as dû traverser, je ne connaissais pas du tout le principe de la péridurale « obligatoire » pour l’accouchement après césarienne ! Mais quel est le rapport ?! Ne peut-on pas considérer au contraire que ton corps a mal réagi à la péridurale (trop « engourdi ») et que pour pouvoir accoucher par voie basse il fallait éviter la péridurale ? Quel était leur argument pour t’obliger à prendre une péridurale ?
    En tout cas félicitations pour tes deux enfants, je suis bien contente que tu aies vécu un deuxième accouchement plus apaisé ! 🙂

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    1. C’est difficile de connaître la (les) raison exacte qui pousse les équipes à favoriser la péridurale lors d’un AVAC. En tout cas, l’étude et la discussion autour de la réaction à la précédente péridurale n’est absolument pas pris en compte malheureusement.
      Néanmoins, le principal argument en faveur est la rapidité d’intervention sous anesthésie en cas de rupture utérine. L’obstétricien m’avait dit que je ne voulais quand même pas empêcher les équipes de bien travailler en la refusant. J’avais trouvé ça très choquant et culpabilisant.
      Parce que dans d’autres maternité, au contraire, pour un AVAC, on va considérer que la péridurale empêchera la mère de ressentir la douleur spécifique d’une rupture utérine, et on ne la proposera donc pas systématiquement.

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  3. J’ai accouché de mon deuxième par césarienne « prevue » (mais reprogrammée en urgence la veille de la date initiale pour risque l’hémorragie). J’ai plutôt bien vécu la césarienne mais en revanche très mal le manque de disponibilité du personnel alors que tout m’était physiquement difficile. Pour la troisième j’ai pu accoucher sans péridurale mais cela a été un long combat et je n’ai eu aucune réponse avant le jour J !

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    1. C’est extrêmement positif que tu aies pu accoucher sans péridurale de ton 3ème enfant ! Mais ça a dû être angoissant de ne pas savoir avant le jour J si tu allais réellement bénéficier de ce que tu demandais.
      Quant au manque de disponibilité du personnel, je n’ose imaginer tes difficultés 😦 Heureusement que mon mari a pu passer la (petite) semaine d’hospitalisation avec moi jour et nuit, parce que sortir du lit était un effort très difficile.

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      1. Mon mari s’occupait de notre aîné donc il ne venait que l’après-midi (sauf le jour de l’accouchement et probablement le lendemain car notre aîné était à la crèche). Ma mère a pu passer 3 jours avec moi mais ensuite elle a dû rentrer chez elle car elle travaillait (elle est arrivée le jeudi soir alors qu’elle avait prévu d’arriver le lendemains matin et repartie le dimanche après-midi). Du coup j’ai trouvé les 2 derniers jours à l’hôpital compliqués. Surtout que je n’ai remarqué que plus tard que je tirais moins sur la cicatrice en changeant mon bébé en étant sur le côté plutôt que face à lui !

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  4. Bonjour. Un petit mot aussi pour les futures mamans qui passeront par ici. J ai eu une cesarienne pour mon premier bébé pour un placenta praevia. En gros, le placenta était sur le col, et bouchait la sortie!
    J ai un très bon souvenir de cette cesarienne et mon mari aussi. Pourtant, j ai eu quelques complications, classiques des placentas praevias. Mais j ai un très doux souvenir de cet accouchement. Par la suite, pour ma deuxième grossesse, j ai eu accouchement voie basse, le fameux AVAC. Bon, c etait bien, mais c est le souvenir de mon premier accouchement qui me met des étoiles dans les yeux!
    Perso, ce qu on m a dit, c est que la pose de la péridurale est obligatoire pour une AVAC pour pouvoir rapidement intervenir s il y a rupture utérine. Mais que pour que la maman sente s il y a une douleur « anormale », le produit anesthésiant est en général injecté le plus tard possible. Pas avant 5 de dilatation, en général. Mais l équipe va ajuster en fonction du contexte: nombre de cesarienne chez la mère, âgé, autres pb de santé, taille du bébé, disponibilité de l anesthésiste, des sages femmes, etc.
    Bref, une cesarienne est toujours possible, quoi qu il arrive, même si tout va très bien jusque là, et je pense qu il faut vraiment se préparer à ce qu elle puisse être la manière dont on met son bébé au monde.
    Sinon, j ai finalement mieux récupéré de la cesarienne que de la voie basse. Etait ce l effet premier bébé ? Je ne sais pas.

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    1. « Bref, une cesarienne est toujours possible, quoi qu il arrive, même si tout va très bien jusque là, et je pense qu il faut vraiment se préparer à ce qu elle puisse être la manière dont on met son bébé au monde. »

      Tu as tout à fait raison, c’est pour ça qu’il ne faut pas hésiter à en discuter autour de nous, parce que les séances de prépa à la naissance n’abordent pas forcément le sujet en détail.
      Je suis en tout cas heureuse de lire que tu as eu une belle rencontre avec ton bébé.
      Moi aussi, au final, la récupération a été meilleure après la césarienne, mais c’était le 1er bébé !

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      1. Effectivement, j ai fait ma préparation à l accouchement en ville, avec une super sage-femme très orientée physiologie, mais elle nous a aussi préparée à l idée de la césarienne, on a même fait 2 heures de séance dessus. Elle disait qu’on pouvait rester actrice de la situation de la cesarienne, en pensant à bien respirer pendant la préparation de l intervention et pendant la chirurgie pour oxygéner au max le bébé.
        Et puis, je pense qu un des critères de choix de la maternité, ça doit être si le papa peut être présent pour la cesarienne. C était le cas pour moi et mon mari.

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  5. Merci pour cet article dans lequel je me reconnais beaucoup.
    J’ai aussi vécu une césarienne décidée en cours de travail pour mon aîné, ce qui m’a longtemps laissé un goût amer car je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si ça aurait pu être évité… (Et mon expérience était loin hélas des conditions si douces décrites dans un autre commentaire).
    Pour mon deuxième accouchement je rêvais de physiologie et j’ai mal vécu de me heurter à ce précédent de césarienne, alors que j’étais prête à faire un choix de lieu et de façon d’accoucher beaucoup plus réfléchi que la première fois. Finalement j’ai accouché presque comme je le voulais, sans péridurale, mais jusqu’au bout j’ai eu une certaine angoisse qu’on me le refuse (je me souviens par exemple qu’on m’avait accordé l’absence de péridurale « si le travail avance bien », ce qui m’avait stressée… Alors qu’au final personne ne m’en a ensuite reparlé, comme si ça avait été dit en l’air).
    Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont les femmes accouchent en France, et sur la question des césariennes en particulier… J’espère que grâce à des associations comme Cesarine les choses vont continuer à évoluer.

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    1. Merci Lumi pour ton témoignage, il résonne tristement en moi et je comprends tellement le stress que tu as ressenti devant les « conditions » données à la maternité.
      Je suis néanmoins heureuse de lire que ton 2ème accouchement a été mieux vécu que le précédent, et je partage ton avis sur la situation en France, c’est pour ça qu’il faut raconter nos histoires, et essayer de faire bouger les choses.

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    2. Merci Lumi pour ton témoignage, il résonne tristement en moi et je comprends tellement le stress que tu as ressenti devant les « conditions » données à la maternité.
      Je suis néanmoins heureuse de lire que ton 2ème accouchement a été mieux vécu que le précédent, et je partage ton avis sur la situation en France, c’est pour ça qu’il faut raconter nos histoires, et essayer de faire bouger les choses.

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