Agatha, dans la bibliothèque, avec le thé à l’arsenic

Agatha, dans la bibliothèque, avec le thé à l’arsenic

J’ai un problème. J’aime les romans policiers, mais je lis pour me détendre, pas pour angoisser, et c’est malheureusement souvent le cas lorsque j’ouvre un énième polar, avant de filer lire le dernier chapitre pour continuer ma lecture plus sereinement. J’ai longtemps passé des heures à hésiter devant le rayon policiers de la bibliothèque, jusqu’au jour où j’ai découvert les cosy mystery.

Le cosy mystery, qu’est-ce que c’est ?

Le cosy mystery est un sous genre du policier qui en reprend les codes (un meurtre apparemment inexpliqué, une enquête, des suspects) en y mêlant l’humour. L’action se situe dans la campagne anglaise, quoique le genre évolue un peu avec certains auteurs de cosy mystery qui situent l’action de leur livre dans une autre campagne, et est caractérisée par deux éléments importants : l’atmosphère plutôt cosy, on lirait bien ces livres sous un plaid, avec un thé fumant et des petits gâteaux, et le fait que l’enquêteur ne soit absolument pas du métier. Ici, point de meurtre archi violent, on tue et on vole oui, mais par cupidité ou jalousie, sans faire un massacre, et ce ne sont pas les services de police qui enquêtent, mais cette gentille voisine, passionnée de mots croisés, et pleine de bon sens.

Autre point important : les cosy mystery sont souvent des séries de romans, dans lesquelles on suit l’évolution des personnages, souvent leurs histoires d’amour ratées, et leurs relations avec les autres habitants de leur ville ou village.

Quelques exemples de cosy mystery

Parlons peu, parlons bien, voici quelques uns de mes cosy préférés.

Agatha Raisin

Impossible de parler de cosy mystery sans parler de la mythique Agatha Raisin. L’autrice, M.C. Beaton, est la maîtresse du genre, et sans doute celle qui a le plus contribué à le développer. C’est bien simple, la série Agatha Raisin compte 33 tomes, et Hamish Macbeth qui est aussi l’un de ses cosy mystery qui en compte 35.

Agatha, la cinquantaine, directrice d’une agence de communication, citadine pur jus, décide de quitter Londres et de s’installer dans la campagne anglaise pour repartir de zéro et reconstruire sa vie. Elle ambitionne de rencontrer l’homme de la suite de sa vie, avec lequel elle vivrait une retraite paisible. Evidemment, cela ne va pas se passer comme ça : l’inactivité lui pèse, et elle s’inscrit donc au concours de quiche locale. Malheureusement, l’un des jurés meurt lors de la dégustation d’une quiche empoisonnée, et voilà Agatha accusée de meurtre. Ne pouvant faire confiance à la police, visiblement bien incapable de mener une enquête correcte, Agatha se saisit de l’affaire et décide d’enquêter pour prouver son innocence et trouver le coupable.

Cette première enquête est une réussite, et Agatha se rendra vite compte au cours des 33 tomes de la série que la vie à la campagne n’est pas si tranquille que cela, et que ses talents de détective lui sont bien utiles.

Je passe évidemment sur les situations burlesques et les échecs amoureux d’Agatha qui a le chic pour trouver l’homme qui ne lui convient pas, ou celui qui trempe justement dans l’affaire malhonnête qu’elle tente de résoudre. Tout cela donne un charme singulier à cette série de livres drôles et enlevés qui contribuent souvent à mes après-midi préférées.

café, livre et plaid
Crédit photo : Daniela Constantini

Les détectives du Yorkshire

Fauchée comme les blés, divorcée, Delilah Metcalfe tente de faire survivre ses deux entreprises : une boite de création et administration de sites internet, et l’ARV, Agence de Rencontre des Vallons. Devant faire rentrer de l’argent sur son compte, elle décide de louer une partie de son bureau. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle rencontre son locataire : Samson O’Brien, parti du village sur un coup d’éclat des années plus tôt, qui vient ouvrir son ARV à lui, l’Agence de Recherche des Vallons.

Entre deux problèmes de voisinage, Samson met à jour une série de crimes liés à l’agence de rencontres de Delilah. L’ancien policier revenu au village dans des circonstances peu claires enquête, pendant que les habitants s’interrogent sur la raison de sa présence, et que Delilah collabore à l’enquête de celui qu’elle aime autant qu’elle le déteste (c’est dire !). Et Rick Procter, l’agent immobilier, est-il si propre sur lui qu’il le laisse penser ?

Moins longue qu’Agatha Raisin, cette série de 9 livres (pour le moment) est sans doute ma préférée. L’auteur arrive à mener une intrigue intéressante au long des tomes, et à développer ses personnages de façon cohérente, sans lésiner sur la qualité de l’enquête, et en créant une atmosphère de petit village agréable.

Le chat du bibliothécaire

Cette série là ne se déroule pas en Angleterre, mais dans le Mississipi, à Athena exactement, et pourtant on y retrouve les marqueurs habituels du cosy mystery : une petite ville dans laquelle tout le monde sait de tout de tout le monde, un meurtre qui n’est pas glauque, et un détective qui n’a rien de tel, et pour cause ! Le détective ici, c’est Charlie Harris, bibliothécaire de son état, accompagné de Diesel, son fidèle maine coon qui le suit partout : au travail et dans les enquêtes.

Lorsque le corps d’un auteur de thriller à succès, revenu à Athena pour une séance de dédicaces, est retrouvé sans vie, la police se saisit de l’enquête. C’est sans compter Charlie et Diesel qui commencent à enquêter discrètement dans leur coin, contre la volonté de la police locale. Et s’ils découvraient avant elle qui est l’auteur du meurtre ?

Cette série fait également partie de mes lectures régulières, j’ai pourtant un reproche à lui faire : l’auteur écrit sous pseudonyme, c’est son choix. Mais pourquoi faut-il qu’un homme choisisse un pseudonyme féminin ? Est-ce parce que c’est un cosy mystery et non un polar classique, au risque de « mépriser » cette littérature plus légère ? J’avoue que ce choix me laisse perplexe.

Et toi ? Es-tu toi aussi tombée dans le cosy mystery ? As-tu d’autres séries à nous recommander ?

20 commentaires sur “Agatha, dans la bibliothèque, avec le thé à l’arsenic

  1. Je suis comme toi passionné de roman policier et je ne connaissais pas ce terme ! merci ! (et je lis aussi tres vite le dernier chapitre quand la tension est trop forte). Ta description me fait penser aux Imogenes d’Exbrayat.

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      1. Il y a 7 « Imogène », mais y réfléchissant, c’est le style de la plus part des romans d’Exbrayat (identifiable dès le titre), pas uniquement les imogènes. Mais ce n’est pas la meme époque, ils ont ete publié dans les années 60.

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  2. J’ai eu une période avec de vrais polars mais ça m’est passé et j’ai beaucoup de mal à en lire maintenant. J’ai trouvé pendant longtemps mon bonheur dans les romans policiers historiques (Grands détectives) de la collection 10-18 (Frère Cadfael, Miss Silver, le juge Ti…)

    J’ai découvert les Cosy mistery il y a 3/4 ans avec Agatha Raisin. J’adore les Détectives du Yorkshire (même si l’histoire entre les 2 personnages principaux traînent un peu). Je ne connais pas le chat du bibliothécaire mais je vais regarder !

    Il y a 2 séries que j’ai lues et beaucoup aimé récemment :

    • Les enquêtes d’Hannah Swensen (une pâtissière du Nord des Etats Unis)
    • Les dames de Marlow enquêtent (3 femmes anglaises qui n’ont a priori aucun point commun qui enquêtent sur des crimes de leur petite ville)

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    1. Je connais ces deux séries là, mais je trouve justement que l’histoire d’Hannah Swensen traine beaucoup trop avec les deux bonshommes qui lui tournent autour. J’ai envie de la secouer et de lui dire de faire un choix toutes les dix pages !
      J’aime beaucoup aussi les dames de Marlow, je les trouve très « patchouli et thé earl grey ».

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  3. Merci je ne connaissais pas mais ca m’a l’air bien chouette ! Je les notes dans mes recommendations de lecture.

    Pour ce qui est du pseudo féminin, je ne suis pas choquée vu que je sais que ca se fait aussi dans l’autre sens et puis pour une fois que ca rapporte de faire croire qu’on est une femme. Et on pourrait aussi dire que ca joue sur les idées toutes faite qu’on a vu qu’après tout Miranda est aussi un prénom masculin (peu commun je suis d’accord).

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    1. Je ne savais pas que Miranda pouvait être un prénom masculin… mais de fait, je reste gênée de me dire que l’auteur n’assume pas assez le fait d’être un homme qui écrit du cosy au point de l’écrire sous un pseudo féminin

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  4. Merci pour ces recommendations ! J’aime bien aussi les cosy mysteries, mais version historique, et particulièrement ces deux séries :

    • Les enquêtes de Béatrice Hyde-Clare de Lynn Messina : 5 traduits, mais une petite dizaine déjà publiés je crois. C’est du cosy mystery croisé avec du Jane Austen, je les ai littéralement dévorés ! La relation de Béatrice et du duc de Kesgrave est très chouette à lire.
    • La série Lizzy Martin et Ben Ross d’Ann Granger : une grande auteure aussi dans son domaine, et des cosy mysteries à l’époque victorienne. 8 tomes traduits en francais, et un neuvième à venir.

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  5. J’ai découvert ce genre d’enquête avec une tasse de thé un peu par hasard et je ne connaissais pas leur nom. Merci pour ces belles idées de lecture, je ne les connaissais pas toutes.

    Ma série chouchou c’est « Sa Majesté mène l’enquête » où c’est la reine Élisabeth II qui devient l’enquêtrice en s’appuyant sur sa nouvelle secrétaire particulière car la Reine n’est pas aussi libre de ses mouvements que le commun des mortels.

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  6. Merci pour ces découvertes, j’ai vu plusieurs fois des Agatha Raisin en rayon mais je me demandais bien ce qu’on pouvait y trouver. Je crois que le seul thriller/polar que j’ai lu c’est la trilogie que l’on ne présente plus Millenium, de Stieg Larsen : dans le genre sombre, et glauque, ça m’a marquée ! J’en retiens surtout que c’était extrêmement bien ficelé et bien écrit, mais en effet la violence et les points de vue choisis m’ont dissuadé de lire d’autres polars après. Bref. Peut être les cosy mystère me redonnerons envie de tenter ! Cela me fait penser aux 2 films excellents A couteaux tirés et Glass onion , résolution d’un meurtre pas glauque avec à priori tous les suspects isolés dans une maison ou sur une île. Suspense garanti , sans traumatisme de violence . Vous connaissez ?

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  7. J ai mis Agatha Raisin dans ma liseuse avant de partir en voyage, ça fait un moment que je me dis que je vais essayer le cosy mystery car je ne lis plus de polar depuis des années, je sais pas ça m’intéressais plus trop… Donc tu me confortes dans mon choix de tenter! Je pense que l’aspect humoristique va me plaire ! Mais je finis d’abord le monde sans fin de Ken Follet, un autre genre quoi 😅

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      1. Fini de lire le premier tome d Agatha Raisin ! Ça se lit vite et c’est plein de légèreté malgré le sujet meurtre 😆 J’étais étonnée de voir que l’édition date des années 90 mais ça donne un charme un peu désuet et c’est amusant de retrouver l’époque (Lady Diana a vraiment été vivante à un moment donné !)
        Je pense que j’en lirai d’autres entre deux livres plus complexes! 😁

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