Cinquante – Cinquante
L’équipe de Bribes de Vies accueille de nouvelles chroniqueuses ! Voilà devant tes yeux ébahis Esperluette qui te propose sa première chronique. Fais lui bon accueil !
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Avec Ryo, nous avons instauré une parité stricte pour tout ce qui concerne Chaton. Les biberons, les nuits, les week-ends, tout est partagé équitablement. Si ça fait souvent marrer nos copains à coup de « Alors, qui est de garde ? », ça en a quand même inspiré quelques-uns.
Tout a commencé en 2019. À cette époque, nous travaillons dans la même grande entreprise, dans laquelle je bénéficie d’un congé maternité de 18 semaines après la naissance. Le nouveau président est un Américain avec des idées très novatrices en termes de management. Une de ses premières actions est de mettre en place un congé paternité de 18 semaines. Oui, oui tu as bien lu, 18 semaines ! Stricte égalité femme-homme, chapeau bas Monsieur. Nous avons donc eu cette chance inouïe de partager les premiers mois de vie de Chaton à deux, tout le temps. Au-delà du bénéfice certain pour la maman (je suis persuadée d’avoir échappé à la dépression post-partum grâce à ça), c’est aussi et surtout formidable pour le papa. Ryo n’a rien loupé des premiers moments de Chaton et a naturellement pris sa place dans la famille. Et ça a été salutaire pour notre couple : pas de ressentiment, de jalousie ou de frustration, de mon côté comme du sien. Notre congé maternité / paternité a été une vraie bulle hors du temps, où on pouvait toujours compter sur l’autre pour prendre le relai. De son côté, Chaton était un bébé facile, éveillé, apaisé. Nous, on a très clairement fait le lien avec ce congé hors norme.
Comme je n’ai pas allaité, nous nous sommes de suite partagé les biberons. Cela permettait d’avoir chacun des plages de sommeil un peu plus longues. Dès que Chaton a fait ses nuits, nous avons partagé les nuits complètes, un tour chacun. Vers ses 6 mois, il a eu une énorme phase de régression dans son sommeil, avec des réveils toutes les deux heures, voire toutes les heures. Et c’est là qu’on a vu tout le bénéfice de notre organisation quasi militaire. Le fait de pouvoir dormir à peu près correctement un jour sur deux nous a permis de tenir dans la durée. Tu me diras que même si ce n’était pas ma nuit de garde, je devais bien l’entendre ? Et bien figure toi que j’ai été assez bluffée par la capacité de mon cerveau à se conditionner. Quand c’était mon tour, j’étais réveillée dans la seconde. Par contre, quand ça ne l’était pas, il m’arrivait de ne pas l’entendre du tout ! Plusieurs couples de copains nous ont imité sur ce point, le sommeil, ça reste le nerf de la guerre…

On a continué dans la même veine pour tout : les week-ends, les couchers, les repas, les activités extra-scolaires, les visites chez le pédiatre… Et oui, on a compté pour que ça soit vraiment équitable. Ça te paraît extrême ? Ça l’est sûrement un peu. Mais c’est un fonctionnement qui nous convient et qui évite beaucoup de disputes et de frustrations. C’est aussi plus simple pour Chaton, on note sur un calendrier hebdomadaire qui l’amène et le récupère à l’école et le couche le soir. Du coup, pas de caprice du genre « Mais je veux Papa ! ».
Et puis, on n’est pas aussi rigides qu’on en a l’air. On s’adapte bien évidemment aux besoins et imprévus de l’autre. Et plus Chaton grandit, plus les tours de garde se floutent et se mélangent, il joue tout seul, ne se réveille quasiment plus la nuit. On se couche maintenant souvent en se demandant « C’est ton tour cette nuit ?».
Il y a finalement une dimension assez féministe dans cette organisation. Et je tiens à préciser qu’elle n’a en aucun cas été imposée, Ryo a été le premier à vouloir ce partage. Quand j’entends tous ces témoignages de mères exténuées par la charge mentale, je me sens chanceuse d’être avec un homme aussi impliqué. Alors que ce n’est pas une chance, cela devrait être la norme. Un enfant se fait à deux, en tout cas dans la plupart des cas. Il me semble donc évident que les deux parties aient autant d’obligations l’une que l’autre. Et je trouve que c’est important pour Chaton. Il grandit avec un bel exemple de masculinité positive. On a beau être en 2024, je pense qu’on est toutes d’accord pour dire que malgré le chemin parcouru, la route vers l’égalité des rôles est encore longue…

Bienvenue Esperluette !
C’est une chronique que je trouve très intéressante. Quand je vois autour de moi les couples qui se déchirent à cause d’une mauvaise répartition des tâches liées à la maison, aux enfants, à la vie quotidienne… Je trouve que tu as une bonne approche.
Nous avons eu la même idée que toi, aidé par un congé parental long de la maman puis du papa (chacun à eu son moment seul avec le bébé). Les premiers mois on a fait 50/50 sur la plupart des tâches sans aller jusqu’à suivre qu fait quoi dans un planning.
Mais plus que de faire une tâche sur deux, on s’est aussi réparti les tâches selon notre goût. J’aodre faire les bains, il préfère couper les ongles; je me lève facilement la nuit (quand il y a un cauchemar) mais je ne suis pas du matin donc il gère nos léve tôt… Ce qui est cool s’est qu’on y trouve nos comptes. Même si au bout de quelques mois, on rediscute la répartition des tâches.
Par contre, on a un collègue qui fait une répartition « moi puis toi » très stricte et je trouve ca dommage. Même en le prévenant 3 semaines à l’avance qu’on a une fête, il nous réponds (une fois sur deux) « je ne peux pas, c’est mon jour de coucher les enfants ». Et là je n’arrive pas à comprendre qu’avec son épouse il ne puisse pas échanger deux jours quand s’est prévu à l’avance. Mais chacun son truc.
Bravo à ton employeur ! C’est vraiment bien ce qu’il fait !
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Yeah, premier article !
C’est génial ce qu’a fait ton employeur ! Je pense aussi que si le congé paternité était aussi long que celui des femmes, (peut-être pas le prénatal, mais le post en tout cas !) ça réglerait beaucoup de questions d’inégalités…
Ici, on s’est toujours bien réparti pour les nuits quand elles étaient petites mais maintenant j’avoue que s’il y a un truc à faire la nuit, je le laisse gérer tout seul, je suis vraiment pas de la nuit… Toutes les répartitions se modifient avec le temps aussi quand les enfants grandissent… il y a des choses qui disparaissent, d’autres qui apparaissent (ah… les devoirs…)
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Bienvenue à toi !
Je radote avec mon commentaire…chez nous la répartition est perçue différemment. Les courses, la cuisine, se lever la nuit, les rdv…ne sont pas considérées comme des corvées. Plus chacun en fait, plus cela libère du temps à soi meme et à l’autre (pour etre ensemble ou seul). Et comme chacun en fait le maximum, l’équilibre se fait naturellement. Les enfants élevés avec cette vision prennent très vite part à cette organisation (de nos grands parents, parents, nous, nos enfants…). Avec le recul, il est vrai que la notion de patriarcat nous était inconnu, surement car les métiers exercés étaient très prenant pour les 2 membres du couple. Ce ne sont pas des « preuves » d’amour, dès qu’il y a quelque chose à faire, le premier qui y ait confronté le fait, sans etre « mère » ou « père » courage. C’est plutôt un amour profond qui ne veut pas alourdir la charge de l’autre (conjoint, parent, enfant) afin que chacun ait du temps à disposer comme il l’entend.
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Bienvenue Esperluette ! Mais je vois que tu as déjà rédigé des articles pour Bribes de Vie 🙂 Nous aussi nous avons bien partagé le temps d’occupation pour P’tite Lu. Ce qui nous a principalement déséquilibré les premiers mois c’est l’allaitement qui me prenait beaucoup de temps mais difficile, tranquillement installé sur le canapé avec un petit bébé au sein de demander à mon époux de faire plus de tâches qu’il n’en faisait déjà. Et pourtant d’un autre côté je trouvais injuste de considérer ce temps uniquement comme du « loisir » pour moi. La situation s’est rétablie quand j’ai repris le travail pour ses 6 mois et que nous sommes passés chacun à 80% avec un jour de garde seul chacun.
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Merci Nathilou, oui j’avais déjà écrit quelques témoignages 😊
Effectivement, avec l’allaitement, difficile de partager et comme tu le dis, ce n’est pas vraiment du temps pour toi. Beaucoup de choses deviennent plus faciles finalement quand ils grandissent je trouve.
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Merci pour vos messages et votre accueil !
Je suis d’accord avec les commentaires de Laura et Gisèle, il faut garder une flexibilité et il y a aussi certaines choses chez nous qui ne sont faites que par l’un ou par l’autre.
A voir comment on s’organisera à l’entrée en primaire, les devoirs, ça a l’air coton 😅
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Waouh, ça c’est chouette ! Merci pour ce retour.
Clairement la présence du père c’est important, « prince charmant » a beau être sensibilisé et vouloir partager les tâches, son retour au bout de 15 jours au travail n’ont pas permis un vrai partage.
A postériori, qu’est-ce que j’ai mal vécu ce congé maternité, en temps de COVID où tous les ateliers allaitement/jeux avec bébé… étaient annulés, un conjoint qui travaille où qui veut terminer les travaux de la maison, un allaitement « qui ne se partage pas »… J’en étais heureuse de reprendre le travail !
J’ai beau être pharmacienne, je n’avais pas voulu me lancer dans des « comptes d’apothicaire » mais ça aurait surement permis de mettre les choses en évidence.
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Merci pour ton message FloA ! Il est vrai qu’il y a du mieux avec le congé paternité d’un mois, mais ça ne reste pas une égalité. Et puis on est bien d’accord que le terme de « congé » est quand même bien mal adapté, ce n’est vraiment pas des vacances…
Nos « comptes d’apothicaire » comme tu le dis, peuvent paraître un peu extrême et inutiles à la plupart des gens. Mais comme tu le fais judicieusement remarquer, ça met les choses en évidences et ça permet une vraie répartition des rôles.
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