Parentalité et travail

PARENTALITE ET TRAVAIL

Autant je suis satisfaite de la maman que je suis devenue (voir cet article), en contrepartie je le suis beaucoup moins de mon efficacité ou justement de mon manque d’efficacité au travail.

J’ai un profil « bonne élève » et je pensais devenir une professionnelle dont la maîtrise des dossiers serait reconnue, que je finirais par « monter » dans les responsabilités ou les expertises (pas dans la hiérarchie mais dans la complexité des dossiers et projets, dans la reconnaissance du savoir-faire).

Pourtant je suis sur mon poste depuis maintenant cinq années et clairement je stagne en compétences.

La procrastination

Mon poste est compliqué (mais quel poste ne l’est pas maintenant ?). Et je me sens toujours en presque limite de compétence (sujets nouveaux, évolution des procédures, modernisation des outils…).

J’ai un fonctionnement de travail qui marche avec un peu de stress. Je réfléchis toujours beaucoup sur comment faire, jusqu’à ce que le stress de ne rien rendre du tout dépasse le stress de rendre quelque chose de pas assez bien et là, ma « machine » se met en route et je réussis à produire le mieux que je peux.

C’est un fonctionnement qui me nécessitait de travailler plus la semaine avant de rendre un projet par exemple. Etant donné que mes rendus sont ponctuels, la situation me convenait.

Et je parle d’un stress acceptable, j’ai une ambiance de travail favorable, sur une thématique que j’aime.

Travail et parentalité

Je suis sur un poste où comme partout il y a une certaine productivité à respecter. Il faut déclarer le temps passé sur chaque dossier.

Or dès ma première grossesse, j’ai accumulé du retard : fatigue du premier trimestre, d’autres envies… À tel point que j’ai fini par déclarer (sans rien dire) 2 jours de congés pour combler les trous (j’ai la chance d’avoir 50 jours de congés). Et j’ai finalisé mes derniers projets sur mes premiers jours de congé mat’.

J’ai repris aux 6 mois de ma fille, alors que celle-ci ne faisait toujours pas ces nuits. Elle faisait toujours 3 réveils par nuit et mettait de plus en plus de temps à se rendormir. Je fais un travail de bureau, où si je somnole l’après-midi je ne mets personne en danger mais je ne sais comment font celles qui sont chirurgienne ou infirmière, ou qui font beaucoup de route…

Je trouve cela particulièrement difficile cette gestion de l’efficacité au travail que ce soit au moment de la grossesse ou avec un nouveau né. On veut réussir partout et je trouve vraiment que l’on nous en demande trop.

Crédit photo : energepic.com

Facteurs amplificateurs

Après m’être arrêtée 4 mois, j’ai repris à 80%. Si cela correspond parfaitement à mes besoins familiaux, c’est moins confortable pour le travail : autant de mails, d’information à traiter, de réunions… et finalement c’est le temps de pure production qui est raccourci. Celui qui déjà me manquait.

Et j’ai choisi d’allaiter. Lorsque j’ai repris j’étais contente car je n’ai eu à tirer mon lait que la première semaine, le temps que mes seins s’habituent à l’absence de tétée du midi. Ma fille étant bien diversifiée, elle avait juste un biberon de lait en poudre au goûter. Et j’ai gardé les tétées du matin, du retour travail, du dodo (et bien sûr la nuit…). Je ne me suis jamais inquiétée sur ma lactation puisque j’avais pour projet au départ d’arrêter progressivement avant ses un an. Et finalement j’ai continué jusqu’à ses 2 ans et demi. Elle s’est sevrée de nuit à 11 mois. Je n’ai pas eu l’impression que l’allaitement me fatiguait. Ce qui était fatigant c’était qu’elle ne dorme pas. Par contre l’allaitement produit des hormones de bien-être qui m’ont réduit à néant tout mon stress producteur !

Changement de priorité

Ainsi mon mode de fonctionnement, par vague, qui était possible avant d’avoir un enfant, ne l’est plus aujourd’hui. Je n’ai jamais eu le courage de rallumer mon ordinateur après avoir couché ma fille. J’ai régulièrement pris mon ordinateur, pleine de bonnes intentions, pendant des vacances pour finir « ça » et puis non, je passe à autre chose dès que je suis rentrée chez moi. Mon travail n’est plus ma priorité.

Je suis pourtant sur un domaine passion, la gestion de la nature, et j’aime mon travail mais je relativise.

Cela ne m’empêche pas une certaine culpabilité. Avoir un ou plusieurs enfants et travailler étant un choix (même si financièrement continuer de travailler ça aide quand même !), il faut assumer.

Et c’est vraiment un modèle égalitaire que je souhaite transmettre à mes enfants : papa et maman travaillent chacun autant.

Quel avenir ?

Je ne travaille quasiment plus que devant un ordinateur (bonjour les tableaux excel, les mails et les rapports sans fin!), moi qui ait choisi ce domaine initialement pour être dans la nature… Mais des horaires de bureau c’est bien pratique pour amener et aller chercher P’tite Lu.

L’ambiance est bonne, les collègues sont agréables et je n’ai jamais eu de critique sur mon travail.

Est-ce moi qui me mets trop de pression ?

C’est le problème des métiers passions où les collègues sans enfant et parfois même avec, ne compte pas leurs heures. Cela me fait du coup relativement culpabiliser.

J’hésite parfois à changer de poste voire carrément de filière, mais clairement c’est la seule chose que je sais faire, et c’est un domaine qui me plaît. Je ne suis pas sûre qu’un changement résolve le problème.

Et puis je suis convenablement payée, ce qui me permet d’avoir du temps pour ma fille en étant à 80%.

Voilà avec tout ce retard accumulé, j’ai fini par travailler (comme je pouvais) pendant mon deuxième congé mat’ pour finaliser un gros dossier. Mais je n’aurai pas eu ce temps hors temps, je ne sais pas comment j’aurai fait. Merci bébé de ne pas être né en avance !

Je retiens cette phrase « on peut tout faire dans la vie mais pas en même temps ».

J’ai l’espoir que je finirai par devenir cette personne productive et indispensable lorsque mes enfants seront un peu plus grands. Pour l’instant ce sont clairement eux ma priorité.

Et vous comment réussissez-vous à gérer parentalité et vie professionnelle ?

8 commentaires sur “Parentalité et travail

  1. Han mais qui es-tu ?! Pardon mais j’aurais pu écrire mot pour mot le même message (en moins bien. tu es très agréable à lire !), on travaille dans le même domaine et on a exactement les mêmes problématiques, et je me dis que peut-être on se connaît, et c’est troublant xD

    Du coup je ne sais pas quoi dire pour te rassurer, à part ben que tu n’es pas seule. Moi aussi je suis lente, bonne élève à l’école mais j’ai besoin de beaucoup de temps pour me lancer puis pour faire les choses (je me dis que mon cerveau, même quand je suis « non productive » a en fait besoin de ces moments pour mouliner en arrière-plan jusqu’à ce que je sois prête à me lancer ^^ » Mais j’aime beaucoup ton interprétation sur les 2 sortes de stress dont l’un inhibe jusqu’à ce que l’autre pousse à travailler dans l’urgence, je n’y avais jamais pensé et ça me paraît très juste). Moi aussi je culpabilise devant certains de mes collègues qui semblent consacrer leur vie au travail, qui sont véritablement passionnés. J’ai à l’origine choisi ce métier par passion mais maintenant c’est surtout alimentaire en fait, et je n’ai plus du tout envie de m’investir autant. Je passe peut-être à côté de quelque chose ? On est plus utile à la société en s’investissant pleinement dans la gestion des milieux naturels qu’en se cantonnant à la sphère familiale… é_è Bref je culpabilise.

    Et en même temps, je repense souvent au témoignage de quelqu’un sur son lit de mort : il disait regretter d’avoir consacré sa vie au travail, et d’avoir à peine vu ses enfants grandir. C’est le genre de regret que je ne supporterais pas d’avoir à la fin de ma vie. Mes enfants passent avant mon travail c’est une évidence en fait. Et comme toi, je me dis que quand ils seront plus grands, ça sera plus facile ! (ou pas, mais chut)

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    1. Merci pour ton message. Je pense que l’on retrouve cette même problématique dans d’autres métiers « passion » lorsque finalement on est moins passionné que les autres. Je ressens aussi la même chose pour le cerveau qui mouline en arrière plan jusqu’à trouver la solution, la formulation etc ! Je pense finalement qu’il faut juste essayer de faire de notre mieux même si on est plus lente, mais c’est difficile de ne pas se comparer aux autres.

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  2. Je te trouve un peu dure avec toi même.

    Quand on est enceinte ou en post partum, l’entreprise peut s’attendre à ce qu’on soit moins productive. C’est pareil avec les collègues qui ont de longues maladies mais continuent de travaller. La charge de travail doit être adapté en fonction de ces paramètres.

    Si tu en es à travailler pendant tes vacances ou ton congé parental, je trouve qu’il y a un gros soucis organisationnel dans ton entreprise / dans ton service. Ce genre de chose aurait du être remarqué par ta hiérarchie. Et si tu travailles à 80%, on ne devrait pas te donner autant de projets qu’à 100%. J’ai l’impression qu’on te donne pas les clefs pour réussir.

    Après, c’est normal de ne pas toujours faire passer son travail en priorité même quand c’est une passion (et encore, j’ai l’impression que ta passion c’est la nature et non sa gestion derrière un ordinateur… te sens tu utile avec ton travail). Mais il faut aussi voir quelle est ta motivation et si ce travail te correspond encore. Pas besoin que ca soit une passion si tu y trouves des avantages substanciels: collègues sympa, projet intéressant, découvertes de nouvelles choses, peu de temps de trajet…. bonne balance entre vie pro et vie perso…

    Courage !

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    1. C’est le problème lorsque l’on est considéré « chef de projet » (même si chef c’est uniquement dans l’intitulé, on n’est chef de personne, juste responsable de l’organisation du projet). Du coup on est autonome sur son projet, l’avantage on s’organise comme on veut, mais lorsque on n’arrive pas à travailler sur ses heures de travail (fatigue, manque de motivation), à un moment malgré tout il faut bien rendre son projet. Mais oui j’espère réussir à trouver une meilleure organisation à mon retour au travail !

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  3. Merci pour ton article, c’est trés intéressant. Je m’y retrouve dans certains aspects, et si je n’ai pas l’impression d’avoir perdu en productivité, j’ai clairement perdu en capacité de réflexion. Parfois, ça m’inquiète de voir tous ces neurones que j’ai en moins depuis la grossesse, même si je sais que surtout la fatigue et le manque de sommeil qui jouent. Je n’ai par contre jamais été très carrieriste, et pour moi c’est évident que ma famille a la priorité sur mon travail. Si je n’ai pas un travail passion, j’y trouve quand même la plupart du temps du sens et j’ai de très bonnes conditions. Et ça me suffit. Bon courage à toi, je te souhaite de trouver un bon équilibre, sans culpabilité 🙂

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    1. Oui clairement la fatigue à un impact et chez moi les hormones d’allaitement qui me font « planer » 😉 Je n’ai jamais été carriériste non plus, c’est juste l’envie d’être au plus utile. J’espère aussi retrouver un meilleur équilibre.

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  4. Je pense que dans la vie il y a un moment pour tout. Et parfois en vague. Il y a les périodes où l’on surfe sur un rythme de croisière tant au travail quand dans la vie perso, où l’on pourrait déplacer des montagnes tellement on se sent au top. Et puis il y a les moments en creux, parfois la conséquence de la maternité que tu décris, parfois une maladie, un deuil… et c’est le propre de l’humain.

    Et puis nos priorités évoluent aussi. Et on ne peut pas se comparer avec les autres car personne n’est dans la même phase au même moment. D’où l’intérêt d’avoir des profils très variés dans une équipe avec des jeunes, des parents, des plus expérimentés… tout le monde se complète quand il y a des bas.

    Si personne ne te fait la remarque au travail, c’est que ton travail doit leur convenir. Mais si tu as besoin d’être rassurée, il faut peut-être envisagé d’en parler de vive voix avec ton manager qui ne lit sûrement pas dans tes pensées et qui apprécierait probablement de mieux cerner tes attentes et tes difficultés au travail 🙂

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  5. Merci pour ce message rassurant. Je pense aussi que ça m’est difficile de demander de l’aide, souvent je préfère faire comme si tout allait bien. Ce n’est pas évident de se montrer vulnérable au travail. Mais oui il faut que je trouve un angle d’approche avec mon manageur pour avoir au moins plus de suivi.

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