Le bégaiement de Cocoa

Le bégaiement de Cocoa

Été 2023, Cocoa et Prunelle ont 2 ans et demi (2 ans et 10 mois pour être précis !), et vers la mi-juillet, quasiment du jour au lendemain, Cocoa s’est mis à bégayer. En une semaine, son bégaiement s’est intensifié, et il n’arrivait plus à s’exprimer de manière fluide. Cela l’énervait d’ailleurs, et il l’exprimait quand il n’arrivait pas à finir ses phrases en lâchant « ça m’énerve ! ».

Par chance, début août nous sommes partis en voyage à vélo avec un couple d’amis et leurs enfants, et notre amie est orthophoniste. Le bégaiement n’est pas du tout sa spécialité, mais elle m’a conseillé de prendre rendez-vous avec la pédiatre de Cocoa en septembre si ça ne s’était pas arrangé tout seul d’ici là.

J’avais quand même bon espoir, et je ne paniquais pas du tout au début, car je me suis souvenue que P’tit Matelot avait bégayé aussi pendant un temps, vers ses 2 ans et demi. Et à l’époque mon amie m’avait dit que le bégaiement passait tout seul dans la majorité des cas, et que chez P’tit Matelot c’était certainement dû au fait que ses pensées allaient tellement vite que sa bouche n’arrivait pas à suivre et que sa parole « butait » pour sortir.

Malheureusement, en septembre, Cocoa bégayait toujours. Il a fait sa rentrée en petite section, qui s’est bien passée. Et fin septembre j’ai pris rendez-vous avec la pédiatre, qui m’a fait une ordonnance pour aller voir un.e orthophoniste.

Crédits photo : Clicke

J’ai mis un peu de temps à appeler, parce que j’avais peur des délais faramineux… oui, je sais, ce n’est pas logique, mais c’est tout moi ! Quand j’ai finalement appelé un cabinet d’orthophonistes de notre ville, la personne que j’ai eue au téléphone m’a donné les informations suivantes :

  • le bégaiement passe tout seul dans la majorité des cas.
  • si Cocoa bégaye toujours fin octobre, il fallait que je la rappelle pour qu’elle puisse envisager une prise en charge. En attendant elle le mettait sur liste d’attente.
  • plus le bégaiement est traité tôt, plus c’est facile de s’en débarrasser.
  • elle m’a ensuite recommandé plusieurs actions et manières de réagir pour aider le bégaiement à ne pas s’installer.
  • elle m’a aussi précisé qu’elle allait bientôt partir en congé maternité et que j’aurais à faire avec sa remplaçante.

Bon, tu t’en doutes, si j’écris cet article c’est que le bégaiement de Cocoa était toujours bien présent fin octobre. Quand j’ai appelé, la personne que j’ai eue au téléphone avait toutes les notes de notre dernière conversation téléphonique, et a tout de suite accordé à Cocoa d’être suivi au plus vite par l’orthophoniste. Et, gros coup de bol, cette orthophoniste, remplaçante de celle partie en congé maternité, n’avait pas récupéré tous les patients et avait de la place rapidement ! C’est donc avec incrédulité et joie que nous nous sommes vu attribué un rendez-vous de bilan pour début décembre !

Lors du rendez-vous, Camille, l’orthophoniste, m’a d’abord expliqué plein de choses sur le bégaiement et m’a rassurée : le bégaiement est génétique, et s’il devait se déclencher il l’aurait fait. Il peut y avoir un élément déclencheur, mais le bégaiement serait arrivé de toute manière. Cela m’a beaucoup rassurée, parce que je craignais que ce soit de notre faute. En effet, Cocoa parlait (et parle) tout le temps, tout le temps, et c’était parfois fatiguant au point que parfois on laissait échapper un « tais-toi Cocoa ».

Elle m’a dit aussi que, puisque c’est génétique, il y avait certainement des gens qui bégayaient ou avaient bégayé dans nos familles. Rien ne nous venait à l’esprit à Mr Solex et moi. En interrogeant ma mère, elle s’est vaguement souvenue que son petit frère (mon oncle) avait bégayé un peu étant enfant. Mais le plus drôle a été de découvrir, lors d’une conversation banale par téléphone avec la grand-mère de Mr Solex, que son mari (le grand-père de Mr Solex) avait bégayé étant petit. Elle ne l’a jamais connu ainsi, car à l’adolescence il en souffrait tellement qu’un médecin avait fini par lui dire de parler avec des cailloux dans la bouche pour guérir ! Le plus incroyable est que cela ait fonctionné ! (J’étais quand même rassurée de ne pas devoir donner des cailloux à sucer à Cocoa !)

Elle m’a expliqué que c’était important de faire le traitement tant que le cerveau est très souple et malléable, car en fait, au bout d’un moment, le cerveau fini par prendre le bégaiement comme l’état « normal » d’expression, et qu’il faut donc le ré-habituer à s’exprimer fluidement. Donc rien à voir avec une quelconque structure de bouche ou de mâchoire ou de corde vocale ou autre. Elle a fini en me présentant le programme du traitement – j’avoue que j’ai trouvé ça bizarre au début qu’elle parle de « traitement ». Grosso modo, et en quelques mots, le traitement consiste à renforcer positivement les paroles fluides, par des jeux et des paroles valorisantes (comme « tes mots coulent bien », « ça glisse tes mots », etc.).

Camille recevait Cocoa et moi (ou son papa, plus rarement) une fois par semaine. Elle nous donnait des exercices à faire à la maison, tous les jours. Nous devions aussi, chaque jour, noter son bégaiement sur une échelle de zéro à dix. Elle avait estimé son bégaiement lors du bilan initial à 8. J’avoue que c’était hyper difficile car c’est très suggestif. Et même les exercices à faire, nous avions du mal à nous y tenir tous les jours, dans le tumulte de nos vies quotidiennes intenses et surchargées. Nous avions également des consignes à respecter pour accompagner sa parole et l’aider à s’exprimer.

J’ai eu une phase d’intense découragement, quand, arrivé au mois d’avril, je ne voyais pas une grosse évolution. Certes, la note oscillait entre 6 et 7, ce qui est déjà mieux que 8, mais les efforts que cela nous demandait au quotidien me paraissaient immenses, et j’avais peur que ça ne fonctionne pas, qu’il garde son bégaiement à vie. Camille a réussi à me remotiver, à me rassurer, et arrivés à l’été on voyait une nette amélioration. Cocoa bégayait toujours, mais beaucoup moins.

Nous avons relâché la rigueur du suivi quotidien pendant l’été, et j’étais un peu inquiète de constater fin août que, même s’il bégayait beaucoup moins, il ne s’exprimait pas non plus de manière totalement fluide. La note oscillait entre 1 et 2. Camille nous a revu en septembre et une fois en octobre. Lors de notre rendez-vous d’octobre, elle a considéré qu’elle n’avait plus grand chose à nous apporter. Elle nous a suggéré de continuer encore un peu le travail à la maison, mais c’est vrai que le bégaiement ne s’entendait vraiment que dans des cas précis : quand il avait une forte émotion par exemple, ou qu’il était très pressé de dire quelque chose.

Sur le moment je me suis un peu sentie abandonnée, et j’avais vraiment peur que la situation reste en statu quo, ou qu’elle dégénère à nouveau. Alors oui, ce très léger bégaiement était déjà bien moins handicapant qu’avant, mais ce n’était pas parfait et je n’étais pas complètement sereine. Mais il fallait bien reconnaître que Camille n’avait plus grand chose à apporter (à part la motivation de continuer nos efforts pour les exercices !).

Finalement, un peu avant les vacances de Noël 2024, donc 1 an après sa prise en charge, à un moment ça m’a sauté aux yeux : Cocoa s’exprime de manière très fluide, en posant chaque mot et en articulant de manière très compréhensible… je peux donc affirmer maintenant que Cocoa est guérit, il ne bégaye plus !

J’espère que ce modeste témoignage pourra t’être utile, si ton enfant se met à bégayer et que tu ne sais pas quoi en penser !

2 commentaires sur “Le bégaiement de Cocoa

  1. Je n’avais aucune idée de comment le bégaiement était traité aujourd’hui, c’est instructif !C’est super que ça ait bien fonctionné, tous vos efforts et votre travail ont porté leurs fruits !

    J’aime

Répondre à Gisèle Annuler la réponse.