Cette ado qui dort en toi
11 ans, je me souviens, l’angoisse à l’entrée au collège. Me sentir toute petite dans cet univers hostile alors que j’étais concrètement grande pour mon âge.
11 ans, je me souviens, mon entrée à la cantine et le regard lourd des garçons de 3ème me révélant que j’ai une grosse poitrine.
11 ans, je me souviens, les boutons sur le visage et les solutions qui ne fonctionnent pas.
11 ans, je me souviens de mes tentatives de domptage de ma tignasse crépue qui ne ressemble pas à celle des filles les plus belles de la classe.
11 ans, je me souviens, le grand écart entre les jeux enfantins avec ma sœur de 6 ans ma cadette et les exigences de grandir trop vite des collégiens.

Les sacs lourds de livres, les phrases incompréhensibles des profs, les coins de la cour où on ne se prendra ni un ballon, ni les réflexions des plus grands, les cours d’EPS où soudain notre corps ne semble plus nous obéir, les premières règles et la gêne à l’idée que tout le monde s’en rende compte.
Plus envie de parler à ma mère parce qu’elle ne me comprend pas ou si peu. Les devoirs que j’expédie, tout est encore trop facile.
L’envie qu’un garçon me regarde et ne pas voir ceux qui me voient (s’en rendre compte 10 ans plus tard…).
11 ans, la chenille forme son cocon, la chrysalide mettra quelques années à se transformer en papillon.
Ma fille entre dans cette phase. Elle a soufflé ses 11 bougies et dans quelques mois, son entrée au collège marquera une étape de sa vie, et de la mienne. Avec elle, en tant que mère, j’apprends tous les jours, je tâtonne. J’entre doucement dans cet entre-deux où je vois son visage, son corps changer, son état d’esprit osciller entre la petite fille et la jeune fille qu’elle deviendra.
Trouver le juste équilibre entre la reprendre à chaque fois ou la laisser vivre aussi et être elle-même. J’ai été tellement bridée dans mon enfance que j’espère juste ne pas reproduire sur elle.
Mais je ne suis plus sur le devant de la scène. C’est son tour de briller, son tour d’expérimenter. Quoique je lui dise – ou ne lui dise pas – elle fera son propre chemin parsemé des embûches de son époque et des avantages de âge. Il y a aura des choses plus simples qu’à mon époque, d’autres que je ne connais pas, et peut-être des difficultés que je ne soupçonnais pas.
Il faudra être présente tout en donnant l’impression de ne pas être là. Il faudra la guider tout en lui laissant la possibilité de faire ses propres choix. Oh… je ne doute pas que je serrerai les dents pour éviter de la blesser, ou que je sentirai mon corps entier se crisper quand elle me racontera – peut-être – ses errances et ses souffrances. Parce que sa douleur et sa tristesse me paraissent mille fois plus pénibles encore que les miennes. Parce que son cœur me paraît si pur et si léger, j’ai peur de la voir tomber. Parce que je ne sais pas si je lui ai donné assez de force pour affronter la vie. Parce que peut-être que je me fais du souci pour rien et qu’en fin de compte la vie glissera sur elle comme l’huile sur l’eau.
Je ne sais pas si je me questionnerai autant si elle était un garçon – malgré tout encore aujourd’hui, la vie d’un homme démarre avec plus d’avantages que celle d’une femme. Son père fait l’autruche, je crois qu’il n’a pas très envie de la voir grandir. L’adolescence lui fait un peu peur, sans doute parce que c’est un mystère pour lui, après tout, il a été un adolescent garçon impressionné par les filles.
Alors je profite de ces derniers moments de grâce où elle est encore un tout petit peu rien qu’à nous.
Avant qu’elle nous regarde comme des vieux cons, avant qu’elle ne soupire rien qu’au son de ma voix, avant qu’elle nous trouve totalement dépassés, avant qu’elle préfère passer le week-end avec ses copines, avant qu’elle nous dise qu’on ne comprend rien et qu’on est les pires parents qu’elle aurait pu avoir, qu’on ne fait que gâcher sa vie avec nos réflexions débiles… Avant qu’un jour, elle ne revienne vers nous en disant « j’ai compris maintenant ».

Voir sa fille passer de petite fille à ado c’est jamais facile, et c’est pire à notre époque où les enfants grandissent plus vite (trop vite même).
J’appréhendais aussi pour ma fille, parce que pour moi l’adolescence avait été un calvaire, et aussi parce que je ne savais pas si elle allait devenir une « ado parfaite » (ça existe ça ?) ou faire sa crise d’ado…
Finalement les choses se sont plutôt bien passées, à présent elle a 16 ans et je suis impressionnée par l’autonomie dont elle fait preuve, alors que moi à son âge j’étais encore très empotée et incapable de me débrouiller comme elle le fait…
Bref courage mais pas d’inquiétude ! 😉
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Voir sa fille passer de petite fille à ado c’est jamais facile, et c’est pire à notre époque où les enfants grandissent plus vite (trop vite même).
J’appréhendais aussi pour ma fille, parce que pour moi l’adolescence avait été un calvaire, et aussi parce que je ne savais pas si elle allait devenir une « ado parfaite » (ça existe ça ?) ou faire sa crise d’ado…
Finalement les choses se sont plutôt bien passées, à présent elle a 16 ans et je suis impressionnée par l’autonomie dont elle fait preuve, alors que moi à son âge j’étais encore très empotée et incapable de me débrouiller comme elle le fait…
Bref courage mais pas d’inquiétude ! 😉
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Merci, c’est rassurant à lire! C’est vraiment l’inconnu qui arrive car comme tu le dis très bien, l’adolescence d’aujourd’hui n’est pas celle que nous avons vécu… Et il ne s’agira plus de guérir un bobo si elle se fait mal… J’espère qu’on a posé suffisamment de bases solides sur lesquelles elle pourra s’appuyer pour vivre son adolescence le plus sereinement possible…
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