34+5, néonat : suite et fin
Dans mon dernier article, je me suis arretée quand la Poupette a pu être habillée. C’est une période de transition, elle est moins médicalisée, elle passe le critère de poids, elle passe aussi les 36 semaines. On a fait le premier bain aussi, un tous les 3 jours de mémoire, pour ne pas trop la fatiguer. Mais elle n’arrive pas à se nourrir seule, elle s’épuise trop vite. La sonde est nécessaire.
Et puis un soir en partant, l’infirmier de nuit (le même qui a fait l’admission le tout premier jour !) nous choppe et nous dit qu’il sait bien qu’on a un projet d’allaitement, mais que si on le souhaite on peut tenter de donner des biberons de mon lait. C’est plus facile et moins fatigant que le sein. Il précise que c’est notre décision, qu’eux ne donneront pas de biberon tant qu’on n’a pas donné le feu vert. Mais par contre, dans ce cas, faut rester un peu plus, parce que le premier biberon c’est papa, pas un personnel soignant. On n’hésite pas une seconde, l’allaitement c’est un truc que je voulais essayer mais qui ne fait pas le poids face à un retour anticipé de notre Poupette (et spoiler : elle a eu un paquet de biberons – elle n’a pas pu être 100% au sein avant ses 2 ou 3 mois, et elle a finalement été allaitée jusqu’à ses 1 an, aucun regret).
Et papa donne son premier biberon, coaché par l’infirmier.
On a une routine rodée, j’arrive le matin pour les soins de 9h, peau à peau, mise au sein, etc. Après les soins de midi je sors et je vais manger, on continue la quête des restobancs puis papa monte lui faire un bisou avant de retourner au travail(*). Il nous retrouve vers 17h et on reste jusqu’au changement d’équipes à 19h et des bananes. On envoie quelques photos à nos familles, pas facile d’envoyer de jolies photos sans inquiéter, sans avoir les cables et les sondes au premier plan.
(*) Le papa a choisi de continuer à travailler, il a pris son congé paternité plus tard. Il existe un congé pour les papas dont le bébé est hospitalisé à la naissance, à l’époque c’était 30 jours (à ma connaissance il n’y a pas eu de changement).
Un soir, ça va faire 2 semaines et demi qu’on est là, papa décide de rester la nuit. Et la Poupette arrache sa sonde. L’infirmière de nuit accepte de ne pas la remettre à condition que papa assure tous les biberons. Au premier biberon pas fini, retour de la sonde. Je reçois des photos toute la nuit des mini-biberons vides. Elle boit alors 40mL par repas, toutes les 3h.

Le lendemain matin je prends le relais au sein. Et ça tient mais on les sent pas confiants. Papa décide de rester une seconde nuit pour assurer les biberons, ce qui achève de convaincre le personnel médical de ne pas remettre de sonde. Et de nouveau elle boit tout bien.
Si bien que le matin quand j’arrive, changement total d’ambiance : on me parle de sortie. Je ne sais même pas comment réagir. Mais on est prêts. Prêts à pas dormir la nuit, prêts à tout faire d’une main avec une Poupette qui n’aime pas être ailleurs que dans nos bras. Prêts à être à trois à la maison. Prêts à lui faire rencontrer le reste de la famille, aussi, parce qu’on est en fin de Covid, seuls les parents sont autorisés à l’hôpital. Enfin on est prêts mais on n’a rien, pas de couche, pas de biberon, je crois que le Papa se fait même une petite excursion au magasin pour … Acheter le siège auto !
Elle sort à 37+5, après pile trois semaines d’hospitalisation (jour pour jour). On est début avril, il neige. Elle fait quasi 2kg. Et on décide de prendre le selfie qu’on a vu tant de jeunes parents prendre en sortant de la maternité, devant l’église de l’hôpital. Et on est tellement émus qu’on ne se rend même pas compte que l’angle est pourri et qu’elle est toute cachée dans son cosy.
La route est encore longue, on passera encore par 3 semaines d’hospitalisation à domicile, un suivi par une pédiatre spécialisée (qui court encore et jusqu’à ses 7 ans), et puis je sors de là un peu marquée. J’en ai un peu parlé, j’ai été une jeune maman très angoissée. Notamment par la nourriture, je crois qu’à chaque bouchée / tétée refusée je la voyais de nouveau hospitalisée. Et puis il y a cette peur de la séparation. La Poupette a une angoisse de séparation très forte mais … Moi aussi. Cette peur a dicté le choix de l’hôpital pour les accouchements suivants, une maternité de niveau 3 pour ne jamais être cette maman qui porte son lait au coursier.
Mais aujourd’hui la Poupette a 4 ans. Si elle est restée petite en taille et poids (apparemment on ne peut rien contre la génétique !), elle se développe parfaitement. Elle a des copines à l’école. Elle gère deux doudous au quotidien. Elle a été une grande soeur formidable et elle a très envie de le redevenir. Elle a vécu beaucoup de choses pour son jeune âge, mais elle continue de rire de tout et de rien. Et dès le début ça a été une évidence, malgré les conditions, ce lien qui nous relie tous les trois s’est construit et se solidifie tous les jours.

C’est vraiment un petit soleil. Et c’est incroyable.

Merci ! C est très bien écrit ! Je lui souhaite d être de nouveau une grande sœur formidable !
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