Mes premiers pas en escarpins – 1

Mes premiers pas en escarpins – 1

Je t’ai laissé il y a quelques mois avec cette nouvelle : je change de travail ! Et depuis plus rien, silence radio insoutenable. Et comme je sais que tu attends la suite avec grande impatience, la voici (oui des fois je me fais des films toute seule).

Les semaines avant la prise de poste

Pas évident de changer, surtout quand on voit dans quelles conditions s’est faite ma prise de poste et mon départ de mon ancien poste (j’ai été prévenue la veille pour le lendemain, au sens propre). Encore moins évident pour moi qui passe d’un poste « tranquille » (mais avec beaucoup de travail) à un poste où je suis chef d’une petite équipe.

J’avais heureusement eu plusieurs semaines pour me faire à l’idée. Et étonnamment, je n’ai pas réellement stressé, moi qui suis pourtant d’un naturel angoissé.

Une chose me tracassait vraiment (et bêtement sans doute) : comment m’habiller ? J’ai eu besoin de compléter ma garde-robe avec des vêtements plus formels et un peu plus chics que ceux que je mettais jusque là (heureusement, j’avais déjà commencé quelques mois plus tôt) et surtout d’acheter une paire d’escarpins !

Et je ne le regrette pas. J’en ai déjà eu bien besoin à quelques reprises (mon poste suppose une certaine représentation auprès de partenaires), c’est le petit plus qui m’a permis de prendre confiance en moi et surtout de garder contenance dans des situations où j’ai senti qu’on cherchait à m’en imposer. Ça a également été un moyen de m’affirmer vis à vis de mes agents et surtout de paraître plus mature : je semble jeune, j’avais besoin de ne pas sembler inexpérimentée. Cela peut sembler superficiel, mais ces petits escarpins de rien du tout ont été le déclencheur d’une assurance que je ne pensais pas posséder. Et depuis je suis repassée à mes bonnes vieilles chaussures « à plat » et mes jeans passe-partout ! Une fois bien dans mon poste, je n’avais plus à démontrer quoi que ce soit…

Une prise de poste sereine

Une fois passée cette phase du « qu’est-ce que je mets ce matin ? », il a fallu aller sur le plus important : prendre le poste !

Je te dresse d’abord un petit topo : je suis donc devenue responsable administrative et financière d’un petit site autonome avec 6 personnes à manager, et ayant deux cent usagers ainsi que des partenariats avec diverses entités publiques. Domaine dans lequel je n’ai aucune expérience, tout comme être responsable. Mais il a bien fallu faire le grand saut.

Crédits photo : Mikhail Nilov

Mes premières impressions sont plutôt étonnantes. D’une part, je suis surprise car la charge de travail est moindre que dans mon ancien poste, ou du moins je ne la vis pas de la même manière. En effet, elle vient du fait que j’ai un agent administratif en arrêt maladie depuis ma prise de poste et qu’il faut bien accomplir son travail (il n’y a pas de remplacement en cas d’absence). D’autre part, j’ai énormément de choses à apprendre, à mettre en place et mes marques à prendre. J’ai donc enchaîné les heures supplémentaires. Mais j’ai vite réalisé qu’une fois les premières semaines passées et mon rythme de croisière trouvé, j’aurais moins l’impression de courir partout comme c’était le cas dans mon ancien travail, et je n’ai plus rapporté de travail à la maison ou fait tant d’heures supplémentaires que ça (spoiler alert : la période mai-juin est très chaude aussi !!!).

J’ai aussi réellement apprécié que les 15 premiers jours soient finalement assez sereins (passons sur le 1er jour où j’ai dû faire une prise de parole devant 400 personnes sur un sujet que je ne maîtrisais pas du tout, avec mon angoisse chronique). Quel plaisir de ne pas attendre pour avoir une réponse, obtenir ses codes d’accès aux logiciels dès le 1er jour (dans mon ancien poste, certains collègues utilisaient mes codes d’accès durant l’année et même après plusieurs mois car même en réclamant sans arrêt l’ouverture de leur compte, cela n’arrivait jamais…).

Même s’ils sont à 300 kilomètres, mes chefs sont disponibles et toujours prêts à aider. Côté conditions de travail donc, je suis plutôt bien lotie. Le fait d’être à 5 minutes à pied de chez moi est à la fois un énorme avantage mais aussi un léger inconvénient car même sur mes congés/soirées, je passe régulièrement vérifier que tout se passe bien (notamment pour les travaux pendant les vacances) ou m’occuper de la fermeture de l’établissement lorsque des activités sont organisées en soirée. Je précise quand même que je le fais de moi-même et que rien ne m’y oblige ; mais si je ne le fais pas, ça signifie faire appel à une société extérieure et donc payer un montant élevé sur un budget assez contraint que je gère.

Bien entendu, les choses ne sont pas restées si simples mais globalement je suis soulagée que tout se passe si bien. D’ailleurs une des secrétaires m’a fait part de son étonnement : j’avais l’air de bien gérer, j’étais organisée et j’anticipais énormément alors que tous mes prédécesseurs se plaignaient du travail et de la charge que ça impliquait. Avoir travaillé pendant 15 ans dans un gros établissement avec énormément de boulot a dû bien m’aider, car cela n’est absolument pas un souci pour moi !

L’autre élément très surprenant pour moi a été de me faire à « la culture de l’entreprise » (faute de trouver une meilleure expression) : tutoyer presque tout le monde même si on ne les connait ni d’Ève ni d’Adam, faire des mails moins formels que je le faisais jusque là (remplacer le « cordialement » passe-partout par des formules du genre « bien à toi », « passe une bonne journée » ou juste « merci » à adapter selon le cas…), avoir globalement une attitude plus décontractée que ce à quoi je suis habituée et ne pas être naïvement impressionnée et guindée avec « les chefs » ou toute personne ayant une autorité (élu local, représentant administratif…).

Et le stress dans tout ça ?

Sur les dossiers de fond (où je suis seule également), je prends également beaucoup de temps et je n’avance pas vite car je n’ai jamais géré ce genre de choses et je ne veux rien oublier et tout étudier correctement, réfléchir à mes tournures de phrases, à la manière dont je peux présenter tel ou tel élément. D’autant plus qu’il faut louvoyer dans la politique locale et de mon établissement et faire preuve de diplomatie (ce qui est loin d’être mon point fort). J’apprends petit à petit.

J’ai eu des périodes de fatigue et surtout de stress. Cela a été très compliqué avant et après les fêtes de Noël la première année car il a fallu gérer un gros dossier sensible. Les relations se sont tendues avec les agents. Mais je suis restée droite dans mes bottes, disant les choses, faisant au mieux et surtout en communiquant au maximum ! Et ça a payé, j’ai débloqué la situation, apaisé les tensions et les choses sont revenues dans l’ordre. Je dirais même que ça va mieux depuis car j’ai montré mon implication, ma façon de gérer en toute transparence et ma volonté de faire en sorte d’organiser les choses au mieux.

Le plus étonnant pour moi et de constater l’impact de ce changement de poste sur ma vie personnelle. Non pas tant au niveau de la charge de travail car même en faisant des heures supplémentaires, le fait d’être à 5 minutes à pied et de ne plus passer 1h45 sur la route me fait partir plus tard le matin et rentrer plus tôt le soir. J’ai gagné en qualité de vie, je suis moins fatiguée. Et surtout, je me sens désormais réellement bien plus intégrée dans ma ville. Déjà de part mon travail, c’est amusant de constater que j’ai affaire avec des personnes que je connais en dehors : le chef de mon chéri suit un projet concernant mon établissement, le papa de la meilleure copine de Pirlouit est mon interlocuteur pour un dossier, une des personnes intervenant régulièrement sur mon site travaille au même endroit qu’un copain… Bref, le monde est petit ! Et désormais quand je me promène en ville, il n’est pas rare que je croise des personnes avec qui je travaille, voire qu’on se retrouve à plusieurs sans l’avoir voulu ! C’est étrange, assez amusant et je trouve ça agréable.

Et comment je m’en sors côté management ? Ça, je te le dirai dans un prochain article !

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