Mon accouchement – Partie 2
Aujourd’hui je continue de te raconter mon accouchement.
J’ai été hospitalisée le dimanche matin à la maternité, suite à la rupture de la poche des eaux. Cela fait maintenant 24 heures que nous sommes arrivés. Nous sommes lundi, et le travail s’est mis en route vers 4 h du matin, après une nuit très courte.
Retour sur mon premier accouchement
Avant de rentrer dans le vif du sujet, petit retour en arrière sur mon premier accouchement, neuf ans plus tôt.
Pour Petit Viking, j’avais accouché avec péridurale, allongée sur le dos, dans une maternité privée, avec un gynéco. La péridurale était fortement dosée : je ne sentais plus du tout mes jambes, ni même les contractions. À l’époque, j’avais déjà entendu parler des accouchements plus physio et des positions alternatives, mais je n’avais pas vraiment creusé le sujet.
Petit Viking était arrivé très vite : premières contractions à 8 h le matin, et à 13 h, après quelques poussées, il était là. J’ai bien vécu ce moment et j’en garde un bon souvenir.
L’accompagnement avait été correct, mais sans bienveillance particulière. Et surtout, j’avais eu une épisiotomie, très douloureuse et compliquée à gérer pendant longtemps… (probablement recousue trop serrée, mais ça, je ne le saurai jamais).
Pour ce deuxième accouchement, j’avais envie de faire les choses différemment.
D’abord, je n’ai vu que des sages-femmes, pas de gynéco. J’ai choisi de ne pas accoucher dans la même clinique, ni au CHU (où j’avais été suivie pour ma grossesse extra-utérine et mon don d’ovocytes), qui avait la réputation d’être un peu l’usine. J’ai opté pour une autre maternité, recommandée à de multiples reprises par les sages-femmes que je rencontrais (qui y travaillaient ou y avaient travaillé), ainsi que par une super copine, infirmière là-bas.
J’ai été suivie sur place à partir du 8ᵉ mois de grossesse. Nous avons visité la maternité, échangé autour du projet de naissance et fait quelques séances d’acupuncture. Je savais que la majorité des sages-femmes étaient formées à l’accouchement physiologique.
Je m’étais beaucoup documentée sur le sujet et, avec BAE, nous avons fait une préparation orientée dans ce sens : hypnose, sophrologie, positions à deux pour gérer les contractions et l’accouchement. J’espérais pouvoir accoucher accroupie — l’idée d’être complètement sur le dos m’angoissait un peu…
BAE a découvert tout ça avec moi. Pour la naissance de Petit Renard, sa femme avait été déclenchée, puis avait eu une césarienne d’urgence après un long travail. L’accouchement physio était donc une nouveauté pour nous deux.
Je me projetais sans péridurale, mais sans en faire un but à atteindre à tout prix. Je me réservais le droit de changer d’avis en cours de route. Lors des cours avec notre super sage-femme, nous avions aussi revu les différentes positions compatibles avec la péridurale pour gérer la douleur et accoucher. On avait beaucoup travaillé la respiration, pour éviter la respiration bloquée, plus risquée pour le périnée, et privilégier une respiration abdominale, qui accompagne les contractions plus naturellement.
En revanche, j’avais une appréhension : celle de revivre une épisiotomie. D’autant que, pendant la grossesse, ma cicatrice recommençait à me faire mal. Le fait que les positions plus physiologiques diminuent le risque d’épisio pesait donc aussi dans la balance. J’en avais longuement parlé avec la sage-femme, qui s’était montrée rassurante, même si elle m’avait expliqué qu’il existait un risque de déchirure sur l’ancienne cicatrice. En parallèle, j’avais commencé les massages du périnée avec ma kiné dès que cela avait été possible pour assouplir au maximum la zone.
Mais revenons à ce deuxième accouchement !
Vers 7 h 30, j’appelle BAE pour lui dire qu’il peut se préparer tranquillement à venir. Pas d’urgence, mais on ne sait jamais : Petit Viking était arrivé très vite, et j’ai peur que le travail s’accélère d’un coup. (Spoiler alert : ça ne sera pas DU TOUT le cas. Si j’avais su, j’aurais laissé BAE faire une belle grasse matinée.)
Je regarde le jour se lever par la fenêtre. J’ai mes écouteurs sur les oreilles et je bouge doucement sur mon gros ballon. Les contractions sont déjà très régulières et bien présentes. Pas insoutenables non plus. J’alterne les postures pour gérer la douleur, notamment accroupie. Entre deux vagues, je me repose sur le ballon, en effectuant des mouvements de va-et-vient.
Les sages-femmes passent régulièrement me voir. L’une d’elles m’aide à gérer les contractions en attendant que BAE arrive. Une fois qu’il est là, on s’y met à deux : on alterne les positions, on souffle, on compte, on respire, on chante… Je dis “on” car, même si j’étais la seule à souffrir, BAE a vraiment assuré !
Les contractions sont très régulières (toutes les six minutes, précisément). On rigole en se disant qu’on va appeler ce bébé “Six”. Elles sont douloureuses, certes… mais stables. Je ne sens pas d’accélération, pas d’intensité qui monte.
Au bout de quelques heures, la sage-femme vérifie le col : je ne suis ouverte qu’à trois. Bon… visiblement, ce n’est pas le même scénario que pour Petit Viking, où j’étais passée de 3 à 10 en deux heures.
En début d’après-midi, même si le travail ne s’accélère pas vraiment, on a le feu vert pour descendre en salle nature. Elle est équipée d’une baignoire, de lianes et de tout ce qu’il faut pour un accouchement physiologique. Je mange un peu pendant que BAE remplit la baignoire.
Je continue de gérer les contractions en mode warrior, avec toutes les techniques apprises : je me suspends aux lianes, je vocalise beaucoup, je respire. Parfois, je “rate” une contraction : je ne l’attrape pas assez tôt, et la douleur est si intense que je perds le rythme. Mais BAE continue de m’encourager pour les suivantes. Entre deux vagues, j’essaie de reprendre mon souffle, de m’apaiser.
Le temps passe. Les contractions sont toujours là, toujours espacées de six minutes. Je n’ai pas l’impression qu’elles gagnent en intensité ou en fréquence. Mais moi, je commence à avoir du mal à les gérer. Je perds pied. La douleur devient plus difficile à apprivoiser. Les larmes montent, la frustration aussi. Je sens que le travail n’avance pas et que je vacille.
C’est le rush dans les salles de naissance : les sages-femmes sont peu disponibles.
J’en parle avec BAE. Je lui dis que je sens que je commence à faiblir, que la douleur prend trop de place. Les contractions suivantes sont compliquées. Je n’arrive plus à me concentrer, ni sur ma respiration, ni sur mes visualisations. Je perds pied.
Je regarde l’heure : 16 h 30. Cela fait exactement 12 heures que les contractions sont là, toutes les six minutes. Et je sais que je ne tiendrai pas encore très longtemps. L’épuisement amène avec lui le stress et la peur.
Bref, il va falloir passer au plan B !

