Les galères de ma fille à l’école

Les galères de ma fille à l’école

Ma fille, qui est aussi mon aînée, a 8 ans. Son petit surnom dans la vie de tous les jours, c’est la loupinette. Elle est incroyable, mais ce n’est pas mon sujet aujourd’hui 🙂 ce dont j’aimerais te parler, c’est d’un ensemble de petits événements à l’école qui, mis bout à bout, font pleurer mon cœur de maman et me font culpabiliser.

La loupinette a toujours été très à l’aise dans les apprentissages « scolaires ». Elle est vive d’esprit, elle comprend très vite la grande majorité des nouvelles notions qu’on lui présente. Si je devais préciser, elle est matheuse, forte en langues étrangères et c’est une bonne lectrice. On peut dire qu’elle a des facilités, de façon comparable à son papa et moi à son âge.

Sa première année de maternelle a été un peu compliquée. La loupinette était très timide, à tel point qu’elle s’isolait lors de certaines activités et qu’elle pleurait lorsqu’un autre enfant s’approchait d’elle. Ça a fini par passer vers la fin d’année, où elle s’est liée d’amitié avec deux petites filles et surtout un garçon tout aussi introverti qu’elle et qui est devenu son binôme, son BFF.

Lorsqu’elle est entrée en grande section de maternelle, elle s’est retrouvée dans une classe double niveau GS-CP. Nous avons signalé à sa maîtresse qu’elle commençait à lire, en se disant qu’elle pourrait peut-être lui faire profiter de l’enseignement des CP pour la lecture.

À notre grande surprise, la maitresse nous a proposé, si la loupinette était d’accord, de lui faire essayer le CP. En pratique, il s’agissait juste de changer de table au sein de la classe. L’environnement de travail et les copains restaient les même. Il a quand même fallu travailler pendant quelques semaines pour rattraper le niveau en graphisme, et ensuite tout est allé comme sur des roulettes. Quelques mois plus tard, la maîtresse a proposé d’officialiser le changement de niveau. La loupinette a vu une psychologue scolaire et le dossier a été instruit sans difficultés.

Bref un saut de classe tout en douceur. Ça nous a semblé une évidence avec son papa, car nous avions tous les deux sauté une classe, la maîtresse était super et la loupinette avait des copines qui étaient déjà en CP.

L’année suivante, pour son entrée en CE1, nous avons déménagé dans une autre ville et les difficultés ont commencé. Dans sa nouvelle classe, la loupinette a fait sa réelle découverte du primaire. Alors que les autres élèves avaient déjà une année d’apprentissage de l’autonomie, elle s’est retrouvée perdue. Gérer son agenda, ses affaires de classe à ranger et mettre dans le cartable en fonction des devoirs… Tout cela était nouveau pour elle et a généré beaucoup de frustration et quelques crises de larmes.

Les enfants du CE1 se connaissaient déjà tous. La loupinette était la seule à avoir un an d’avance et c’était également la plus petite en taille. Cependant, ses camarades ont été accueillants, la maîtresse surveillant l’intégration de ma fille de près. Parfois d’un peu trop près car elle nous a fait la remarque que la loupinette jouait avec sa voisine qui était en CP alors qu’elle DEVAIT s’intégrer aux CE1.

Bon an, mal an, l’année se passe. La loupinette est invitée à des anniversaires, le sien se passe bien. Elle commence cependant à se ronger les ongles et les cuticules avec. Mais elle ne verbalise pas. On devine que cette année d’intégration n’est pas simple pour elle, sans plus de détails. Les journées sont bien chargées, nous ne ressentons pas le besoin de questionner davantage notre fille.

Arrive le CE2, dans un environnement toujours un peu opaque pour nous. La loupinette semble s’être fait des amies et amis. Un jour, un mail de la directrice à l’ensemble de l’école : elle annonce, choquée, que l’équipe éducative a découvert l’existence d’une guerre de clans dans la cour de récréation. Nous en parlons à notre fille. Et elle nous raconte tout naturellement que oui, il y a deux clans qui s’affrontent, que sa classe fait partie de l’un des clans, sous l’impulsion d’un CM2. Et qu’elle en est exclue.

Crédit photo : Pixabay

Au sentiment d’injustice que je ressens, s’ajoute de l’incompréhension : le CM2 leader « ordonne » à des camarades de ma fille de l’ignorer ou de la bousculer. Et ses soit-disant copains s’exécutent. J’ai envie de hurler en l’écoutant. Elle reste calme, ne pleure pas ni ne se plaint, mais dit que quand même elle est triste d’être mise à l’écart. Tu m’étonnes, je serais effondrée à sa place.

On en parle donc à la directrice et à la maîtresse, qui de leur côté promettent d’être attentives. L’histoire des clans est réglée rapidement par l’encadrement. Cependant, la loupinette continue de nous raconter qu’elle est mise à l’écart. On essaie de la conseiller, on hésite à en parler à des parents. On se demande aussi si le comportement de notre fille, encore un peu immature, ne pourrait pas aussi la mettre en porte-à-faux vis-à-vis de ses camarades de classe. Et elle se ronge les ongles si fort à cette période là… À en saigner. On finit par lui proposer d’aller voir une psychologue pour enfants, pour se faire aider. La séance se passe bien. La psy nous rassure, nous dit que notre fille va bien et n’a pas de problème particulier mais que si elle demande à la revoir, elle la recevra volontiers. Et on en reste là. On a aussi rassuré notre fille en lui disant qu’il ne lui restait que quelques mois à faire avec cette classe, avant qu’on redéménage cet été.

C’était il y a plusieurs mois. Le temps a eu l’air de faire son effet. Elle nous raconte des jeux et des disputes avec des copains. Les anniversaires se passent, elle en est heureuse. Ses doigts ne saignent plus.

Pourquoi je te raconte tout cela ?

Parce que, au delà de m’avoir fait mal au coeur tous les jours en voyant ma fille partir à l’école, ces évènements m’ont laissée démunie. D’abord, parce qu’on se rend compte qu’il est difficile de juger si elle se sent bien ou non à l’école. Ensuite, car je n’ai jamais su et ne sais toujours pas quelle est la bonne façon de lui parler, quand ne pas rajouter à ses difficultés en projetant mes réactions sur elle, et comment l’aider à se défendre à l’école lorsqu’elle est mise de côté. Si elle se retrouve un jour en situation de harcèlement, je crains de ne pas savoir comment réagir de façon constructive.

Comme je te le disais, cet été on déménage de nouveau, et dans un pays étranger. On va en profiter pour faire réintégrer à notre fille sa classe d’âge, car pour moi, ce saut de classe est finalement un semi-échec. En effet, notre fille est scolairement tout à fait au niveau, mais quand je vois ses camarades de classe qui ont jusqu’à 18 mois de plus qu’elle, d’une part ils sont aussi très intelligents ces enfants, et d’autre part je trouve que la loupinette est un peu en décalage avec eux. Ses centres d’intérêt sont plus enfantins, elle ne commence pas du tout à lorgner vers la pré-adolescence, alors que les autres enfants de sa classe sont plus affirmés et me paraissent plus matures. Alors que le saut de classe nous semblait une formalité lorsque nous l’avons accepté, j’ai culpabilisé par la suite de me dire que ça n’avait pas aidé notre fille dans ses relations à l’école.

Cette situation me rappelle une conversation que j’avais eu il y a quelques années avec une maman qui était dans la même situation et qui refusait le saut de classe. Elle me disait préférer ne pas mettre sa fille en difficulté à l’école et qu’elle se chargerait de répondre à ses besoins de stimulation intellectuelle avec des activités extra scolaires. Je n’avais pas compris à l’époque et ça me semble maintenant une position tout à fait sensée.

Notre fille change encore d’école, et ça ne sera pas la dernière fois. Je suppose qu’en grandissant, elle saura faire face de plus en plus facilement à la nouveauté et aux difficultés, mais je dois reconnaître que ces premières années d’école me font craindre de passer à côté de quelque chose, surtout lorsqu’elle arrivera au collège. Mais bon, chaque chose en son temps !

3 commentaires sur “Les galères de ma fille à l’école

  1. que c’est dur à lire… Comme beaucoup de parents, j’ai peur que mes enfants se fassent harceler. Mais il se trouve que j’ai des modèles plutôt confiants et entreprenants, donc rarement la cible de ce genre de problèmes… Me voilà donc à les surveiller comme le lait sur le feu, de peur du problème inverse : qu’ils deviennent eux même harceleurs ! Je n’ai pas eu de problèmatique de saut de classe, et l’effet adelphie fait qu’ils se mélangent beaucoup entre les niveaux… Ce qui donne lieu à des grands écarts lors des anniversaires à fêter, mais on s’adapte ^^

    J’aime

  2. Je fais parti de ces enfants dont les parents ont refusé le saut de classe proposé pendant des années (en me mettant plein d’activités extra-scolaire). Ca ne m’a pas empêchée d’être en décalage avec les enfants de ma classe, de mon âge. J’y ai gagné le surnom de « l’Encyclopédie ». J’avais réponse à tout et je m’ennuyais beaucoup. Je ne voulais plus aller en classe.

    Au final ca s’est reglé au collège car mes parents ont finalement accepté le saut de classe. On m’a regardé bizarrement pendant 3 mois et puis on m’a oublié.

    Alors ne culpabilise pas, la situation aurait été différente si vous aviez refusé le saut de classe mais elle n’aurait pas forcément été meilleure. Vous avez pris la décision qui s’imposait au vu de vos connaissance. Et vous vous adaptez encore à son cas, vous êtes de supers parents !

    Par contre, ce qui m’a beaucoup aidé à l’école, c’est que mes parents m’ont aidé à apprendre à me défendre verbalement (pas d’insulte, juste de l’ironie et des répliques cinglantes), à ignorer les empêcheurs de tourner en rond et à me réfugier dans les livres pour moins m’ennuyer.

    C’est une super opportunité que de pouvoir repartir à 0 dans un nouveau pays / un nouvel établissement. Je vous conseille néanmoins de vous renseigner sur le niveau de l’établissement dans lequel vous allez la scolariser. Dans certains pays, le niveau des élèves en début de primaire est inférieur à celui en France (par absence de maternelle entre autre) et ca joue aussi sur « leur mentalité ».

    Bon chance avec ce nouveau départ !

    J’aime

  3. bonjour,

    Ma fille a toujours été un peu a part au collège comme au primaire. Elle lisait sur un banc pendant les récréations et ne s’interessait pas trop aux autres. Cela me faisait de la peine quand j’étais dans l’école toute la journee pour les elections de parents d’élèves. Au lycée, elle a rencontré des gens comme elle et ça a été tout de suite mieux. Elle n’avait pas sauté de classe (on ne nous l’a pas propose). Les élèves qu’elle a côtoyes au primaire et au collège la trouvait bizarre mais l’ont toujours bien acceptée y compris certains en l’invitant a leurs anniversaires. Je leur en suis vraiment reconnaissante ainsi qu au personnel enseignant qui encourageait la bienveillance. Pour moi ce n’est pas forcement le passage de classe qui crée la distance mais les intérêts de l’enfant.

    Aujourd’hui ma fille est étudiante et beaucoup sociable que je ne l’étais a son âge!

    J’aime

Laisser un commentaire