Quand on déteste la grossesse : un petit deuxième ?

Quand on déteste la grossesse : un petit deuxième ?

Quand tu liras ces lignes, le petit monstre numéro 2 sera sûrement déjà parmi nous. Planification de nos plus de quarante chroniqueuses oblige ! Mais cela ne m’empêche pas de vouloir partager avec toi le récit de cette grossesse.

Alors oui, je n’ai pas pu te parler de celle de numéro 1. J’aurais bien voulu, mais avec mon planning surchargé pendant de grandes périodes de l’année, j’ai toujours raté les campagnes de recrutement de DMT… Donc j’ai écrit un tout petit peu pour mon blog personnel mais l’entretien du blog – oui oui ça s’entretient comme un jardin – m’a demandé un peu beaucoup trop d’investissement. De plus, j’ai une trop grande tendance à multiplier les projets, et je n’arrive pas à tout mener à bien jusqu’au bout.

Mais qui dit nouveau blog, dit nouvelles tentatives et nouvelles opportunités non ? Donc j’en profite, avec cette super équipe ! J’en profiterai aussi pour partager quelques articles qui ne sont plus accessibles depuis que mon ancien blog est down… oups.

Donc je te fais un petit résumé pour te situer rapidement qui je suis, et la grossesse de numéro 1 avant de te parler de cette seconde grossesse alors que je déteste le fait d’être enceinte !

Crédit photo : Daiga Ellaby

L’aspect physique et physiologique

J’étais dans la promotion de Melle Dentelle en 2013-2014 afin de raconter mon mariage sci-fi sans chichis et plein de DIY. Une fois le mariage passé, avec Mr Yeti, nous avons déménagé en Alsace afin de nous rapprocher de nos familles et d’en profiter après plusieurs années passées loin (la région parisienne et le Canada). Un retour en Alsace mais sans projet bébé pour l’heure. Je n’étais pas prête. J’avais une peur bleue de l’accouchement, mais je souhaitais tout de même une famille. Et puis surtout je me trouvais bien trop jeune à 25 ans !

Malgré tout, Mr Yeti a réussi à me rassurer. Il m’a préparé tout doucement à surmonter ma peur. À un moment c’était bon ! Sauf que… – et oui ce n’est pas aussi simple que ça – sauf que j’avais repris mes études en septembre 2015, à 28 ans, afin de passer le CAPES de professeur documentaliste. J’étais donc en pleine préparation du concours quand j’ai découvert que j’étais enceinte. J’ai donc passé les écrits du CAPES malade comme un chien, l’expression est parfaite : j’ai cru avoir une grosse gastro tellement j’avais de nausées, de fièvre et de vomissements. Le second jour, Mr Yeti a même proposé d’aller chez le médecin plutôt que de m’emmener passer le concours. J’ai gentiment refusé, entre deux vomis dans les toilettes, en lui disant que j’avais juste 4h à tenir + les 2h de route. Après la seconde épreuve nous sommes donc allés directement aux urgences de l’hôpital du coin. Le médecin m’a prescrit un médicament pour calmer les nausées de grossesse. Je pourrais intituler cette période : comment bien commencer une grossesse, blurp ! – ceci est ironique.

J’ai eu les écrits malgré mon état lors du concours, et je me retrouvais à préparer les oraux pendant le premier trimestre à vomir très souvent. J’avais un bosquet, sur le chemin de la gare, où, malheureusement pour cette pauvre plante, je vomissais à chaque passage… Rassure-toi, ce n’était ni un jardin, ni un lieu de passage.

Mars – avril – mai – début juin : en route pour les oraux ! Et pour rendre le tout plus aventureux : à Reims, sur trois jours. Bien évidement, la fatigue, les nausées, les vomissements, ce n’était pas suffisant. Il a fallu y rajouter une éruption cutanée, me causant des insomnies dues aux irritations sur tout le corps !

Crédit photo : Mélanie Reichhart Photographe

Début juin, mes vomissements se calment, les nausées sont encore présentes mais beaucoup moins (c’est bien pour cela que je suis persuadée que le premier trimestre dure 4 mois). J’attrape un petit rhume de rien du tout. Mais mon foie semble ne pas supporter les médicaments. Car, ce que je prenais d’abord pour des irritations dues à mon allergie au soleil, qui se réveille aussi à cette période, s’avère se diffuser sur tout le corps et m’empêcher de dormir. Je me rends chez mon médecin qui me prescrit une prise de sang pour vérifier les enzymes du foie. Résultat : j’explose les scores, j’ai plus de 10 fois la norme. Me voici en route en urgence pour la maternité – à 5 min en voiture, heureusement – pour vérifier que, à 4 mois de grossesse, je ne fais pas une cholestase gravidique. Je pourrais intituler cette partie : où comment vous faire encore plus peur de la grossesse quand on en a déjà peur.
Tests divers, vérifications que tout va bien et nouvelles prises de sang, et je rentre chez moi, heureusement aussi car j’ai horreur de l’hôpital. Je craignais de devoir y rester plusieurs jours. Les résultats tombent : ce n’est pas une cholestase gravidique, ouf. Je suis donc surveillée, et je dois revenir au moindre doute. Je peux passer mes oraux et juste prendre des antihistaminiques pour calmer les démangeaisons. J’ai eu plusieurs prises de sang dans les semaines suivantes afin de vérifier que les taux baissaient bien. Après quelques temps, le médecin a pensé que c’était juste une réaction au virus. Et effectivement, j’ai fait d’autres réactions cutanées comme celle-ci depuis.
Je suis donc allée aux oraux en privilégiant une chemise manches longues afin de cacher les grosses plaques rouges que j’avais sur les bras, seules mes mains trahissaient le tout mais c’etait beaucoup moins visible. Le plus dur c’était de me retenir de me gratter pendant le passage devant le jury.

Début juillet, les démangeaisons commencent à se calmer, mais c’est aussi le début des remontées acides qui me font faire des insomnies… et cela durera jusqu’à la fin de la grossesse début novembre.

Par chance, les 5 derniers mois, je n’ai pas eu plus de soucis, mais j’ai pris 20 kilos en 6 mois ! Les trois premiers mois j’étais tellement malade que je n’ai rien pris, mais heureusement rien perdu non plus. Puis j’ai pris 3 à 4 kilos par mois. Gloups ! Heureusement, hors grossesse, je suis plutôt dans la limite basse au niveau du poids. Je n’ai pas fait de diabète gestationnel non plus. Je pense donc que mon corps en avait besoin.

Crédit photo : Mélanie Reichhart Photographe

L’aspect psychologique

Cependant, mon implication émotionnelle et mon état psychologique durant cette première grossesse n’étaient pas des mieux. Pas de dépression pré- ou post-partum pour ma part, mais beaucoup de choses qui m’ont affectées et m’ont fait peu m’impliquer dans cette première grossesse.

Je l’ai dit plus haut, j’avais une peur bleue de la grossesse et de l’accouchement. Je déteste aller à l’hôpital car je m’y sens très mal : ça me ronge de l’intérieur comme si je ressentais tout le mal-être des gens qui y sont. Qui dit accouchement, dit maternité, dit hôpital pour moi. Je n’étais donc pas très rassurée. Et puis j’ai peur de mourir en accouchant. C’est rare, je connais les chiffres pour les avoir cherché pour me rassurer, mais une peur irrationnelle reste irrationnelle.

En plus de cette peur qui m’a fait vivre avec beaucoup de recul la grossesse, j’avais aussi peur d’une fausse couche ou tout autre problème. Je ne voulais pas m’impliquer psychologiquement.

Enfin, lors de cette grossesse, mes proches ont aussi souffert de soucis de santé. Ainsi, peu de temps après mon test de grossesse positif, mon père effectuait aussi des tests. Pendant mon premier trimestre de grossesse nous ne savions pas si mon père avait ou non un cancer de la vessie. Et la grand-mère de Mr Yeti s’est cassée le col du fémur. La blessure avait du mal à guérir. J’avais l’impression d’être entourée de “risques de décès”. C’était très dur.
J’ai donc pris du recul aussi sur tout ça, pour ne pas craquer. Sinon je pense que j’aurais été submergée émotionnellement, moi qui suis hyperémotive en règle général. Je me suis donc concentrée sur le CAPES pour oublier tout le reste : la grossesse, la peur de la perte de mon père car on ne savait pas encore le stade du cancer – par chance celui-ci a été découvert tôt – puis son traitement, et les soucis de santé de la grand-mère de mon homme.

Crédit photo : Mélanie Reichhart Photographe

L’accouchement un peu par surprise

Le petit monstre numéro 1 était prévu pour début décembre, le 2. Début novembre, dernier rendez-vous gynécologique, mais aussi beaucoup de montagnes russes émotionnelles : mon père avait son dernier rendez-vous pour le cancer afin de vérifier que tout était parti (Heureusement, le traitement pour mon père a bien fonctionné, aujourd’hui il n’a plus rien), le même jour, nous avons déposé mon beau-père à l’hôpital de H. pour se faire opérer le lendemain du cœur (changement de la pile du pacemaker), et la grand-mère de Mr Yeti décède à l’hôpital de S. Un début novembre très chargé. Nous étions le 6 novembre si mes souvenirs sont bons. Je travaille sur moi pour surpasser tout ce stress, et ne pas craquer par rapport à ma peur de l’accouchement. J’écris une lettre à mon petit qui va naître. Cela me soulage, m’aide à surpasser le tout. (je vous la publierais à l’occasion, elle est très importante pour moi, je ne suis pas sûre que j’y serais arrivée sans cela).

La lettre finie, le 7 au soir, je me couche. Je m’endors très mal avec toute l’acidité dans mon ventre. Je préfère donc me rendre dans le salon pour dormir et lire sur le canapé. Premier réveil vers 23h, avec une drôle de sensation, de petites contractions mais rien de douloureux. Je me rendors, sereine. À minuit, second réveil, une sensation bizarre et une envie d’aller aux toilettes. Je me lève, je traverse le salon et là, c’est la cascade, c’est froid, ça mouille et ça ne s’arrête pas. Je m’arrête devant la chambre pour prévenir Mr Yeti : “je crois, enfin non c’est sûr, j’ai percé la poche des eaux” ! En route pour la maternité, dans laquelle on me donne la chambre numéro 216. Deux étages au dessus de la chambre où était la grand-mère de mon mari. C’est quelque chose qui sur le coup ne pas marquée, car j’étais trop prise dans l’excitation du moment, mais que j’ai remarqué les jours suivants.

Je ne vais pas faire le récit de l’accouchement ici, peut être une autre fois. Mais le lendemain à 13h notre petit monstre était parmi nous, et à 15h, trois étages plus bas, à la morgue, mon mari et sa famille réalisaient la mise en bière de l’arrière grand-mère du nouveau-né. Encore aujourd’hui, en écrivant ses lignes, je suis un peu retournée. En trois jours nous sommes passés de la mort à la vie. Nous avons perdu une grand-mère, avons eu peur pour nos pères respectifs, et avons accueillis un nouveau venu. Une naissance et le fait de devenir parents nous mettent directement en face de la mort.

Un petit deuxième alors ?

Face à cette première grossesse bien particulière, non pas à cause de gros soucis de santé mais un amoncellement de beaucoup trop de petits désagréments et stress (mais j’ai eu mon CAPES !), je dois avouer que je n’étais pas prête de recommencer. Cependant, avoir un deuxième enfant nous importait. Il fallait juste un peu de temps pour digérer tout cela, et m’y préparer à nouveau, tout comme nous voulions profiter au maximum de notre premier petit monstre.

Crédit photo : Laercio Cavalcanti

Malgré tout, en cette année 2020, j’ai décidé de re-signer pour un second. Et comme pour le premier petit monstre, c’est aussi dans une période bien remplie. Cette fois-ci pas de CAPES, pas de décès – je touche du bois – mais tout autant de stress, de projets etc. Une maison à rénover, une épidémie mondiale, des soucis de santé pour des proches. Ma mère a eu une hospitalisation en juin 2019, qui a permis de découvrir une défaillance cardiaque donc une opération à cœur ouvert en septembre 2019, puis pose d’un pacemaker finalement une semaine plus tard, et donc du temps pour qu’elle soient de nouveau en forme, mais elle va bien mieux depuis. Je pense donc que notre vie est trop chargée pour avoir une grossesse sereine en terme de stress, mais finalement je le prends plus facilement, avec philosophie. Je te raconterais donc rapidement les trois trimestres de cette seconde grossesse. Parce que oui, malgré une première grossesse qui ne donne pas envie de s’y remettre, les moments partagés avec le petit monstre numéro 1, les câlins, les apprentissages, son développement valent bien ces 9 (plutôt 8 pour le premier) mois pas forcément agréables.

13 commentaires sur “Quand on déteste la grossesse : un petit deuxième ?

  1. Je suis actuellement dans mon 7e mois de grossesse et comme toi, je n’aime pas être enceinte 🙈 alors oui j’aime le côté intellectuel de la chose : je suis en train de fabriquer un être humain issu de l’amour de mon mari et moi, et j’ai hâte de rencontrer cette petite fille. Mais les désagréments physiques sont tellement pénibles… Nausées et vomissements jusqu’au 5e mois pour ma part, remontées acides, fatigue, chutes de tension, anémie… Ca me rassure de savoir que tu as surmonté ça pour faire un 2e enfant parce que pour l’instant mon discours c’est « plus jamais » 😅

    J’aime

    1. on dit que chaque grossesse est différente… si ça peut te rassurer. (mais je ne crois pas trop à ça personnellement ^^). Finalement, même sans gros soucis de santé particulier, les petits désagréments de grossesse, sur le long terme, c’est éreintant.

      J’aime

  2. Coucou. Eh bah…pas facile tout ça ! Je me retrouves dans ce que tu dis pour le fait d’avoir peur dela grossesse et l’accouchement c’est mon cas. J’ai 33ans, 34 le mois prochain et pas encore prête pour mettre au monde un enfant, points de vue effets secondaires + ma santé + gestion de temps)mais je sens le côté maternelle pointer le bout de son nez petit a petit😬😄

    J’aime

    1. Merci pour ton message !
      Pour le côté être « prête » finalement je ne suis pas sûre d’avoir réellement été prête pour le premier, mais une grossesse doit rester un choix. Libre à toi de te lancer ou non. Je trouve que ça remue beaucoup de choses d’un point de vue psychologique. C’est pas toujours facile à appréhender. Et puis on a aussi le droit de ne pas vouloir d’enfant. Bref, c’est très personnel et subjectif comme question.

      J’aime

  3. Je me reconnais pas mal dans ton témoignage, sauf que chez moi les vomissements auront durés 9 mois pour le premier et ça semble parti pour la même chose pour le second (symtômes encore pires, je n’aurais pas cru ça possible!..) Mais bon au moins vu que nous n’en voulons que 2 je peux cette fois ci me dire « bientôt fini pour toujours »!.. J’espère pour toi que ce sera plus calme coté stress familiaux en tout cas, bien que la pandémie que nous vivons n’est pas génial pour le stress c’est clair..

    J’aime

  4. Tout comme toi, j’ai détesté ma première grossesse. J’ai naïvement cru que la seconde allait « conjurer » les maux de la première… dommage ! J’ai eu d’autres symptômes mais clairement, la grossesse n’est pas une partie de plaisir pour moi !

    J’aime

  5. Pour moi c’est surtout le premier trimestre qui est (très) difficile à vivre, la suite est beaucoup plus douce… Comme vous on tenait malgré tout à avoir deux enfants. On m’a répété « Chaque grossesse est différente »… Ou pas, hein !
    Clairement aujourd’hui le premier trimestre de grossesse fait partie de la liste des raisons pour laquelle on pense s’arrêter à deux.
    J’espère en tout cas que cette deuxième grossesse a été plus douce pour toi malgré le contexte compliqué.
    Et je rejoins le premier commentaire, les photos sont très belles !

    J’aime

Laisser un commentaire