La fausse-couche précoce
Il y a quelques mois, mon mari et moi avons eu le feu vert de la part de mon équipe médicale pour lancer notre projet de second enfant. C’est quelque chose que nous attendions depuis longtemps, et même si nous avons accueilli la nouvelle avec joie, nous avons vite été rattrapés par l’appréhension.
Une de mes principales craintes était de savoir si 3 ans après ma première grossesse, nous étions toujours aussi fertiles. A priori il n’y avait pas de raison : nous sommes encore jeunes (trentaine débutante pour moi, toujours la vingtaine pour mon mari), j’ai perdu énormément de poids depuis, et mes pathologies sont équilibrées. Pour autant il y avait quand même un vent angoissant. Il faut dire qu’une fois qu’on a connu une grossesse, on n’a plus la même innocence et on est fortement biaisés par notre expérience.
Se lancer dans une nouvelle aventure
Nous nous sommes donc lancés avec un peu de fébrilité dans cette nouvelle aventure, et comme pour notre aînée, le premier cycle a été directement concluant. Il y a eu un début de grossesse, mais qui s’est arrêtée aussi vite qu’elle a commencé. J’ai fait une fausse couche précoce qui a eu le mérite de me rassurer sur notre fertilité. En revanche, elle m’a permis de me rendre compte qu’il y avait un énorme tabou sur les fausses couches en tout début de grossesse.
Comme pour mon aînée aussi, je n’ai pas attendu d’avoir un retard de règles pour procéder à un test de grossesse. Je suis tellement sensible aux hormones que certains signes ne me trompent guère. De plus, il y avait un parallèle que je ne pouvais ignorer avec les premiers symptômes que j’avais ressentis pour la grossesse de ma fille. Je n’ai donc pas été surprise de voir une seconde barre pâle s’afficher ce jour-là. Je ne me suis absolument pas emballée, sûrement parce que j’étais tellement déjà écœurée et malade que j’ai d’abord repensé au calvaire des premiers mois avant même d’être enchantée par cette grossesse naissante. Le lendemain mes symptômes se sont subitement estompés, jusqu’à disparaître, et mon intuition (toujours elle) m’a fait immédiatement penser que cette grossesse n’aboutirait pas. J’ai attendu 48h de plus, j’ai refait un test qui cette fois a été négatif. Evidemment, il y a eu de la déception, mais je me suis également dit que rapidement, mes « règles » se déclencheraient, qu’il n’y aurait pas trop d’incidence sur mes cycles et qu’on s’y remettrait sereinement le cycle suivant.
C’était sans compter la résistance de mon corps à évacuer tout cela. Moi qui d’ordinaire suis réglée comme une horloge, j’ai dû attendre un long moment avant la chute d’hormones. Un long moment où j’ai refait plusieurs tests car à chaque fois je me disais « si ça se trouve c’était un faux négatif ».

La culpabilité
Qu’est ce que je m’en suis voulu d’avoir fait ce test avant mon retard de règles ! J’en suis venue à me demander si je n’avais pas rêvé cette seconde ligne (non, elle était bien là), à me demander si je n’avais pas juste fait une grossesse nerveuse, si ce n’était pas mon obstination à ce que ça se déclenche qui causait ce retard. En me documentant et en regardant d’un peu plus près, je me suis ainsi rendue compte que très peu de femmes parlaient de fausse-couche à ce stade. J’ai l’impression qu’il est admis que tu fais une fausse couche quand elle a lieu à partir de 6-7 SA. A 4 SA, je ne rentrais pas dans les clous, j’avais juste eu un gros retard de règles, pas de quoi en faire un plat.
Je me suis sentie ridicule de ressentir de la peine aussi tôt. Mon esprit cartésien savait pertinemment qu’à ce stade, ce n’était qu’une cellule, très probablement avec des anomalies chromosomiques qui ont justifié un arrêt de développement. Mais que c’est dur de ne pas être déçue quand l’espoir a perduré aussi longtemps.
Pour avoir vécu une menace de fausse-couche lors de ma première grossesse, je m’étais toujours dit que je préfèrerais en faire une en tout début de grossesse si cela devait arriver. Ça serait moins dur, l’attachement serait moins important. Mais je ne m’attendais pas à ressentir toute cette tristesse, ce poids. Cette grossesse n’aura existé que pour mon mari et moi pendant quelques jours. Je ne me sens pas légitime de dire que je suis triste d’avoir perdu une cellule, par rapport à toutes ces femmes qui perdent un fœtus, un bébé in utéro, toutes ces personnes qui perdent un proche. Je ne me sens pas légitime d’être jalouse des grossesses accidentelles qui ont tenu. Et je ne me sens pas légitime d’en parler. Alors, j’ai pleuré en cachette parfois, pour me soulager.
Lorsque ma psy m’a parlé de deuil, je lui ai dit qu’à un stade si jeune, ça ne me semblait pas justifié d’employer un terme aussi fort. Mais je reconnais qu’effectivement, il y a une part de vérité car j’ai bien eu plusieurs phases du processus. Il faut avouer que j’attends tellement ce second enfant que tout cela m’a rendue complètement vulnérable. Je me sens perdue, et effrayée intérieurement. Je ne sais plus si j’ai réellement à nouveau le courage et la force de vivre une autre grossesse, avec la crainte permanente de la perte de mon enfant. Nous avions beaucoup travaillé sur cela avec ma psy, mais la fausse-couche a ravivé la crainte. Mais comme dit le proverbe, après la pluie, vient toujours le beau temps. Je garde une part d’espoir. Il faut juste se laisser du temps, accepter et panser cette blessure sans la nier.
Un joli compte qui aborde sans tabou les fausse-couches sur Instagram s’appelle mespresquesriens. N’hésites pas à le découvrir si tu te retrouves confronté à cela. Ça permet de se rendre compte à quel point on n’est pas seul et à quel point toutes ces émotions qu’on ressent après sont normales.
Ton témoignage me parle énormément car j’ai eu une expérience similaire en février. Test de grossesse au premier jour de retard, prise de sang dans la foulée. Le labo m’a tout de suite dit que le taux était très (trop) bas. Deuxième pds qq jours après : c’était fini. C’était ma première grossesse et je n’étais absolument pas informée de ce genre de situation. J’ai été très secouée par cette fausse couche précoce.
Heureusement, je suis tombée enceinte au cycle suivant et nous attendons notre fille d’ici qq semaines ! Cela nous a permis de surmonter cette FC.
Je te souhaite la même issue 😌
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Bonjour Inès,
Déjà félicitations pour ta grossesse et l’arrivée imminente de ta fille :). je suis désolée que tu aies connue une fausse couche d’entrée, ça a effectivement du être un véritable bouleversement.
Merci pour ta gentillesse. Nous espérons pouvoir accueillir un second enfant en 2021 et nous croisons les doigts pour que tout se passe bien.
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Bonjour,
Je me reconnais beaucoup dans ce témoignage puisque je l’ai vécu il y a un peu plus d’une semaine !
Nous sommes également en essai pour le deuxième et c’était le premier cycle. J’avais également des signes qui ne trompent pas (douleur aux seins, nausées, fringales..). Ceci dit je n’ai pas eu un seul test positif. Ça ne m’avait pas affolé puisque pour mon premier, le test que j’avais fait avait été négatif également. Rapidement, les symptômes se sont malgré tout estompés et j’ai eu mes règles avec quelques jours de retard (je suis généralement réglée comme un coucou suisse!).
Quelque part ton témoignage me soulage. J’ai eu plusieurs jours où je me suis demandé si je pouvais seulement qualifier ce qui venait de se passer de fausse couche. Mais la tristesse que j’ai ressenti était réelle et le soutien de mon mari m’a été précieux. C’est lui qui m’a dit que oui c’était bien une fausse couche et oui j’avais le droit de prendre le temps d’être triste pour mieux rebondir après.
Bon courage pour la suite !
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Pareil que toi, je me suis demandée si je pouvais appeler ça une fausse couche. Et c’est en fait ma gynéco qui a dit le mot en premier et ça m’a fait du bien 😊
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Bonjour Amandine,
Je suis désolée de lire cette nouvelle de Fausse-couche si récente en plus. Je vois bien ce que tu veux dire, et a vrai dire si je n’avais pas eu le test positif je pense quand meme que j’aurais été convaincue d’avoir fait une fausse-couche car les symptomes physiques trompent rarement.
Je te souhaite de vite rebondir et retenter quand tu t’en sentiras prête à avoir une nouvelle grossesse. Prend bien soin de toi surtout.
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J’espère que tu auras bientôt un nouveau bébé.
J’ai aussi fait une fausse couche précoce. Il s’est passé 10 jours entre le test de grossesse et la fausse couche. Personnellement, je ne l’ai pas trop mal vécu. Le fait est que j’étais prévenu que c’était probable et que je n’avais pas encore fait de plan avec ce bébé. J’avais aussi plein d’autres projets sympa en tête pour ne pas me focaliser sur ce bébé puis sur ma tristesse.
Cependant je comprends bien que ça puisse être vécu comme un deuil par certaines mamans. On réagit toutes différemment, on commence à envisager notre vie avec ce bébé à différent stade de la grossesse.
Je pense aussi que c’est important d’en parler. J’ai abordé le sujet avec ma mère et ma sœur peu après et avec mes amies (pas enceintes!) pour qu’elles soient au courant que ça peut arriver, que c’est normal mais qu’on a le droit d’être (très) triste et de prendre du temps pour s’en remettre.
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Bonjour Laure,
Merci pour ton commentaire.
Je pense comme toi qu’il est important qu’on parle plus des Fausses-couches et du deuil périnatal en général. Il y a vraiment un espèce de tabou et aussi une minimisation de l’impact que ça doit avoir sur la femme que j’ai du mal à comprendre. Les choses commencent doucement à changer et j’espère que dans les années à venir se seront des sujets que nous pourront abordés plus librement sans craindre d’être jugés.
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