Mon Bébé, mon Etoile

Mon bébé, MON étoile

L’article qui devait initialement sortir aujourd’hui n’a rien à voir avec celui que tu es en train de lire. L’article s’intitulait « Ma grossesse surprise : le premier trimestre de l’enfer ! »

Car oui, dans mon article de septembre sur la famille recomposée, je t’avais assurée que la vie était pleine de surprises. Et à l’époque, ma surprise, c’était cette grossesse qui s’était installée sans prévenir…. 3 mois seulement après le début de ma nouvelle relation ! Surprise ! De multiples raisons avaient alors fait que nous avions décidé de laisser venir cette nouvelle vie, d’agrandir notre famille recomposée, certes vite mais avec beaucoup d’amour et de joie.

Dans l’article initial, je te parlais alors de mon premier trimestre si mal vécu, des nausées persistantes 24h/24, de la fatigue, d’une sciatique qui s’était invitée dès les premières semaines et m’avais clouée en position allongée, du regard des autres. J’avais bêtement comparé cela à l’enfer. Mais si je devais le refaire, et sans aucunement réduire les souffrances des maux du premier trimestre, je pense que je n’utiliserais plus ce terme.

Mon enfer à moi, il est maintenant.

Aujourd’hui, je choisis de te parler de deuil périnatal, de notre deuil. Pas pour faire pleurer dans les chaumières ou pour me plaindre, mais parce que la mort fait parfois partie de notre vie. Et elle s’est invitée, elle aussi par surprise. Alors je te raconte, même si ça fait mal, même si ce n’est pas agréable à lire. Je te raconte parce que ce n’est pas un sujet tabou, pas pour moi.

Grossesse Yume
Crédit photo : photo personnelle

Lorsque tout bascule

Alors que mon deuxième trimestre démarrait sur les chapeaux de roue (bye bye nausées et fatigue, on se revoit à la prochaine grossesse !), un événement anodin est venu troubler cette sérénité. Oui, vous savez, la sérénité de voir passer le troisième mois de grossesse. Et ce chiffre, anodin : seules 1% des grossesses ayant passées le premier trimestre n’aboutiront pas. Bon ça va, 1%, ce n’est pas moi ! Si ?

A 17 SA, j’ai commencé à avoir des pertes plutôt liquides. Oui, oui, moi aussi ça m’a fait tilt : liquide, comme liquide amniotique ?! Bien sûr que j’y ai pensé, mais un autre chiffre est venu s’en mêler : on estime qu’une rupture prématurée de la poche des eaux n’a lieu que dans 0,4% des grossesses avant 27 SA et est souvent associée à des pathologies préexistantes. Ok, donc avec mes 17 SA sans problème, la probabilité était infime, non ?

J’ai laissé courir, ne voulant pas passer aux urgences de la maternité pour la mère qui psychote parce qu’elle a des pertes blanches abondantes. Vous savez, celle qui vient toutes les deux minutes pour faire un petit monitoring histoire de… « Bin oui mais docteur, on sait jamais, ça pourrait être grave« . Non, moi j’étais forte, en pleine forme, alors tout allait bien ! Non ?

Je n’ai plus pu faire semblant le jour où, à 19 SA, j’ai perdu du sang… J’ai préparé ma fille, en retenant mes larmes, et j’ai filé à la maternité pendant que Monsieur Ours l’amenait chez sa nounou. A ce moment-là, je savais, je comprenais. J’étais morte de peur mais consciente de ce qu’il se passait. Le gynécologue ne m’a même pas surprise lorsqu’en posant la sonde échographique sur mon ventre, il a fait apparaître un petit bébé recroquevillé sur lui-même, au contact même des parois de mon utérus. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire la comparaison avec sa sœur qui nageait littéralement dans une mer de liquide amniotique à la même période. Je savais avant même qu’il ouvre la bouche, avant même qu’il ne me fasse un test ; je crois que la réalité c’est que j’ai toujours su, mais je n’avais pas voulu admettre : je perdais du liquide amniotique, j’avais fissuré la poche des eaux à 17 SA.

Cheminer entre optimisme et acceptation

La suite est faite d’hospitalisations pendant près de 3 semaines, de pronostics chaque jour un peu plus sombres, de moments d’espoir et de moments d’effondrement. On me parle d’infections, de fausse couche tardive, de prématurité, d’hypoplasie pulmonaire, de malformations des membres, de handicaps, de décès périnatal. On me parle de traitements, d’hospitalisation longue loin de chez moi et de ma fille, d’alitement, de corticoïdes pour maturer les poumons, de réanimation, de suivi du niveau de liquide amniotique.

Pourtant, je garde espoir. Je vois encore un peu de liquide amniotique à l’échographie. On m’annonce que c’est un petit garçon, tout à fait bien développé pour le moment. Je sens ses coups, forts, vifs dans mon ventre, qui surprennent toujours le médecin, car bébé manque d’espace. Il ne devrait avoir que peu de mouvements. Je me raccroche à ces petites victoires, et à chaque jour qui passe. Il faut tenir, pour espérer le sauver.

Un jour de passé, c’est un jour de gagné.

Jusqu’au jour où, trois semaines plus tard, les saignements s’accélèrent, sans raison apparente. Où on me montre une écho sans plus aucun liquide amniotique. Où un gynécologue absolument adorable vient me parler avec beaucoup de délicatesse et d’empathie d’interruption médicale de grossesse. Où je commence à perdre pied à ne voir ma fille qu’à travers l’écran d’un téléphone. Où mon chéri et ma famille commencent à sérieusement s’inquiéter de la suite, pour mon fils, pour moi. Ce jour où, mon cheminement avance d’un coup, et où je prends conscience, comme une claque, que le moment est venu d’accepter que mon fils ne rentrerait sûrement pas à la maison avec nous…

Quel est le pouvoir de l’esprit sur le corps ?

Je ne saurais le dire… Le fait est qu’à la suite de cette journée où l’acceptation a fait son chemin, le travail s’est mis naturellement en marche. 24h plus tard, j’ai mis au monde un merveilleux petit garçon à 4 mois et demi de grossesse, qui a pris le temps d’un câlin dans mes bras avant de rejoindre les étoiles.

Mon bébé mon étoile
Crédit photo : Omni Matryx

Ma grossesse surprise a pris fin dans la douleur du deuil, mais aussi dans l’Amour. L’Amour que nous portons et porterons à jamais à notre fils, troisième d’une belle fratrie recomposée. L’Amour que nous portent nos proches, qui nous accompagnent et nous soutiennent dans cette épreuve. L’Amour de nos deux filles, qui emplissent malgré tout la maison de rires et de joie. Et surtout l’Amour que nous nous portons l’un l’autre, très jeune couple, certes, mais par’anges à jamais unis sous une même étoile.

Notre Bébé, notre Étoile…

18 commentaires sur “Mon Bébé, mon Etoile

  1. Pour avoir aussi vécu une IMG, tu m’as fait pleurer, très touchant et très émouvant… Tellement beau l’amour que tu lui portes, que vous lui portez… Une si belle étoile qui vous accompagnera. On n’oublie jamais ceux qui ont disparu et si on parle d’eux, ils sont toujours vivants en nos coeurs ❤

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  2. Toutes mes condoléances pour votre petite étoile, il n’y a rien à faire, rien à dire mais au moins on a le droit aux câlins virtuels, alors je t’en envoie un énoooorme ainsi qu’à ton petit ange ❤

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  3. Bonjour, je vous envoie également toute ma sympathie. Nous aussi venons de perdre l’enfant que j’attendais. Le deuil de cette enfant est très particulier. Mais ce que je sais, c’est que je me suis découvert à cette occasion quantité de sœurs, qui ont souvent été très maladroites ( comment sans l’avoir vécu, comprendre le désarroi de la fausse couche tardive ?), mais d’une gentillesse qui m’a réchauffé le cœur. Comme vous, je sors de cette épreuve épuisée, meurtrie, mais débordante d’amour de et pour ma famille et mon entourage.

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      1. Je viens de ranger sa boîte de souvenir qui était sur ma table de nuit dans une armoire qui contient les livres de collection que mes enfants preferent et qu’on sort à leur demande. Je lui ai dit : » je t’installe ici, je penserai à toi de temps en temps et je reviendrai te voir . Tu es avec les livres préférés de mes enfants, tu es une belle histoire, » Merci par votre texte de me permettre de partager ça.
        Je vous envoie des ondes d’amour. Et à votre famille.

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  4. Bonjour Yume,

    Je ne suis pas maman, je ne peux donc pas comprendre votre douleur mais votre témoignage m’a beaucoup émue.
    Petit Pois restera dans vos cœurs à jamais, et cette terrible épreuve soudera votre couple.
    Je vous souhaite d’avancer à votre rythme sur ce difficile chemin qu’est le deuil périnatal.
    Permettez moi de vous envoyer des bisous masqués.

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  5. Toutes mes condoléances et mes plus tendres pensées vers toi, ton mari et tes enfants. J’ai fait une fausse couche en décembre dernier et j’ai eu beaucoup de mal à l’accepter sur le moment et je culpabilisais sans cesse, maintenant ça va et j’ai un beau petit bébé en train de grandir dans mon ventre.
    Mais au moment au je me disais que tout allait bien ma soeur jumelle nous annonce qu’elle doit faire une IMG à 5.5mois de grossesse à cause d’une hypoplasie du ventricule gauche.
    Je ne peux pas me mettre à ta place mais du coup j’imagine un peu la douleur que tu peux ressentir, plein de courage et t’en fais pas la roue tourne et vous aurez le droit à votre bonheur vous aussi 😉

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  6. Ton témoignage me serre le coeur et les tripes… j’ai aussi perdu les eaux à 20 SA, à 22 SA il n’y avait plus rien, plus de liquide amniotique du tout. Alors l’hypoplasie pulmonaire, la malformation des membres supérieurs, les troubles de l’oralité, l’accouchement en urgence absolue à 25 SA, l’enfer de la réa, les mois d’hospitalisation… je ne connais ça que trop bien. Le trauma est énorme, toujours là, mais mon petit bonhomme est bien vivant. Il a des séquelles, c’est évident, mais il est là. Te lire me permet de me rendre compte à quel point c’est un miracle, qui doit être savouré chaque jour. Merci. Grosses pensées à ton étoile ❤

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