Conte de Noël – Cinquième partie
Emilie ne se reconnaissait pas. Elle était une femme qui n’avait jamais cherché à se laisser envoûter par un homme, qui ne l’avait jamais voulu. Elle était indépendante, forte. Sa crainte était de se laisser aller à des sentiments qui n’avaient rien de raisonnables. Elle avait peur de souffrir. Mais la chaleur qui embrasait son cœur balayait toutes ses craintes.
Noah et Emilie saisirent en même temps la poignée gelée et gloussèrent comme des adolescents en poussant la porte. L’impressionnante carrure de Sam se dessinait derrière la porte. Son sourire était éblouissant et il s’adressa aux jeunes gens avec un clin d’œil :
– Alors, vos courses se sont bien passées ?
– C’était… amusant, répondit Noah en regardant Emilie qui rougissait.
La jeune femme coupa court à cet instant et décréta qu’il était temps de préparer le réveillon, tout en déballant les sacs de courses. Ses parents, Régis et Madeleine, étaient arrivés les bras chargés de victuailles à cuisiner pour le soir même. Sa sœur, Mylène, commençait déjà à dresser la table aidée de Grand-Père. Sam et Grand-Mère se disputaient pour déterminer quel était le meilleur vin pour accompagner le foie gras.
Noah sembla soudain absent. Il regardait dans le vide en retirant son manteau avec une lenteur extrême. Emilie eut l’impression qu’il s’était éteint. Puis elle se rappela de son histoire avec Elinor. Elle s’approcha du jeune homme et lui prit calmement le bras :
– Noah, si tu n’as pas envie, je comprends. Je ne veux surtout pas que tu te forces. Comme tu l’as si bien dit, les actions doivent être faites avec le cœur.
Les yeux de Noah se remplirent de larmes.
– Oh Emilie ! Personne ne m’a jamais dit cela. J’avais l’impression d’être celui qui cassait l’ambiance. Et toi, tu m’apaises et me comprends.
Il prit de nouveau Emilie dans ses bras et la serra encore plus fort. Puis il relâcha son étreinte et déposa un baiser sur son front :
– Allons décorer cette maison avec nos dernières emplettes !
Emilie et Noah passèrent le reste de l’après-midi à décorer les moindres pièces de la maison. Les éclats de rire, la bonne humeur et les litres de chocolat chaud avalés étaient témoins de l’ambiance festive qui régnait. Noah et Emilie ne cessèrent de s’échanger des regards complices.
Lorsque vint le soir, la maison était magnifiquement décorée. La jeune femme annonça qu’il était temps pour elle de se préparer pour le réveillon. Noah acquiesça, lui aussi avait envie de se mettre sur son 31.
Emilie n’avait apporté ni robe ni talon. Jamais elle n’aurait pu imaginer avoir envie de plaire à un homme lors de cette fête familiale. Elle enfila des vêtements propres et mit un peu de fard à paupières. Inutile, de toute façon, de se déguiser. En entrant dans le salon, elle eut la désagréable surprise d’y trouver Mylène et son fiancé.
– Ah ah, voilà ma belle-sœur préférée ! Toujours dans la sobriété.
Emilie inspira profondément. Noah avait réussi à lui faire oublier Jules. Sa beauté, indéniable, n’avait d’égale que son autosuffisance, détestable. Il renouvelait sans cesse l’exploit de gâcher les soirées auxquelles il participait. Et cette année, il avait réussi à se faire inviter dans ce refuge de bienveillance.
– Alors ? Tu n’as toujours pas trouvé un garçon acceptant de passer le réveillon avec toi ?! Tu clames toujours qu’une femme peut être heureuse seule ? Quelle sornette… Mylène n’a pas encore réussi à te convaincre du contraire ?! Je sais qu’elle n’essaye pas assez fort. Mais sans moi, elle est perdue ! Même si elle ne te l’avouera jamais, hein bichette ?
Emilie sentit une main amicale sur son épaule. Elle n’eut pas besoin de se retourner pour savoir que c’était Noah : les papillons dans son ventre le lui disaient.
– Ne vous inquiétez pas, jeune homme, Emilie est très bien accompagnée ce soir. Mon petit-fils est le meilleur ! Même si elle n’a évidemment pas besoin d’un homme pour passer un bon moment. Disons que c’est un bonus.
Sam éclata de rire devant la mine déconfite des jeunes gens. Il entra dans le salon, désinvolte, et fit un clin d’œil à Emilie, fier de son effet. Cette dernière, un peu vexée de s’être trompée, rebroussa chemin à la recherche de Noah.
Elle le découvrit dans le bureau, penché sur le Livre.
– Reste à côté de moi, lui souria-t-il, tu es ma muse. J’ai décidé de consigner notre excursion. Mon grand-père est aux anges ! Et après, je t’aiderai à passer un bon réveillon, avec ou sans l’homme que ta sœur a choisi.
– Moins on le voit, meilleure sera notre soirée. Comment je sais que tu vas vraiment écrire notre journée, puisque je ne sais pas lire ce que tu écris ? lui répondit Emilie, taquine.
– Si tu restes avec moi, je te montrerai. Mais d’abord, un peu de patience. Peux-tu s’il-te-plaît me donner l’encrier qui est là-bas dans la petite boîte en bois dorée ?
Émilie se retourna, à la recherche du contenant. Une fois en main, elle contempla le travail d’orfèvre : toute la boîte était recouverte de gravures d’une finesse incomparable. Les ornements étaient semblables aux illustrations du livre. En l’ouvrant, elle découvrit un encrier et une plume qu’elle tendit à Noah. En croisant son regard, elle découvrit une détermination et une lueur espiègle qu’elle n’avait jamais vues dans ses yeux mais qui le faisaient ressembler étrangement à son grand-père.
Pendant l’heure qui suivit, Émilie observa, fascinée, la dextérité et la douceur avec lesquelles Noah écrivait. Il formait une boucle par-ci, une astérisque par là, c’était magnifique à regarder mais toujours aussi incompréhensible aux yeux de la jeune femme. L’encre brillait d’une étrange nuance, légèrement irisée, comme si des milliers de petits flocons la composaient. D’un coup, Noah tourna la page et esquissa les traits d’une jeune femme en guise d’illustration.
Sous sa plume, c’est son propre visage qu’elle reconnut ! Jamais elle n’aurait imaginé Noah être si sensible et précis dans ses traits. Un point sous l’œil, une petite boucle de cheveux à droite et le portrait semblait prendre vie.
– C’est magnifique, dit-elle en se rapprochant du livre et en effleurant la page délicatement. Je n’aurais jamais pensé que tu étais si doué !
– Oh, euh… c’est rien, balbutia le jeune homme puis, désinvolte, il ajouta, et encore tu n’as pas lu le texte.
– J’aimerais bien mais, malgré la beauté de l’écriture, je n’y comprends toujours rien.
Elle s’était approchée de lui, prête à tenter de déchiffrer celui-ci. Elle se sentait envoûtée par le jeune homme. Il se rapprocha d’elle, au-dessus du livre, lui effleura la main et quand elle tourna la tête pour lui parler, leurs joues se frôlèrent.
Émilie et Noah eurent tous deux un geste de recul et rougirent, gênés. Puis, le jeune homme lui caressa la joue et se rapprocha en douceur. Ils s’embrassèrent et une douce lueur éclaira la pièce.
Quand leur étreinte se relâcha, Émilie regarda le livre. Quel ne fût pas son étonnement de découvrir qu’elle arrivait à déchiffrer le texte !
– C’est ma magie de Noël à moi, sourit Noah.
Elle se pencha, tourna la page pour lire le début, et découvrit son nom et le récit de leur journée. Le jeune homme ajouta :
– Maintenant il y a aussi Émilie, l’optimiste, qui ravive l’esprit de Noël dans les cœurs ternis. Te voilà héroïne de mon chapitre.
Emilie vint se blottir au creux de ses bras. Le réveillon de cette année serait merveilleux et même Jules, son beau-frère exécrable, ne saurait éteindre la magie de Noël !

Toute l’équipe de Bribes de Vies te souhaite un très joyeux Noël !
Merci pour cette magnifique histoire qui me laisse avec un sourire sur les lèvres. Vive la magie de Noël et Joyeux Noël !
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Merci pour cette jolie histoire de Noël! Belles fêtes à toutes les chroniqueuses et lectrices!
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C’était tellement bien ! Tellement court! J’aimerais pouvoir encore lire plusieurs parties. J’aimerais avoir encore plus de détails sur la langue du livre, sur cette magie émanant de Sam et Noah. Connaître un peu plus l’histoire d’elinor!
En tous cas, j’ai pris beaucoup de plaisir cette semaine à vous lire et lire cette dernière partie ce soir, clôture merveilleusement bien la journée de Noël ! Merci à toutes ☺️
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Bravo !
C’est un vrai cadeau de Noël cette idée !
Vous avez toutes un réel talent, on s’y plonge complètement.
Par contre, c’est en 16 épisodes non ? Ne me dites pas que c’est terminé ! La suite la suite !!! Et un épisode sur les coulisses de la rédaction ?
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