Concours – la participation de Rosita
2020 est l’année dont nous nous souviendrons tous. Pour moi, ce fût l’année de ma renaissance.
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un rapport compliqué avec mon corps. J’ai toujours été « boulotte » et d’années en années, rien ne s’est arrangé.
Je ne me pèse plus depuis quelques années maintenant, mais je me rends bien compte quand je vais dans les magasins que le problème ne s’arrange pas. Cependant je ne suis pas du genre à me morfondre et je reste très active, je fais du sport une fois par semaine, je sors beaucoup. Je cuisine aussi beaucoup, certains disent que j’ai un don pour la pâtisserie. Qui a dit que la gourmandise est un défaut ?
Vendredi 7 février, je passe une nuit très agitée. J’ai des douleurs au bas ventre. Ça ne m’inquiète pas, je me dis que ça va passer, je suis peut-être un peu plus stressée au travail.
4h30 du matin, je me tords de douleur dans mon lit. Mon mari est debout, il va bientôt partir pour le travail. Je me sens tellement mal que je me lève de peur de faire un malaise une fois qu’il sera parti. Je me mets debout et la douleur s’intensifie. Je lui demande de m’emmener tout de suite à la clinique. Je suis en sueur et je sens bien que quelque chose ne va pas. Les vingt minutes de route me paraissent interminables. Je suis admise et on me dit que le gynécologue de garde ne sera là qu’à 8h. En attendant on me pèse pour me donner des médicaments. Je ne regarde même pas la balance, je sais qu’il y aura trois chiffres et je n’ai pas le moral pour encaisser. Je suis suivie dans cette clinique mais je n’y suis pas allée depuis quelques années. La flemme, le non besoin… aucune excuse, je sais que je vais avoir le droit à une remontrance. Le gynécologue (le mien) me fait une échographie et détecte un kyste sur mon ovaire gauche de 12 cm. Je suis choquée, je trouve cela énorme. On est vendredi, pour lui ce n’est pas une urgence, il m’opérera lundi. Il m’hospitalise en attendant de voir comment cela évolue. Si ça empire, il m’opérera.
Le vendredi, je passe une journée horrible. Les médicaments font effet sur le coup mais dès que la perfusion est vide, cela reprend de plus belle. Je ne fais que vomir (alors que je ne mange pas), j’ai froid, j’ai chaud… J’attends, vivement que le médecin passe, je demande aux infirmières qui ne savent comment me soulager. Je ne verrai pas le médecin ce jour-là.
Samedi 8 Février. Après une nuit blanche, je réclame le médecin. Je vais devenir folle. J’ai l’impression qu’on ne me prend pas au sérieux. La journée passe ainsi, j’ai l’impression que mon état empire, j’ai envie de passer par la fenêtre, de mourir. Je ne suis pas du genre à me plaindre, je ne suis jamais en arrêt et ne vais jamais chez le médecin. Le soir, je change de position et là, c’est le drame. Mon ventre me fait souffrir, je trouve qu’il a grossi et qu’il est tout dur. Je demande aux infirmières en pleurant de m’achever parce que là, je ne vais vraiment pas bien. Elles appellent le médecin, qui demande une prise de sang. Il est 21h et le biologiste passe me la faire. La veille en arrivant, j’avais 13 d’hémoglobine (le taux de sang), ce qui est un très bon résultat (pour une femme, il faut un résultat entre 11 et 13). Vingt minutes plus tard, les infirmières viennent me voir pour me dire que la prise de sang est mauvaise. Elles ont appelé le gynécologue de garde pour qu’il m’opère. Il vient dans ma chambre avec l’anesthésiste. Je les sens inquiets. Ils discutent entre eux. Ils ne peuvent pas faire d’échographie ni tout autre examen car il n’y a pas le temps. Mon hémoglobine est à 7, j’ai perdu presque la moitié de mon volume sanguin. Je fais une hémorragie interne.
Tout s’accélère. Je suis transfusée. Pas assez de sang sur place, on va en chercher dans une autre ville. Mon pouls est à 135, je ne me rends pas bien compte de ce qu’il se passe, j’ai l’impression d’être spectatrice. Juste le temps de prévenir mon mari, qu’on me prépare pour l’opération. Je dois être opérée dans les trente minutes. Je croise mon mari dans le couloir en allant au bloc ; c’est à cet instant que je me dis que peut-être, je ne le reverrai pas… J’ai l’impression qu’on m’endort en deux minutes tellement tout va vite.
Je me réveille plus tard dans la nuit, je ne comprends pas ce qui se passe. L’infirmière qui est avec moi est douce et rassurante. Elle me dit que je suis sauvée mais que je reviens de loin, que j’ai bien fait de me battre pour qu’on m’écoute.
J’avais bien un kyste à l’ovaire gauche, qui faisait plus de 20 kg. Le kyste s’est rompu quand j’ai changé de position et tout le liquide s’est répandu. Ils ont dû m’ouvrir du nombril au pubis pour le retirer entièrement. Enfin, ils ont retiré mon ovaire gauche, qui était torsionné (plusieurs tours), et la trompe. A mon rendez-vous avec le chirurgien un mois après, on m’a montré les photos. Le choc !
Après une journée aux soins intensif, trois jours d’hospitalisation, six semaines de repos à la maison (plus huit de confinement !), j’ai pu reprendre une vie normale. Aujourd’hui, sur ma balance, il n’y a plus que deux chiffres et cette opération a changé ma vie (j’ai perdu quatre tailles de pantalon).
Je dois refaire toute ma garde-robe et j’ai compris à quel point la vie est précieuse. Le don du sang m’a sauvé la vie. Je vais aussi pouvoir être maman (merci à mon ovaire restant de se mettre au boulot).
Impossible de savoir depuis combien de temps ce kyste était là. Cela a dû être progressif. A l’échographie, le médecin n’avait vu que la partie immergée de l’iceberg. Les médecins ne comprennent pas comment j’ai fait pour avoir une vie normale avec ça.
Alors non, 2020 n’est pas la meilleure année avec ce contexte pourri. Mais, pour moi, c’est l’année où je suis née une seconde fois.

Magnifique témoignage ! Je ne savais même pas que c’était possible un kyste de 20kg! Bravo à toi et je te souhaite tout le meilleur pour la suite !
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Je n’étais pas le premier « cas » du chirurgien, même si des kystes aussi gros ce n’est pas très fréquent 😉
Merci pour ton chaleureux commentaire !
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Je comprends mieux pourquoi tu appelles cela une renaissance ! Et j’espère que les praticiens t’auront présenté leurs excuses pour cette attente ignoble. J’espère que 2021 sera toute aussi belle pour toi (le passage par l’hôpital en moins !)
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Non, pas d’excuse… les deux médecins (mon gynéco + celui qui m’a opéré) sont venus me voir le jour de ma sortie. Je les ai senti très tendus (je pense qu’ils se sont pris la tête juste avant). Celui qui a un peu pris les choses à la légère m’a dit que j’étais trop bien portante pour avoir un truc pareil (comme j’arrivais à marcher par exemple). Si j’avais été plus mal il aurait fait un scan. L’autre a soutenu son collègue mais j’ai senti qu’ils n’étaient pas d’accord (désolé les gars si j’ai du mental pour supporter les choses !)
Comme quoi c’est important d’écouter son corps !
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Quel témoignage impressionnant !
Heureusement que cela t’est arrivé en début d’année, vu comme tu as déjà eu du mal à te faire entendre… Je n’imagine pas la même expérience en plein pic pandémique !
Je te souhaite une année 2021 plus douce, pour toi-même et pour ton corps.
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« Mon corps ce Héros »
Respect ! Merci de nous avoir conter ton « parcours du combattant », l’expression est adéquate. Quels force, courage et leçon de vie ! Merci pour ce message plein despoir. Reste à te souhaiter le meilleur bien sur.
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