Et toi, t’as quel âge ?

Et toi, t’as quel âge ?

Je te vois d’ici répondre que ce n’est pas une question difficile.

Ba oui, il suffit de faire un rapide calcul par rapport à la date écrite sur ta carte d’identité voyons. On connaît tous notre date de naissance, il est facile de donner notre âge.

Oui mais toi, réellement, tu as quel âge ? Dans quel âge te retrouves-tu le plus ? Te sens-tu en accord avec ce nombre que tu donnes en réponse à cette simple question « Quel âge as-tu ? »

Je ne suis pas en phase

Parce que pour être honnête, moi je ne me sens pas en phase avec ce nombre. Et ce déphasage date d’il y a longtemps.

Quand j’étais jeune, je me sentais plus vieille que mon âge. Je ne me retrouvais pas dans la façon de penser de mes camarades, leurs jeux, leurs occupations. J’attendais que le temps passe et de voir enfin augmenter ce nombre que je donnais quand on me demandait mon âge.

La vingtaine a été une libération pour moi car enfin, j’avais atteint un âge où je pouvais avoir ce que je voulais : l’indépendance ! (Et je parle de l’indépendance totale en ne dépendant plus de mes parents sur le côté financier et pas uniquement de ne plus vivre chez eux).

Enfin j’avais un métier, des responsabilités, j’étais une adulte et je pouvais justifier le côté trop sérieux qu’on avait tendance à me reprocher, en disant qu’on n’était plus des enfants ni des adolescents.

Puis j’ai eu des enfants et j’ai commencé à avoir de l’expérience au travail, et ça a déraillé.

Crédits photo : Tony Hall

Quand la tendance s’inverse

Depuis quelques temps, j’ai l’impression d’être trop jeune.

Je m’arrête régulièrement en me disant que je ne suis pas légitime pour donner des conseils, faire partie des parents d’élèves, m’affirmer au travail…

Je réalise bien que ce nombre que je donne à la question « tu as quel âge » ne fait plus de moi une jeune diplômée, mais alors pourquoi j’ai toujours ce manque d’assurance, l’impression d’être illégitime.

Pourquoi j’ai toujours l’impression de prendre un rôle qui n’est pas le mien, l’impression d’être illégitime.

Pourquoi j’ai toujours peur qu’on me demande si je ne suis pas la baby-sitter de mes enfants et non la mère, l’impression d’être illégitime.

Pourquoi j’ai peur qu’on me réponde de laisser les adultes régler ça quand j’aide ma mère à gérer la prise en charge médicale de ma grand-mère, l’impression d’être illégitime.

Pourquoi j’ai l’impression que tous ces adultes autour de moi sont bien là où ils sont, sans avoir besoin de faire d’efforts, l’impression d’être illégitime.

Tu as quel âge ?

J’ai 5 ans quand je joue à cache-cache avec mes enfants et que je rigole en douce d’avoir trouvé une bonne cachette.

J’ai 10 ans quand je panique à l’évocation de la disparition de mes grands-parents, qui est beaucoup trop imminente à mon goût.

J’ai 15 ans quand j’ai juste envie de sauter dans un avion pour rejoindre mes copines à l’autre bout de l’Europe.

J’ai 20 ans quand je vois Monsieur Génial et que j’ai envie de faire tous les projets du monde avec lui.

J’ai 30 ans quand je gère les soucis et la bonne marche du quotidien et de mon projet au travail.

J’ai 40 ans quand je gronde mes enfants en tentant de ne pas rigoler de leurs bêtises.

J’ai 50 ans quand je râle contre ces jeunes qui ne comprennent pas l’importance de la distanciation sociale.

J’ai 60 ans quand je prends soin de mes proches pour être sûre de limiter leurs problèmes.

J’ai 70 ans quand je ne comprends pas pourquoi on est obligé de boire pour s’amuser en soirée.

J’ai 80 ans quand je prépare ma bouillotte et mes chaussettes pour la nuit.

J’ai 90 ans quand je suis épuisée d’avoir passée une journée à lutter contre tout le monde et que j’ai envie de dormir pendant des jours/semaines/mois/années d’affilée.

Au final, mon âge peut bien être ce qu’il veut, ce qui compte c’est qui on est tout au fond. Moi, je serai toujours l’enfant qui aime les bonbons et n’aime pas le vin rouge.

5 commentaires sur “Et toi, t’as quel âge ?

  1. C’est drôle, je me retrouve exactement dans le paragraphe sur la sensation d’être trop jeune dans certains domaines, notamment pour ce qui a trait à mes enfants. J’ai parfois ce sentiment que je ne suis pas légitime pour faire des choses de « grande personne », alors que oui en réalité !

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  2. Je te rejoins sur cette impression de décalage que j’ai toujours ressentie. D’ailleurs, j’ai beaucoup d’amis plus (voire beaucoup plus) âgés, et maintenant que j’ai la trentaine je commence aussi à en avoir des plus jeunes. En fait, je pense que l’âge n’est vraiment pas important que ce soit pour nous ou pour les autres, je ne pense pas vraiment qu’on puisse devenir mature si on ne l’est pas, je pense que ce sont vraiment les qualités et la personnalité qui ont le plus d’importance.

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  3. En lisant ce post j’ai l’impression de me lire moi car je me reconnais tellement dans ce que tu as écrit !
    La différence, c’est que ce n’est pas moi qui me sens trop jeune pour certaines choses (sauf quand plein de trucs me tombent sur la tronche en même temps et que j’ai peur de ne pas réussir à gérer — alors qu’au final j’y arrive tout le temps –, je me dis alors « ce que c’est chiant d’être adulte !), mais du fait que physiquement je fais beaucoup plus jeune que mon âge (j’en ai parlé sur mon blog il y a quelques années), et que du coup, les gens qui ne me connaissent pas me prennent pour une « jeunette » dès le 1er coup d’œil et voilà que je perds en crédibilité ; et j’avoue que ça m’énerve de plus en plus avec les années !

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  4. Pareil ici, je me suis longtemps senti en décalage avec les gens de mon âge, et encore maintenant du fait que nous n’avons pas d’enfants, et je me sens aussi parfois peu à ma place dans mon travail où, ayant gravi certains échelons assez rapidement, je suis en contact avec des collègues plus agés ayant bien plus d’expérience que moi. Le manque de confiance en moi n’arrange rien forcément … j’espère atteindre un jour ce sentiment de plénitude et d’être en phase avec moi même 🙂

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  5. Je me dis la même chose, surtout par rapport à mon fils de 3,5 ans. Et c’est pas tant une question d’âge, c’est une question de ressentie je crois. J’ai toujours l’impression que les autres ont un manuel que je n’ais pas eu à la prépa à l’accouchement ^^. Qu’ils ont la bonnes réactions, enfin la réaction socialement acceptable surtout !!
    J’escalade les jeux et fais du toboggan avec mon fils quand les autres parents reste sur un banc ou au sol (même lorsque je sui en robe..). Lorsqu’il fait une bêtise assez souvent je n’arrive pas à m’empêcher de rire. Voir je lui propose moi même de faire des choses qui sont considérées comme des bêtises car je trouve qu’en fais ça passe… ^^. Je n’ai aucun reflexe « carte de voeux/d’excuse, etc. qu’on certaines mères de la classe de mon fils. Il est constamment sale et je m’en fou complément. Je le laisse faire des choses en sachant qu’il va de se faire mal. Je lui parle parfois un peu trop franchement/sincèrement.

    Mais avec le temps je pense que déjà mon fils tient bien mon caractère de bougeotte et tétu. Et surtout qu’on s’adapte aussi à son enfant. Il ne tient pas en place, cherche constamment à défier les limites imposées et l’autorité, et assez dans les extrêmes dans ses émotions (colères dévastatrice d’un coté mais joie et rire immense de l’autre), n’apprend une limite qu’en se faisant mal/qu’avec le retour de bâton. Bref il faut le driver pour qu’il ne fasse rien de trop dangereux/irrespectueux (les seules vrai limite qu’on lui mets se trouve la : danger et respect) mais le laisser se frotter à la vie et se faire des bosses comme ont dit!
    Et ça me donne souvent le sentiment de ne pas être légitime… alors qu’on essaient de faire du mieux possible pour lui justement.

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