Préparer mon AVAC
Polichinelle est (si tout va bien) notre dernier enfant, donc sa naissance est mon dernier accouchement. Et au fur et à mesure que cette échéance approchait, je me suis lancée à corps perdu dans une tentative pour rendre cet accouchement le plus conforme possible à mes désirs…
Regarder en arrière
Petit résumé des épisodes précédents : mon premier accouchement était pour mon IMG, et celui de Pépette s’est terminé abruptement par une césarienne en urgence, sous anesthésie générale, parce qu’elle s’était glissé le cordon trois fois autour du cou. Tu peux en trouver le récit ici d’ailleurs.
Selon les injonctions de ma super sage-femme, j’ai fortement réfléchi à ce que je voulais – et ce que je ne voulais pas – pour cet accouchement. Le résultat a été une longue lettre de trois pages : j’avais, sans m’en rendre compte, accumulé beaucoup de sentiments très forts par rapport à mes premiers accouchements.
En réfléchissant à ce que je voulais pour la naissance de Polichinelle, j’ai forcément réfléchi à ce que j’ai vécu lors de mes précédents accouchements. Force est de constater qu’on était loin de bonnes expériences. Je me suis rendue compte que j’ai pendant longtemps été dans le déni sur ma césarienne. J’étais si contente d’avoir ma Pépette avec moi que j’ai pensé ce que tout le monde dit dans ces cas-là : tout le monde va bien. Sauf qu’en vrai, ne pas voir ma fille naître et ne pas être présente pendant ses 6 premières heures de vie ont été un vrai déchirement pour moi. Et finalement, tristement, la seule fois où j’étais mentalement présente pour la naissance d’un de mes enfants était pour l’IMG. C’est une image (forcément) très négative, traumatisante, qui est restée gravée dans ma tête, et que je ne veux pas associer au fait de donner la vie, puisque c’est littéralement l’inverse qui s’est passé.
Partant de ce constat, j’ai trouvé ce que je voulais absolument pour cette naissance : au minimum, je voulais voir mon bébé naître. En étendant un peu la réflexion, je me suis dit que je voulais tout expérimenter d’une naissance, tout sentir. Parce que ce serait la dernière fois. Parce que j’ai l’impression qu’on m’a volé cette expérience pour la naissance de Pépette. Je voulais me reconnaître dans tous ces récits d’accouchements (en particulier celui de ma mère, qui a adoré donner naissance à moi et à mon frère) où la femme se découvre une force insoupçonnée. Je voulais faire confiance à mon corps, qui sait comment faire. Je voulais vivre la découverte de mon enfant avec le minimum d’intrusion du personnel médical. Heureusement, je sais qu’en Suède cela est facilement possible. Je suis donc partie pour un accouchement avec un minimum de médicamentation… Et c’est ainsi que j’ai lancé des recherches effrénées.
La particularité de l’AVAC
AVAC, comme je l’ai découvert rapidement, c’est l’acronyme stylé pour décrire un Accouchement Vaginal Après une Césarienne. Tout d’abord, j’ai posé mille questions à ma sage-femme sur ce que ça veut dire d’accoucher après une première césarienne. Normalement, rien ne contre-indique un accouchement vaginal. Il est conseillé d’attendre 1 an avant d’être enceinte, pour laisser à l’utérus le temps de cicatriser. Le plus gros risque, c’est la rupture utérine. Rien que le terme fait froid dans le dos, mais il décrit très bien ce qui peut se passer… Les cas sont rares, mais un utérus cicatriciel est un gros facteur de risques. En discutant avec ma sage-femme, elle ajoutait d’ailleurs que le déclenchement augmentait (un peu) les risques d’une rupture utérine. Heureusement, la question d’un déclenchement ne se posait pas pour moi !
Voilà le fruit de mes recherches, si ça t’intéresse, cette association regorge d’infos et de témoignages.

Un AVAC sans péridurale ?
Pour expérimenter pleinement mon accouchement, je voulais n’être qu’un minimum affectée chimiquement. Je me suis donc donné toutes les possibilités pour effectuer un maximum du travail sans péridurale. Tu noteras que je n’ai pas dit que je n’en voulais pas : juste que ce soit le dernier recours. Selon moi, inutile de me fixer un objectif, puis ne pas réussir à l’atteindre et considérer ça comme un échec. Non, je voulais me sentir forte et faire ce que je pouvais, au maximum : on verrait bien ce que ça donnerait.
J’ai néanmoins cherché tout ce qui pourrait m’aider dans cette démarche. J’ai contacté mes copines qui ont accouché sans péridurale pour leur poser des milliards de questions, j’ai écouté et lu des récits d’accouchements. J’ai lu des livres, commencé la sophrologie et des exercices de relaxation. J’avais prévu de suivre des cours de yoga prénatal qui abordaient une préparation à l’accouchement naturel, mais malheureusement ils ont été annulé pour cause de pandémie. J’ai regardé des vidéos Youtube… Bref, je voulais avoir toutes les cordes à mon arc pour avoir l’accouchement que je voulais.
Mes exercices
Pendant mon dernier trimestre, voilà donc comment je me suis entraînée pour l’accouchement. Ça tombait bien, j’avais des contractions douloureuses au moins une fois par jour ! J’ai donc pu appliquer ce que j’avais lu.
J’ai commencé par des exercices de respiration. Une longue inspiration, une pause, une longue expiration. Chaque expiration s’accompagnait d’une relaxation consciente des possibles muscles bandés. Chez moi, les épaules et la mâchoire sont souvent tendues, donc c’est là-dessus que je me focalisais.

J’ai également fait des exercices de visualisation. Tous les soirs, je m’imaginais en femme forte qui mettait son enfant au monde malgré la douleur. J’ai aussi travaillé sur les images qui m’apaisaient : cette cascade paradisiaque lors d’un voyage à la Réunion, l’odeur de mon amoureux, le rire de Pépette… Lors de mes épisodes contractiles, j’ai testé les visualisations, et celles qui marchaient le mieux étaient celle de la vague (sauf que moi je plonge la tête sous l’eau pour la sentir passer au-dessus de moi), et surtout celle… du train dans Dumbo. Tu ne vois pas de quoi je parle ? C’est normal, la référence est obscure et date de ma petite enfance : au tout début du film de Disney, un train grimpe une montagne. Il souffle, il souffle en se répétant « j’y arriverai, j’y arriverai » et arrivé en haut, il reprend sa respiration et redescend de l’autre côté en s’exclamant « ça y est, je l’ai fait tchou tchou ! ». Bizarrement, cette image est celle qui m’aidait le plus à accepter l’arrivée de chaque contraction !
Former Mister Man
Une part importante de ma préparation a aussi été d’inclure Mister Man. Je voulais qu’il soit partie intégrante du travail. Je lui ai donc parlé de ma démarche, de mes exercices, de ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Il a totalement embrassé l’exercice et s’est renseigné sur comment m’aider le plus possible : sur les positions que je pouvais prendre et comment il pouvait me soutenir, sur quels snacks me proposer à quel moment, bref, j’étais contente de voir qu’il essayait un maximum de s’impliquer.
Bien sûr, tout au long de ces démarches et de ces recherches, je n’ai pas oublié que tout pouvait arriver. J’essayais un maximum de garder en tête les complications possibles, les déviations du plan, tout ce qui fait que personne au final n’a l’accouchement dont elle a rêvé. C’est pourquoi mon plan de naissance, celui donné aux sages-femmes à l’arrivée en maternité, était au final très simple. Je voulais tout faire pour éviter l’anesthésie générale (mon objectif principal était juste de voir mon bébé naître), qu’on m’encourage un maximum (et en anglais) et qu’on n’oublie pas le papa. Au-delà, ce sera la nature qui décidera !
C’est marrant, avec un seul accouchement à mon actif, je dirais que le moment où j’ai finalement mieux ressenti mon accouchement et je me suis sentie la plus active et partie prenante, c’est justement après la pause de la péri. Comme quoi on a toutes des ressentis/idées différentes.
C’est vraiment chouette que ton époux se soit lancé avec toi. (Je n’avais pas idée qu’il y avait des snacks plus appropriés que d’autres..) Par contre tu aurais tu lui dire que les massages étaient super indiqués pour éviter la césarienne et soulager la douleur ! Ca aurait pu être sympa, surtout s’il s’entraîne à l’avance.
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Je ne savais pas que le déclenchement était un facteur de risque de rupture utérine. Il a pourtant fallu que je me batte pour l’éviter pour ma troisième (après une césarienne pour le deuxième), et pour ma propre naissance (AVAC aussi), il était également prévu de déclencher… mais finalement j’étais trop pressée de sortir, ils n’ont pas eu le temps !
En tout cas, c’est cool que ton mari ce soit investi pour que tu puisses accoucher comme tu le souhaitais. J’espère que tout c’est bien passé !
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