Quand je serai grande, je serai maman… ou pas !
On connaît tous une petite fille qui, après à peine quelques années de vie, nous lance que plus grande, elle sera maman. Peut-être même que toi tu étais cette petite fille. De mon côté j’ai une belle-fille qui, du haut de ses 7 ans et de son GRAND AMOUR du primaire, nous annonce régulièrement qu’elle nous amènera en vacances ses 10 enfants. Rien que ça !
Et en même temps, rien d’étonnant. Elle évolue dans un monde rempli d’enfants, de poupons en tout genre et de petits frères et sœurs. On lui montre, à grand coup de livres et de dessins animés, que la vie est faite pour trouver le prince charmant et prolonger la lignée. « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Alors forcément, quand on est petite, on a tendance à idéaliser cette maternité, elle nous semble naturelle.

Sauf que dans les faits… elle ne semble pas naturelle à tout le monde. J’ai pour ma part grandi dans l’idée que je n’aurais ni mari, ni enfants. Que je ne souhaitais pas m’encombrer. Dans ma vie idéalisée je vivais entourée de plein d’animaux, genre arche de Noé grandeur nature.
À quoi cela est-il dû ? J’aurais tendance à penser, avec le recul, que je ne voulais simplement pas reproduire le schéma familial nocif dans lequel j’ai évolué une partie de mon enfance. Prenez deux parents qui ne se supportaient déjà plus à votre naissance, mixez avec beaucoup de violences verbales et physiques, saupoudrez d’un divorce pour mes 5 ans, et mettez à cuire 10 ans en garde alternée, en recouvrant régulièrement le tout d’engueulades à travers un interphone et de crises de nerfs. Voilà, vous avez globalement le gâteau de ma vie d’enfant, et rien d’étonnant à ce que je n’ai pas voulu prendre le risque de reproduire cela dans ma vie d’adulte.
Voici pour mes raisons, mais ces dernières peuvent être multiples, surtout dernièrement. J’ai beaucoup d’amis qui ne souhaitent pas devenir parents pour des raisons environnementales, ou parce qu’ils se sentiraient égoïstes de faire grandir des enfants dans le monde tel qu’il évolue. D’autres encore qui ont peur de la maternité, de ne pas y arriver, de briser un équilibre personnel, ou un équilibre de couple qu’ils ont mis du temps à construire. Bref, si on regarde plus profondément, on s’aperçoit vite que non, toutes les petites filles ne veulent pas devenir maman, et ce pour de multiples raisons.
En entrant dans l’âge adulte, j’ai donc compris que c’était parfaitement normal de ne pas avoir ce désir profond de maternité. Mieux encore, que ne pas avoir d’enfants ne ferait pas de moi une personne anormale. Cela ferait juste de moi quelqu’un qui vivait sa vie au gré de ses désirs et de ses convictions.

Sauf qu’en fait, encore une fois, dans la vie les choses ne sont pas aussi simples. 10 ans après avoir fui le chaos familial, me voilà mère, divorcée, avec une petite fille en garde alternée… Crotte ! Ils sont passés où tous les animaux ? Et mes grands principes alors ?
Mes grands principes à moi ont volé en éclat quand j’avais 20 ans. Le jour où, subitement et sans pouvoir me contrôler, je me suis mise à me retourner sur les poussettes dans la rue. Et les femmes enceintes. Et les bébés à la télé. Et les bodys trop choux. Du jour au lendemain, l’idée de maternité est devenue compulsive, viscérale, sans que je m’y attende. J’étais bien dans une relation stable, mais plutôt récente, et mon conjoint travaillait uniquement à mi-temps. Je venais d’intégrer une grande école, alors ce n’était absolument pas le moment de mettre mes études sur pause. Et, comble de l’ironie, mon père m’annonce dans la foulée que je vais encore devenir grande sœur. Bref, une grossesse n’était pas envisageable, clairement. Pourtant mon cerveau ne décrochait pas de cette idée, et pendant des mois je me suis rendue malade à vouloir devenir mère.
Moi, moi qui avait toujours crié haut et fort qu’on ne m’y prendrait pas !
Alors qu’est-ce qui se passe dans le cerveau pour en venir à changer sur cette idée du tout au tout ? Est-ce que c’est notre part génétique, animale, qui parle, ce désir de reproduction qui devient compulsif ? Est-ce que, sentant que j’avais trouvé chaussure à mon pied en amour, j’avais l’espoir de ne pas reproduire le schéma de mon enfance ? Est-ce que, finalement, cette envie d’être mère n’avait pas toujours été là, bien cachée derrière mes grands discours et mes peurs? Je n’ai, et n’aurai sûrement jamais la réponse à cela.
Ce que je sais, en revanche, c’est que cette envie d’être mère m’a prise aux tripes très longtemps. Elle s’est rapidement démultipliée, me poussant carrément à rêver d’une famille nombreuse, d’une tribu à aimer. Et je rongeais mon frein en attendant LE bon moment. Ce bon moment qui est venu à la faveur d’un deuil, quand j’ai enterré mon grand-père et que j’ai pris conscience que mes enfants n’auraient jamais l’occasion de rencontrer ce grand homme. Nous étions mariés, nous avions deux salaires, je finissais mes études et nous nous sentions plus que près, alors nous nous sommes lancés. Et un an plus tard, petit chat est venu éclairer ma vie. Littéralement.
Cette enfant, dont je n’avais pas voulu pendant 20 ans, puis désiré si ardemment les 5 années suivantes, a transformé l’image que j’avais de moi. Elle m’a faite mère, et m’a fait comprendre que la maternité n’est pas juste une question d’héritage ou de nature, c’est avant tout une question de désir et d’amour, une question de personnalité, une question sur nous-même.
Qui suis-je ?
Je suis beaucoup de choses, mais au fond de mes tripes, malgré toutes mes expériences passées, je suis une maman. De toutes les choses dont je suis fière, la maternité est celle qui me définit le plus profondément dans ma vie d’adulte.
Pourtant être mère englobe les pires épreuves qu’il m’a été donné de vivre dans cette vie : la peur, la dépression post-partum, la séparation, le deuil périnatal, l’angoisse d’une nouvelle grossesse, toutes ces choses que je n’aurais pas eu à vivre si je n’avais pas eu un jour l’envie d’être mère. Mais j’ai aussi découvert l’amour inconditionnel, la douceur de la respiration d’un bébé, la surprise des coups de pieds dans un ventre, le sourire d’un enfant qu’on embrasse sur le nez. Je me suis découverte, je suis devenue non pas qui j’avais envie d’être enfant, mais qui j’ai envie d’être adulte.
Et tant pis si la petite fille au fond de moi me regarde en levant les yeux, parce qu’aujourd’hui je suis grande, et je suis maman !
Pour moi ce fut l’inverse. Je me suis toujours vu ma maman. (Super souvenir de famille de mon enfance, comme tu le dis ça a peut être joué.) Je pensais reproduire le schéma familiale en ayant 2 enfants.
Mais en grandissant, je n’ai jamais ressenti le désir d’enfant. J’aimais bien les bébés mais je n’avais pas ce sentiment d’urgence ou de besoin.
Après une dizaine d’année avec mon chéri, nous nous avons néanmoins décidé de nous lancer. On se disait que c’était le moment idéal et qu’on ne se voyait pas vieillir sans enfants. Au final, nos 2 petits sont arrivés et si on les aime plus que tout, ils sont aussi une grande source de frustration et qu’on aurait pu être au moins aussi heureux sans enfants.
On peut adorer être parent ou adorer ses enfants sans adorer le rôle de parents.
Pour moi les enfants ne sont pas une fin en soit et je comprends très bien pourquoi certains font le choix de ne pas en avoir.
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J’aime beaucoup ta façon de voir les choses : on peut adorer ses enfants sans adorer le rôle de parents. Effectivement c’est un autre aspect de la parentalité qui existe, et qui est tout aussi normal que les parents hyper bien dans leur parentalité ou les personnes qui ne veulent pas d’enfants. Toutes les situations existent et toutes devraient être considérées comme normales, puisqu’elles ne dénotent au final que le ressenti propre des gens. 🙂
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Merci pour tes mots qui résonnent beaucoup en moi dans mon parcours actuel. C’est l’inverse pour moi : je me suis toujours vue et imaginée maman un jour mais je me rends compte que ça n’était pas forcément pour les bonnes raisons (faire comme tout le monde, y voir une preuve d’amour et d’attachement de mon ex conjoint) et aujourd’hui je ne sais plus vraiment si j’en ai envie ou pas. Je te souhaite plein de bonheur en tout cas !
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