Et les questions fusent – 2
Un seul article sur le sujet ce n’était pas assez (comment ça je suis bavarde ?). Voici la suite des questions-réponses (non ce n’est pas un jeu télévisé !), cette fois-ci beaucoup plus axée sur notre enfant.
Comment se passe la rencontre ?
Le jour J, nous nous rendrons dans l’orphelinat où se trouve notre enfant. On va certainement nous présenter les personnes s’étant occupées de lui, puis on va nous l’amener. Impossible de dire comment il va réagir, comment nous allons réagir. Chaque rencontre est unique tout comme chaque enfant est unique. Va-t-il pleurer, s’accrocher à nous ? Est-ce que cela va être un coup de foudre comme certains parents le racontent, ou bien allons-nous nous sentir vides face à notre petit comme je l’ai lu dans d’autres témoignages ? J’avoue que je n’ai pas vraiment essayé d’imaginer cette rencontre, aussi étrange que cela puisse paraître. Elle ne se passera de toute façon pas comme nous l’aurons prévue !

Et lui, ce petit bout, que va-t-il penser ? Nous avons été prévenus : il arrive que les enfants ne soient pas préparés à leur adoption. Même si nous envoyons un album photo, rien ne dit que le personnel va le lui présenter avant le jour J. Mais plus ils sont grands (et notre petit entre dans cette catégorie), plus il y a des chances qu’on lui ait expliqué la situation.
Parfois, les familles ne passent qu’une petite heure sur place. Parfois, une demi journée. À l’issue de cette rencontre nous repartons. Avec lui. Il n’y a pas de multiples visites au cours desquelles nous faisons progressivement connaissance, pour nous permettre de l’habituer à notre présence. En l’espace de quelques heures, il va passer du lieu au sein duquel il a grandi, été protégé, avec ses amis et qu’il n’a absolument jamais quitté (si ce n’est une fois pour faire un bilan médical) pour aller avec des inconnus qui ne parleront pas sa langue, qu’il ne comprendra pas, dans un lieu qu’il trouvera peut-être effrayant. C’est un choc inouï, je suis tellement atterrée par la violence de ce processus pour lui. On fera tout pour que cela se passe au mieux mais on nous a prévenu : très souvent les enfants sont complètement tétanisés par ce qu’ils sont en train de vivre et ils « explosent » quelques jours plus tard.
Environ une semaine après, nous aurons un rendez-vous pour signer le document officiel de l’adoption. Dès ce jour, le pays d’origine de notre fils nous reconnaîtra comme ses parents (en France, une longue procédure devra être faite). Le reste du séjour se passera à attendre son visa (ce qui prend environ 3 semaines).
Mais bien entendu, avec le Covid la procédure est adaptée : il est fort possible qu’on ne voit même pas l’orphelinat de notre petit garçon et que tout se passe différemment.
Vous avez des photos ?
Nous n’avons eu aucune photo. Pour ne pas qu’on s’attache à un enfant qui pourrait finalement ne pas être le nôtre et qu’on ne choisisse pas « sur catalogue ». Les seuls cas où une photo est présentée à la famille, c’est quand l’enfant a un problème physique important (fente labiale par exemple).
Par contre nous pourrons avoir régulièrement de ses nouvelles et rien que ça c’est fabuleux. Je dois t’avouer d’ailleurs que je suis bien plus curieuse de son caractère, de ses goûts que de son apparence. Tout simplement car je suis certaine qu’il sera le plus beau à mes yeux !
Une fois que l’Accord à la Poursuite de la Procédure (autrement dit l’accord définitif du pays pour l’adoption de notre petit) nous parviendra, nous aurons alors quelques photos.
Et pour son prénom ?
Est-ce que tu te souviens du long article que j’avais écrit au sujet du prénom de notre futur enfant ? Je te résume en quelques mots notre position au moment où je l’ai écrit : M. Chéridamour voulait que notre enfant conserve son prénom d’origine. Pour ma part, je préférais le changer et lui en donner un que nous aurions choisi.
Lorsque nous avons su le prénom de notre fils, j’ai eu du mal à m’y faire. Mon chéri aussi. Et curieusement, un basculement s’est opéré : j’aime sa sonorité, sa signification. Il ne sonne pas français du tout, mais il me plaît. Mon chéri au contraire a plus de mal à s’y faire. Je serais maintenant tentée de ne pas le changer, et lui aurait tendance à vouloir lui donner un nouveau prénom.

Mais un cas ou l’autre nous convient à tous les deux. Nous cherchons très activement un prénom à lui donner car, dans tous les cas, il aura un prénom choisi par nous, soit en prénom principal soit en prénom secondaire. Ce qui est assez amusant c’est que lorsque j’ai dit à notre entourage le prénom de naissance de notre fils, tout le monde a trouvé que c’était un très joli prénom… y compris des personnes dont j’étais persuadée qu’elles feraient la moue ! (mes parents notamment qui sont pourtant très difficiles en la matière).
Notre recherche n’est pour le moment pas fructueuse car nos goûts sont très différents avec M. Chéridamour. Et une tierce personne s’invite dans la conversation : Schtroumpfette ! Qui nous supplie d’abandonner nos idées loufoques et de ne « pas lui donner un handicap » avec tel ou tel prénom !
Et moi, qu’est-ce que je peux faire ?
C’est ce qui m’a le plus surprise et touchée lors de nos annonces. Beaucoup d’amis nous ont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour nous aider : nous donner des vêtements d’occasion, des jouets, des objets de puériculture ? Plusieurs personnes nous ont proposé de garder Schtroumpfette si c’était nécessaire le temps de notre séjour, si jamais elle ne venait pas avec nous.
Une amie m’a tout de suite dit de faire une liste d’adoption (comme une liste de naissance). Elle avait visiblement très envie de nous gâter et était très déçue de savoir que nous n’en ferions pas vu le peu de choses dont nous allions avoir besoin. Mais ni M. Chéridamour ni moi ne trouvons cela nécessaire : en effet, nous n’avons pas grand chose à acheter. Pas de biberon, pas de couches, pas de chaise haute, pas de cosy ou de poussette, pas de table à langer… Le seul achat conséquent sera un bon siège auto, un lit et une commode : pas de quoi faire une liste !
Nous n’achèterons pas de vêtements (ou très peu) avant notre départ car il est possible que ça n’aille pas sur notre fils et nous achèterons sur place. Nous avons gardé beaucoup de jouets de Schtroumpfette, assez pour déjà remplir une chambre (kapla, Légo, jeux de société, poupées, arbre magique…) Quant aux livres… l’ancienne petite bibliothèque de Schtroumpfette que nous avons installée est déjà pleine !
Merci pour toutes ces réponses. Ton homme imagine-t-il la rencontre ou comme toi il préfère ne pas se projeter?
J’aimeJ’aime
Lui est vraiment dans le « au jour le jour ». Il ne se projette pas du tout. Et tant mieux car ainsi il est plus détendu et e calme quand je me mets à stresser !
J’aimeJ’aime
La rencontre avec un enfant est en effet toujours différent de ce qu’on imaginait, qu’on l’accouche ou l’adopte. Je vous souhaite un très beau moment, très bientôt.
Tout comme j’ai voulu savoir le sexe pour me projeter, j’aurais bien aimé avoir une photo (team écho en 3D). Oui, mon fils sera forcément beau, mais l’imaginer sur mes genoux, dans sa chambre… ca m’aide beaucoup.
Je ne me souviens plus si tu as donné (la tranche d’) l’âge de ton fils ?
Pour ce qui est de vouloir aider, tu peux toujours demander des bons petits plats, des RTT, des courses, des kits à gâteaux, des lessives ou des activités à 2/3/4 (abonnement piscine, vélo, parc d’attraction, semaine à center parc, ballade à cheval). Les amis qui veulent aider risque de t’acheter des choses dont tu ne veux pas. Et on est tellement content de pouvoir aider pour montrer notre joie et partager ce beau moment avec les nouveaux parents.
J’aimeJ’aime
J’ai lu plusieurs témoignages d’accouchements et en effet ce qui ressort c’est que les choses ne se passent pas forcément comme on l’imaginait.
Notre fils aura plus de 4 ans (et espérons-le, moins de 5 ans !!) au moment de la rencontre. Pour ce qui est des amis, je n’vais pas pensé aux activités mais ça peut être une super idée, merci !
J’aimeJ’aime
C’est très intéressant, merci de partager tout ça avec nous. Je trouve aussi que le changement orphelinat / famille d’adoption est très brusque. Sais-tu si durant les 3 semaines sur place vous aurez la possibilité de lui faire revoir ses copains, l’orphelinat, avant le départ ou cela est-il déconseillé ? Enfin, êtes vous accompagné à votre retour en France par des professionnels (psychologue ou autres) pour notamment aider votre enfant à bien s’intégrer et à digérer le choc du déracinement (surtout s’il ne parle pas français) ou est ce que tout ça est réalisé en amont par l’orphelinat et les services d’adoption sur place?
J’aimeJ’aime
Oui, le changement est violent pour lui. La procédure dépend des pays, certains demandent plusieurs séjours sur place des parents afin « d’habituer » les parents, d’autres demandent plusieurs visites à l’orphelinat avant de confier l’enfant à ses parents.
Durant le temps passé sur place, il est possible de retourner à l’orphelinat mais des témoignages que j’ai lu, ça a plutôt un impact négatif sur l’enfant qui a peur qu’on l’y abandonne de nouveau.
Au retour en France, il n’y a aucun accompagnement spécifique… et aucun sur place à l’orphelinat non plus. Avec notre Organisme Agréé pour l’Adoption, nous avons cependant des comptes rendus à faire pendant 3 ans pour indiquer la manière dont notre enfant évolue et s’adapte. Mais en gros si on ne veux rien faire de plus, on ne fait rien.
De notre côté nous avons décidé d’emmener dès notre retour notre enfant à la Consultation d’Orientation et de Conseil en Adoption afin de faire un bilan médical et psychologique, et de l’y faire suivre au début. D’autre part, si nous avons des difficultés nous savons que nous pourrons faire appel à la psychologue et l’assistante sociale qui nous ont suivi lors de l’agrément, ainsi qu’à la PMI.
J’aimeJ’aime
Hum, je vais me permettre un conseil : si ton entourage souhaite participer, laisse-le faire. C’est aussi une façon peut-être maladroite de l’adopter aussi dans la famille. Ça se fait beaucoup de transmettre d’un enfant à l’autre dans les familles, ça crée un lien aussi entre les enfants. Par exemple, à la naissance de ma fille, mon neveu a insisté pour lui offrir un de ses doudous. Maintenant qu’elle est en âge de comprendre, il tient une place particulière dans la multitude de peluches parce que son cousin l’avait quand il était petit. Tu vois l’idée ?
Pour le reste, comme je le disais en comm de ton précédent article, je m’avoue effarée par la façon dont l’enfant est traité. Aucune préparation, pas de visite préalable pour faire connaissance, c’est tellement violent.
Pour ce qui est de la barrière de la langue, je dirai qu’il reste un langage universel : les gestes. J’imagine que lui tendre une main plutôt que de la prendre, rester à sa hauteur et se montrer dispo si besoin, ça devrait l’aider. Mais ça reste effectivement compliqué.
Je ne sais plus si tu nous l’as dit mais les parents adoptifs connaissent-ils l’histoire de l’orphelin de manière à anticiper un peu ses traumatismes ?
J’aimeJ’aime
Nos amis et nos familles ne nous ont pas laissé le choix 😀 Nous avons eu la surprise d’en voir débarquer samedi avec mes parents : ils se sont tous cotisés pour faire une cagnotte afin de nous permettre d’acheter tout ce qu’il faut pour Pirlouit, voire participer au voyage sur place. On ne s’y attendait pas du tout et on a été très émus de ce geste ! Et nous avons encore reçu des vêtements d’occasion de chacun.
Je trouve aussi très violent la manière dont les enfants ne sont pas préparés à leur adoption. Apparemment, c’est également très dépendant de l’orphelinat où ils sont : certaines familles ont vu que leur enfant était prêt, avait même appris des mots de français et tout s’est bien passé. Et je suis complètement d’accord pour la gestuelle : c’est tellement important au début !!
Quant à l’histoire de l’enfant, cela dépend. Pour notre part, nous avons eu beaucoup d’informations et oui, clairement cela va nous aider pour lui parler de son histoire et pourra l’aider plus tard. En tout cas je l’espère.
J’aimeJ’aime
Une idée: Si vous allez à l orphelinat, regardez un peu quels jeux sont présents pour éventuellement acheter les mêmes. Si vous pouvez, demandez quels sont ses jeux préférés.
Une copine a adopté un enfant, et sur les photos des années en orphelinat, il avait souvent une figurine spiderman et on voyait aussi un petit train en bois. Elle les a retrouvé (identique pour le train et approchant pour spiderman), et ça a pu être un repère pour le petit.
Belle aventure a vous!!!
J’aimeJ’aime
J’ai écrit cet article il y a longtemps et malheureusement, il est probable qu’on n’ira pas dans l’orphelinat. J’en suis un peu démoralisée car je sais que c’est tout un pan de son histoire qu’on va rater et qu’on ne pourra pas s’imprégner du lieu qui l’a vu grandir, qu’on ne rencontrera pas son entourage. Mais je note l’idée au cas où !
J’aimeJ’aime