Mon double et moi
Plusieurs mois après mon dernier article, me revoici ici. Il est vrai que pendant un long moment, j’ai perdu ma plume. J’ai été victime de la page blanche, avec plein d’idées en tête sans trop savoir comment les développer. Je reviens aujourd’hui, en abordant le sujet de mon double, cette part de moi qui est touchée par un syndrome bien connu maintenant au XXIème siècle.
Mon syndrome de l’imposteur…
Pendant cet entracte, j’ai pu me rendre compte à quel point j’étais affectée par le syndrome de l’imposteur.
Que ce soit dans ma vie professionnelle ou privée, je ne me sentais ni légitime des mérites qu’on m’attribuait, ni fière de les recevoir. Je ne saurais dire d’où cela me vient. J’ai toujours trouvé que dans la vie, il y a deux catégories de personnes : celles qui partent toujours au front, déterminées et sûres d’elles, sans craindre l’échec ou le jugement de l’extérieur, et les autres, comme moi, qui veulent coûte que coûte se fondre dans la masse.
Lorsque j’ai eu 30 ans, j’ai eu un petit passage à vide où je me suis demandé réellement ce que j’attendais de la vie désormais. J’étais mariée, maman, avec un emploi stable, et propriétaire. Mon boulot ne me vendait pas forcément du rêve mais j’avais au moins la sécurité de l’emploi, des collègues que j’appréciais, un chef merveilleux. Je m’en contentais largement à ce stade là.
Et puis le Covid a fait son apparition dans notre vie, et comme beaucoup je pense, le bouleversement brutal qu’il a entraîné dans notre quotidien si chronométré et tranquille a rebattu les cartes.
Aujourd’hui, je suis consciente de mes faiblesses. Je vois que je ne suis pas la maman que j’aimerais être, je suis consciente de ne pas être heureuse dans mon emploi sans pour autant avoir le courage ni l’envie d’en changer. Je suis plus alerte de ce que je souhaite pour le futur, comme si j’avais revu mes priorités.
Tu me diras, quel est le rapport avec le syndrome de l’imposteur ? Pour moi, il est flagrant. La crise du Covid m’a permis de me rendre compte à quel point je me mets en retrait de la société pour que ni mes choix ni la personne que j’ai choisi d’être ne soient jugés. Maintenant plus que jamais je ne dis réellement ce que je pense de tout ce qu’il se passe. Je me contente d’observer en silence et avec tristesse notre société qui perd en logique et rationalité à mes yeux. Et je pense que nous sommes nombreux finalement à le faire. Je préfère me concentrer sur du concret qui impacte réellement mon quotidien : ma petite sphère familiale. Je suis donc encore plus sensible au syndrome de l’imposteur, et j’ai deux aspects de ma personnalité qui rentrent en conflit. Je suis moi dans la sphère privée, et une autre moi en public. J’admire encore plus toutes ces personnes qui ont le courage de s’exprimer et s’emparer de leur vie à pleines mains, là où moi je préfère faire preuve de passivité, en restant fidèle à mon caractère.
… poussé à l’extrême

Mon absence et mon silence tous ces mois n’étaient pas seulement liés à cette page blanche.
Si je t’ai parlé de la façon dont j’ai vécu ma fausse-couche précoce, sache qu’entre temps, j’ai couvé un second petit-être. Je te l’avais dit, ce second enfant, je le désirais plus que tout et j’avais fait en sorte de mettre toutes les chances de mon côté pour que sa gestation se passe bien.
Et bien cette grossesse a été hard-core pour moi, du début à la fin. Mon dossier et mon cas étaient compliqués et j’ai cumulé les complications tout le long. A l’image d’un marathon, lorsque je suis arrivée au bout, je n’y croyais pas moi même et j’ai, une fois de plus, eu du mal à ressentir le moindre mérite ou la moindre fierté. Pourtant objectivement, si cela avait été une autre personne, je n’arrêterais pas de lui dire à quel point elle est forte et un modèle de combativité. Mais ces mots positifs, cette reconnaissance du chemin ardu arpenté, je n’arrive pas à me les appliquer à moi-même.
Le syndrome de l’imposteur est comme une personne qui est tout le temps à mes cotés, à me murmurer à l’oreille que je ne mérite pas de compliments et de reconnaissance. J’ai appris à vivre avec elle, et même parfois, dans un sursaut d’orgueil, il m’arrive de la repousser. Le printemps revenu, je tourne une nouvelle page et j’ai désormais un nouvel objectif dans ma vie : réussir à me défaire petit à petit de ce syndrome, pour augmenter mon estime personnelle et me voir à ma juste valeur.
Je reviens bientôt vers toi pour te parler un peu plus de cette grossesse.
Félicitations !
Et je te souhaite de parvenir à combattre ce syndrome pour plus de sérénité dans ta vie. La prise de conscience est déjà un premier pas. Courage !
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Bonjour Lumi,
Meri beaucoup pour ce gentil message. Ca fait toujours plaisir. J’essaye d’avancer au quotidien, meme si c’est pas simple. Maintenant que j’ai ouvert les yeux, c’est effectivement plus évident pour moi de mieux voir quand mon syndrome de l’imposteur est entrain de prendre le dessus.
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En tous cas, moi, imposteur ou pas, j attends toujours avec impatience tes articles. 😊
Et je te suis depuis plusieurs années maintenant…
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Bonjour Madeleine,
Ca me touche énormément ce que tu dis et ça me fait beaucoup plaisir. Je suis contente d’avoir enfin réussi à recommencer à écrire. Je devrais encore etre plus présente à partir de la rentrée :).
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Merci pour cet article et félicitations pour ta grossesse ! Je te souhaite de trouver plus de sérénité et de réussir à devenir ta meilleure amie envers toi-même afin d’éloigner ce double qui t’embête tant. Je dois dire que je me reconnais dans ta description mais je ne l’avais jamais analysé ainsi en faisant le lien avec le syndrome de l’imposteur. Je me disais que c’était plus de la timidité ou une peur de rejet d’affirmer ma différence. Mais en fait, je remarque que j’ai souvent pleins d’idées, d’envie d’entreprendre que ce soit professionnel ou par loisir mais quand il s’agit de passer à l’action, je procrastine, je n’avance pas et la raison principale est bien que je ne me sens pas légitime, j’ai peur de mal faire ou de ne pas être à la hauteur. Même pour des choses simples comme affirmer ses opinions. C’est compliqué pour moi de me positionner sur des sujets lorsque je sais que les personnes ont des avis opposés, je n’aime pas le conflit, je n’aime pas devoir me justifier ou essayer de convaincre. Je me dis juste que chacun chemine à son rythme et qu’on est pas obligé de tous suivre le même parcours. Tout le monde n’a pas la même tolérance, je préfère avancer en silence, dans ma direction sans faire de vagues. Souvent, je n’ose pas entreprendre, me lancer, et je repousse à plus tard, je trouve des excuses, je m’en rends compte maintenant alors que je suis convaincue que l’essentiel est de passer à l’action, commencer par des petits pas, le reste viendra ensuite. Mais plus facile à dire qu’à faire… En réalité, je suis dure et exigeante avec moi-même, perfectionnisme. Alors que très à l’écoute et empathique avec les autres. Je crois que l’on doit travailler sur cette confiance en nous qui nous manque, comprendre nos peurs pour débloquer cet ennemi inconscient. Est que tu as des pistes pour combattre ce syndrome ? En tout cas ta prise de conscience est un énorme pas et je te souhaite de réussir à t’affranchir de tout ça et de te réconcilier avec toi-même et tes blessures passées.
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Bonjour Lisa,
Effectivement, de ce que tu décris nous avons pas mal de similitude. Ma première piste est d’assumer et ne pas avoir honte quand on a une opinion différente d’autrui. Parfois, on se réfreine à l’exprimer alors que finalement, ne pas etre d’accord sur tout, c’est aussi cela la vie. Au fur et à mesure qu’on prend l’habitude de se positionner et d’affirmer ses idées, je trouve qu’on prend de l’assurance et donc justement le syndrôme prend un peu moins d’ampleur. Mais evidement, ce n’est pas quelque chose qui se change du jour au lendemain. Mais j’en ai vu les bénéfices récemment sur moi, et je ne peux que t’encourager a essayer de faire cette sorte de « coming-out » régulier.
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