Un début de grossesse un peu spécial
La dernière fois que je t’écrivais, je t’avais narré la découverte de ma grossesse à Noël 2016. Nous étions évidemment sur un petit nuage. Le lendemain de cette découverte, j’ai filé au centre d’analyse à côté de chez moi pour faire un dosage d’hormone HCG. Puis nous avons pris la route pour la suite des vacances.
Dans la voiture, le dosage a confirmé que petit miracle était bien là. Nous sommes donc arrivés en plein bonheur mais déterminés à garder notre secret. D’ailleurs nos mamans qui se sont parlé peu après n’ont pas très bien compris pourquoi l’une nous a trouvés moroses alors que l’autre nous avait vu complètement béats.
Dans n’importe quelle histoire je me serais peut-être arrêtée là avant de te compter le cours de ma grossesse. Sauf que, comme je te l’avais dit j’étais en plein diagnostic d’une hyperplasie congénitale. Pour rappel cette maladie, dans sa version sévère, peut être mortelle à la naissance, et est détectée systématiquement. Pour ma part, je suis porteuse de la forme légère, à révélation tardive mais sans certitude (à l’époque en tout cas) de ne pas transmettre une gêne sévère, et nous n’avons aucune information sur les gènes de mon mari. Le 27 matin, juste avant notre départ, j’avais donc appelé l’hôpital pour prévenir l’endocrinologue qui m’avait vu en décembre 2016, histoire de connaître la marche à suivre. J’ai eu la secrétaire qui m’a appris que l’endocrinologue était en vacances. Ne pouvant rien faire de plus, nous avons naïvement profité de notre bonheur.

L’endocrinologue
Nous avons rapidement eu un appel de la collègue de l’endocrinologue de l’hôpital qui nous a donné rendez-vous le 30 décembre. Pour ne pas mettre la puce à l’oreille de la famille sur notre retour précoce en région parisienne, nous avons prétexté un rendez-vous à la banque et nous sommes rentrés plus tôt que prévu.
Nous ne savions absolument pas ce qui nous attendait mais nous avions la certitude que nous serions bien pris en charge.
Le 30 décembre nous nous sommes donc retrouvés dans le bureau d’une endocrinologue (plus gentille que l’autre au passage) qui nous a expliqué que comme nous n’avions pas d’information sur nos gênes qu’il allait falloir envisager plusieurs cas (en partant du plus défavorable, c’est-à-dire envisager un bébé porteur de deux gènes sévères) et rapidement faire une détermination des gênes dont nous étions tous les deux porteurs.
Pour ma part, les prélèvements sanguins sont en cours d’analyse suite à mon hospitalisation de décembre, mais mon capitaine va devoir faire une prise de sang rapidement.
Comme nous étions un peu dans l’urgence, il fallait d’abord déterminer le sexe du bébé et faire une échographie de datation pour être sûr de l’âge de la grossesse. Par défaut, nous étions considérés comme tous les deux porteurs de gènes sévères, il y avait alors deux cas possibles :
- Le bébé est un garçon : on ne fait rien avant la naissance (car la maladie exacerbe les caractéristiques masculines alors on se contente de traiter les symptômes graves à la naissance et d’installer le traitement à vie)
- Le bébé est une fille : il y a un traitement à prendre dès la 6° ou 7° semaine de grossesse pour limiter le développement de la maladie.
La médecin a vraiment pris le temps de tout nous expliquer. Lorsqu’elle en est arrivée à parler du traitement, elle nous a fait une longue introduction qui nous a fait un peu peur : pendant ce qui nous a semblé une éternité elle nous a préparé avant de nous annoncer les effets secondaires possibles de ce traitement. Nous nous attendions à un handicap potentiel ou des problèmes neurologiques tant elle a tourné autour du pot. « Nos études ne montrent pas cela, mais une équipe d’un pays nordique a trouvé ce résultat dans ses recherches alors je vous en parle. Mais cette étude n’est pour l’instant pas corroborée par une autre, cela dit, c’est un risque possible … ».
Tout ça pour nous dire que si j’étais amenée à prendre ce traitement, notre enfant pourrait être, je cite « un petit peu plus timide que la moyenne ». Sur le coup j’ai failli exploser de rire. Sûrement de soulagement mais aussi parce que c’était clairement quelque chose qui pourrait passer inaperçu avec nous comme parents !
Rendez-vous pris le mercredi pour une prise de sang pour déterminer le sexe du bébé et le vendredi pour une échographie de datation.

La gynécologue
Sortis bien rassurés de ce rendez-vous, nous continuons notre petite vie et en profitons même pour faire un tour chez le suédois et réaménager complètement notre cave cambriolée quelques semaines plus tôt. C’est ainsi que le 2 janvier en fin de matinée, en plein montage d’étagères et en sous-sol, je reçois un appel de ma gynécologue (probablement avertie par l’hôpital). Elle me demande de venir la voir au plus vite, dès l’après-midi. Ce début de grossesse est décidément bien plus stressant que je ne me l’imaginais.
Finalement, elle me fait seulement un premier rendez-vous classique, m’avertissant des conseils alimentaires et d’hygiène de vie puis me donne rendez-vous pour le mois suivant. Au passage elle me prescrit des bandelettes urinaires à faire tous les 15 jours et qui m’ont plus d’une fois fait peur (et fait faire des ECBU pour rien…). Elle me conseille aussi de ne pas traîner pour m’inscrire en maternité (à Paris si on veut avoir le choix il faut limite appeler après le test positif !) et m’incite à faire l’échographie du premier trimestre à Necker.
Les rendez-vous et leurs résultats
Me voilà donc dans ma sixième semaine d’aménorrhée. Mon rendez-vous chez la gynécologue a eu lieu le lundi. Le mercredi matin, je vais à l’hôpital faire ma prise de sang de détermination de sexe fœtal, au passage j’ai un des seuls épisodes nauséeux de ma grossesse ce matin-là et à peine en salle d’attente de file aux toilettes vomir mes vitamines prénatales…
Le vendredi matin, je passe l’échographie de datation. Mon mari m’accompagne mais je suis très stressée car je n’arrive pas à me dire que cette grossesse va bien se passer. Tomber enceinte me paraît déjà être trop beau pour être vrai alors que tout se passe bien jusqu’au bout est inimaginable. Dans la salle d’attente, je fais une sale tête en enviant le couple d’à côté dont la dame a déjà un petit ventre rebondi et en me disant qu’ils doivent sûrement venir pour l’échographie du premier trimestre et avoir déjà écarté la majorité des risques de fausses-couches. Je ne cesse de dire à mon mari que si ça se trouve il n’y a déjà plus de cœur ou alors que c’est un œuf clair… Lui paraît plus serein et essaye de me rassurer.
Quand voilà notre tour, je m’installe, pas très rassurée, sur la table d’examen. Et là nous entendons pour la première fois le petit galop d’un mini cœur qui bat ! Nous le voyons parfaitement même si nous risquions d’être un peu trop tôt dans la grossesse. Quelle émotion !
C’est le cœur plein de sentiments ambivalents (il est là, il va bien !!! Enfin pour l’instant, et s’il se passait quelque chose maintenant ?) que nous retournons chacun au boulot. Pas évident de se concentrer cette après-midi-là !
D’autant plus qu’en milieu d’après-midi je reçois un mail de mon endocrinologue qui a eu les résultats de la prise de sang. Elle m’y apprend le sexe du bébé (sans beaucoup de cérémonie d’ailleurs…) et la suite des événements. Et voilà comment à 6 semaines nous avons appris le sexe de notre enfant !
Oh là là le début de grossesse médicalisé et anxyogène au possible ! j’espère que tout est bien qui finit bien ….
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On a vraiment hâte de lire la suite et de savoir si tout s est bien passé
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