Chapitre 3 : la liste de Noël
Comme l’année dernière, les chroniqueuses ont écrit une petite histoire à plusieurs mains pour attendre Noël. En espérant que ça te plaise !
Nina fit une drôle de tête en parcourant la lettre rapidement puis la lut à voix haute après avoir murmuré « C’est trop chelou ce truc ».
Cher Paul,
En réceptionnant les lettres au Père Noël, nous avons remarqué qu’il manquait la tienne. Pourtant, nous en avons besoin pour pouvoir fabriquer les jouets dont tu rêves. Fais vite ta liste et dépose-la dans ton sac, l’un de nous viendra la chercher dès que possible. Si nous ne l’avons pas avant jeudi prochain, le Père Noël n’aura rien à t’apporter au pied du sapin.
Signé : Les lutins du Père Noël
Paul resta interdit quelques secondes.
– Mais ce sont les parents qui offrent les cadeaux, non ?
Nina ouvrit la bouche pour formuler une réponse puis la referma. Elle réfléchissait. Dans l’œil de son petit frère, une douce lumière venait d’apparaître. Elle se souvenait de sa propre tristesse et de sa colère, au même âge, quand tous ses copains d’école croyaient au Père Noël et qu’elle devait se taire, sachant la vérité. Elle était toujours à l’écart à la récréation, refusant de discuter avec ses copines des cadeaux que le Père Noël allait leur faire, et d’imaginer des solutions pour le faire entrer dans un appartement sans cheminée. Elle aurait bien aimé rêver avec elles…
– Hé bien, dit-elle, peut-être que les lutins et le Père Noël existent finalement. Et qu’ils offrent des cadeaux en plus de ceux que font les parents. Tu ne perds rien à leur répondre en tout cas.
Un grand sourire illumina le visage de Paul.
– Tu as raison, Nina ! Tu veux bien écrire ma lettre ? S’te-plaît, s’te-plaît, s’te-plaît !
– Mais oui, loulou, je vais l’écrire, ta lettre. Allez, dis-moi quels sont les jouets dont tu rêves.
***
Le lendemain matin à l’école, Samuel essaya de ne pas sourire en voyant Paul regarder attentivement autour de lui lorsqu’il déposa son sac sur le porte-manteau. Dès que ce dernier eut disparu, il l’ouvrit rapidement et trouva l’enveloppe. Lorsque Djibril arriva dans la cour, ils se mirent dans un coin.
– Il a répondu ! s’écria joyeusement Samuel.
– Ouais ! dit Djibril en commençant à sautiller, c’est super bien ! Maintenant, il ne nous reste qu’à lui apporter les cadeaux qu’il a demandés à Noël, et il dira à sa mère que le Père Noël existe !
Mais le sourire de Samuel s’effaçait au fur et à mesure qu’il lisait la lettre de Paul.
Chers lutins du Père Noël,
Merci pour la lettre, voici la liste de jouets dont je rêve. Un ours en peluche gros comme un fauteuil et un tipi cabane pour mettre sur mon lit. Ce sera super d’avoir ça sous le sapin. Maman dit que vous existez pas : je lui montrerai les cadeaux et elle pourra plus dire que vous n’existez pas.
Merci beaucoup les lutins.
Paul
Comment allaient-ils faire pour réaliser ces souhaits ? C’était bien trop difficile pour eux ! Samuel se sentit vraiment découragé. Pourquoi Paul n’avait-il pas eu envie de la figurine de Chase ? Ou encore une boîte de crayons de couleur…
– Hé ben, il est méfiant ton cousin, râla Djibril. Il a décidé de mettre les lutins à l’épreuve en demandant ce que ses parents n’accepteront pas de lui offrir. Enfin, ça aurait pu être pire, il aurait pu réclamer la vraie baguette de Harry Potter.
– Mais comment on va faire pour avoir ça ? C’est impossible. T’imagine un ours en peluche géant ? On ne pourra jamais le lui offrir discrètement.
Samuel relut la lettre, essayant de trouver une solution. Le tipi cabane lui semblait possible : Aïssa était une reine de la machine à coudre, et très douée en bricolage. Elle leur faisait les déguisements qu’ils voulaient et avait fabriqué un magnifique garage avec du carton qu’elle avait peint pour les petites voitures de Djibril. Ils pouvaient tout à fait lui demander de coudre un tipi, non ? Il en fît part à son ami. Djibril acquiesça. Aucun doute que c’était quelque chose qu’arriverait à faire sa Maman !
Le soir à la sortie de l’école, ils se précipitèrent vers elle pour s’empresser de lui en parler. Ils avaient l’air tellement déterminés qu’Aïssa en était à la fois amusée et attendrie. Pourvu qu’ils gardent ce bon cœur et cet enthousiasme longtemps ! Elle accepta et leur promit de faire de son mieux.
– Super génial ! s’exclama Samuel en sautillant, surexcité.
– Et qu’est-ce qu’il y avait d’autre sur cette liste ? voulut savoir Aïssa, curieuse.
– Un énorme ours en peluche…
– Bon, je m’occupe du premier cadeau. Vous trouvez le second.
Aïssa demanda alors à Samuel comment il comptait s’y prendre pour apporter tout cela à son cousin Paul sans que tatie Clémentine ne s’en aperçoive. C’est vrai que Samuel n’avait pas mis ses parents dans la confidence de son projet… Et comment faire tenir tout ça dans la voiture sans qu’Anouck ne fasse le lien entre les cadeaux présents dans la voiture et ceux apportés par le Père Noël ?
Samuel se rembrunit. Il en avait assez de se heurter à des murs pour rattraper les dégâts causés par tatie Clémentine ! Djibril s’exclama alors :
– J’ai une solution !
– Ah ouais ? Tu as la formule magique pour rendre les cadeaux invisibles jusqu’au pied du sapin toi ?
– Mais non ! Nous, on habite pas très loin de vos maisons. Il suffira que Nina nous envoie un message quand arrivera le moment de poser les cadeaux au pied du sapin, et nous viendrons poser les cadeaux de Paul dans le jardin, hein Maman ?
Aïssa regarda Djibril avec un sourire en coin et accepta sa proposition. Après tout, jouer les lutins du Père Noël commençait à lui plaire, elle aussi.
Sur le chemin du retour, Samuel s’amusait à déchiffrer les mots écrits sur les affiches. L’une d’elles, accrochée sur un portail, attira son attention. Il s’arrêta et s’approcha :
– Vi…de… mai…sssss… oooo… Maman ? Ça veut dire quoi ça ?
– Vide-maison. Cela veut dire que les gens qui habitent cette maison veulent faire de la place et vendent les objets qui les encombrent : vêtements trop petits, meubles, jouets… tout ce qui ne leur sert plus.
– Trop bien ! On y va quand ?
– Samuel, je ne suis pas sûre qu’on ait vraiment besoin d’y aller, tu sais… On a déjà tout ce qu’il nous faut à la maison !
– Mais Maman, l’autre jour, souviens-toi, quand le plat s’est cassé en sortant du lave-vaisselle, Papa était drôlement énervé, peut-être qu’on pourrait en trouver un nouveau ? Ce serait utile ça. Et puis moi je n’ai jamais été à un vide maison et je voudrais bien voir ce que c’est. S’il-te-plaît !
– Bon… C’est demain, on sera mercredi. Si tu ne traines pas trop en sortant du foot, on pourra peut-être y aller en déposant Anouck à la gym.
– Oh merci, merci, merci ! Tu es vraiment la meilleure Maman de la galaxie !
Après une nuit mouvementée, Samuel se tira du lit avec difficulté. Il faut dire que cette aventure, bien que très excitante, était aussi très fatigante. Jamais il n’avait imaginé que de faire plaisir à quelqu’un puisse être aussi compliqué. D’autant que pour faire plaisir à sa petite sœur, il devait aussi gâter son cousin. Cette histoire de Père Noël commençait à prendre une sacrée ampleur. Et la perspective de tout ce qui lui restait à faire aurait pu le faire abandonner. Presque. Car juste dans la chambre d’à côté, Anouck entonnait gaiement son troisième chant de Noël matinal. Évidemment, les paroles étaient quelque peu revisitées par la petite fille, mais la joie dans sa voix redonna du courage à Samuel. Jusqu’à présent, Djibril et lui avaient trouvé des solutions à chaque problème, pas de doute qu’ils arriveraient au bout et rendraient ce Noël encore plus magique !

Cette histoire est adorable, j’ai un vrai plaisir à la lire ! Vivement demain !!
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Oui vivement la suite ! Plus je lis et plus je me dis que ça va être une chouette histoire à lire aux enfants lorsqu’ils apprennent que le père noël n’existe pas ! Elle explique bien la magie de noël !
Merci à vous
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