Ma petite entreprise
Dans ma boîte, nous sommes 6. Dont moi. Ce qui nous classifie comme un très petite entreprise. Alors, qu’est-ce que ça veut dire au quotidien?
Multiplicité des tâches
Dans notre petite compagnie, tout le monde s’occupe un peu de tout. Bien sûr, les ingénieurs (tout le monde sauf moi) s’occupent plus du développement et des choses techniques, tandis que moi je fais… tout le reste.
Du coup, aucune journée ne ressemble à la précédente. Je fais des devis, des factures. J’envoie les commandes. Je gère les mails, la comptabilité, le marketing, les réseaux sociaux, je contacte notre fabriquant en Chine, je m’assure qu’il y a tout ce qu’il faut au bureau pour pouvoir travailler. J’organise des conférences, réserve les voyages, les hôtels … Et j’en oublie certainement.
Comme tu le vois, je touche à (littéralement) tout. Et j’adore. Il y a toujours beaucoup de choses à faire, des priorités à donner, mais j’apprends énormement. Comme je suis forcée de faire des choses qui seraient réservées à tout un département dans une grande boîte, forcément, il a fallu que j’acquière beaucoup de compétences dans beaucoup de domaines différents. Je n’aurais par exemple jamais pensé apprendre à faire des bilans comptables. Et même si une société comptable vérifie tout ce que je fais (heureusement, parce que ce n’est tout de même pas mon coeur de métier), avoir la responsabilité de ce genre de choses alors que je n’ai aucun background est … impressionnant. Et rempli de challenges ! J’apprends tous les jours, sur beaucoup de choses.
Mais du coup, mes journées sont bien remplies. Et ce que j’apprécie tout particulièrement, c’est que comme j’ai beaucoup de choses différentes à accomplir, je peux arranger mon temps de travail comme je le veux. Si je suis un poil démotivée, je peux travailler sur la brochure marketing, quelque chose que je trouve toujours passionnant. Si j’ai besoin de me réveiller, je fais plus facilement des tâches d’office manager (vérifier le stock de café, ranger l’entrepôt). Si je me sens seule, je fais du suivi client. Bref, selon mon humeur, je peux choisir mes tâches.
À bas la hierarchie
Cette liberté de pouvoir faire ce qui me tente, je la dois aussi à notre structure. La boîte où je travaille est à l’origine une start-up. En grossissant, elle a choisi de garder une structure totalement horizontale, adoptant même un processus lean. Tu connais le lean ? C’est une technique de gestion qui vient de Toyota et qui, en gros, veut rentabiliser chaque étape de la production. Simplifier et améliorer chaque étape du travail est le point important que l’on essaie de mettre en place dans tout ce que nous faisons. C’est assez compliqué, et en évolution constante.
Ce que ça veut dire, en pratique, dans ma boîte, c’est que personne n’est le chef de personne. Les décisions se prennent par consensus entre nous 6. On discute beaucoup sur les décisions les plus importantes (comme le recrutement d’une nouvelle personne, ou les prochains produits sur lesquels nous allons travailler), et un peu sur celles qui nous impactent directement (sur quoi va-t-on travailler cette semaine) mais jamais personne ne m’impose une tâche à accomplir. Je travaille sur ce que je veux. Si mes collègues estiment qu’ils ont besoin que mon temps soit dédié à quelque chose d’autre, on en discute, mais cela arrive très rarement.
Ce qui fait que, de manière générale, la pression et le stress de mon travail sont celles que je m’impose, et si je fais les choses, c’est parce que JE veux qu’elles soient faites. C’est rafraichissant, mais aussi un poil fatiguant. Mine de rien, étant la seule non ingénieur du lot, il n’y a que moi qui m’intéresse au marketing ou au suivi client (par exemple). Et parfois porter ce fardeau toute seule est épuisant. Je ne te parle même pas d’essayer de convaincre mes collègues qu’ils doivent, eux, passer du temps sur quelque chose que j’estime important.
Connaître ses collègues
Nous sommes 6, ce qui fait que, si tu sais bien compter, je n’ai que 5 collègues. S’entendre avec eux est, dès lors, vital. C’est le cas, bien heureusement, mais dès qu’un désaccord éclate, il est à la fois très visible et très difficile à éviter. La conséquence directer, c’est que l’honnêteté et la communication sont absolument nécessaires à chaque étape de notre travail d’équipe. Globalement, ça veut dire que toutes les trois semaines, j’ai des discussions en tête à tête et à coeur ouvert avec chacun de mes collègues. Des discussions constructives et toujours respectueuses.
Du coup, je connais très bien mes collègues. Et même si au niveau personnel je m’entends mieux avec quelques uns qu’avec d’autres, je n’ai de problèmes avec aucun d’entre eux. Je les respecte et les admire, professionnellement et humainement. J’ai plutôt intérêt, au final, vu que je passe la majorité de mes journées avec eux. C’est aussi le problème avec une si petite société : je n’ai pas l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes, de changer de groupe pour le déjeuner, ou de simplement manger seule sans paraître l’asociale de service. Et passer autant de temps avec eux nous permet aussi de créer une cohésion de groupe que je n’avais jamais vécue avec mes anciens collègues. Je sais comment chacun fonctionne, ce qu’il a vécu et est en train de vivre. C’est nécessaire dans notre façon de fonctionner : comprendre comment l’autre travaille, pour optimiser les processus, mais c’est aussi satisfaisant d’un point de vue personnel : tout est toujours à taille humaine chez nous.
En commencant dans ma boîte, je ne m’attendais pas à ce niveau de responsabilité, à ces journées avec des listes de choses à faire longues comme deux bras et deux jambes… Mais je ne m’attendais pas non plus à apprendre autant aussi vite, à être aussi fière de sortir un nouveau produit, et à être aussi accomplie dans mon travail et avec mes collègues. Même si parfois je me plains de la charge que cela apporte, j’ai conscience que c’est une chance de travailler dans ces conditions !
Bribes de Vies 
Bonjour,
C’est intéressant de voir le fonctionnement d’une toute petite structure.
Que se passe-t-il quand tu es en congés ou malade ? Les dossiers s’accumulent jusqu’à ton retour, ou bien tes collègues gèrent certains dossiers ?
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Merci ! Si c’est une absence courte ou non programmée (quand je suis malade), les dossiers s’accumulent. Mais pour les vacances ou mon congé mat, je transfère à certains collègues. De la même manière que je récupère certaines de leurs tâches quand ils ne sont pas là !
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Le fonctionnement dans une grande structure n’est pas forcément optimal non plus. Lors de mes congés (grossesse, vacances ou maladie), je n’ai jamais été remplacée sauf pour quelques tâches urgentes. Et je reviens démoralisées de la pile de chose en retard à régler. Et pourtant il y a plus de 300 personnes là où je travaille (et 7 dans mon équipe directe).
Etre bien organisé ou pas, ca ne dépend d’après moi pas de la taille de l’entreprise mais de sa direction et du fonctionnement solidaire des équipes (rendu possible ou non par l’entreprise).
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Ça a l air intéressant. J ai travaillé dans une PME à mes débuts mais avec un fonctionnement très hiérarchique et je n ai pas apprécié mais dans ton cas ça a l air beaucoup plus sympa.
Quel est ton intitulé de poste finalement?
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C’est effectivement hyper intéressant ! Je n’ai pas vraiment d’intitulé de poste, quand il faut choisir je suis « administration manager », ou « sales manager »…
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C’est très intéressant ! Mais donc qui est le PDG / CEO parmi ces 5 personnes ? Il/Elle n’a pas non plus son mot à dire sur les décisions ? En tout cas je te comprends complètement sur le fait de faire plein d’activités différentes. A moindre échelle c’était mon cas quand j’ai commencé dans ma boite (le département ou je travaille était en train d’être monté, on était tout juste 20) et c’était hyper enrichissant. Tu te sens vraiment utile plutôt que de faire des tâches répétitives.
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Merci ! Il n’y a pas de PDG/CEO. La boîte appartient en parts égales aux trois fondateurs, mais ils n’ont pas de pouvoir de décision supérieur aux autres. Et c’est effectivement exactement comme tu dis: tu vois tout de suite l’utilité de ton travail et tu te sens hyper utile ! Le pendant négatif c’est que du coup c’est beaucoup de responsabilités et que c’est difficile voire impossible de se dire « j’ai besoin de repos, je pose des jours et je laisse machin.e gérer ».
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Ah c’est marrant, je suis dans une boite de 6 personnes également, avec un fournisseur chinois. Je trouve également mon job très intéressant. Le matin tu réserves un hôtel et un vol et 2h après tu fais un drive pour remplir le stock de cafés et de gourmandise, la minute d’après tu gères un contrôle documentaire douanier. ça ne s’arrête jamais !Pour ce qui est de la hiérarchie on est un noyau de 3 et prenons les décisions à 3. Le gérant n’est jamais dans nos locaux. Du coup je trouve très difficile de recruter une nouvelle personne, car on recrute beaucoup plus qu’un collègue. Enfin je ne me verrais pas faire partie d’une très grande entreprise maintenant. Le seul point négatif, c’est lorsqu’on doit être absent…personne ne fait notre travail ou seulement les urgences …
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Tu décris ma journée presque au millimètre ! Et effectivement, recruter une nouvelle personne est très difficile. Non seulement il faut s’intégrer à l’équipe déjà très soudée, mais il faut aussi que la personne soit un peu flexible et ouverte d’esprit pour faire toutes ces différentes tâches.
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merci pour ton article interésant. tes collègues sont ils suedois ? en quelle langue travailles tu ?
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Il y a 3 suédois, 2 français et une Néerlandaise: donc on parle tous anglais entre nous, souvent entrecoupé de suédois (la majorité d’entre nous le parle)
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Bonjour ! Moi, ce que je me demande c’est comment ça se passe sur le plan de l’horaire ? Vous pouvez décider de votre horaire vous-même ? Décider par exemple la veille que vous viendrez plus tard ou commenceriez plus tôt car vous avez un rdv médical ? Partir quand vous estimez que le travail du jour est fait ? (mon rêve…). Je travaille aussi dans une très petite structure, mais très hiérarchisée et je pense que c’est cela qui me fera partir car les hiérarchies poussées à l’extrême, cela veut dire aussi – et souvent plus que parfois dans mon cas – des abus d’autorité (une de vos chroniqueuse avait écrit un super article sur les petits chefs) Et comme on est très peu de salariés, et bien il n’y a personne pour nous défendre dans ces cas-là. Paradoxalement, j’ai déjà une fois travaillé en occasionnel dans un centre autogéré et je sais que lorsque les personnes ne s’entendent pas/plus, c’est aussi vite la gloire 😉 Mais c’est un modèle qui me plait beaucoup plus, loin des petits chefs 🙂
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Ah c’est sûr que c’est impossible d’avoir des petits chefs dans notre organisation ! Niveau horaire, on est tous là entre 9h et 15h (sauf exceptions où on prévient avant), et après on fait un peu comme on veut. Moi je fais 7h30-15h30 pour pouvoir aller chercher les filles à la crèche à 16h par exemple. On est aussi assez flexibles pour le télé travail. Le tout c’est d’en parler aux autres, les prévenir au minimum.
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Bonjour,
Ca donne envie! Peux-tu nous indiquer quelle est ta formation de base?
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Bonjour! Alors ma formation de base est… ahem… non existante. J’ai fait plein de travails différents, ce qui aide pour la multitude de choses que je dois gérer. J’ai une double licence anglais-theatre, mais c’est surtout mes années d’expérience en tant que réceptionniste puis assistante de direction qui me sont utiles maintenant.
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Merci pour cet article, je me retrouve un peu aussi là-dedans car j’ai travaillé en start up où mes activités passaient de la technique à proprement parler, aux commandes et à la réception des colis à l’installation de l’imprimante ou au montage des meubles… Très passionnant et enrichissant mais j’ai fini par craquer sous la pression des 1000 choses à faire (mais surtout parce que mes chefs n’étant pas sur place ne se rendaient pas compte de notre réalité). Maintenant je suis enseignant chercheur et tout autant multi-tâches 😀
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