Ode à celles qui ne sont plus là
J’ai envie de rendre hommage aujourd’hui à toutes ces femmes qui me touchent, plus ou moins proches. Elles ne sont plus là mais elles vivront toujours dans le cœur et l’esprit de ceux qui les ont aimés.

C’était une femme battue dont j’ai lu l’histoire dans les médias, elle a eu le courage de partir, et son ex-conjoint s’est rendu chez elle pour la tuer. Elle avait deux enfants, deux petits garçons dont la vie est brisée à jamais. Elle a alerté, elle avait peur de ce qui pouvait lui arriver, mais elle n’a pas été suffisamment entendue. Son histoire m’a marquée, mais combien d’autres devront encore la vivre pour que les choses enfin changent ?
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C’était une femme enceinte, je ne la connaissais pas, mais nous avions des connaissances en commun. Elle semblait pleine de vie et de joie, elle avait mon âge, elle est décédée en mettant son enfant au monde. J’ai été touchée, comme beaucoup, par ce drame. Par le désespoir de son compagnon, et tout l’amour qu’ils partageaient. Son histoire m’a permis de réaliser que je vivais une relation médiocre, et de m’en détacher petit à petit, parce que la vie est courte, bien plus qu’on ne l’imagine, et bien trop pour ne pas la partager avec des gens qu’on aime et qui nous aiment en retour.
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C’était ma collègue, nous n’étions pas particulièrement proches. Elle avait beaucoup de qualités humaines, mais également un côté renfrogné qui ne la rendait pas très populaire. Elle a décidé de se donner la mort, probablement submergée par ses problèmes personnels et professionnels. J’ai toujours beaucoup de peine en pensant qu’elle a pu en arriver là, qu’elle n’a pas réussi à entrevoir la moindre solution, la moindre main tendue, le moindre espoir que les choses pouvaient s’arranger et que la vie valait la peine d’être vécue.
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C’était mon amie au lycée, puis nous nous sommes perdues de vue. Elle était atteinte de la mucoviscidose. Grâce aux réseaux sociaux, nous avions gardé un contact lointain. Elle a vécu de nombreuses épreuves, une greffe de poumon, le décès de son papa avant 60 ans puis de son mari à 30 ans. Elle semblait pourtant toujours si joyeuse, elle était pour moi un modèle de courage et de résilience. Je viens d’apprendre son décès il y a quelques mois, et je trouve ça tellement injuste.
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C’était ma grand-mère paternelle, je ne l’ai pas connue. Elle était la deuxième femme, celle qui passe après, qui subit les critiques de la famille et des enfants du premier lit. Elle a quitté sa région, sa famille, pour en construire une autre là où il en existait déjà une. Elle a vécu dans la pauvreté. Elle a perdu deux enfants avant l’âge d’un an et elle ne s’en est jamais vraiment remise. Elle a travaillé dur dans le commerce de son mari. Elle est décédée jeune, trop jeune, et son souvenir est désormais si fugace…
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C’était ma grand-mère maternelle, elle vient de nous quitter. C’était aussi un exemple de femme courageuse. Elle a cohabité pendant la première année de son mariage avec ses beaux-parents. Elle a voulu avoir une certaine forme d’indépendance en travaillant et en passant son permis de conduire malgré la réprobation de son entourage (et surtout des autres femmes !). Elle n’était pas parfaite, mais elle a fait de son mieux. Elle est partie comme elle le voulait, indépendante, autonome et entourée. Elle était toujours fière de moi et de mes réussites professionnelles et personnelles. Elle a été la seule à me montrer de l’affection à un moment de ma vie. Pour moi, elle était éternelle mais elle n’est plus là, et c’était trop tôt, beaucoup trop tôt…
C’était une copine d’enfance, du genre gentille, déterminée et 1ère de la classe, suite à un AVC de grossesse, qu’elle a tenu à poursuivre et donc à reporter ses examens médicaux/traitements à après l’accouchement, j’ai appris il y a peu qu’elle ne s’en remettra jamais, sa personnalité et son intelligence ont disparu. Ces histoires qui nous font remettre les pendules à l’heure et les priorités au bon endroit.
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Je pense également souvent à ces femmes, à celles de ma famille, celles qui m’ont inspirée ou m’inspirent encore et à toutes ces femmes des faits divers, que je ne connais pas mais dont j’entends parler. Je suis particulièrement touchée quand ce sont des mamans qui laissent derrière elles leurs petits.
Effectivement, ça remet l’église au centre du village et me donne envie de vivre, vivre pour elles, pour moi, ma famille et de profiter de tous les petits bonheurs et de relativiser mes petits tracas.
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Très joli texte, pour la mémoire et la sororité.
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