Chapitre 5 : Le retour de la famille
Le bruit des voix dans l’entrée lui fait reprendre ses esprits, aussitôt suivi par le cri strident de Sahara « Ahhhh !!! Du sang ! Mais pourquoi il y a des taches de sang ?! Maman ! Maman ! MAMAANNN !!!!! » Quel cinéma pour quelques gouttes, franchement, pense Axel. La mère, en revanche, sera bien embêtée pour son parquet. Une pointe de satisfaction fait naître un sourire fugace. Mais vite, bientôt il sera découvert. Sans réfléchir, il s’engouffre dans la chambre de Sélim à la recherche d’une cachette.
Alain, excédé, pousse vivement sa fille pour entrer dans le hall. Il est chaussé de mocassins à semelles lisses et fait une magnifique glissade sur le sang encore frais qui parsème le parquet rutilant de l’entrée. Instantanément, il se met à crier comme un putois « Ah la vache ! P*** de bord** de m**** ! ». Chargée de cartons de pizzas, Nora marque un arrêt sur le seuil, embrassant la scène d’un seul coup d’œil : sa fille en larmes, son mari au sol se tortillant de douleur, agrippé à sa cheville droite et surtout le sang. « Où est Sélim ? » La panique se propage jusqu’au plus profond d’elle-même, instantanément. Son fils, son fils honteux, son fils chéri, que lui est-il arrivé ?! Ils sont partis moins de quinze minutes, vingt peut-être, juste le temps de ramener de quoi manger. En plus, elle a soigneusement choisi une pizza hawaïenne pour lui, alors que tout le monde dans la famille déteste ça. Pour lui montrer que malgré la violence des mots prononcés il y a quelques jours, ils l’aiment et veulent être là pour lui. Submergée par ce tsunami, les oreilles bourdonnantes, elle se rue dans l’escalier, bousculant Sahara, abandonnant les pizzas et enjambant Alain qui assume sa douleur comme un homme : avec force gémissements et grimaces.
Elle pénètre dans la chambre de Sélim, qui est une agression pour tous les sens. Un chaos indescriptible règne dans la pièce et si l’on oublie les assiettes sales éparpillées ça et là, et couvertes pour certaines d’une fine couche de moisissures, il n’y a pas de trace de vie. Bouleversée, elle ne remarque même pas la note manuscrite, perdue au milieu de papiers en tout genre – bien qu’elle soit la seule et l’unique feuille posée sur le clavier. Elle redescend aussitôt pour s’occuper d’Alain.

Axel s’est aplati sous le lit, et essaye d’occulter le fait qu’il est cerné de mouchoirs souillés entremêlés de moutons de poussières. Ohh qu’elle commence à être douce sa vengeance contre Nora. Ce n’est absolument pas ce qu’il avait prévu mais il est ravi de découvrir cette femme à ce point désemparée. Sa vie s’écroule et il espère bien que ce n’est que le début. Il s’extirpe de sa cachette et glisse un œil dans l’escalier. Sahara est assise sur la première marche et sanglote inutilement, Alain n’a même pas esquissé un mouvement tandis que Nora s’agite au téléphone. Ah ! Elle en brasse du vent, et pas uniquement au lycée. Elle a les cheveux ébouriffés, son mascara dégouline et Axel savoure ce chaos.
La satisfaction qui se lit dans son regard s’estompe rapidement. Ce n’était pas son plan, et il est à découvert. Comment s’en sortir rapidement pour poursuivre sa vengeance sans attirer l’attention ? Surtout que si les forces de l’ordre sont appelées à la rescousse afin de retrouver Sélim, la maison sera fouillée et, malgré sa cachette dans les combles, un canidé n’aura pas de mal à trouver sa tanière. Il faut réagir vite et bien. Comme lorsqu’il était encore au lycée. Sortir d’affaire ses camarades par des idées lumineuses, c’est sa spécialité. Il avait même fini par en faire un commerce lucratif. Jusqu’à ce que Nora vienne y mettre son nez de fouine et finisse par le faire expulser. Mais l’heure de la vengeance a sonné, ce n’est d’ailleurs plus qu’une question de minutes.
Axel esquisse un sourire sadique du coin de sa bouche. Il se ressaisit. Il faut agir : “Bouge-toi !! Allez !!” Le couteau gît encore devant la chambre de Sélim, il le ramasse en pensant que, décidément, il n’y a que des incapables dans cette famille. Tant mieux pour lui : pas de traces supplémentaires. Il ne faut pas que quelqu’un puisse remonter jusqu’à lui. Maintenant il faut trouver une issue. Sortir sans être vu avant que les policiers débarquent. Il y a déjà bien trop de monde.
LE feuilleton de l’été !
Hâte de lire la suite..
J’aimeJ’aime