Passer un concours…
« Un parcours professionnel est rarement rectiligne, il est fait d’accélérations, de ruptures, de moments de doute puis d’évidences. Parfois, une parole anodine, presque provocatrice résonne en nous et vient percuter nos certitudes et nous fait entrer dans la spirale de l’interrogation. Quand est né en moi le projet d’accéder à un poste de direction ? Jamais auparavant l’idée ne m’avait traversé l’esprit. A l’heure où je ressentais le besoin de sortir de ma zone de confort en tant qu’enseignante et où je m’interrogeais sur mon avenir professionnel, je me suis autorisée à imaginer que je pourrais l’être… »
Je te livre ici le début de ma lettre de motivation (pièce constituante du dossier pour se présenter au concours de personnel de direction – Education Nationale). Car là est bien née l’idée de devenir cheffe d’établissement, lorsque mon proviseur de l’époque m’a posée la question : « Madame Violine, quand est-ce que vous passez le concours ? » et moi de répondre « Jamais ! »
Tu l’auras deviné : j’ai fini par le passer !
Mon parcours et cheminement
Dans l’Éducation Nationale depuis 22 ans environ, j’ai eu une succession de postes d’enseignantes tous enrichissants. Très tôt, j’ai décidé de me « spécialiser » pour être aux côtés d’élèves en situation de handicap. J’ai été ainsi coordonnatrice d’une Unité Localisée d’Inclusion Scolaire (ULIS), en école élémentaire puis en lycée professionnel. Dans ce dernier établissement, j’ai ouvert une ULIS en 2009, une des premières du département. Cela a été un vrai défi professionnel à plusieurs titres :
- Arriver de l’école primaire et se retrouver dans un lycée pro : le choc sur tous les plans
- Faire en sorte d’inclure mes élèves n’a pas été si simple que cela au début. Il m’a fallu de la patience, de l’argumentation, un sens du compromis aussi pour montrer que finalement, faire progresser les élèves à besoins particuliers était bénéfique pour tous…
Au bout de 7 ans, je me trouvais un peu à l’étroit dans ce qui était devenu une sorte de routine. Mais aussi, dans ce lycée, j’y ai rencontré celui qui est devenu mon mari. Cela a été pratique pendant plusieurs années, mais à un moment donné, le lycée est devenu notre principal sujet de conversation… Cela coïncidait avec mon envie d’aspirer à autre chose et résonnait la phrase citée plus haut de Monsieur F. (mon proviseur du moment) : alors, pourquoi pas moi ?
Avant de me lancer complètement, j’ai décidé de faire fonction de Directrice adjointe chargée de SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnelle Adaptée) afin de mieux connaître le collège (maillon du système éducatif que je connaissais le moins) mais également pour prendre un peu plus de responsabilités et côtoyer de plus près une équipe de direction d’un établissement.
Et au bout de 1 an, je me suis réellement lancée !
Première tentative : ratée !
Je l’ai passé une première fois en janvier 2020, session à laquelle j’ai été admissible (ô joie !!!). Mais, tu connais la suite de l’année, chaotique, et je n’ai pas été épargnée. Cette année-là, les oraux de tous les concours ont été annulés (nous l’avons su tardivement sinon, ce n’est pas drôle) et ma note de l’écrit n’était pas suffisante pour être admise. J’ai trouvé cela très injuste, non pas de ne pas l’avoir eu mais de ne pas avoir pu aller jusqu’au bout des épreuves. Cette amertume est restée longtemps en moi…
Deuxième tentative : Comment faire simple quand on peut faire compliqué ?
Le 25 août 2020, j’ai pris mes fonctions de Directrice de SEGPA dans un nouvel établissement. L’entente avec la cheffe d’établissement a été immédiate et j’ai su tout de suite qu’elle serait soutenante dans mon projet.
Et paf ! le 27 août, le Directeur Académique Adjoint me convoquait pour me proposer un poste de Principale Adjointe dans un collège non loin de mon domicile. Poste que j’ai accepté…
[Il faut savoir que dans l’Education Nationale, nous pouvons faire fonction sur un certain nombre de postes lorsque notre dossier est retenu. Faire fonction = faire le boulot avec une mini compensation financière. Mais c’est aussi avoir une vision du métier et confirmer (ou non), notre envie de l’exercer]
Les premières semaines ont été riches et déstabilisantes. En plus de se positionner en tant que « cheffe » (ce qui n’est pas si simple…), il fallait apporter des réponses aux personnes qui m’entourent, professeurs, personnels, parents et élèves. J’ai eu la chance d’avoir une cheffe d’établissement accompagnante dans mon installation. Cependant faire fonction supposait aussi d’avoir moins de temps et d’énergie pour (re)préparer le concours.
Préparer ce concours cela a été, selon moi…faire des concessions.
Oui, des concessions !
Mettre son réveil et se lever le samedi et le dimanche pour travailler 2 à 3 bonnes heures, tous les week-ends, et s’y remettre l’après-midi, sans exception, aucune. Vraiment !
C’est parfois dire non à certaines invitations d’amis car « j’aurais moins de temps pour travailler » ou alors « il faut que je garde mon énergie pour bosser » ou encore « non, je ne peux pas me coucher tard car demain, il faut que je me lève pour… ». C’est moins voir mes amis….
C’est « imposer » à mes 3 enfants et à mon mari de ne pas être disponible comme avant : beaucoup moins d’aide aux devoirs, de temps de jeux, de soutien dans la scolarité, de temps de « couple » etc… Et c’est cela le plus difficile. Après coup, je regrette de ne pas avoir pris un temps pour tout cela.

Mais aussi… c’est ressentir des émotions en pagaille.
Quand tu reçois la correction d’un devoir pour lequel tu t’es donnée à fond et que finalement, il semble nullissime… Tu passes de l’état euphorique, motivé à l’état raplapla en quelques minutes.
A force de travailler, on doute : plusieurs moments d’incertitude ont ponctué l’année et des moments de découragement également. J’ai eu la chance d’être bien entourée et ce soutien, de près ou de loin, m’a été nécessaire pour y arriver.
La fatigue s’est invitée beaucoup plus souvent que d’habitude. Et pas que la fatigue physique, la fatigue qui te prend bien la tête, qui t’empêche de dormir, qui te fait ressasser encore et encore…
Mais la première joie est arrivée : admissible !
Il faut à ce moment-là se concentrer sur l’épreuve orale. Après avoir fait un exposé de 15 minutes (appris par cœur of course mais il ne faut pas montrer que c’est du par cœur…), les questions fusent pendant 45 minutes. Le jury trouve un malin plaisir à passer du coq à l’âne, à trouver LA question qui va te déstabiliser (et il y en a forcément une voire plusieurs !), bref ! ce qu’il veut voir le jury, c’est ta personnalité, ce sont tes valeurs, c’est de savoir si tu tiens la route, si tu ne seras pas déstabilisée à la première difficulté… Le mot « épreuve » prend alors tout son sens !
Autant te dire qu’après cette épreuve, on est vidée et …on se refait le film… J’ai eu (ou pas) la chance de passer dans les dernières candidates. Le temps d’attente des résultats a été très court (5 jours seulement – les premiers ont dû attendre 3 semaines…).
Et la deuxième joie, une vraie délivrance
L’ADMISSION ! J’Y SUIS ARRIVÉE !!!!! ET BIEN CLASSÉE EN PRIME ! DOUBLE JOIE !

Dans un autre article, je viendrai te raconter un peu de mon quotidien de principale adjointe dans un collège…. D’ailleurs, as-tu des questions à ce sujet ?
Pour être passé par là en tant que conjointe (pas un concours mais un changement de carrière), je pense que la famille doit soutenir aussi le projet, si non, c’est vraiment dur pour tout le monde. Si c’est bien le cas, je te rassure tant pour tes enfants que ton conjoint, on se dit de notre côté que ce n’est qu’un mauvais moment à passer 😉
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Complètement d’accord avec toi. Je ne l’ai effectivement pas dit dans l’article mais ma famille a été d’un très grand soutien (mari, enfants, parents). Sans eux, cela aurait difficile !
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Je me tâte à me reconvertir et à passer le CRPE et justement c est le temps dédié à cette préparation au détriment de ma famille qui me fait hésiter.
Pour passer de l élémentaire au secondaire tu avais du repasser un concours?
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Non. Comme je me suis spécialisée pour les élèves en situation de handicap, je pouvais enseigner dans le second degré dans des ULIS ou SEGPA par exemple. Actuellement, il y a beaucoup moins de candidats aux concours pour être professeur. La concurrence est moins rude je pense. Je ne connais pas ton parcours mais tu peux aussi tenter d’être contractuel pour confirmer ou non ce choix.
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Bonsoir,
Dans un tout autre domaine, je m’y suis remis aussi, à partir de 2012. Stagnation dans le travail, manque d’intérêt pour les missions proposées (une agence de l’État, que de gaspillage). J’ai d’abord passé un premier master histoire de me remettre le pied à l’étrier puis je suis entré dans le vif du sujet avec un second (de type Master of Sciences) avant d’attaquer la thèse pour 3 ans. Aucun objectif professionnel là dedans, car marqué « au fer rouge » dans mon environnement, mais de la satisfaction personnelle et le goût du challenge. Finalement, j’ai décroché mon doctorat pile poil dans les temps, avec le soutien sans failles de ma moitié de l’époque. Que de satisfactions, y compris celle de recevoir les « félicitation » de ceux qui n’attendaient qu’une chose, que je me plante.
Bref, osez franchir le pas, soyez entourées et surtout, ne lâchez pas !
En tout cas : BRAVO
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Merci 🙂
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Bravo pour ce beau parcours !!!
Moi, je suis en plein dedans. 5 ans de thèse (j ai eu du rab à cause des grossesses et du covid). Je l avais commencé car je n arrivais pas à avoir d enfants… bah, gérer les FIV, plus la thèse, plus les bébés (2! 😊) plus le covid, plus …. bref, c est bientôt fini. Je me suis fixée de finir le manuscrit en 2022. 🤞
Je suis dans la période où je vois plus les sacrifices que le bénéfice (ca ne modifiera en rien mon job, et à peine mon salaire…). Mais bon, je pense que cette phase passera.
Mon mari trépigne d impatience, car on a pleins de projets qu on remettait toujours à après la thèse 🤣🤣🤣.
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Bon courage pour la fin de l’écriture ! Tu verras, après, on s’ennuie presque 😂
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